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ÉVÊQUES. ORIGINE DE L'ÉPISGOPAT


t.->iii, col.388 : Primi prcsbijtcri episcopi appellabantur. Saint Jérôme, à propos de Tite, i, 5-7, prouve la synonymie par la comparaison des passages, Act., xx, 17, 28 ; Phil., 1, 1 ; Heb., xiii, 17 ; I Pet., v, 1-2 : Quia eosdem episcopos illo tempore quos et presbyteros appellabanl : propterea indifjercnler de episcopis quasi de presbyleris est locuius. P. L., t. XXVI, col. 562. Pelage, aussi à propos de Tit., i, 7, fait cette remarque : Ipsum dicit episcopum quem saperius presbyterum nominat. P. L., t. XXX, col. cS9t ;. Voir encore son commentaire sur Phil., I, 1, et I Tim., iii, 8. Les Grecs sont du même avis. Saint.Jean Chrysostome est formel à propos de Phil., 1, 1, P. G., t. Lxii, col. 183 : « Jusqu’alors les noms étaient communs… Les prêtres autrefois s’appelaient évêques et ministres du Christ et les évêques prêtres. » TÔTe YÔtp T£(o ; â/toivwvouv toU 6vo[Aa(Ttv… xa o ! TrpeToJTtpot TÔ TtaXaiôv iy.aXoOvto èuiuxonoi xa’t Siâxovoi toO XpiiTToû, xa ol itz'.nxonot. upeuo-JTepot. De même, sur I Tim., III, 8. Théodoret, sur ce dernier texte, reconnaît aussi la synonymie. Œcumenius et Théophylacte suivent connue à l’ordinaire saint Jean Chrysostome et Théodoret. Saint Thomas lui aussi se rallie à la même opinion, Sum. theol., IIa-IIæ*, q. clxxxiv, a. 6, ad 1°™ : De presbytero et episcopo dupliciter loqui possumus : uno modo quantum ad nomen ; et sie olim non distinguebantur episeopi et prcsbyteri…Vnde et apostolus communiter utitur nomine presbytcrorum quantum ad utrosque, I Tim., vi, 18, …/ similitcr etiam nomine episeoporum. Act., xx, 28. Ainsi tous ceux qui ont étudié les textes en exégètes ont vu la synonymie ; seuls, saint Ircnée et saint itpiphane, qui n’abordent la question qu’en passant et à propos d’autre chose, ne l’ont point aperçue. Saint Irénée, Cont.ha’r., . III, XIV, 2, sachant qu’il ne saurait y avoir plusieurs évêques dans la même ville et ne réfléchissant pas au changement de signification des noms, justifie le nom d'évêques appliqué aux anciens d'Éphèse, Act., XX, 28, en supposant que Paul avait convoqué les évêques et les prêtres d'Éphèse et des autres cités voisines. Par la manière dont saint Épiphane répond aux objections d’Aérius, Hær., lxxv, 5, il montre également qu’il ne songe pas à la synonymie, reconnue, comme il a été dit, par les interprètes anciens aussi bien que par les commentateurs modernes.

Mais la synonymie des termes n’entraîne point par elle-même l’identité des fonctions. On peut faire trois hypothèses : ou bien les ÈTricxrjTirjt-îTpç-igÛTspoi de saint Paul étaient tous évêques, ou bien les uns étaient évêques et les autres prêtres, ou bien ils étaient simples prêtres et ne constituaient que le second degré de la hiérarchie. Petau avait d’abord conjecturé que les personnages qualifiés tantôt de npEuoÙTspot tantôt d'È7ri(Txoiioi — ou du moins la plupart d’entre eux — étaient des évêques. Dans les premiers temps de l'Église, les apôtres auraient conféré le caractère épiscopal à un grand nombre d’hommes, afin d’avoir en abondance des ministres idoines pour la confirmation des fidèles et l’ordination des pasteurs. Cela expliquerait la présence de plusieurs évêques. Dissert, écoles., I, 2, édit. Guérin, t. viii, p. 35. Mais bientôt cette opinion nouvelle ne satisfit pas complètement son auteur qui, sans y renoncer tout à fait, expose aussi l’opinion commune d’après laquelle les anciens convoqués par saint Paul seraient de simples prêtres. De eeetesiast. hierarehia, II, v, 8, ibid., p. 195. C’est même cette dernière opinion qui semble avoir désormais ses préférences. De eeel. hier., IV, i, 5-6, ibid., p. 334-335. Le changement d’attitude est à noter. En effet, l’hypothèse imaginée par Petau sous la préoccupation d’une difficulté à résoudre est peu probable en ellemême et, en tout cas, n’est pas fondée sur les textes. On remarquera que les ânfaxonoi du Nouveau Tes tament n’apparaissent que dans les Églises paulinicnnes : à Èphèse, Act., xx, 28 ; I Tim., iii, 2, en Crète, Tit., i, 7 ; à Philippes. Phil., i, 1.

III. Examen de quelques documents.

Quatre ou cinq textes sont classiques, pour ainsi dire, dans cette matière et reviennent constamment dans la discussion. Il a paru convenable de les étudier une fois pour toutes, avant d’entamer le sujet principal.

1° Doctrine des a^pôtres :

XV, 1. XcipoTovf|(TaT£ o-jv Élisez-vous donc des Ir.i lauToï ; âuiTxôuou ; xai ôta- '"-"' et des diacres dignes

y.ôvou ; àSio-jç ToO xupiou, du Seigneur, des hommes

avSpa ; npaeï ; xa’t àçiXapdoux et désintéressés et véii yjpouç xa’t iXfi^dç v.at 8ediques et éprouvés ; car ils

Soxt|j.2<7| ;.£vo’uç" -JiJÎv yàp remplissent auprès de vous

ÀsfcoupyoOiT'. xal aOro’i t-TiV l’olTiee des prophètes et des

).etToupYta'/ xàiv 7rpocp/ ; îaiv docteurs. Ne les méprisez

/.al ôcSaTxiXcùv. xv, 2. M-f| donc pas ; car ils doivent être

o’jv ÛTiepiS-^TS aÙTOiiç' aûrol honorés de vous avec les pro yâp Etutv o{ TtTtjj.'/'ijj.lvoi phètes et les docteurs.

j[AÛV l.t~(X. Ttôv TtpOÇÏJTtôV

xa’c 618a(Txâ), a)'./.

Bien que la controverse au sujet de la date et du lieu d’origine de la Doctrine ne soit pas encore définitivement close, on s’accorde assez généralement à reconnaître qu’elle a été écrite en Palestine ou en Syrie avant la fin du ie siècle. Funk, Bardenhewcr, Zahn, etc. En effet, ce petit livre reste une énigme indéchiffrable si on ne le suppose écrit aux environs de l’an 80 et dans un milieu où l'élément judéochrétien est encore prépondérant. Ce qu’il faut noter surtout et ce qu’on n’a pas assez remarqué jusqu’ici, c’est que la Doctrine n’est ni un rituel, ni un traité élémentaire de droit canon, ni un exposé de l’organisation ecclésiastique, c’est un simple manuel à l’usage des fidèles ; elle ne touche aux institutions, aux rites et aux sacrements qu’autant que les laïques y sont intéressés ; elle est un guide pratique, non pas pour l'Église enseignante et gouvernante, mais pour l'Église enseignée et gouvernée. Tout est subordonné à ce but : morale élémentaire pour les néophytes, c. i-v, attitude à l'égard de la Loi mosaïque, vi, manière de baptiser, vii, règle à observer pour le jeûne, viii, formulaire de prières avant et après l’eucharistie, ix-x, critères pour discerner les vrais apôtres et les vrais prophètes (c’est-à-dire les hommes vraiment doués du charisme d’apostolat et de prophétie) des faux apôtres et des faux prophètes, devoirs envers les apôtres de passage et les prophètes qui se fixent dans la communauté, xi-xiii, réunion dominicale pour la célébration de l’eucharistie, xiv, enfin — et c’est le point qui nous occupe — exhortation ; élire des ÈTrio-xoTroc et des diacres, xv. Sous le bénéfice de la remarque faite ci-dessus, voyons ce que nous apprend le texte en question. — 1. Les fidèles sont invités à se choisir des éuca/.oiroi et des diacres. D’où il appert que ces dignitaires ne leur sont point imposés par une autorité supérieure, mais qu’ils ont une part active dans leur désignation. En effet, yeipoToveïv dit des supérieurs signifie « établir, constituer » ; mais dit des inférieurs, comme il l’est ici, il signifie « élire » , quel que soit le mode d'élection. Nous avons vu que les apôtres avaient laissé la désignation des Sept aux membres de l'Église de Jérusalem et il n’est pas surprenant que cet usage se soit maintenu dans les Églises composées en tout ou en partie de judéo-chrétiens. — 2. Les ini/yvonoi sont-ils ici des évêques ou des prêtres ? L’une et l’autre alternative est absolument possible. Cependant, comme les èTtiTxoTioi nommés dans le Nouveau Testament sont des dignitaires du second rang et que l’existence de l'épiscopat plural n’est démontrée dans aucune Église,