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    1. ÉVÊQUES##


ÉVÊQUES. ORIGINE DE L'ÉPISCOPAT

IGGO

travaux » , n. 1990. — 2° Dans la langue des Septante. — Le mot se lit quatorze fois dans l’Ancien Testament (dcutérocanoniques inclus) et il retient son acception la plus générale susceptible de toutes les applications particulières, comme l’hébreu paqid auquel il répond. Ce qui porte à penser que les auteurs du Nouveau Testament empruntent le terme ÈTTî'iTxoTto ; à la Bible et non à la langue profane, c’est : a) que ce nom est commun dans la Bible ; b) que le mot i’nioY.onr^, employé aussi dans le Nouveau Testament, est très fréquent dans les Septante (47 fois) et excessivement rare hors de la Bible, Lucien, Dial. Deor., xx, 6 ; Lebas-Waddington, Inscript., n. C14, c) que saint Clément de Rome, I Cor., xLii, 5, et saint Irénée, Conl. hser., 1. IV, xxvi, 5, rattachent formellement les È : it'<jxo7101 du Nouveau Testament aux èTTcaxoTroi nommés dans l’Ancien.

3° Le mot kniav-or^o ; dans le Nouveau Testament. — Saint Pierre dit aux chrétiens sortis du judaïsme : Vous vous êtes convertis au pasteur et gardien (ÈTiiTy.cnîo ;) de vos âmes. » I Pet., ii, 25. Mais, qu’il désigne ainsi Jésus-Christ, comme le pensent avec raison presque tous les interprètes, ou Dieu lui-même par allusion à l’Ancien Testament, cf. Ezech., xxxiv, 11-16, cet emploi générique du mot n'éclaire en rien la question présente. Dans les quatre autres passages du Nouveau Testament où Èîti’txouo ; paraît, il est clairement synonyme de upedoJxepo :. — 1. Paul, ayant convoqué à Milet les aneiens de l'Église d'Éphèse, Act., xx, 17 : toj ; TipEdêuTÉpou ; T ?, ; iyLY.'/ : ri<jiaç, leur dit : « Veillez sur vous et sur tout le troupeau dont l’Esprit-Saint vous a établis gardiens (inia/.ômrjç) pour paître l'Église de Dieu qu’il s’est acquise par son propre sang. » Act., xx, 28. Il est évident — et personne ne le conteste — que les mêmes personnages qualifiés ci-dessus de ttoetoÛtepo'. sont appelés maintenant tTf’n/.rjr.oi. Par conséquent, la synonymie des termes est indéniable en ce sens que les deux vocables sont appliqués aux mêmes individus ou que les mêmes individus sont à la fois Ttpedê-JTepot et ÈTitaxoTcot. Ces personnages étaient-ils tous évêques, ou tous simples prêtres, ou les uns prêtres et les autres évêques ? C’est une question toute différente que la synonymie des mots ne résout pas. Le contexte immédiat n’est pas non plus décisif ; car, en vertu du sacrement de l’ordre, les prêtres sont aussi établis par le Saint-Esprit pour paître, c’est-à-dire pour instruire, diriger et gouverner une portion du troupeau du Christ, et ils peuvent recevoir h ce titre le nom de pasteurs. Mais l’ensemble du passage ne paraît laisser aucun doute. Paul n’a devant lui que les anciens d'Éphèse et c’est à eux qu’il s’adresse exclusivement : « De Milet, il envoya à Éphèse convoquer les anciens de l'Église. Dès qu’ils furent arrivés près de lui, il leur dit, « etc. Act., xx, 17. Saint Irénée, il est vrai, suppose, Conl. hær., 1. III, xiv, 2, P. G., t. vii, col. 914, qu’il s’agit des prêtres et des évêques d'Éphèse cl d’autres villes voisines, mais cette hypothèse, que rien dans le texte ne justifie, est repoussée par la presque unanimité des exégètes anciens et modernes.

2. En tête de l'Épître aux Philippîens, Paul et Timothée envoient un salut « à tous les saints qui sont à Philippes avec les ÈTrto-xouoi et les diacres » (i, 1 : TÙv âuiir/.oTTQiî xal Sixxôvoiç). Pourquoi saint Paul, au lieu de s’adresser en général à l'Église, connue c'était l’usage à cette époque et jusqu'à la fin du IIe siècle, distingue-t-il dans sa suscription les dignitaires ecclésiastiques des simples fidèles ? On a fait à ce propos des hypothèses plus ou moins spécieuses, mais d’ailleurs étrangères à notre sujet. Pour une raison qui nous échappe, l’apôtre met en relief le clergé de Philippes et nous montre cette

Eglise organisée déjà, dix ans après sa fondation Les ini(7/.0Tzoi sont-ils des dignitaires du premier ou du second degré, en d’autres termes, désignentils les évêques ou les prêtres ? C’est la seconde alternative qui est de beaucoup plus probable, pour ne pas dire certaine. En effet, comme le remarquent les Pères, il est inouï qu’il y ait eu jamais plusieurs évêques sédentaires dans la même Église. De plus, si les ÈTti’ffxoTrot sont des évêques, on devrait s’attendre à la mention de l’ordre intermédiaire des prêtres. On peut supposer, il est vrai, que le mot JTriTxouoi comprend, sous un nom générique, les dignitaires des deux premiers degrés. Mais cette expUcation peu vraisemblable n’est pas satisfaisante ; car nous ne trouvons dans le clergé sédentaire des Éghses pauliniennes aucun vestige du pouvoir de l’ordre ; même à Éphèse, une des communautés les mieux organisées sans doute, l’apôtre délègue un de ses coadjuteurs dés qu’il s’agit d’imposer les mains aux prêtres et aux diacres. Il s’ensuit que dans la suscription de l'Épître aux Philippiens les ètii’sxouoi sont de simples prêtres comme ceux qui sont nommés ailleurs TtpêaêÙTEpot ou anciens.

3. L'Épître à Tite impose la même conclusion. Paul écrit à son représentant : « Je t’ai laissé en Crète pour réformer les abus et établir dans chaque ville des anciens (TiptoguTÉpou ;), comme je te l’ai enjoint : si quelqu’un est irréprochable, marié une seule fois, aj’ant des enfants fidèles, non accusés d’inconduite ou de désobéissance ; car il faut que l'èTTîT/ouo ; soit irréprochable comme intendant de Dieu, » I, 5-7. En bonne logique, le Tcpecj-gÛTEpo : doit être identique à I'èttio-xotio ;. En effet, l’apôtre l’ecommande d'établir dans chaque ville des 71p5<70-jTEpoi, irréprochables (xara no’t.vj TTps-jg-jrspo’j :, remarquez ce pluriel à côté du distributif xaxà nôln) et il en donne pour raison que l'ÈTrio-xoTto ; doit être irréprochable comme intendant de Dieu. Si le sens des deux mots n’est pas le même, le raisonnement est un sophisme. Il ne serait valable, comme argument a fortiori, que si l'ÈTiicr/.oTToç était compris dans le ttseigjTEpoç comme l’espèce dans le genre : « Choisis des TipEag-JTEpo ! irréprochables car il faut que rÈTct’ir/.OTTo ; — et à plus forte raison le Tipso-ëÙTcpoç — - soit irréprochable. » Mais personne ne s’est jamais avisé de cette interprétation, qui aurait à peine quelque fondement même si les termes étaient renversés.

4. Passons à l'Épître à Timothée : « Si quelqu’un désire la charge d'ÈTria/.oTro ; (èttcuxottï)), il désire une chose excellente : il faut donc que l'ÈitiixoTio ; soit irréprochable. » I Tim., iii, 1-2. C’est parce que 'im(s-/.rjn-r est une chose excellente que l'ÈTtio-xoTioç doit être irréprochable : remarquez le donc. Il n’y a rien à tirer du mot ÈitiTxonô lui-même ; il signifie une charge quelconque et se dit, par exemple, de la place laissée vide par Judas au sein du collège apostolique. Act., 1, 20. Quant au mot Èiri’uxoTror, le contexte immédiat ne permet pas d’en lever l’ambiguïté. Si cependant l’on rélléchit que le diacre est associé à l'ÈTrÎCTxoiTo ; sans intermédiaire, que les qualités exigées ici de Vliïin/.rjr.'j : sont précisément celles que la lettre à Tite requiert du TipEugÛTepo ;, on devra, ici encore, admettre la synonymie des termes. Un surcroît de preuve en faveur de la synonymie résulterait de I Pet., v, 1-2 (upEuêuTÉpo-j ; uapaxa), (ô…

7I0l|J.âvaTE TO iv Û[J.tV 7tOt[J.VlOV TOÙ WEOV, ÈTrilTXOTIoijVTc ;

Ij.ri àvaY/.a(TTô) ;)si ÈTitaxoTtoûvTEi ; était authentique ; mais comme il est rejeté, avec raison ce semble, par la plupart des critiques actuels, il n’y a point à faire fond sur ce texte.

5. Au demeurant, la synonymie a été parfaitement reconnue par les anciens commentateurs. Ainsi l’Ambrosiaster écrit à propos de Eph., iv, 11-12, P.L.,