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ÉVANGILES APOCRYPHES — EVE


picte populaire à l’endroit de la Mère de Dieu, vers la fin du ive siècle. Il est dilTicile d’y faire le départ entre la légende et les traditions authentiques. Condamné par le décret de Gélase à la fin du ve siècle, le Transitus se maintint dans divers remaniements latins, dont l’un tut plus tard attribué à Méliton, évêque de Sardes, vers 170.

Les textes dans Tischendorf, Apocalypses apocnjphæ, Leipzig. 1876. M"" Lewis a publiéun texte syriaque intéressant, dans les Stiidia sinaitica. t. xi, The Protevangelium Jacobi and Transitus Mariæ, Londres et Cambridge, 1902. Texte copte avec des notes dans F. Robinson, Coplic apocryplial Gospels, dans 2’exls and slndies de Cambridge, 1890, t. IV, fasc. 2, p. 2-130. Une étude complète sur le texte et son influence est en préparation.

Évangile de Nicodème.

Ce titre, qui se rencontre

pour la première fois au xiiie siècle, dans Vincent de Beauvais, Spéculum hisloriale, viii, 40, et dans la Légende dorée, 54, édit. Græsse, p. 241, désigne un ouvrage que les plus anciens manuscrits grecs appellent JTro[ji, vrjyLaTa ToO /jpîou r, ij.ù>’i’ItiIo’j XptTTo-j 7 : pay_6îvTa ÈTti IIovTco-j TïùÀxoj, qu’Épiphane cite probablement, Heer., l, 1, P. G., t. xli. col. 885, sous le nom d’"A/.ta nt/âto-j, et que Grégoire de Tours, Hist. Franc., i, 23, P. L., t. lxxi, col. 172, nomme Gcsla Pilait. Tel que le donnent les manuscrits grecs et latins les plus complets, l’ouvrage se compose de deux parties, la première, c. i-xvi, raconte, avec beaucoup de détails, le procès de Jésus devant Pilate, son supplice, sa résurrection ; la seconde, c. xvii-xxii, est le récit par des témoins oculaires de la descente de Jésus aux enfers, où il va délivrer les âmes des justes de l’Ancien Testament pour les amener dans le paradis. Le titre d’Actes de Pilate, fréquemment donné à l’ensemble, doit s’expliquer par cette circonstance que c’est le procurateur romain qui a fait placer dans les archives du prétoire le récit de tous ces événements, consigné par Joseph et Nicodème. Les textes latins ajoutent fréquemment en appendice une courte lettre de Ponce Pilate, à l’empereur Claude (ou Tibère), le mettant au courant du crime des Juifs et de l’innocence de Jésus ; quelques-uns complètent le tout par un récit de la guérison de Tibère, qui est le plus ancien texte de il légende de "Véronique. Ces textes, relativement anciens, ont été le point de départ de toute une littérature qui s’est développée en Orient et en Occident autour du nom de Pilate.

Il est bien évident, pour en revenir à l’Évangile de Nicodème, que les deux parties dont il se compose étaient primitivement indépendantes. La première rentre dans la littérature d’édification et développe deux idées : Pilate a eu la main forcée par les Juifs, car il était lui-même convaincu de l’innocence de Jésus ; d’autre part, la résurrection du Christ a été prouvée par des arguments que les ennemis du Sauveur eux-mêmes n’ont pu contester. La seconde partie développe une tradition fondée sur I Pet., iii, 19, et dont on retrouve des traces dans l’Évangile de Pierre et la légende d’Abgar ; le Christ a dû descendre aux enfers pour prêcher l’Évangile aux justes morts avant lui et pour les baptiser.

Le texte actuel remonte pour l’essentiel à une œuvre datée du règne de Théodose II, en 425. Cet écrit lui-même pouvait être une revision d’un texte I)lus ancien et déjà connu d’Épiphane en 376. Comme d’autre part Eusèbe, en 325, ne connaît point notre apocryphe, c’est vers le milieu du iv » siècle qu’il faudrait placer la composition de l’écrit fondamental dont nos textes actuels représentent des remaniements successifs. On a voulu remonter beaucoup plus haut que cette date. Comme Justin, Apol., i, 35, 48, édit. Otto, t. I, p. 106, 132 ; P. G., t. vi, col. 384, 400, et Tertullien, Apolog., 21, P. L., t. i, col. 403, parlent à

plusieurs reprises d’Actes de Pilate, ou d’un rapport adressé par Pilate à Tibère sur la mort de Jésus, on en a voulu conclure qu’il circulait déjà, au milieu du IIe siècle, un texte analogue à notre apocryphe, sinon cet apocryphe lui-même. Tout cela est bien hypothétique ; le parallélisme qui existe dans certains passages entre les Acla Pilali et l’Évangile de Pierre ne sulTit pas non plus à prouver l’antiquité d’un texte qui présente tant de signes de basse époque. Il n’est môme pas certain que Justin et Tertullien aient vu de leurs yeux la fameuse lettre de Pilate à Tibère dont on voudrait faire le noyau des textes postérieurs.

Les textes grecs et latins dans Thilo, Codex apocryphus N. T., et dans Tischendorf, Eiiange/ia apocnjplia. Cette dernière édition est tout à tait insuffisanteau pointde wie critique. Le texte grec a été publié pour la première fois par A. Birch, Auctariiim codicis apocrypiti N. T. Fabriciani, Copenliague, 1804. Les meilleurs travaux sont actuellement ceux de Lipsius, Die Pilatitsarlen, 2’édit., Kiel, 1886, et de von Dobsclmtz, Zeilschrift /iir neulestamenlliclie Wissenschafl, 1902, p. 89 sq., et dans Hastings, Diclionary o/ Ihe Bible, t. iii, p. 544-546 ; von Dobschiitz annonce qu’il prépare une nouvelle édition de toute cette littérature. Voir aussi F. C. Conybeare, .4f/a Pilali, dans Stitdin biblica et ecclesiastica, Oxford, 1906, p. 59-132’Pour la question de Justin et de Tertullien, voir Harnack, Altchrist. Litt., c. i, p. 21 sq., et Chronologie, 1, p. 603 sq. Justin a simplement conjecturé l’existence d’une relation de Pilate à "Tibère ; Tertullien n’a lait également qu’une supposition, corroborée par ce qu’il lisait dans Justin ; Stùleken défend le point de vue opposé, dans Hennecke, Ilandbuch, p. 143-152.

E. Amann.

    1. ÉVANGILES CANONIQUES##


3. ÉVANGILES CANONIQUES. On appelle de ce nom les récits évangéliques qui racontent la vie de Jésus-Christ telle qu’elle s’était transmise oralement par la prédication des apôtres, qui sont l’œuvre des apôtres ou qui, du moins, ont été approuvés par l’autorité apostolique, et que l’Église a inscrits dans son canon, ou catalogue officiel des Livres saints du Nouveau Testament. A tous ces titres, ils se distinguent des Évangiles apocryphes, œuvres d’hérétiques ou d’écrivains sans autorité, qui ne relatent pas la prédication orale de l’Évangile et que l’Église a exclus du canon biblique ou qu’elle n’y a pas admis. Les Évangiles canoniques sont au nombre de quatre. Voir Canon des Livres SAiNTS, t.ii, col. 1583, 1586, etc. Ce sont les Évangiles de saint Matthieu, de saintMarc, de saint Luc et de saint Jean. Voir leurs articles spéciaux.

    1. ÉVARISTE (Saint)##


ÉVARISTE (Saint), pape (100 7-109 ?), est cité comme pape après saint Clément, dans la liste de saint Irénée, CoiU. Iiar., 1. III, c. iii, P. G., t. vii, col. 851. On ne sait rien de lui : les martyrologes et Eusèbe avec eux mettent sa mort au 26 octobre d’une année qu’on ne peut fixer ; car le Liber pontificalis, la Chronique d’Eusèbe, le catalogue de Corbie varient sur le nombre des années qu’il aurait siégé. Le pseudo-Isidore lui attribue quatre décrétales.

Duchesne, Liber pontificalis, t. i, p. 126 ; Jaffé, Reg. pont, roni., 1°- édit., p. 918 ; 2e édit., p. 4, 5 ; Tillemont, Mémoires poarservir à l’histoire ecclésiastique, 1694, t. ii, p. 212, 584.

A. Clerval.

EVE, la première femme et la mère du genre humain. — I. Création, II. Tentation et péché. III. Après le péché. IV. Figure de l’Église et de la sainte Vierge. V. Dans la littérature apocryphe et dans la légende.

I. Création.

Elle est racontée dans deux récits différents de la Genèse. — 1° récit. Gen., i, 26-31 : cf. V, 1, 2. — Au sixième jour, après les animaux terrestres, Dieu crée l’espèce humaine à son image et à sa ressemblance, pouxen faire le chef de la créa-