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ELSÏATHE D’ANTIOCHE (SAINT]

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Saint Jérôme, loc. cil., l’appelle une trompette retentissante et lui attribue l’honneur d’avoir donné le premier signal du combat contre Arius. De fait, les divers écrits d’Eustathe sont le plus souvent mentionnés par les auteurs comme dirigés contre les ariens. C’est le cas même pour sa dissertation sur la pythonisse d’Endor, d’après Anastase le Sinaïte. Tillemont, loc. cil., p. 31. On peut, à la suite de dom Geillier, résumer ainsi sa christologie : Jésus-Christ est Dieu par sa nature et engendré de Dieu, In ps. xci :, P. G., t. xviii, col. 688 ; il a eu un corps et une âme comme nous, In ps. xv, col. 685 ; ce corps a été formé dans le sein de la Vierge Marie par l’opération du Saint-Esprit. In Prou., VIII, 22, col. 677. S’il a souffert, c’est dans sa nature humaine, De anima, col. 688 ; cette nature n’a point été changée en la nature divine, mais elles ont eu l’une et l’autre leurs opérations propres. In Prov., viii, 22, col. 680, 68f ; In ps. xiii, col. 685-688. Les œuvres du Fils lui sont communes avec le Père. De anima, cité par Théodoret, Eranistes, dial. iii, P. G., t. lxxxiii, col. 288. Enfin, la manière dont Eustathe s’exprime sur l’union des deux natures en Jésus-Christ, In lit. ps., ibid., ii, col. 176, équivaut à la doctrine de l’union hypostatique.

Cependant Tillemont, loc. cil., p. 31, a pu écrire : » Il faut qu’il y eût quelque obscurité dans les écrits de saint Eustathe sur le sujet de l’incarnation, puisqu’on a mis autrefois en question ce que ce saint avait cru de ce mystère. » L’auteur auquel Tillemont fait ici allusion est Etienne Gobar, dans Photius, Bibliotheca, cod. 232. Facundus d’Hermiane, 1. VIII, c. i, iv ; 1. XL, c. i, allègue plusieurs passages d’Eustathe pour défendre ou pour excuser certaines expressions nestoriennes reprochées à Théodore de Mopsueste. En ellet, remarque dom Ceillier. loc. cil., p. 160-161, les expressions de saint Eustatlie sont un peu dures, et il semble reconnaître dans Jésus-Christ une autre personne que le Verbe, et dire que le Verbe habite dans l’humanité comme dans son temple. Il dit encore que le sépulcre et le trône que Dieu a préparés à son Fils ne conviennent ni au Père ni au Verbe, mais au Christ seul qui, à cause du mélange avec le Verbe divin, est le Seigneur de toutes les créatures. Mais Facundus observe avec raison qu’il ne faut pas anathématiser la doctrine de ce Père pour quelques termes inexacts dont il s’est servi en un temps où l’hérésie nestorienne n'était pas encore venue attirer l’attention des esprits sur ce point. Au reste, le résumé donné ci-dessus de la christologie eustathienne suffit à montrer combien elle était éloignée de la doctrine de Nestorius : les Pères du concile d'Éphèse pouvaient en toute sûreté opposer à l’hérésiarque l’autorité d’Eustathe, dont ils citaient un texte des plus formels en faveur du dogme catholique. Saint Éphreni d’Aiitioehe, un des successeurs d’Eustathe, affirme aussi qu’il pensait comme saint Cyrille au sujet de l’incarnation. Photius, Bibliotheca, cod. 229. Enfin, remarque justement Ceillier, loc. cit., « on sait que le mot de personne ne se prend pas toujours à la rigueur dans les anciens et que plusieurs se sont servi de ce terme pour signifier également l’une ou l’autre des natures de JésusChrist. »

L’autorité de saint Eustathe a été reconnue et louée par un grand nombre d'écrivains anciens. Elle était reconnue même des hérétiques. « Il est cité par les moines de Constantinople qui combattaient Nestorius ; par les Orientaux qui le défendaient ; par les mêmes, lorsqu’ils furent réunis à l'Église. Il est cité dans le VII « concile œcuménique comme un Père qui avait parlé par le même Esprit-Saint que le grand Basile, qui avait été le défenseur intrépide de la foi orthodoxe et le destructeur de l’impiété arienne. » Tillemont, op. cit., p. 30. Théodoret l’appelle le pre mier défenseur de la vérité, H. E., i, 20, l’athlète de la piété et de la chasteté, un homme digne de toute louange. Saint Jérôme, outre le titre déjà cité de « trompette retentissante qui a donné le premier signal du combat contre Arius, » Epist., lxxiii, n. 2, admire en lui sa science des Livres saints jointe à une remarquable connaissance des lettres humaines. £pis<., Lxxx, n. 2, P. L., t. XXII, col. 677, 667. Saint Jean Chrysostome a prononcé, àlvntioche, un discours entier à sa louange. P.G., t. l, col. 597-606. Sozomène, //.£., 1, 2, et II, 19, atteste qu’il est universellement admiré pour sa sainteté et sa doctrine, qu’on " estime son beau langage à tournure archaïque et son bon sens. » Batifïol, La littérature grecque, Paris, 1897, p. 271. « Le concile des Orientaux, vers l’an 435, le loue comme un défenseur de la vraie foi, dont le nom était fort célèbre à Alexandrie. » Tillemont, loc. cit., p. 21. Facundus d’Hermiane, VIII, iv ; XI, i, affinne qu’il était honoré avec les autres Pères, et plus que beaucoup d’entre eux, comme le premier évêque du concile de Nicée. Saint Fulgence, De prædestinalione, 1. II, c. XXII, n. 42, P. L., t. lxv, col. 649, le place à côté de saint Athanase, de saint Hilaire et des autres grands évêques qui ont le plus vigoureusement lutté contre les hérésies. Anastase le Sinaïte, Vise dux, c. VI, VII, P. G., t. Lxxxi.x, col. 101 sq., le range de même parmi les principaux Pères ; il l’appelle le divin Eustathe, excellant dans la connaissance des choses de Dieu, un sage prédicateur, un saint martyr, le premier docteur du concile de Nicée, un maître qu’il veut suivre avec respect comme son père, comme son protecteur, comme un homme en qui Dieu parle. Cf. Tillemont, loc. cit., p. 22.

Saint Eustathe est mentionné au 16 juillet dans le Martyrologe romain. Cf. Acla sanctorum, t. iv julii, p. 130 sq. Les Synaxaires orientaux font son éloge ou le signalent au 21 ou au 27 février, au 5 juin et au 23 août ; son nom est uni à celui d’un grand nombre de saints dans certains offices « des saints Pères » ou « des docteurs grecs » . Delehaye, Synaxarium Constantinopolitanum, Bruxelles, 1902, col. 480, 732, 324, 917. Cf. Nilles, Katendurium utriusque Ecclesiæ 2'^ édit., Inspruck, 1896, t. i, p. 109, 481, 487, 489 ; t. ii, p. 48, 682, 715 ; Martinov, Annus ecclesiasticiis grsecoslauicus, Bruxelles, 1864, p. 77.

I. Sources.

S. Athanase, Epist. ad episcopos.Egypti et Libyiv, n. 8, P. G., t. xxv, col. 556 ; Apoloyia de fuga sua, n. 3, ibid., col. 643-680 ; Historia arianorum ad monachos, n. 4, ibid., col. 691-796 ; S. Jérôme, De viris, c. lxxxv, P. L., t. xxiii, col. 691 ; Epist., lxx, n. 4 ; lxxiii, n. 2, P. L., t. xxii, col. 667, 677 ; Eiisebii Chronicorum, 1. II, an. 331, P. G. t. XIX, col. 587 ; cf. P. L., t. xxvii, col. 677 ; S. Jean Chrysostome, Homilia in Eusliilltiiini Anlioch., P. G-, t. L, col. 597-606 ; Socrate, H. E., 1. I, c. xxiv ; 1. IV, c. xiv ; 1. VI, c. xiii, P. G., t. i.xvii, passim ; Sozomène, H. E., 1. I, c. ii ; I. II, c. xviii ; I. VI, c. xiii, ibid., passim ; Théodoret. n. E, 1. I, c. VII, XXI ; I. iii, c. IV, P. G., t. Lxxxii ; Eranistes, dial. II, III, P. G., t. LX.xiii. col. 175 sq., 285 sq. ; Philostorge, II. E, I. II, n. 7, P. G., t. lxv, col. 469 ; Facundus d’Hermiane, F’ro defensione Iriiim capitulorum, 1. XI, c. i, P. L., t. Lxvii, col. 795-796.

II. Éditions.

Allatius, .S. Eustathii conimenlarius in Hexæmeron ac de cngastrimi/tlm disserlatio adversus Origenem ijr. et lut., I>yon, 1629 ; cette dissertation et ce commentaire, avec les autres fragments d’Eustathe, se trouvent aussi dans Galland, Bibliotheca vetenim Palrum, t. IV, et dans Migne, P. G., t. xviii. col. 613 sq. La plupart des fragments eustathiens, avec l’allocution ad Constantinum iniperatorcm, sont aussi reproduits par l’aliricius, Bibliotheca grœca, Hambourg, 1728, t. viii, p. 166-189 ; 2'- édit., t. ix, p. 1.'Î2-149. Quelques autres fragments dans A. Mai, Scriploruni veterum nova collectio, Rome, 1833, t. vii, p. 15, 85-86, 106 ; et dans Pitra, Analecla sacra, Paris, 1883, t. ii, Prolegomenu, p. xxviii-XL ; t. iv, p. 210-213. A. Jahn, Des heiligen Eusluthies Beitrtiieilung des Origenes, dans Texte imd Unlersuchungen, Leipzig, 1886, a donné une nouvelle édition