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1553 EUSÈBE DE THESSALONIQUE — EUSTATHE D’ANTIOCHE (SAINT)

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lyse. Bibliotheca, cod. 162, P. G., t. ciii, col. 452. Il l’avait intitulé : Kaxà AvSpsccj -ivô :. Ily dévoile et qualifie sévèrement les procédés employés, qui sont ceux d’un ignorant ou d’un malhonnête homme. Puis il reprend, mais plus en détail, les quatre points déjà signalés dans la lettre précitée, montrant que cet André a eu l’audace de composer une exposition de la foi tout à fait en dehors des limites posées par les conciles, de citer en les altérant ou en les forçant les témoignages scripturaires et patristiques, et de se mettre ainsi en opposition flagrante avec les deux Testaments et avec les saints Pères. A son tour, il fait appel à l'Écriture et à la tradition : il cite saint Athanase, les trois Grégoire, saint Basile, saint Jean Chrysostome, Proclus de Constantinople, le martyr saint Méthode et Codrat (Quadrat). Photius, loc. cit., col. 456. Il souligne les passages mal compris, faute d’intelligence, ou mal interprétés, faute de probité. Le pire, c’est qu’André ait mis sans vergogne sur le compte des Pères les propos mêmes tenus par les hérétiques. Quant à l'épithète de phthartolâtres, qu’il jette comme une insulte aux catholiques, elle s’applique bien mieux, qu’il le sache, à Arius, Aerius, Eunomius, Apollinaire et Nestorius. Ibid., col. 457. Le Christ a eu un corps comme le nôtre, soumis aux mêmes conditions naturelles, sauf au péché, passible et mortel avant la crucifixion, mais devenu ensuite, tout en restant identiquement le même, impassible et immortel après la résurrection. C’est ainsi, note Photius, qu’Eusèbe, ayant enseigné divinement, achève son dixième livre. Taûta çi>.o6é(o ; È7tiôoY[j.aTi(7â[A£voç

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Photius a eii raison de sauver de l’oubli le souvenir du vaillant défenseur de l’orthodoxie que fut Eusèbe de Thessalonique, au temps de saint Grégoire le Grand.

S. Grégoire, Epist., 1. XI, epist. lxxiv, P. L., t. lxxvii, col. 1213 ; Photius, Bibliotheca, cod. 162, P. G., t. ciii, col. 452-457 ; Dupin, Bibliothèque des (iiileiirs ecclésiastiques, Mons, 1693-1096, t. v, p. 11 ; Realencyklopddie fur prolestantische Théologie, 3e édit., Leipzig, 1898 ; U. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, Paris, 1905, t. I, col. 1418.

G. Bareille.

    1. EUSÈBE DE VERCEIL (Saint)##


8. EUSÈBE DE VERCEIL (Saint), sarde de naissance, d’abord clerc de Rome, puis, à dater du 15 décembre 340, cvêque de Verceil en Piémont, se signala, au ive siècle, par son zèle contre l’arianisme et son fidèle attachement à saint Athanase. Il est aussi le premier évêque d’Occident qui ait uni les pratiques de l'état monastique à la tâche du clergé séculier, vivant avec ses prêtres, en connnun, sous le même toit ; et il a mérité par là que les chanoines réguliers vénèrent en lui, comme en saint Augustin, le fondateur de leur institut. En 354, sur le désir du pape Libère, Eusèbe accompagna Lucifer de Cagliari dans sa mission auprès de l’empereur Constance, à Arles en Gaule, pour obtenir de lui un concile, où, après avoir confirmé la foi de Nicoc, on réglerait toutes les questions de personnes. Constance entra dans les idées du pape, et consentit à la réunion d’un concile, qui se tint, en effet, à Milan, dans les premiers mois de l’an 355. Eusèbe, cependant, peu rassuré sur les dispositions des évêques, ne parut dans l’assemblée que sur l’ordre exprès de l’empereur et sur les pressantes instances des légats de Libère. Sommé de choisir entre l’exil et la signature de la condamnation d"Athanase, il accepta noblement l’exil, et fut interne tour à tour en Palestine, à Scythopolis, où l'évêque arien Patrophile se fit son geôlier et le traita très durement, puis en Cappadoce, et de là dans la Haute-Egypte, en Thébaidc. Cet exil ne prit fin qu’après la mort de Constance, lorsque Julien l’Apostat permit, en 361, aux évêques bannis de rentrer dans leurs diocèses. De la

Thébaïde, Eusèbe se rendit à Alexandrie, pour régler avec Athanase et son concile de 362 les mesures de la réhabilitation des évêques faillis de Rimini. Il passa ensuite à Antioche, sans pouvoir y porter remède à la situation religieuse, que le bouillant Lucifer de Cagliari avait imprudemment aggravée. Enfin, il parcourut l’Orient, promulguant sur sa route les dispositions miséricordieuses du concile d’Alexan.drie à l'égard des évêques semi-ariens. De retour à Verceil, en 363, il déploya un zèle ardent pour l’extinction de l’hérésie arienne. Il était même allé en 364 à Milan, pour s’y mesurer de sa personne avec l'évêque Auxence, qui, fort de l’appui de l’empereur Valentinien I", propageait l’arianisme dans la HauteItalie. Mais un ordre de l’empereur le repoussa de Milan, et il dut revenir à Verceil, où il mourut le l'^"'août 371, dans sa quatre-vingt-huitième année, entouré de la vénération universelle. L'Église l’honore, au 16 décembre, comme martyr.

Il ne nous reste de saint Eusèbe que trois lettres P. L., t. XII, col. 947-954 ; t. x, col. 713-714 ; l’une, antérieure au concile de Milan, à l’empereur Constance ; l’autre, avec le Libellas facli ad Patrophihim, à l'Église de Verceil et aux Églises fidèles de l’Italie ; la troisième, en 360, à Grégoire, évêque d’Elvire. La traduction que saint Eusèbe avait faite du Commentaire sur les psaumes d’Eusèbe de Césarée, ne nous est point parvenue. Une confession de foi, assez étendue, P. L., t. XII, col. 959-968, est apocryphe. Quant au sermon de baptême, attribué par les uns à Lucifer de Cagliari, Caspari, Ungedruckle Quellen, Christiania, 1869, t. II, p. 132-140, et Aile und neue Qmllen, ibid., 1879, p. 186-195, par les autres à l'évêque de Verceil, Kruger, Sammlung ausgewdltcr Kirchen und dogmengeschichtlicher Qucllenscliriflen, Fribourg-en-Brisgau, 1891, p. 118-130, l’origine en est incertaine. Le trésor de la cathédrale de Verceil conserve un manuscrit des Évangiles, écrit, paraît-il, de la main de saint Eusèbe ; c’est le codex a, qui date certainement du iv"e siècle et qui compte parmi les témoins les plus précieux du texte dit européen. P. L., t. xii, col. 9-948. Publié d’abord par J.-B. Irico, Milan, 1748, et par Bianchini, Rome, 1749, ce texte a été réédité de nos jours par Belsheim, sous le titre de Codex Vcrcellensis, Christiania, 1894.

Ferrerius, Vita S. Eusebi episcopi Vercellensis, Verceil, 1609 ; Ughelli, /taZia sacra, Venise, 1719, t.iv, p. 749-761 ; Savio, Gli antichi vescovi d’Italia (Piemonle), Turin, 1899, p. 412-420, 514-554 ; FessierJungmann, Institutiones paIrologiæ, Inspruck, 1890, 1. 1, p. 479-481 ; Bardenhewer, Le Pères de l'Église, nouv. édit. franc., Paris, 1905, t. ii, p. 304-305 ; Hef Ole, His(. des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1907, t. I, p. 872-877, 963-968 ; Duchesne, Hist. ancienne de VÊglise, Paris, 1908, t. ii, p. 257-259, 341-350 ; ReaZencgclopddic, t. v, p. 022-624 ; Dictionnaire d’archéologie chrétienne de doni Cabrol, t. iii, col. 232-233.

P. Godet.

    1. EUSTATHE D’ANTIOCHE (Saint)##


1. EUSTATHE D’ANTIOCHE (Saint). — L Biographie. II. Écrits et théologie.

I. Biographie.

Ce personnage, d’abord évêque de Bérée en Syrie (Alep), puis d’Antioche (324-330), appelé Eustathe le Grand par Théodoret, H. E., i, 6, 7, P. G., t. Lxxxii, col. 917, 921, fut un des plus vigoureux adversaires de l’arianisme dès les débuts de cette hérésie. Il était né à Side en Painphylie. S. Jérôme, De viris, c. Lxxxv, P. L., t. xxiii, col. 691. On a peu de renseignements sur son existence avant les luttes ariennes. Le titre de confesseur, i.'riO lu-oloy-ri-crf :, qui lui est donné par saint Athanase, Apol. de fuga, 3, et Hist. arian., 4, P. G., t. xxv, col. 648, 697, indique qu’il (lut soulTrir pour la loi. Il s’agit sans doute de la persécution de Dioclétien ou de Licinius, et non point uniquement, comme l’entend Loofs, RcalencyIdopàdie fiir protestant isc lie Théologie, t. v, p. 626,