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EUSÈBE D’EMÈSE — EUSÈBE DE NICOMÉDIE


lies sur les Évangiles, a loiit rassemblé et confondu sous ce nom.

Fessler-Jungniann, Instiluliones pnlrologiæ, Inspruck, 1892, t. II a, p. 3-4 ; Bardenhewer, Les Pères de l'Église, nouv. édit. franc., Paris, 1905, t. ii, p. 13, 14, 231 ; Batiftol, Lai liltératiire grecque, Paris, 1898, p. 278 ; Duchesne, Histoire ancienne de VÉglise, Paris, 1908, l. ii, p. 196 ; Realencyclopàdie fiir prolestant ische Théologie, t. v, p. 618-619.

P. Godet.

6. EUSÈBE DE NICOMÉDIE.

I. Son rôle avant le concile de N’icée. 11. l’entlant le concile de Nicce et jusqu'à son retour d’exil. 111. Depuis son retour d’exil jusqu'à la mort de Constantin. IV. Dernières années de sa vie. V. Sa funeste influence.

I. Rôle av.vnt le concile de Nicée. — 1° Son entrée en scène. — Quand Arius et ses partisans eurent été condamnés en 320 par le.synode d’Egypte et de Libye, sa cause fut soutenue par l’un de ses amis et ancien condisciple, l’intrigant Eusèbe, qui de la petite ville de Béryte (Beyrout) s'était fait transférer au siège beaucoup plus important de Nicomédie, où résidait la cour impériale depuis Dioclétien, et oïl il avait réussi à capter la confiance de l’empereur Licinius et de sa femme, Constantia, la sœur de Constantin. Lui aussi avait été à l'école de Lucien, à Antioche ; depuis longtemps il partageait en secret toutes les idées d’Arius, et, comme il était en froid avec l'évêque d’Alexandrie, il s’empressa de saisir l’occasion de faire d’une pierre deu.x coups, en soutenant une doctrine qui lui était chère tout en plaidant la cause d’Arius contre Alexandre. Voir t. i, col. 178L Il se mit en campagne, en engageant par lettre ses collègues d’Orient et d’Asie Mineure de se déclarer en faveur d’Arius pour obliger Alexandre à revenir sur sa sentence. On peut juger de ses sentiments netteinent ariens et de l’ardeur de son intervention par sa lettre à Paulin de Tyr, Théodoret, H. E., i, 5, P. G., t. Lxxxii, col. 914 ; là se trouvent les négations ariennes les plus radicales ; le Fils y est dit créé et nullement engendré de la substance du Père, o-jz iv. t ?, ; ojiria ; aÙToû yEYovô ;, mais d’une nature toute différente. Cf. Mœhler, Athanase le Grand, trad. franc., Paris, 1840, t. H, p. 227 sq. Si l’on admet, disait-il, que le Fils de Dieu est incréé, il faut par là même le reconnaître consubstantiel au Père ; et c’est ce qu’il aurait répété au concile de Nicée, d’après saint Ambroise, De fîde, III, 15, P. L., t. xvi, col. 614 ; et c’est ce que fit chanter Arius dans sa Thalic, au.' oJSk ô[j.ooiJaio ? afzto.

Ce fut vraisemblablement sous l’inspiration d’Eusébe de Nicomédie, auprès duquel il avait fini par se rendre, qu’Arius écrivit à son évêque Alexandre une lettre polie, avec un exposé de sa doctrine, dans l’espoir de le fléchir. S. Athanase, Z)esy/iorf/s, 17, P. G., l. XXVI, col. 712 ; S. Épiphane, Hser., lxix, 7, 8, P. G., t. xlii, col. 212. Il n’y réussit pas. Les procédés d 'Eusèbe de Nicomédie en faveur d’Arius n'échappèrent point aux regards d’Alexandre. Alexandre, en effet, outré de l’ingérence abusive de son collègue dans les alTaires de son diocèse, écrivit à tous les évêques pour protester contre celui « qui se croit chargé du soin de l'Église entière depuis que, abandonnant Héryte, il a jeté son dévolu sur l'Église de Nicomédie, sans qu’on ait osé l’en punir, » et se pose en défenseur d’Arius. Episl. 'Evb ; iTw|j.aToç, P. G., t. xvili, col. .")71. Dans une autre lettre à son homonyme do Hyzance, ibid., col. 547 sq., il se plaignit des difficultés que lui créait le parti d’Arius à Alexandrie. Or, par un coup d’audace, le retour inopiné d’Arius venait de les porter au comble. Des pamphlets circulèrent, et l’on chantait, dans le peuple, la fameuse Thnlie, en faveur de l’opinion nouvelle et pour être désagréable au patriarche. . Au dehors, les évêques étaient pourtant loin de

s’entendre. Fort de l’appui qu’il trouvait auprès de Constantia et de Licinius, Eusèbe de Nicomédie assembla un synode en Bithynie où il déclara qu’Arius et les siens devaient être admis à la communion et qu’on prierait Alexandre de les recevoir. Cf. Otto Seeck, Unlersuchungen zur Gcschichte des Nicànischen Konzils, dans la Zeitschrift fiir Kircliengeschichte, 1890, t. xviii, p. 34 sq. Dans un autre synode, tenu en Palestine par Eusèbe de Césarée, Paulin de Tyi-, Patrophile de Scythopolis et autres, on engageait Arius et ses partisans à reprendre leurs fonctions à Alexandrie. De quel droit ? M. E. Schwartz, Nachrichlen, 1905, p. 171 sq., a publié, d’après un manuscrit syriaque de Paris, n. 62, une prétendue lettre synodale d’un concile d’Antioche de 324 adressée à Alexandre de Byzance dans un sens favorable à Arius ; elle semble d’une authenticité suspecte. Mais, quoi qu’il en soit, l'épiscopat, grâce aux deux Eusèbe, était fortement sollicité contre Alexandre. De part et d’autre, on se préparait à une lutte dont on ne pouvait prévoir l’issue ; les uns groupaient les lettres et les documents favorables à Arius, S. Athanase, De synodis, 17 ; les autres en faisaient autant pour ce qui pouvait servir à Alexandre. Entre temps, le rhéteur cappadocien Astérius parcourait l’Orient pour propager la nouvelle doctrine ; les théâtres eux-mêmes retentissaient des démêlés d’Alexandre et d’Arius ; et, comme le dit Eusèbe, Vita Constantini, ii, 61, P. G., t. xx, col. 1036, d’une petite étincelle aUait sortir un grand incendie ; mais c’est lui et son homonyme de Nicomédie qui avaient soufflé sur le feu. Voirt. i, col. 1782-1783.

Inlervenlion de Constantin.

Constantin, devenu

seul maître de l’empire par sa victoire sur Licinius, son beau-frère, en septembre 323, vit d’un mauvais œil ces commencements de troubles religieux, motivés, pensait-il bien à tort, par de pures futilités et des querelles de mots. Mieux valait la paix à tout prix, particulièrement en Egypte, et c’est ce qu’il demanda à Alexandre et à Arius, dans une lettre, résumée par Socrate, H. E., i, 7, P. G., t. lxvii, col. 55-60, et conservée par Eusèbe, Vita Constantini, ii, 64-72, P. G., t. XX, col. 1037-1048, qu’il leur fit porter par son conseiller, Osius de Cordoue. Osius revint à Nicomédie auprès de l’empereur sans avoir pu ramener l’entente et la paix entre l'évêque et le prêtre d’Alexandrie ; il dut alors sans doute suggérer un moyen plus efficace, celui de la convocation d’un concile, désirée du reste par Alexandre lui-même. S. Épiphane, Hser., Lxviii, 4, P. G., t. XLii, col. 189. Et c’est ce que décida Constantin pour en terminer avec les affaires égyptiennes, tant celles d’Arius que celles du comput pascal et du schisme mélétien ; mais sur la première de ces questions, son intervention, loin d’apaiser la tempête qui menaçait, ne fit que la déchaîner, grâce au rôle qu’allait jouer Eusèbe de Nicomédie. Voir t. i, col. 1785.

IL Rôle depuis le concile de Nicée jusqu'à SON RETOUR d’exil. — 1° Au concHc de Nicée. — Le concile s’ouvrit à Nicée, le 20 mai 325. L’affaire d’Arius fut examinée la première. Devait-on maintenir la sentence d’Alexandre ? Telle fut la question à résoudre. Mais, pour cela, il fallait examiner la doctrine d’Arius. Eusèbe et ses amis l’exposèrent, puis ils présentèrent une formule de foi qui, aussitôt lue, souleva d'énergiques protestations et fut mise en pièces. On lut aussi, d’après saint Ambroise, une lettre d’Eusèbe de Nicomédie. De fide, iii, 15, P. L., t. XVI, col. 614. Plus tard Eustathe d’Antioche parla du blasphème d’Eusèbe. to {(Amj.a rr, ; Evcr£6îou fi/aiçr.p îaç. Théodoret, H. E., i, 6, P. G., t. lxxxii, col. 920921. Auquel de ces deux documents faisait-il allusion, à la formule de foi ou à la lettre ? Nous l’ignorons. Toujours est-il que la cause.soutenue par Eusèbe de Nicomédie fut perdue, que la sentence de déposition