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EUCHARISTIE DU XIIP AU XV « SIÈCLE


manence des accidents. On lui enleva sa charge de professeur et il fut chassé de l’université. Hefele, op. cit., t. X, p. 218-219.

En 13^7, un synode provincial se tint à Londres sous la présidence de Thomas Arundel, archevêque de Cantorbéry. Dix-huit propositions, extraites du Trialogus de Wyclif, furent condamnées. Les trois premières, relatives à l’eucharistie, avaient cette teneur : 1° Manet partis subslanda post ejus consecrationcm in allari, el non desinit esse panis ; 2° Sicut Joannes fuit figurative Elias et non personaliter, sic panis figurative est corpus CIwisti, el absque omni ambiguilale lisec figurativa loculio : Hoc est corpus meum, sicut illa in verbis Clirisli : Joannes ipse est Elias ; 3° In capite : Ego Berengarius, curia romana delerminavit quod sacramentum eucliarislise est naturaliler verus panis, loquendo con/ormiler prias de pane maleriali albo et rotundo. Mansi, ibid., col. 809, 810. Ces propositions reçurent les notes suivantes : 1° hæresis (est) loquendo de pane naturali ; 2° liœresis est ; 3° error est consimiliter loquendo de pane. Ibid., col. 817 ; Wilkins, op. cit., t. III, p. 229.

Un nouveau concile lut rassemblé à Londres en 1401, pour juger un chapelain de Londres, Guillaume Sautry. La huitième proposition qu’on lui reprochait était énoncée en ces termes : Quod posl prolationem verborum sacramentalium corporis Clirisli remanel panis ejusdem naturæ sicut anle, nec desinit esse panis. Interrogé à ce sujet, il répondit : Quod posl prolationem verborum sacramentalium corporis Clirisli remanel panis quem frangimus, el panis cum corpore' Christi, nec desinit esse panis simplicilcr, sed remanel sanctus, verus et panis vitæ, el credo illud esse verum corpus Christi posl prolationem verborum sacramentalium. Le chancelier de l'évéque de Londres lui demanda s’il avait rétracté ses erreurs devant l'évéque de Norwich ; il dit que non. Questionné spécialement sur le sacrement de l’autel, on lui demanda d’abord : Uirum in sacramento remanel panis vel non ? Il balbutia et dit ne pas savoir, ajoutant, toutefois, que là est le vrai pain, puisque c’est le pain de vie, descendu des cieux. A une seconde question plus précise : TJlrum in sacramento posl verba sacramentalia a presbylcro rite prolala remanel idem panis qui anle vel non ? il fit la même réponse qu’il y avait le pain saint, véritable, le pain de vie. A une troisième question : Ulrum ille panis malerialis anle consecralionem posl verba sacramentalia a prcsbytero rite prolala transmulalure natura panis in verum corpus Clirisli ? il déclare ne pas savoir. Interrogé de nouveau le lendemain, spécialement sur le sacrement de l’autel, il fit les mêmes réponses. Il dit ne pas comprendre la question :.Si ille panis malerialis super allari posl verba særamentalta a presbylcro rite prolala, etc. Il dit encore, presque en se moquant, ne pas savoir si ille panis malerialis, albus et rotundus, ad sacramentum corporis Clirisli super allare aptus et disposilus, concurrenlibus omnibus et singulis quæ requiruntur, virtute verborum sacramentaliiim a presbylcro rite prolalorum, transsubslantiatur in verum corpus Christi, el desinit esse panis simplicilcr. Interrogé s’il voulait s’en tenir à la détermination de l'Église, suivant laquelle, après la consécration, no/ ; remanel idem panis in natura qui anle, sed desinit esse panis simpliciler, il répondit affirmativement, mais en ajoutant cette restriction : Ubi lalis determinalio non esset divinæ voluntati contraria. Enfin, pressé de dire ce qu’il pensait lui-même du sacrement de l’autel, il déclara quod posl consecralionem a presbylcro rite /dctam, remanel velus panis et idem panis, qui anle. Ou prononça, en sa présence, la sentence qui le déclarait hérétique. Le 31 avril, elle fut communiquée à l'évéque de Norwich. Le lendemain, Sautry soutint publiquement les assertions qu’on lui reprochait. Cependant, le

24 et le 25 mai, il abjura ses erreurs, et au sujet de la huitième proposition, il avoua que c'était une hérésie et dit que ce pain est transsubstantié au corps du Christ après la prolation des paroles sacramentelles et qu’il cesse d'être de la même nature qu’auparavant. Le 26, il signa une cédule rédigée en anglais et contenant la même formule. Mansi, ibid., col. 939-942 ; Wilkins, ibid., p. 254-260. Mais, le 23 février 1401, à Saint-Paul de Londres, interrogé s’il renouvelait son abjuration au sujet du sacrement de l’autel, il répondit par moquerie qu’il n’avait pas su ce qu’il disait. Il fut déclaré relaps, déposé et dégradé. Mansi, ibid., col. 947. Il périt sur le bûcher.

Le 5 mars suivant, Jean Purvey, ancien vicaire de Wyclif, fit l’abjuration de ses erreurs, à ce concile de Londres. La première hérésie qu’il avait admise était qu’au sacrement de l’autel, après la consécration, il n’y a pas et il ne pouvait y avoir d’accidents sans sujet, mais que la substance et la nature du pain visible et corruptible y demeure vraiment, et semblablement le viii, comme un païen converti demeure le même homme après son baptême. A rencontre, il admet avec la vérité catholique que cette substance ne demeure pas, mais qu’elle est convertie tout entière, non figurative, sed veraciler, et qu’il ne reste que la seule forme sensible ou apparence du pain et du vin. Le vrai corps du Christ y est comme il a été dans le sein de la Vierge, comme il a été suspendu à la croix et enseveli dans le tombeau et comme il réside maintenant op. citl, dans le ciel. Mansi, ibid, col. 951 ; Wilkins, t. iii, p. 260-261.

Au concile d’Oxford, en 1408, Thomas Arundel décidait encore qu’aucun livre et traité de Wyclif, déjà publié ou devant paraître à l’avenir, ne pourrait être lu dans les écoles, avant d’avoir été examiné et approuvé, n. 6. Mansi, ibid., col. 1037-1038 ; Wilkins, ibid., p. 317.

Pour l’introduction des erreurs de Wyclif en Bohême et leur condamnation au concile de Constance, voir Eucharistiques (Acciilenls). Cf. DenzingerBannwart, Enchiridion, n. 581-583, 666, 667.

IV. L’eucharistie au concile de Florence. — Le concile de Florence (1438-1445), en traitant de l’union des Églises, eut à s’occuper trois fois de l’eucharistie : 1° dans son décret pro grsecis ; 2° dans son décret pro Armenis ; 3° dans son décret pro jacobitis. On trouvera à l’article Florence (Concile de) l’exposé des raisons historiques qui ont amené les Pères à traiter de l’eucharistie. Ici, il ne s’agit que de la doctrine eucharistique, qu’ils ont exposée.

Décret pro grsecis.

Publié par Eugène IV dans

la bulle Lœtentur cœli du 6 juillet 1439, ce décret définit que le corps du Christ est vraiment consacré avec du pain de blé, soit azyme, soit fermenté, et que les prêtres doivent consacrer en l’un ou l’autre, chacun selon la coutume de son Église, occidentale ou orientale. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 692. Voir t. i, col. 2664.

Sur la discussion relative à la forme de la consécration au concile de Florence, voir t. v, col. 258-260. Cf. J. Turmel, Histoire de la théologie positive, p. 449-452.

2 » Décret pro Armenis. — 1. Son autorité. — Ce décret n’est pas une définition de toutes les matières qu’il contient, quoiqu’il indique ce que les Arméniens doivent croire et pratiquer pour être en parfaite conformité (le doctrine et d’usages avec l'Église romaine. En particulier, l’instruction sur les sacrements, qui tient le cinquième rang dans la série des documents reproduits, n’est qu’une instruction pratique sur les sacrements de l'Église. Elle est empruntée presque littéralement à l’opuscule de saint Tiiomas, De fidei arliculis et septem sncramentis. Elle résume donc la doctrine de l'Église plutôt qu’elle la c'éfinit propre-