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EUGENICOS — EUNOMIUS


op. cil., p. 296, 304. Il voxulrait voir Amouritzis se prononcer plus clairement contre l’union. Une lettre à Scholarios, fol. 304-304 v°, nous apprend que, cédant aux instances de Notaras, Jean est allé à Constantinople, mais a été obligé d’en repartir : preuve que le parti de l’union était encore puissant. Cf. Legrand, op. cit., p. 301.

Mentionnons, à cause du destinataire, une lettre à Bessarion « avant le latinisme » , fol. 306 V-SOV. Legrand, p. 292. Jean se contente de l’y remercier pour les prières faites à l’occasion de deuils de famille. Mentionnons aussi une lettre au seigneur Antoine Malaspina, fol. 309 v » . Legrand, p. 305. Entre autres raisons qui l’ont empêché d'écrire, Jean signale son voyage à Constantinople, les persécutions, la mort de son frère Marc. La date de ce dernier événement n'étant pas fixée avec certitude, cette lettre pourra peut-être aider à la préciser. Terminons enfin par le résumé d’une épître adressée à Gennade Scholarios, et qui doit être communiquée à l’empereur, aux habitants de Constantinople, à tous les fidèles. C’est une de celles qui révèlent le plus exactement le personnage et son rôle. " Jean charge Gennade de pousser l’empereur à la rupture de l’union, qui dure depuis quinze ans. Ce n’est qu’un violent réquisitoire contre les latins : ils ont autrefois pris et pillé la capitale, Tes alliances conclues avec eux n’ont abouti à rien. Nombreuses sont les preuves de leur inertie, en dernier lieu l’affaire de Thessalonique qu’ils n’ont ni protégée ni secourue. La nation ne doit pas oublier les sentiments qui animaient les ancêtres : ils ne se confiaient qu'à eux-mêmes et à leur foi, cette foi dans laquelle il est glorieux de mourir. Qu’a gagné l’empereur Jean à sa funeste condescendance ? Comme le lui prédisait Marc d'Éphèse, lui et le faux concile de Florence seront maudits des siècles à venir pour la perte de tant d'âmes qu’ils ont occasionnée. De même le sang des chrétiens qui tombent sous le glaive des infidèles crie justice contre les gouvernants actuels. C’est la vengeance divine qui se fait sentir : c’est l’union qui est cause de tous les maux dont souffre l’empire. » l'étridès, /oc. « 7., p. 280.

11° Récit de voyage et de naufrage au retour de Ferrare, cod. Paris. 2075, fol. 244 6îs-281 v°. A la fin de ce récit, ime note nous apprend que ce codex est écrit tout entier de la main de Jean Eugenicos.

Les œuvres du frère de Marc d'Éphèse, on le voit, nous font connaître sous son vrai jour ce personnage et le triste rôle qu’il a joué. Si ses lettres nous révèlent que le parti de l’union demeura longtemps puissant à Constantinople et en Grèce, elles nous montrent aussi que c’est son infinence, unie h celle de son trop illustre frère, qui anéantit les espoirs conçus à Florence et fit triompher le maintien du schisme, à une heure si douloureuse de l’histoire d’Orient.

S. ï'Hridès, Les œuvres de Jean Eugenicos, dansles Échos d’Orient, 1910, t. xiii, p. 111-114, 276-281 ; E. Legrand, Cent dix lettres grecques de François Filelje, Paris, 1892, p. 291-310 ; Krumbacher, Gescliicltte der byzantinisctien Litteratur, 2e édit., Munich, 1897, p. 116-117, 495-497. On trouvera dans ces auteurs les autres indications bibliographiques utiles. Voir aussi la Bijumlinisclie Zeitschrijt, d’après les références données par la tiible des douze premiers volumes, au mot Eugenikos, p. 122.

S. Salaville.

    1. EUGENICOS Marc##


2. EUGENICOS Marc. Voir Marc d'Éphèse.

    1. EUNOMIUS##


EUNOMIUS, évêque arien de Cyzique, en 360, disciple d’Aétius et, avec lui, chef des anoméens. — l. Vie. II. Écrits. III. Doctrine.

I. Vie.

Eunomius était Cappadocéen : d’Oltiseris, d’après saint Grégoire de Nysse, Contra Eunomiiim, 1. I et XII. P. G., t. xlv, col. 259, 281, 907 ; de Dakora, d’après Sozoniène, H. E., vii, 17, P. G., t. Lxvii, col. 1464. Assertions inconciliables, s’il

s’agissait dans les deux cas du lieu de naissance, car Dakora était situé dans le territoire de Césarée, et Oltiseris dans le district de Komiaspa, sur les confins de la Galatie. W. M. Ramsay, The liistoricul geography of Asia Minor, Londres, 1800, p. 197 (carte), 264, 306 sq. Saint Grégoire, loc. cit., col. 281, se sert même de cette dernière circonstance pour expliquer comment saint Basile, Adversus Eunomium, 1. I, n. 1, P. G., t. XXIX, col. 500, avait pu donner à son adversaire l'épithète, mal accueillie, de Galate. Toutefois, l'évêque de Nysse ne parle expressément que de l’endroit habité par l’hérésiarque, quand saint Basile écrivit son livre : zm [jie60pt<o twv TrarpcStov Trjv oïxïic-v à'/ovra. Philostorge, qui fut anoméen et qui connut personnellement Eunomius, parle de « ses terres » de Dakora, sans préciser davantage. E. H., x, 6, P. G., t. Lxv, col. 588.

Fils d’un simple paysan qui cultivait ses champs, Eunomius ne se contenta pas de cette humble condition ; il se mit d’abord au service d’un parent, comme secrétaire et comme précepteur de ses enfants, puis, désireux de se procurer une culture supérieure, il se rendit à Constantinople. Il y exerça successivement plusieurs métiers, et ne fut pas toujours un modèle d'édification, si l’on en croit saint Grégoire de Nysse, loc. cit., 1. I, col. 204. Rentré dans sa patrie, il conçut bientôt le projet de se rendre à Alexandrie, attiré par la renommée d’Aétius et peut-être aussi par la présence en cette ville de l'évêque intrus George de Cappadoce. Après s'être abouché à Antioche avec Second, évêque arien de Ptolémaïde, Eunomius réalisa son projet vers 356. Philostorge, iii, 20, col. 509 ; Socrate, H. E., ii, 35, P. G., t. lxvii, col. 300. Il devint le disciple et le secrétaire d’Aétius ; ious deux furent désormais les apôtres et le » chefs du parti arien extrême, qui proclamait nettement le Fils dissemblable du Père. Voir Aétius, t. x, col. 516 ; Anoméens, col. 1322 ; Arianisme, col. 1822.

Au début de 358, Aétiuse !. Eunomius assistèrent au synode réuni par Eudoxe dans la ville d’Antioche. L’arianisme pur y triompha, et Eunomius fut ordonné diacre. Philostorge, iv, 5, 8, col. 520 sq. Les homéousiens eurent leur revanche au concile tenu la même année à Sirmium. Voir Ahianisme, col. 1825 sq. Eudoxe s’empressa de députer Eunomius vers l’empereur Constance, mais l’envoyé fut saisi durant le trajet et relégué h Migde en Phrygie. En même temps, Aétius était allé à Pepuza, dans la même contrée.

Le revirement qui se produisit peu après valut aux anoméens leur rappel. Après le concile de Séleucie, septembre-octobre 359, Eunomius suivit les évêques honiéens ; Constantinople, où il fut intimement mêlé aux discussions et aux intrigues qui aboutirent à la ruine du parti honiéousien. Philostorge, iv, 12, col. 525 ; Théodoret, H. E., ii, 23, P. G., t. lxxxii, col. 1069. Il eut sa part dans le triomphe ; tandis qu’Aétius, spécialement conipromis auprès de l’empereur, rejïrenait le chemin de l’exil, Eudoxe. devenu évêque de Constantinople, pourvut son ancien diacre de l'évêché de Cyzique en Mysic, devenu vacant par la déposition d’Eleusius. Événement que Socrate, iv, 7, col. 472, rejette à tort au temps de Valens.

Eudoxe se serait alors engagé à faire revenir de l’exil et ù réhabiliter Aétius dans l’espace de trois mois. Philostorge, v, 3, col. 529. En revanche, le nouvel évêque de Cyzique aurait promis de s’en tenir au moins extérieurement à la doctrine homéenne. Des provocations, habilement ménagées par ses adversaires, le firent sortir de cette réserve forcée, et des plaintes furent adressées à Constantinople. Théodoret, op. cit., II, 25, col. 1073. Sur l’ordre de l’empereur, Eudoxe dut intervenir. Au rapport de Théodoret, ibid., col. 1076, il aurait écrit à Eunomius de se sous-