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l'hostie consacrée, lorsqu'elle est ('levée par le célé- brant, et se prosterner de leur long dans leurs stalles, quand elle est déposée sur l'autel. Le célébrant doit l'élever le plus haut possible, atque sic omnibus ostenilit quam devolissime adorandam. Directoire des novices et des jeunes profès de la Grande-Char- treuse de Grenoble, 1902. De modo missse celebrandse.

Les usages, relatifs à l'altitude des fidèles pendant l'élévation de l'hostie, ont donc ëté diflérents du xm e au xvi p siècle. Les assistants se tenaient d'abord respec- tueusement inclinés ou agenouillés, puis, gardant cette posture, ils fixaient du regard la sainte hostie, élevée par le prêtre, enfin ils se prosternaient jusqu'à terre, sans qu'il soit toujours certain que leurs yeux se por- taient vers l'hostie. De nos jours, la pratique générale des fidèles est de s'incliner profondément au moment de l'élévation. Par un rescrit du 18 mai 1907, Pie X a accordé une indulgence de sept ans et de sept quaran- taines aux chrétiens qui, soit au moment de l'élévation, soit pendant l'exposition du saint-sacrement, regardent la sainte hostie avec foi, piété et amour. La concession de cette indulgence n'est pas une règle prescriptive. Le souverain pontife favorise, sans l'imposer, cette pieuse pratique; il n'interdit pas davantage l'inclina- tion profonde, et les assistants peuvent légitimement tenir l'une des deux attitudes, respectueuses toutes deux à l'égard du divin sacrement de l'autel.

3° L'élévation du calice. — L'élévation du calice est postérieure à l'élévation de l'hostie. Les missels du XIII e siècle ne mentionnent d'autre élévation du calice quecellequi précède la consécration, etleurs rubriques ordonnent de reposer le calice sur l'autel aussitôt après la consécration. Le XIV e Ordo romain, du début du xiv e siècle, mentionne l'élévation du calice, n. 53. P. L., t. lxxviii, col. 1166. La Chronique d'Amundes- ham signale que cette élévation ne fut introduite à l'abbaye anglaise de Saint-Alhan qu'en 1429, et les chartreux ne la pratiquent pas encore, puisque la légère élévation qu'ils font après la consécration du vin ne permet pas aux assistants d'apercevoir le calice. Le synode d'Eichstàt, en 1447, ordonnait d'achever la for- mule de consécration du vin avant d'élever le calice, llartzheim, Concilia Germanise, t. v, p. 367. Le missel de Verdun de 1481 note l'élévation du calice et pas celle de l'hostie, sans doute parce que la première était récente, tandis que la seconde était depuis long- temps fixée par l'usage. Lebrun, Explication littérale, historique et dogmatique des prières et des cérémo- nies de la messe, Paris, 1777, t. n, p. 484, note. L'Al- phabetum sacerdolum, imprimé à Paris en 1493, manuel à l'usage des clercs français pour apprendre à dire la messe, mentionne l'élévation du calice, pen- dant laquelle il prescrit de dire : Hsec quoliescumque , etc. Cette élévation n'est pas encore indiquée dans les missels romains de 1500, 1507 et 1526, ni dans celui de Poitiers de 1519. Elle est marquée dans VOrdo missse de Jean Burchard, publié en 1502 et incorporé à peu près intégralement dans le missel romain de saint Pie V, en 1572. C'est par ce missel qu'elle se répandit peu à peu dans toute l'Église latine. Les missels de Trêves (1516, 1547), de Toul(1597) mentionnenteette élévation, qui est rappelée dans divers synodes allemands du xvif siècle.

4° La génuflexion du prêtre. — 1. Du xm e au XV e siècle, la double élévation de l'hostie et du calice n'était pas suivie de la génuflexion du prêtre. Quand l'ostension de l'hostie fut introduite parmi les rites de la consécration au xm e siècle, elle était accompagnée d'un témoignage extérieur de respect, qui consistait en une simple inclination. Etienne Langton se contentait d'adorer l'hostie par quelque marque sensible de res- pect, quand il la déposait sur l'autel après la consécra- tion. Le XIV e Ordo romanus règle que le pape adorera

le premier l'hostie et le vin consacrés d'une inclination de tête avant de les présenter à l'adoration des assis- tants. P. L., t. lxxviii, col. 1166. Les rubriques des missels manuscrits du xm e et du xiv e siècle, si détail- lées qu'elles soient, se taisent sur la génuflexion après l'élévation de l'hostie et du calice. Il en est de même des missels imprimés, des Kxpositiones missse et des autres livres liturgiques jusqu'à la fin du XV e siècle, dans lesquels il n'est question que d'une médiocre inclination de tête. Dans ses Lectures sur la messe, faites à ïubingue, en 1486, au retour d'un voyage de Rome, Gabriel Biel dit que le prêtre, après avoir pro- noncé les paroles de la consécration, s'incline humble- ment et adore le Christ au sacrement. Le missel romain, imprimé à Lyon en 1520, ne mentionne non plus qu'une inclination médiocre avant l'élévation de l'hostie. Le Manuel de Sarum, dans les éditions de 1516 et de 1555, ne demande encore, en Angleterre, qu'une inclination de tête avant l'élévation de l'hostie. Aux xiv e et xv siècles, l'usage général était donc seulement d'incliner la tête en signe de respecta l'élévation.

2. La plus ancienne mention d'une génuflexion à l'élévation se trouve dans les Sécréta sacerdotum d'Henri de liesse (f 1397). Il s'agit de prêtres allemands, qui faisaient trois élévations de l'hostie au lieu d'une et ployaient les genoux après la première et la seconde. Ce n'était qu'un usage particulier qu'Henri de liesse déclarait abusif. L'usage régulier de la double génu- flexion à la consécration ne s'établit qu'à la fin du XV e siècle. Il fut accepté par Jean fiurchard, en 1502, dans son Ordo missse, et passa de là dans le missel romain de saint Pie V. Josse Clichtoue, Elucidalorium , Paris, 1516, dit qu'il faut fléchir le genou après avoir prononcé intégralement les paroles de la consécration du calice. Les réformateurs anglais se moquaient des génuflexions que les prêtres catholiques faisaient à la messe devant l'hostie et le calice. La première mention, qui en soit faite dans les synodes allemands, date de 1603, et se rencontre au synode de Brixen. llartzheim, Concilia Germanise, t. vin, p. 547. Il est vraisemblable que l'inclination, qui était primitivement en usage, devint progressivement de plus en plus profonde et aboutit à la génuflexion. Les textes parlent, en effet, d'abord d'une simple inclination de tête, puis d'une inclination médiocre. Les chartreux n'ont jamais accepté la génu- llexion jusqu'à terre. Sous l'intluence de l'usage uni- versel, ils ont admis une demi-génullexion avant l'élévation de l'hostie (la seule qu'ils fassent à la messe), et ils ont maintenu une simple inclination après. Pour le calice, ils ne font pas encore l'élévation proprement dite ni la demi-génuflexion, mais ils se bornent à un simple fléchissement des genoux et à une inclination de la tête avant l'élévation du calice et à une inclination profonde après. Voir le Directoire précédemment cité.

Dom do Vert, Exposition simple, littérale et historique des cérémonies de l'Église, Paris, 1713, t. îv, p. 186-230; Lebrun, Explication littérale, historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe, Paris, 1777, t. il, p. 487-471, 483-480; J. Corblet, Histoire dogmatique, liturgique et archéo- logique du sacrement de l'eucharistie, Paris. 1886, t. n. p. 356-364 : II. Thurston, The Elévation, dans The Tabh't du 19 octobre, p. 603, du 26 octobre, p. 643, et du 2 novembre 1907, p. 684; trad. franc, par il. Uoudinhon, dans la Revue du clergé français, du 1" juin, p. 535-542, du 1" juillet, p. 60-70, du 15 juillet 1908, p. 158-169; fil.. Génuflexion at Mass, dans The Month, octobre 1897, p. 391-406; trad. franc, par M. Boudinlion, dans la Revue du clergé français, du 15 octobre 1908, p. 150- 165; lil.. art. Elévation, dans The calholic encyclopedia, Ni v -

ork, s. d. (1909), t. v, p. 381-382. 

E. Manof.not. ÉLI Thomas (Elysius, de Elisio ou Eligio), qu'il ne faut point confondre avec Thomas Eli, O. M., sur- nommé Tllyricus, naquit à Naples vers 1485 et fit pro- fession dans le célèbre couvent dominicain de San-