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DIOCÈSE — DIODORE DE TARSE

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liiérarcliic supérieure de l’Église qu’il s’agit, en sotie <|ue les plus anciens textes ecclésiastiques, qui nous parlent de la 810 ! xy|<tiç, entendent ce mot du territoire relevant d’un des cinq exarques d’Antioclie, d’Alexandrie, de Césarée, d’Ephèse ou d’Antioche dont trois avaient le titre de patriarche. Aioïxr|fft< lurev  ?, rcoV/5 ; ïiixpyixz’i/vjTx âv lautiri, dit lialsamon corninentanl le 9e canon de Chalcédoine. lieveridge, Stjnodicon, t. I, p. 122. Aussi Thomassin, Ancienne et nouvelle discipline, part. 1, l. I, c. iii, n. 12, avertit-il son lecteur que, pour éviter les confusions, il parlera toujours au féminin de ces grandes diocèses.

On pouvait, en ell’et, s’y tromper, car si Balsamon, au Mil 1 siècle, constatait encore en Orient la permanence de ces immenses circonscriptions ecclésiastiques, survivance d’une administration civile disparue depuis des siècles, depuis bien longtemps il n’en était plus question en Occident. On en est même réduit à se demander si jamais elles y avaient existé. Pierre de Marca, Concordia sæerdotii et imperii, l. III, c. i, fait des efforts dignes d’une meilleure cause pour justifier les libertés de l’Église gallicane, en présentant cette église comme un corps constitué depuis l’antiquité la plus reculée. Il cherche à l’assimiler dans son ensemble à une des grandes diocèses de l’Orient, mais sans pouvoir apporter aucun texte qui permette de constater en (laule l’existence d’une circonscription ecclésiastique diocésaine en concordance avec le ressort civil de même nom.

Ce qui est frappant, c’est que l’Afrique constituait une diocèse, subdivisée en 6 provinces et en innombrables évèchés. Or, les premiers textes qui donnent au mot diœcesis un sens plus restreint, cf. IIIe concile de Carthage, can. 42, 46, Labbe, t. H, col. 1174, 1176, nous viennent de là, et ont passé ensuite en Espagne et en Gaule comme le note de Marca, 1. YI, c. xvi, n. 2.

Les Grecs donnaient le nom de 7tapotL[a (groupement d’habitations) aux églises épiscopales, puisqu’ils réservaient le terme 810c’*7]<nç à tout autre chose. Cf. Renan, Marc-Aurèle, ie édit., Paris, 1882, p. 410, note 4. En traduisant les lois canoniques à l’usage des latins, Denys le Petit a traduit 7capoixt’a par parochia, de là les nombreux textes canoniques où ce dernier mot est synonsme de diocèse épiscopal. Comme par ailleurs il n’existait pas de paroisses au sens moderne du mot, les deux expressions sont fréquemment employées l’une pour l’autre, et chacun des mots a les deux sens. Les canons 46 et 42 du IIP concile de Carthage emploient le mot diœcesis chacun dans un sens différent. Ilefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. ii, p. 22, note 2, donne des exemples de ces variations.il arrive aussi que dans le même texte canonique la même circonscription est nommée à quelques lignes de distance parochia et diœcesis. Cf. Décret de Gratien, caus. XIII, q. i, c. 1, qui parle de la parochia, et qui est intercalé entre deux dicta Gratiani qui parlent du même objet sous le nom de diœcesis.

Depuis la constitution Sapienti consilio, du 28 juin 11)08, c’est la Congregalio consistorialis, qui estchargée des érections, unions, séparations, délimitations de diocèses.

Aux articles Vicariat apostolique et Préfecture APOSTOLIQUE, on verra en quoi ces deux institutions se distinguent du diocèse proprement dit.

P. FOURNERET.

    1. DIODORE DE TARSE##


DIODORE DE TARSE. - I. Vie. II. Ouvrages. III. Doctrine.

I. Vie.

Diodore naquit au ive siècle d’une des familles les plus distinguées d’Antioche. Il étudia aux écoles d’Athènes, puis à celles de sa ville natale, et, fécondant par un labeur assidu ses talents naturels, il amassa dans tqules les branches de la science profane ou sacrée les profondes connaissances qu’il devait répandre si

abondamment plus tard ; seul contre tous, saint Jérôme, De vir. ill., 119, P. L., t. xxiii, col. 709, s’est avisé de prétendre qu’il demeura étranger aux lettres humaines. De ses divers maîtres d’Antioche, Eusèbe d’Émèse fut celui qui, selon saint Jérôme, loc. cit., eut sur Diodore l’influence la plus marquée ; c’est grâce surtout à Eusèbe d’Emèse que Diodore se fera le champion de l’école exégétique d’Antioche, la relèvera de sa décadence et y formera des disciples, tels que Théodore de Mopsueste, Polychronius, saint Jean Chrysostome, Théodoret. En même temps Diodore, (’pris de la perfection chrétienne, s’adonnait, pour y atteindre, à toutes les austérités de la vie ascétique ; au dire de Socrate, II. E., vi, 3, P. G., t. lxvii, col. 665, et de Sozotnène, II. L’., viii, 2, col. 1516, il gouverna, de concert avec j Carterius, un couvent d’hommes, àix/^piov, situé à | Antioche ou dans les environs. Les invectives de l’em ! pereur Julien, dans la lettre queFacundus d’Hermiane nous a conservée, Pro defensione trium capit., iv, 2, P. L., t. LXVII, col. 621, témoignent de l’orthodoxie et des vertus de Diodore comme de l’importance de son zèle religieux.

L’hérésie et l’idolâtrie, dans la seconde moitié du ive siècle, faisaient rage contre l’Eglise d’Antioche. Ariens et catholiques étaient aux prises, et, enflés de la faveur successive des deux empereurs Constance, 337-361, et Valens, 364-378, les ariens osaient tout. En outre, Julien l’Apostat, qui, à la veille de sa campagne de Perse, avait pris ses quartiers d’hiver à Antioche, ne s’était pas épargné pour y ranimer, pour y galvaniser, si je puis parler de la sorte, le polythéisme mourant. La situation voulait que Diodore alliât l’offensive à la défensive, et se montrât à la fois apologiste et polémiste ; Diodore ne faillit point à sa tâche. Dès avant 357, sous l’épiscopat de l’arien Léonce, et plus encore durant l’exil du patriarche orthodoxe Mélèce, 360-378, ce furent principalement Diodore et son ami Flavien, le futur successeur de Mélèce à dater de 381, qui, avec des sacrifices et parmi des dangers de toute sorte, pourvurent à l’administration de l’Eglise et aux besoins spirituels des catholiques. Théodoret, H. E., IV, 22, P. G., t. i.xxxii, col. 1184.

Obligé à son tour de fuir en 372, Diodore alla retrouver Mélèce en Arménie, et là il noua des relations avec saint Basile le Grand ; la lettre cxxxv de saint Basile, P. G., t. XXXII, col. 572-573, lui est adressée. Six ans après, en 578, Mélèce, au retour de l’exil, élevait l’indomptable lutteur sur le siège de Tarse en Cilicie-C’est à ce titre qu’en 381, on le voit prendre part au II 1, concile o’cuménique de Constantinople. Dans son décret du 30 juillet 381, Théodose, ratifiant les décisions du concile, désigna Diodore de Tarse et Pelage de Laodicée comme les deux arbitres de l’orthodoxie en Orient. Ilefele, Histoire des conciles, nouv. trad. franc., Paris, 1908, t. ii, p. 41. Diodore mourut un peu avant.39 i. II. OUVRAGES.

Tête travailleuse et plume fertile, Diodore, aussi bien que la plupart des membres de l’école d’Antioche, a beaucoup écrit. Suidas, Lexicon, à l’art. Diodore, édit. Bernhardy, t. I, p. 1379 ; Ébedjesu (y 1318), Catalogue des livres reçus par les nestorieitsde Syrie, c. xviii, dans Assémani, Biblioth. orienlalis, t. iii, p. 28-29. Exégète, il est également théologien, apologiste et polémiste. Mais, soit par la vengeance des ariens ou plutôt par l’orthodoxie ombrageuse des Grecs de l’âge postérieur, son œuvre a presque toute péri.

1 » L’œuvre exégétique, d’abord. Léonce de Byzance, De sectis, IV, 3, P. G., t. i.xxxvi, col. 1221, nous apprend que Diodore avait expliqué l’Écriture tout entière. De ses commentaires il ne nous reste, quant à présent du moins, que de faibles débris, épais dans les Chaînes, et qui se rapportent exclusivement à l’Ancien Testament. Ainsi, sous le nom de Diodore de