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catholique répandue partout l’a toujours compris ainsi, c. xxxiv, col. 989.

Quant à l’infaillibilité de l'Église dans les définitions dogmatiques de ses conciles ou dans l’enseignement dogmatique de ses souverains pontifes, elle brille, au Ve siècle, du plus vif éclat. Les définitions conciliaires d'Éphèse et de Chalcédoine sont acceptées par tous les catholiques comme règle de foi, et ceux qui refusent de s’y soumettre sont séparés de l'Église ; ce qui suppose évidemment une autorité infaillible. En même temps, à Éphèse et à Chalcédoine, le jugement conciliaire sur les écrits orthodoxes ou hétérodoxes soumis à l’autorité du concile est universellement accepté comme tranchant définitivement toute controverse et comme absolument infaillible.

Quant à l’infaillibilité doctrinale des souverains pontifes, nous prouverons ailleurs avec quelle force elle apparaît au concile de Chalcédoine, où l’enseignement du pape saint Léon I er dans sa célèbre lettre dogmatique à l'évêque Flavien en 449, Epist., xxviii, P. L., t. Liv, col. 755 sq., est universellement accepté par le concile comme l’enseignement infaillible de Pierre parlant par la bouche de Léon.

La même conclusion se dégage non moins évidente des assertions doctrinales du pape saint Simplicius, Denzinger-Bannwart, Enc/tiridion, n. 160, et du pape saint Gélase, n. 161, 163, ainsi que du célèbre formulaire de saint llormisdas imposé en Orient comme règle de la foi, à tous ceux qui veulent rester fidèlement soumis au Saint-Siège, centre de l’unité catholique, n. 171 sq.

Au vine siècle, saint Jean Damascène († 750) rend hommage au magistère ordinaire de l’Eglise, en s’appuyant, pour prouver la légitimité du culte des images, sur la tradition de l’Eglise, en laquelle il n’y a aucune tache. De imaginibus, orat. iii, n. 41, P. G., t. xciv, col. 1356. Il affirme de même, dans son De /ide orthodoxa, que celui qui ne conforme pas sa foi à la tradition de l'Église catholique est un infidèle, aussi bien que celui qui communique avec le démon par ses œuvres criminelles, l. IV, c. x, col. 1128.

Cet enseignement est approuvé, en 787, par le II'- concile général de Nicée, qui appuie aussi la légitimité du culte des images, sur la tradition de l’r.glise catholique, dans laquelle le Saint-Esprit habite. Act. Vil, Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 302, 304. C'était d’ailleurs aussi le langage du pape saint Adrien I er dans sa lettre au même concile. Labbe-Cossart, Concilia, Venise, 1729, t. viii, col. 761.

Aussi quand apparut, au xie siècle, l’erreur de Bérenger sur la sainte eucharistie, on lui opposa la croyance jusque-là constante et universelle de l'Église catholique. Guitmond d’Aversa († 1087), De corporis et sanguinis Chris ti veritate in eucharislia, l. III, P. L., t. exux, col. 1486 sq. ; Lanfranc de Cantorbéry († 1089), De corpore et sanguine Domini, c. xxii sq., P. L., t. cl, col. 440 sq.

Au xiie siècle, c’est encore le langage de saint Bernard dénonçant les erreurs d’Abélard comme opposées à la foi chrétienne, et faisant en même temps appel à l’autorité du pape pourles réprouver. Epist., exc, P. L., t. clxxxii, col. 1053 sq.

c) Troisième période du xiti" au XVIe siècle, marquée, comme la précédente, par une affirmation pratique et une reconnaissance universelle de l’autorité doctrinale de l'Église, et se différenciant de l'époque précédente, surtout par l’affirmation principalement pratique du droit qu’a l'Église d’intervenir dans toutes les matières connexes à la foi.

Le magistère de l'Église est particulièrement affirmé dans les définitions solennelles du IVe concile de Latran en 1215, du IIe concile de Lyon en 1274, et du concile de Florence en 1439, et dans les enseignements

moins solennels, par lesquels l'Église termine une controverse comme celle du temps où commence la vision béatifique, Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 530 sq. ; ou réprouve des erreurs comme celles des fraticelles, n. 484 sq., celles de Marsile de Padoue, n. 495 sq., celles de Wicleff, n. 581 sq., et de Jean Iluss, n. 627 sq.

Mais ce qui caractérise principalement cette période, c’est l’affirmation de l’autorité doctrinale de l'Église dans les matières connexes à la foi. Cette affirmation est occasionnée surtout par l’importante lutte qui se prolonge, pendant plusieurs siècles, autour de la grave question des relations entre la raison et la foi ; lutte, dirigée surtout contre les averroïstes, partisans très exclusifs d’Aristote et d’Averroès, et faisant passer leur enseignement avant celui de la foi. Dans cette lutte, toutes les écoles catholiques suivent la direction de l'Église, particulièrement l'école albertino-thomisle, voir t. i, col. 1875 sq., toujours préoccupée de maintenir l’intégrité de la foi, tout en suivant l’enseignement d’Aristote là où la foi ne s’y oppose aucunement.

Les principaux documents ecclésiastiques en cette matière sont : la lettre de Grégoire IX, Ad theologus Parisienses, du 7 juillet 1228, DenLinger-Banmvait, Enchiridion, n. 442 sq., plusieurs définitions du concile de Vienne, n. 475, 481, et la condamnation de plusieurs erreurs philosophiques par Clément VI, n. 553 sq.

Nous devons en même temps observer que, dans la condamnation des diverses erreurs que nous venons de mentionner, l'Église porte un jugement définitif et universellement accepté sur l’hétérodoxie des enseignements ou écrits soumis à son appréciation. Elle est donc, dès cette époque, universellement reconnue comme possédant, sans conteste, le droit de juger souverainement et infailliblement les faits dogmatiques.

Quant à l’enseignement des théologiens, bien qu’il soit donné sans beaucoup d’insistance ni d'étendue, au moins jusqu’au xv c siècle, par suite de l’absence d’erreur en cette matière, il est cependant assez préeis

Saint Thomas affirme expressément que la foi de l'Église universelle ne peut défaillir, conformément à la parole de Jésus-Christ, ego pro te rogavi, Petre, ut non de/iciat /ides tua, Luc, xxil, 32. Suni. theol., < II*, q. ii, a. 6, ad 3um. Il attribue de même au souverain pontife, qui a la plénitude de tout pouvoir dans l’jtglise, le pouvoir de modifier le symbole de la foi dans la mesure nécessaire pour expliquer les viriles de foi en face d’erreurs nouvelles. II a IIe, q. i, a. 10.

Il exige manifestement que l’on adhère à la doctrine de l’Eglise comme à une règle divine et infaillible ; quiconque ne le fait point, n’a point l’habitude de la foi, du moins si sa faute est commise avec advertance et opiniâtreté. Il » 11', q. v, a. 3. Le saint docteur suppose aussi que l’Eglise nous donne dans sa liturgie un enseignement dogmatique, quand il mentionne l’obligation qui nous incombe d’avoir une foi explicite dans les mystères de Jésus-Christ, qum in Ecclesia solemnizantur et publiée propununtur. II » II æ, q. ii, a. 7. Aucun enseignement formel n’est donné sur l’objet de l’autorité doctrinale de l'Église, mais ce qui est dit sur le double objet de la foi, l’un direct et principal, immédiatement proposé à notre assentiment, et l’autre indirect et secondaire que l’on ne peut rejeter sans rejeter aussi ce qui est de foi, doit également s’appliquer a l’objet de l’enseignement ecclésiastique, puisque tout ce qui appartient, directement ou indirectement, au dépôt de la foi, est soumis à l’autorité de l'Église.

Quant à l’autorité de l’Eglise dans la question des faits dogmatiques, le saint docteur la résout ainsi en traitant particulièrement de la canonisation des saints. L'Église étant infaillible en tout ce qui concerne la foi ou la morale chrétienne, ne peut porter un jugement