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que in pace et unilaie Ecclesia non fuerit, Dominwn habere non poterit. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 246.

Un peu plus tard, saint Grégoire le Grand († 604) enseigne, dans son exposition sur le livre de Job, que c’est dans l'Église catholique seule, que l’on accomplit fructueusement des œuvres bonnes ; car ceux-là seuls qui ont travaillé dans la vigne, reçoivent la récompense du denier ; et, d’autre part, tous ceux qui étaient en dehors de l’arche, onl été submergés par les eaux du déluge. Moral., l. XXXV, c. VIII, n. 12, P. L., t. LXXVI, col. 756 sq.

Dans les siècles suivants, cette même doctrine est communément admise. C’est ce que témoigne particulièrement, au XIe siècle, le symbole de saint Léon IX (-j- 1054) : Credo sanctam, catholicam et apostolicam, unam esse veram Ecclesiam, in qua unus datur baplisnuis et vera omnium remissio peccatorum. Denzinïïer-Oannwart, Enchiridion, n. 347.

3. Troisième période, depuis le commencement du MU siècle jusqu’au XVIe siècle, marquée par quelques affirmations explicites du dogme catholique et surtout par plusieurs définitions dogmatiques. La première définition dogmatique est du IV" concile de Latran en 1215, dans la définition de la foi catholique contre les albigeois : Una vero est, fidelium universalis Ecclesia, extra quam nullus omnino salvatur. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 430. Cette définition est renouvelée par la bulle Unam sanctam de lîoniface VIII, le 18 novembre 1302, avec une particulière insistance sur l’unité de cette même Église, appuyée principalement sur la primauté du pontife romain : Unam sanctam Ecclesiam catholicam et ipsam apostolicam urgente fuie credere cogimur et tenere, nosque hanc firmiter credimus et simpliciter confllemur, extra quam nec sains est nec remissio peccatorum, n. 468. Enseignement encore reproduit par le concile de Florence dans l’instruction d’Eugène IV aux jacobites, affirmant comme la foi très ferme de l'église catholique romaine : nullos intra catholicam Ecclesiam non existent es non solun] paganos, sed nec judieos ant hærelicos atquc schismalicos aelernse vitse fieri participes ; sed in ignem veternum ituros qui paratus est diabolo et angelis ejus, nisi ante finem vitse eidem fuerinl aggregati ; lantumque valere ecclesiaslici corporis unitalem, ut solum in ea manenlibus ad salutem ecclesiaslica sacramenta proficiant, et jejtmia, eleemosijnse ac cetera pietatis officia et exercitia militise christianse prazmia seterna parturiant. Neminem, quanlascumque eleemosynas fecerit, elsi pro Christi nomine sangiiinem e/fuderit, posse salvari, nisi in cat/iolictB Ecclesise gremio et unitale permanserit, n. 714.

Des affirmations très explicites du dogme catholique se rencontrent aussi à cette époque dans des professions ou confessions de foi, parmi lesquelles nous citerons particulièrement la profession de foi imposée aux vaudois en 1208 : Corde credimus et ore confitemur unam Ecclesiam non hæreticornm, sed sanctam romanam catholicam et apostolicam, extra quam neminem salvari credimus, n. 423, et la confession de foi proposée par Clément IV en 1267 à Michel Paléologue et présentée par lui à Grégoire X au IIe concile de Lyon en 1274 : Credimus sanctam catholicam et apostolicam unam esse veram Ecclesiam, in qua unum datur sanctum baptisma et vera omnium remissio peccatorum, n. 164.

Chez les théologiens de cette période principalement préoccupés d’autres problèmes ou controverses théologiques, l’on ne rencontre guère d’enseignement bien explicite sur ce point, en dehors de saint Thomas au xiii » siècle et du cardinal Turrecremata au xve siècle. Saint Thomas, dans son Expositio in décrétaient pri mant ad archidiaconum tridenlinum, expliquant l’enseignement du IVe concile de Latran, « i/o est fidelium universalis Ecclesia, extra quam nullus salvatur omnino, en donne cette raison qu’en dehors de l'Église on ne peut avoir la véritable foi, qui est essentiellement une et qui est en même temps absolument nécessaire au salut : Unilas autem Eeclesiæ est prsecipue propter fidei unitalem. Nam Ecclesia nihil est aliud quam aggregatio fidelium ; et. quia suie fde impossibile est placcre Deo, ideo extra Ecclesiam nulli palet locus saluti. Opusc.j XXIII, Operaomnia, Rome, 1570, t. xvii, p. 198.

C’est ce même argument de l’impossibilité d’avoir, en dehors de l’Eglise, la vraie foi nécessaire au salut, que reproduit le cardinal Turrecremata contre les hérétiques de son temps, qui prétendaient que l’on peut être sauvé en dehors de l'Église. Summa de Ecclesia, l. I, c. xxi, Rome, 1489, sans pagination.

4. Quatrième période, depuis le commencement du xvie siècle jusqu'à l'époque actuelle, marquée par une revendication fréquente et une plus complète explication théologique du dogme catholique, à l’occasion de nombreuses controverses avec les protestants, qui défigurent ce dogme par leurs fausses conceptions, soit de l’Eglise établie par Jésus-Christ, soit de la foi nécessaire pour le salut, ou qui, au nom d’un vague indifférentisme entre toutes les diverses communions religieuses, rejettent ce dogme comme cruellement intolérant.

a) L’enseignement Ihe’ologique de toute cette période ne pouvant être rapporté ici en détail, nous nous bornerons à signaler, du moins chez les principaux théologiens, ce qui constitue un progrès dans l’exposition de ce dogme.

a. Ce progresse manifeste tout d’abord dans l’exposé des conditions nécessaires pour l’appartenance réelle à l’Eglise catholique. Ces conditions qui découlent toutes de la pratique constante et universelle de l'Église, et qui avaient été mentionnées isolément parles Pères et par les théologiens précédents, sont indiquées pour la première fois sous une forme synthétique par Bellarmin dans ses célèbres Controverses, lians sa définition même de l'Église, il signale trois conditions indispensables pour appartenir au corps de l'Église ou à l’Eglise visible qui seule est la véritable Église, a) La profession de la vraie foi, toujours requise par la tradilion constante et universelle de l'église qui a sans cesse considéré les hérétiques comme n’appartenant pas à l'Église, selon les textes précédemment cités et dont plusieurs sont ici indiqués par Cellarmin. C’est d’ailleurs ce que déclare le IVe concile de Latran définissant l’Eglise fidelium Ecclesia, Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 430, et cunelorum pdelium mater el magistra, n. 433. On ne peut objecter, en faveur de l’agrégation des hérétiques à l'Église, que le champ de l’Eglise, comprenant selon la parabole évangélique le bon grain, la paille et la zizanie, renferme ainsi les bons, les pécheurs et les hérétiques ; car la parabole évangélique ne doit point s’entendre de l’Eglise, mais du monde entier, comprenant d’une manière générale les bons el les méchants, de quelque nature qu’ils soient, hérétiques ou non ; et cet élément mauvais est indiqué 1 dans son ensemble par la zizanie. On ne peut non plus objecter le texte de saint Paul, in magna domo sunt vasa aurea et argenlea et lignea et ficlilia, II Tim., Il, 20, car il ne s’agit point ici des hérétiques, mais des fidèles faibles qui sont aptes à se laisser facilement séduire. On ne peut objecter enfin le droit que possède l'Église déjuger et de punir les hérétiques ; car ce droit, incontestable vis-à-vis de ceux qui se sont enfuis de son bercail, ne suppose aucunement qu’ils en font encore partie. Controv., De Ecclesia militante, l. III, c. iv.

Toutefois le savant controversiste est d’avis que la