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ÉGLISE


In I Joa., tr. I, n. 2 ; Ir. II, n. 2, t. xxxv, col. 1979, 1990 ; De Genesi contra manichœos, . II, n.37, t. xxxiv, col. 216.

En même temps qu’il enseigne que l'Église est le corps de Jésus-Christ, Augustin montre que PEspritS.-tint est l'âme de ce corps, car l’Esprit-Saint fait, dans toute l’Eglise, ce que l'âme fait dans tous les membres d’un seul corps ; il est ainsi, pour le corps de Jésus qui est l'Église, ce que l'âme est pour le corps humain. Serm., cclxvii, c. iv, n. 4, P. L., t. xxxviii, col. 1231 ; CCLxviii, n. 2, col. 1232. D’où le saint docteur tire cette importante conclusion que, si l’on veut vivre du Saint-Esprit, si l’on veut rester uni à lui, il faut garder la charité, aimer la vérité, vouloir l’unité et persévérer -dans la foi catholique ; car, de même que le membre, qui est retranché du corps, n’est plus vivifié par l'âme, de même celui qui cesse d’appartenir à l'Église, ne reçoit plus la vie de l’Esprit-Saint. col. 1231. C’est encore la même pensée que l'évêque d’Hippone exprime ailleurs. Nous possédons le Saint-Esprit, si nous aimons l'Église, si nous sommes unis par la charité, si nous possédons le nom de catholique et la foi catholique. Soyons-en bien assurés ; autant chacun aime l'Église de Jésus-Christ, autant il possède le Saint-Esprit : quantum quisque amat Ecclesiam Christi, tantuni habet Spirituin Sanction. In Joa., tr. XXXII, c. vii, n. 8, P. L., t. xxxv, col. 1645 sq. D’après cet enseignement, il est facile de comprendre en quel sens saint Augustin affirme, comme nous l’avons indiqué précédemment, que les pécheurs sont unis à l’Eglise presque matériellement, sans participera sa vie intime, tandis que les justes sont vivifiés en elle par l’Esprit-Saint.

L’enseignement de saint Augustin, mentionné par saint Léon le Grand, Epist., i.xxx, c. il, P. L., t. i.iv, col. 914, se retrouve fréquemment chez saint Grégoire le Grand. S’appuyant sur Eph., iv, 15, et Col., i, 24, le saint docteur enseigne que l'Église est le corps de Jésus-Christ et l'épouse de Jésus-Christ, et que JésusChrist forme, avec son Eglise, une seule personne morale, de sorte que les actions et les souffrances de l’Eglise peuvent être attribuées à Jésus lui-même. Moral., prsef., c. vi, n. 14 ; l. III, c. nu, n. 25, P. L., t. i.xxv, col. 525, 612 ; l. XIX, c. xiv, n. 22 ; l. XXIII, c. i, n. 2 ; l. XXVIII, c. x, n. 23, P. L., t. lxxvi, col. 110, 251, 402 ; Epist., l. II, epist. xlvii ; l. V, epist. xliv, P.L., t. i.xxvii, col. 587, 772 ; In psalm. psenit., xxxvii, n. 12 ; ci, n. 1 ; P.L., i. lxxix, col. 57'tsq., 602 ; /// Cant. canlic, pra>f., n.l0 sq., col. 477 sq.En même temps, Grégoire reproduit l’enseignement de saint Augustin sur l’Esprit-Saint, vivifiant le corps de l’Eglise, comme l'âme vivifie les membres du corps humain. In ps. ci, J, col. 602.

Du vie au xiii c siècle, le même enseignement se rencontre chez les auteurs ecclésiastiques, particulièrement chez saint Bernard, Paraboles., iv, n. 1 sq., P. L., t. clxxxiii, col. 761 sq. ; Sermoncs in Cantica, xiv, 1 sq., col. 839 sq.

Au xuie siècle, saint Thomas, en reproduisant l’enseignement de saint Paul et de saint Augustin, y ajoute quelques explications. Il indique, avec précision, comment Jésus est le chef de ce corps qu’est l’Eglise, par la primauté d’excellence de toutes les grâces possédées par sa sainte humanité, et par l’universalité de sa constante médiation effective, en vertu de laquelle toutes les grâces dérivent de lui pour se communiquer à tous les membres de l'Église. Sum. theol., III", q. viii, a. 1. Le saint docteur indique aussi comment le corps de l'Église est justement appelé, par saint Paul, plenitudo corporis Christi, par la communication faite aux membres de l'Église de perfections qui sont surabondamment fn Jésus-Christ et qui autrement n’auraient point leur pleine réalisation ; de même que les membres du corps servent à l'âme pour exercer des

opérations qui sans cela n’auraient point leur accomplissement. In Eph., c. i, lect. vin. Le saint docteur montre aussi, avec netteté, comment sont réalisées dans le corps de l’Eglise les deux caractéristiques principales de tout corps bien organisé ; la distinction des membres avec leurs rôles différents et bien harmonisés et l’unité réalisée par l’unité du chef qui est JésusChrist, comme l’unité du corps humain est assurée par l’unité de l'âme. hi Col., c. i, lect. v.

Enfin saint Thomas, formulant à sa manière l’enseignement de saint Augustin et de saint Grégoire sur le Saint-Esprit vivifiant le corps de l’Eglise, compare l’Esprit-Saint au cœur qui a une influence secrète sur tous les membres, tandis que Jésus-Christ est comparé â la tête dominant manifestement les autres membres extérieurs : caput habet manifestam eminentiam respecta eseterorum exteriorum membrorum : sed cor habet quamdam in/luentiam occultant ; et ideo conli comparatur Spiritus Sanctus qui invisibilité}' Ecclesiam vivi/icat et unit : capiti au/cm comparatur ipse Chris tus secundum visibilem naturam, secundum quant hom<> hominibus præfertur. Sum. theol., IIP', q. viii, a. 1, ad 3° m.

Au commencement du XIVe siècle, cet enseignement commun des théologiens est positivement affirmé par Boniface VIII dans la bulle Unam sanctam. DenzingerBannwart, Enchiridion, n. 468.

Au xve siècle, cette doctrine est simplement mentionnée, par Thomas Netter ou Waldensis, Doctritiale antiquitatum fidei Ecclesise catholicæ, 1. II. c. xxviii, n. i, Venise, 1571, p. 224 sq., ef par le cardinal Turrecremata, Summa de Ecclesia, 1. 1, c. xxxvii sq.

A partir du XVIe siècle, les théologiens catholiques expriment plus nettement la doctrine théologique de la distinction entre le corps et ['âme de l'Église, dans cette formule dès lors communément admise : le corps comprend l'élément visible ou la société visible, à laquelle on appartient par la profession extérieure de la foi catholique, par la participation aux sacrements et par la soumission aux pasteurs légitimes, et l'âme comprend l'élément invisible ou la société invisible a laquelle on appartient par le fait que l’on possède les dons intérieurs île la grâce.

Cette distinction, implicitement contenue dans l’enseignement de saint Paul, et déjà clairement indiquée par saint Augustin, comparant l’action du Saint-Esprit sur l'Église à celle de l'âme sur le corps humain, et par les théologiens subséquents adoptant le même langage, est formellement exprimée par Bellarinin dans son (finie sur les membres de l’Eglise. S’appuyant sur l’autorité au moins implicite de saint Augustin, il attribue au corps de l'Église la profession extérieure de la foi et la participation aux sacrements, età l'âme de l’Eglise les dons intérieurs du Saint-Esprit, la foi, l’espérance et la charité. Puis il tire ces trois conclusions générales, relativement aux membres de l’r.glise. a) Il en est qui appartiennent tout à la fois à l'âme et au corps de l'Église ; ce sont les membres les plus parfaits, bien que parmi eux il y ait encore des degrés dans leur participation à la vie surnaturelle, comme il y a divers degrés de perfection dans la collectivité des êtres vivants ; ainsi ceux qui possèdent seulement la foi sans la charité n’ont que le premier degré initial de la vie surnaturelle. b) D’autres appartiennent à l'âme, sans appartenir au corps de l’Eglise : tels sont les catéchumènes ou parfois les excommuniés, s’ils possèdent la foi et la charité, ce qui peut se rencontrer, c) Il en est enfin qui appartiennentau corps et non à l'âme ; ceux qui ne possèdent point la charité, mais qui cependant professent la foi catholique et participent aux sacrements sous l’autorité des pasteurs légitimes, et taies sunt sicut capilli aut ungues aut mali humores in corpore humano. Controv., De Ecclesia, l. III, c. ii, Lyon, 1601, 1. 1, col. 917sq.