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EGLISE


plusieurs autres passages, que tous les fidèles sont les membres de Jésus-Christ et qu’en lui ils forment tous un seul corps. I Cor., xii, 12. 27 ; Nom., mi, i sq. ; Eph.. iv, i, 16.

b. Jésus est la tête de ce corps mystique, non pas seulement à cause de sa prééminente dignité, comme dans le passage où il est appelé chef de toute principauté et de toute puissance, Col., Il, 10, mais principalement en ce sens que Jésus communique aux hommes ses frères sa propre vie, de même que la tête, dans le corps humain, exerce sur les autres parties du corps un véritable intlux vital. C’est ce que saint Paul affirme particulièrement dans deux passages, Eph., IV, 1(5 ; Col., il, 19, où Jésus est appelé' la tête, de laquelle le corps entier bien harmonisé et bien assemblé, par toutes les jointures qui s’assistent mutuellement, suivant une opération mesurée pour chaque membre, tire son accroissement et s'éditie lui-même dans la charité. Selon ces textes, le corps, formé par tous les lidèles, reçoit de Jésus : a) son unité toujours efléctivement maintenue par l’harmonie et l’accord provenant de la juste disposition des parties ; (i) son accroissement ou son développement par l’action de la charité, condition essentielle de l’union des lidèles avec JésusChrist ; y) un influx vital constant, au moyen des communications régulières entre la tête et le corps. F. l’rat, La tltéologie de saint Paul, Paris, 1908, t. i, p. 421 sq.

c. L'Église, qui est le corps de Jésus-Christ, est également appelée le complément de celui qui se complète entièrement en tous ses membres, c’est-à-dire le complément de Jésus lui-même. Eph., i, 22 sq. Comme la tête, qui centralise toutes les sensations et détermine tous les mouvements, ne peut exercer les fonctions vitales sans un organisme qui la complète et lui soit substantiellement uni, ainsi Jésus-Christ a pour complément son corps mystique, où il accomplit, dans chaque individu, des actions qu’il ne peut accomplir par lui-même. Jésus se complète ainsi en tous ses membres par les actes de la vie chrétienne qu’il y opère par sa grâce.

C’est aussi le même sens que l’on rencontre dans ces autres passages : Ego suni Jésus, quem lu persequeris, Act., ix, 4 sq. ; xxii, 7 sq. ; xxvi, Il sq. ; Filioli mei quos ilerum parturio donec Chris tus formetur in rubis, Gal., iv, 19 ; Adimpleo ea qux désuni passio ?ium Christi, in carne mea pro corpore ejus, quoil est. Ecclesia. Col., i, 24.

il. Cette vie de Jésus en nous, grâce à laquelle nous sommes véritablement son corps et ses membres, provient du Saint-Esprit qui habite en nous, I Cor., iii, 16 ; vi, 19 ; qui nous rend fils adoptifs de Dieu, Rom., VIII, 9, 11 ; qui opère tout en nous, 1 Cor., xii, 4-11 ; Eph., IV, 4 ; et par lequel nous vivons et nous sommes mus. Gal., v, 16, 18, 25 ; Rom., ix, 14 ; xii, 11. En même temps qu’il affirme pour tous les fidèles cette inhabitalion et cette opération du Saint-Esprit, saint Paul en attribue la provenance à la réception du baptême, car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit juifs, soit païens, soit esclaves, soit libres. 1 Cor., xii, 13.

0) Saint Paul appelle encore l’Eglise l'épouse de Jésus-Christ. C’est le sens bien évident de tout le passage, Eph., v, 23-33, où l’union entre Jésus et son Église es1 proposée par saint Paul comme l’archétype parfait de l’union qui doit exister entre l’homme et la femme par le mariage chrétien. Ce qui nous ramené à l’idée précédemment exprimée par saint Paul, puisque, selon la doctrine de Gen., n. 24, et erunt duo m carne una, que l’apôtre rappelle ici, les ('poux sont une même chair. C’est d’ailleurs ce qu’indique expressément ici l'écrivain sacré, en appelant l'Église le corps ih Je u -Christ, ipse salvator cariant ejus, Eph., v.

2^5, et sa chair, nemo enim unquam carnem suant odio habuil ; sed nulril et fovel eam, sicut et Christus Ecclesiam. Eph., v, 29. Cette appellation, dans la pensée de saint Paul, dépend donc essentiellement de la première et exprime un sens substantiellement identique.

3. Enseignement traditionnel.

Nous nous bornerons à mentionner, sur ce point, les principaux témoignages explicites des Pères et des théologiens. Au commencement du ni'e siècle, Tertullien suppose manifestement cette doctrine quand, considérant tous les fidèles comme membres d’un même corps, il ajoute que l’Jiglise est dans tous ces membres, et que l'Église, c’est Jésus-Christ. De pœnitentia, x, P. L., t. 1, col. 1245. Il affirme de même que l'Église est l'épouse de Jésus-Christ, et il entend dans ce sens plusieurs passages de l’t'.criture. Adv. Marcionem, 1. IV, c. xi ; 1. V, c. xii, P. L., t. 11, col. 382, 502. Selon Origène, nous apprenons de l’Ecriture que toute l'Église de Dieu est le corps de Jésus-Christ, animé par le Fils de Dieu, et que les membres de ce corps sont tous ceux qui croient. Contra Celsum, I. VI, n. 48, P. G., t. xi. col. 1373. Jésus est le chef de ce corps de l’Eglise qui n’a aucune tache ni aucune rouille. In Epis t. ad Boni., 1. V, n. 9, P. G., t. XIV, col. 1046. De même, l’Eglise est plusieurs fois appelée l'épouse de Jésus-Christ. In Cant. canlic., 1. III, P. G., t. xiii, col. 148 ; In Mat th., tom. xiv, n. 17, P. G., t. xiii, col. 1230 sq. S. Cyprien s’exprime de même, De unilate Ecclesise, c. vi, P. L., t. iv, col. 502 sq.Un peu plus tard, saint Méthode de Tyr (j vers 312) affirme aussi expressément que l’Eglise est l'épouse de Jésus-Christ. Convivium deceni virginum, c. viii, P. G., t. xviii, col. 73.

Dans saint Hilaire de Poitiers († 366), on rencontre plusieurs fois la double formule de saint Paul, que l'Église est le corps de Jésus-Christ. In ps. xiv, n. 5 ; CXXY, n. 6 ; cxxviii, n. 9 ; In Malt/i., c. v, n. 24, P. L., t. ix, col. 302, 688, 715, 911, et que l'Église est l'épouse de Jésus-Christ. In ps. CXXVU. n. 8 ; cxxxr, n. 24, col. 708, 742 sq. Le concept de l'Église, corps de JésusChrist, se retrouve aussi chez, saint Grégoire de Nazian/.e, mais avec une formule particulière. L'évêque de Nazianze distingue, dans le corps parfait dont Jésus est le chef, des membres de perfections diverses. Tandis que les uns commandent et sont comparables à l'âme à cause de l'élévation de leurs vertus et de leur union plus grande avec Dieu, les autres qui doivent obéir sont comparables au corps ; mais tous unis par le même Esprit nesont qu’un dansun seul Christ. Oral., n, n. 3, P. G., t. xxxv, col. 409 ; xxxii, n. 11, P. G., t. xxxv, col. 185 sq.

Dans ses prédications sur les Épitres de saint Paul, saint Jean Chrysostome enseigne expressément que l'Église est le corps et l'épouse de Jésus-Christ. In I Cor., xii, 27, homil. XXXII, n. 1, P. G., t. lxi, col. 263 sq. ; In Eph., v, 22, homil. xx, n. 2, P. G., t. lxii, col. 136 sq.

Saint Ambroise, dans une lettre où il explique les enseignements de FÉpltreaux Ephésiens, donne comme motif de la charité que nous devons avoir les uns pour les autres, notre étroite union en Jésus-Christ, puisque nous ne formons tous qu’un seul corps dont Jésus est le chef. Episl., i.xxvi, 11. 12 sq., P. L., t. xvi, col. 1262 sq.

Selon saint Augustin, qui mêle le plus souvent ce double enseignement, l'Église est à la fois le corps et l'épouse de Jésus-Christ. Aussi il y a, entre Jésus-Christ et sein Eglise, une telle union qu’ils sont duo in carne una, el qne les actions et les souffrances de l’Eglise peuvent être attribuées à Jésus-Christ. In ps. XXX, enarr. H, n. i, P. /--, t. xxxvi, col. 232 ; In ps. cxlii, n. 3 sq., t. xxxvii, col. 1845 sq. ; Epist., cxl, n. 18, t. xxxiii, col. 515 ; Episl., clxxxv. c. XI, n. 50, col. 815 ;