Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/428

Cette page n’a pas encore été corrigée
2123
2124
KG LISE


tivement s’accorder. Couda Itxr., 1. III, c. III, n. 2, col. 819. Voir Pape.

2° Deuxième période, depuis la fin du w siècle jusqu’au commencement du IV siècle. — 1. Tertullien († 243), dans son ouvrage De præscriptionibus, compose' vers l’an 200 contre les gnostiques de cette époque, insiste principalement sur l’autorité de la tradition vivante dans l'Église. Cette tradition, c’est l’enseignement unanime des Eglises fondées par les apôtres, et possédant dans toute son intégrité la doctrine prêcliée par les apôtres et reçue par eux de Jésus-Christ luimême. De prxcript., c. XXI, XXVIII, xxxi sq., xxxvii, P. L., t. il, col. 33, 40, 44 sq., 50 sq. Cet enseignement est une règle de foi très sûre à cause de l’assistance du Saint-Esprit promise par Jésus-Christ : Age nunc, /mines erraverint ; deceptus sit Apostolus de testimonio reddendo quïbusdam ; nullam respexerit Spiritus Sanctus uli eam in veritatem deduccret, Joa., xiv, 26, ad hoc missus a Christo, ad hoc poslulatus de Paire, ut essel doctor veritatis, Joa., xv, 26 ; neglexerit "f/icium Dei villicus, Christi vicarius, sinens Ecclesiam aliter intérim intelligere, aliter intérim credere, quant ipse per apostolos prædicabat : ecquid verisimile est ut lot ac tanlx in unani /idem erraverint ? c. xxviii, col. 10.

D’ailleurs, Tertullien dénonce vigoureusement les hérésies et les hérétiques. Les hérétiques ne peuvent pas être chrétiens, tenant leurs doctrines non de JésusChrist mais de leur propre choix et des chefs qu’ils se sont donnés. Ils sont déshérités et répudiés par les apôtres comme des étrangers et des ennemis, à cause de l’opposition entre leur doctrine et celle des apôtres, c. XXXVIII, col. 51. L’hérésie vient du démon, dont c’est le rôle de s’opposer à la vérité et d’imiter, dans les mystères des idoles, les divins mystères de la religion, c. xi-, col. 5't sq. Les hérésies n’ont pas d’autre unité que le schisme. Si on les examine de près, on constate qu’elles sont en divergence avec leurs propres auteurs sur beaucoup de points. Les lu ré tiques n’ont point d'é'glise constituée : plerique nec ccclesias liabenl, sine matre, sine sede, orbi fide, extorres, sine lare vagantur, c. xi.ii, col. 58.

De ce double enseignement de Tertullien résulte nécessairement l’affirmation de quelque autorité doctrinale divinement instituée, qui seule peut assurer dans l'Église le maintien intégral de la doctrine de JésusChrist et des apôtres, autorité dont la violation constitue vraiment le péché d’hérésie.

D’ailleurs, Tertullien mentionne plusieurs fois assez explicitement le concept de l’Kglise universelle, épouse de Jésus-Christ, Contra Marciôn., 1. IV, c. xi, /'. L., t. il, col. 382 ; 1. V, c. XII, col. 502, et mère de tous les lidèles comme Dieu est leur père, Ad mari., c. i, P. L., t. ii, col. 619 ; Cont. Marcion., 1. V, c. iv, P. L., t. ii, col. 478 ; De ntonogamia, c. VIII, col. 939 ; r.glise certainement une dans sa doctrine qu’elle tient de Jésus-Christ et qu’elle garde intégralement, une aussi dans son autorité s’exerrant en vertu de la mission transmise par les apôtres qui l’avaient eux-mêmes reçue de Jésus-Christ, De prxscript., c. XXXVII, P. L., t. ii, col. 50 sq. ; une surtout en vertu de la primante' 1 de l'Église romaine qui est nettement indiquée, c. xxxvi, col. 49. Kglise enfin qui, par son litre de catholique, se distingue de loules les sectes hérétiques toujours particularistes, c. xxvi, xxx, col. 38, 42.

2. Clément d’Alexandrie, dans les ouvrages qui nous sont restés de lui, indique, au moins d’une manière incidente, le véritable concept de l’Kglise. Comme il n’y a qu’un seul Verbe, i -ûr/ ôXôv Aôyoç, et qu’un seul Esprit-Saint qui est partout, il n’y a qu’une seule Lglise à la fois mère et vierge. P : vd., I. I, c. VI, P. G., I. viii, col. 299. L’Kglise est comparée à une cité régie par le Logos. Strom., IV, c. XXVI, col. 1381. C’est

surtout dans la dénonciation des hérésies que Clément montre l’idée qu’il se fait de l’Kglise. Les hérésies abandonnent l’Kglise qui est depuis le commencement, -ijv eÇ « p/ji ? àwolïsieouarai 'ExxX/|(rîav. Strom., I, c. xix, col. 812. Semblables à l’adultère, elles font que, par une véritable apostasie, l’on s'éloigne de bieu qui est l’unique époux de l’Kglise. Strom., III, c. XII, col. 1180. Le nom d’hérésie signifie nécessairement opposition à la vérité. Strom., VII, c. xv, P. G., t. ix, col. 528. Ceux qui embrassent les opinions des hérésies humaines répudient la tradition ecclésiastique et cessent d'être hommes de Dieu et fidèles au Seigneur. Strom., VII, c. xvii, col. 532.

Aussi le catéchète d’Alexandrie exigc-t-il du véritable gnoslique qu’il garde ryjv kico « 70Xixt|V xiirl Èy.xÀY)?KX0TcxV àpSopfctv Ttûv SoyjiâTwv, Strom., VII. c. xvi, col. 544, et il n’admet comme gnose véritable que la gnose qu’il appelle âxx/.ï)<TiaoTixY| Yviôfftî, col. 536. Il n’y a qu’une seule Église véritable, celle qui est vraiment ancienne et qui est en même temps catholique, et dont les hérésies s’efforcent de déchirer l’unité. Strom., VII, c. xvil, col. 552.

3. Origène († 254) insiste particulièrement sur l’enseignement ecclésiastique donné par les apôtres et persévérant dans les Kglises jusqu’au moment présent par la succession des évêques : ccclesiastica prmdicatio per successionis ordinem ab apostolis tradita et usquead jtrœsens in ecclesiis permanens. De princip., 1. 1, pra’f., n. 2, /'. G., t. xi, col. 116. Cet enseignement doit être la règle de la foi : illa sola credenda est veritas qux in uullo ab ccclesiastica et apostolica discordât traditione. Loc. cil. Aussi l’on ne doit pas croire les hérétiques ni se séparer de la tradition ecclésiastique. Sed nos illis credere non debemus nec exire a prima ri ecclesiastica traditione, nec aliter credere uisi quemadmodum per successionent Ecclesix Dei tradiderunt nobis. In Mattlt., commentariorum séries, n. i(i, /'. G., t. xiii, col. 1667. C’est de l'Église seule qu’est provenue la véritable vérité de Dieu qui s’est répandue sur toute la terre, col. 1668. L'Église du Dieu vivant a la vérité du Verbe pour rempart. In Jet'., homil. v, n. 16, col. 319.

En même temps, Origène réprouve énergiquemeni les hérésies et les hérétiques. Toute doctrine hérétique est comparable à une fausse monnaie : Ego put" quod Valentini sermo humana pecunia est et reproba ; et omnium hxrelicorum sermo non est probala pecunia, nec dominicam intègre in se habet figurant, sed adultérant qux, vt ita dicam, c.rlra monetam ita jigurata est, quia extra Ecclesiam composila est. Inps. wwt, homil. ni, n. ii, /'. G., t. xii, col. 1317. Tandis que les maîtres qui sont dans l'Église édifient la maison de Dieu qui est l’Kglise, les hérétiques construisent partout des maisons de débauche : Itxrelici œdificant lupanar in omni via ; ut puta magisier de officina Valentini, magister île cœtu Basilidis, magister de tabernaculo Marcionis »t cseterorum hxrelicorum œdificant meretrici domuni, In Ezech., homil. viii, n. 2, P. G., t. xiii, col. 730. Tandis que ceux qui enseignent selon l'Église, sont des prophètes de Jésus-Christ, les prédicateurs de chacune des hérésies sont des prophètes de mensonge ri dos prophètes de l’Antéchrist. In Matlli., commettlar. séries, n. 17, col. Hifi'.t.'

De tout cet enseignement d’Origène résulte évidemment l’existence d’une autorité divinement instituée contré laquelle il est criminel de s’insurger. C’est encore ce que suppose manifestement la doctrine formelle du catéchète d’Alexandrie sur la nécessité d’appartenir à l’Kglise pour obtenir le salut : Nemo ergo sibi persuadeat, nenw semetipsum decipiat : extra hancdontttm id est extra Ecclesiam nemo salvatur. In librunt Jesu Nave, homil. iii, n. 5, P. G., t. xii, col. 841 sq.