Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/358

Cette page n’a pas encore été corrigée
1083
1984
EAU BENITE — EBEDJÉSU


Nantes, rapporta par Yves de Chartres et annexe’au synode de 900, auquel peut-être se référera plus tard Bernold, Micrologie de eccles. observai., c. xi.vi, dans Hitlorp, Dr divinis officiis, Paris, 1610, col. 758, commente la même prescription, en des termes qui sont presque textuellement ceux des rubriques du rituel actuel. Nous y relèverons seulement que, à cette aspersion de l’eau bénite le dimanche, le prêtre parcourait également le parvis ou le cimetière. Mansi, Concil., t. XVHI, col. 173.

Sous l’influence des mêmes coutumes, les fidèles entrant dans le temple allaient se purifier dans 1rs bénitiers placés à l’entrée, de préférence à l’eau (non bénite) des fontaines, phiales et canthares des parvis. La discipline actuelle élail formée.

IV. BÉNÉDICTION, CONSÉCRATION ET DÉSÉCRATION DE

l’eau. — Par ce qui précède, on voit donc que les rites liturgiques consacrés à la préparation de l’eau bénite ont élé formés environ entre le IVe et le vii c siècle, avec des parties beaucoup plus anciennes.

L’eau bénite la plus simple, et aussi peut-être la plus ancienne, est celle destinée aux malades. Sa bénédiction n’est point solennelle : une simple oraison et un signe de croix. Cet usage remonte au moins au m siècle ; il est surtout oriental. Le rituel romain actuel ne contient aucune prière pour cette eau, mais on en trouve dans certains suppléments locaux.

Les autres eaux, soit l’eau d’aspersion, soit celle de la dédicace des autels et des églises, soit celle du baptême, sont au contraire l’objet de fonctions plus solennelles et plus longues, imitées plus ol moins de cette dernière. La partie principale est une solennelle invocation, dans le genre de celle du pontilical de Sérapion, accompagnée d’oraisons diverses, analogues à celle des Constitutions apostoliques. Les rites occidentaux y ont joint un exorcisme, et parfois plusieurs ; déjà Tertullien paraît y faire allusion, dans un texte que nous avons souligné. L’ensemble de ces éléments liturgiques trouve une admirable forme dans la bénédiction solennelle que renferme le missel romain pour les vigiles de Pâques et de la Pentecôte. Constitué suivant les lois de l’anaphore, ce formulaire correspond Ires étroitement au canon de la messe :

Secrète.

Vere dignum… Te igitur.

Communicantes, liane oblationem.

Quam oblationem.

o Accipite et manducate (Paroles de l’institution.) L’nde et memores nus.

Per quem lia ; c omnia. Amen.

CONSECRATION DE I. 1 : r.

< (raison préparatoire.

Vere dignum… Deus enjus Spiritus.

Respice in faciem Ecclesiæ.

nu banc aquam.

[Procul ergo liinc] (l’exorcisme)

i Inde benedico te. « Ite docete » (id).

Hæc nobis pracepta servantibus.

Tu bas simplices aquas. Amen.

De tels rapprochements se passent de commentaires, et peuvent d’ailleurs être faits sur d’autres pièces liturgiques : c’est un plan général. Il n’est pas jusqu’à une épiclèse, très nette et accompagnée d’un geste signilicatif, que contienne celle anapliore, pour symboliser la descente du Saint Esprit sur les eaux : Descendat in hanc plenitudinem fontis virlus Spiritus Sancti, totamgue hujus aquss substanliam, regenerandi fecundet effectu. Cf. le distique de saint Paulin de Noie (el d’ailleurs toute la pièce d’où il est extrait, el qu’on peul étroitement rapprocher du passage Hic omnium peccatorum de cette consécration et du texte de Tertullien) :

Sanctus in hune cœlo desci ndit Spiritus aninem, i’lestique sacras fonte maricat aquas.

Epis t., xxxii, ail Severium, ">, P. I.., t. i.xi, col. 33’2.

La consécration de l’eau grégorienne contient aussi — mais le morceau est surtout littéraire — l’enthousiaste éloge de l’eau Sanctificare per verbum Dei, qu’on retrouve dans les rituels milanais et wisigothique, et qui est emprunté en partie à une homélie de saint Ambroise.

Les Eglises d’Orient paraissent avoir ignoré l’exorcisme, dont les témoins anciens sont purement occidentaux. Mais leurs liturgies ont un rite qui olfre un contraste violent avec l’idée occidentale de h consécration définitive de l’eau baptismale. Ces églises, en effet, ne voient dans les prières adressées à cet effet qu’une sorte d’appropriation de l’eau à son objet : si l’eau vieillit, est souillée, ou simplement devient sans usage, elle est désappropriée, « désécrée », « déliée ». Chez les copies, le prêtre consacre l’eau avant chaque baptême, et la « désècre > ensuite, pour la rendre à sa fonction primitive ; chez les Syriens et les Maronites, l’eau est réputée impropre au baptême après trois jours ; passé ce temps, on la’< délie ». Voir t. n. col. 214, 247 ; Dictionnaire /l’archéologie chrétienne et de liturgie, t. ii, col. 269. D’ailleurs, cette idée, en partie "du moins, se retrouve chez nos scolastiques, dans le cas de souillure, tels que les accidents du genri de celui qui valut le surnom de Copronyme à certain empereur byzantin ; dans ce cas, l’eau était réputée perdre sa consécration et on la consacrait à nouveau. Voir les textes dans Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1884, t. i, p. 240-241.

La même idée explique le rile si imposant de la bénédiction solennelle des eaux, à la vigile de l’Epiphanie, dans les liturgies byzantines, usage attesté dès le IVe siècle. Cette coutume est également passée à certaines églises latines en contact aec les rites d’Orient ; elle se compose d’une fonction solennelle très analogue à celle de la inesse spéciale non eucharistique, qui accompagne la bénédiction des Rameaux. Sa pré’face, comme la consécration de l’eau dans le rile éthiopien, est coupée d’Amen, forme analogue au Schemoné-Esreh tir la liturgie juive. Cf. nos Origines du chant romain, Paris, 1907 ; doin Cabrol, Monumenta Ecclesiæ liturg., t. i, à la (in. Diverses éditions du rituel romain la donnent.

V. EFFICACITÉ.

L’aspersion de l’eau bénite, qu’elle soit publique ou privée, est un rile pieux, institué par l’Église pour exciter la foi et la dévotion des lideles et attirer sur eux des grâces qui sont capables d’obtenir le pardon des fautes vénielles. Les ellets que l’Église en attend sont indiqués dans les formules de la bénédiction. Voir t. ii col. 6116. Le mode d’opération est celui des autres sacramèntaux. Voir SaCRAMENTAL.

F. Probst, Sakramente und Sakramentalien in de » rr.it. n christlichen Jahrhunderten, Tubingue, 1872, p. 74-83 ; Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2’édit., Paris, 1877, art. Eau baptismale ; Eau bériite, p. 261-264 ; dom de Puniet, Bénédictions de l’eau, dans Dictionnaire d’archéologie, t. ii col. 685-713 ; A. Gastoué, L’eau limite, 3’édit., l’ai is, 1908 ; A.Franz, Die kirchlichen Benediktionen »  » Mittelalter, Fribourg-en-Brisgau, 1909, t. i.

A. Gastoi i..

1. EBEDJÉSU (Abdjésus,’Abdiso’ou le serviteur de Jésus), le second des patriarches chaldéens, 1555-1567. La dignité patriarcale était devenue chez les nestoriens le privilège d’une famille dans laquelle elle se transmettait d’oncle à neveu ; en 1551, les notables des principales villes, avec les évéques d’Arbel, de Salamas et d’Aderbaïdjan voulurent rompre avec cette coutume et élurent un moine du couvent de Habban llormizd, nommé Jean Sulaqa, pendant que les nestoriens élisaient le neveu du défunt. Sulaqa alla demander Confirmation de sou élection au pape. Iules III, qui le consacra à Rome patriarche des Chaldéens, le 9 avril 1553. Ce nom de Chaldéens est donc réservé pour désigner