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DOGMATIQUE

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col. 441 sq., que tons les êtres créés retournent dans la nature incréée et qu’après la fin de l’univers il n’aura plus i|ue Dieu et les causes de toutes choses en lui, et la déplorable intervention du philosophe irlandais dans la controverse prédestinatienne par son De preedestinatione, col. 355 sq., et dans la controverse eucharistique par son De corpore et sanguine Domitli, détournèrent, pour quelque temps, beaucoup d’esprits de l’application de la philosophie aux questions théologiques et même de la culture de la métaphysique, à tel point qu’un théologien comme Paschase Radhert raille ceux qui voudraient perdre leur temps dans l’étude de la philosophie séculière, et que tous les écrivains ecclésiastiques, jusqu’à saint Anselme, délaissent les questions métaphysiques. Cette situation d’esprit se continua jusqu’aux hérésies de Roscelin et de Bérenger qui, en s’appuyant sur laseule raison, forcèrent saint Anselme à la fin du xr siècle à introduire de nouveau les arguments de raison dans la discussion des matières de foi.

3° En Orient, du Ve au viiie siècle, la dogmatique grecque garde, dans les controverses nestoriennes ou monophysites, à peu près l’allure et la méthode de la dogmatique du IVe siècle. Cependant plusieurs auteurs, comme saint Cyrille d’Alexandrie et surtout Léonce de Byzance, en même temps qu’ils s’appuient principalement sur les preuves scripturaires et patristiques, donnent, du moins dans quelques-uns de leurs écrits dogmatiques, une assez large place aux arguments rationnels. Les principaux théologiens dogmatiques de cette période en Orient sont : S. Cyrille d’Alexandrie († 445), Thesaurus de sancta et consubslantiali Trinitate, P. G., t. î.xxv, col. 9 sq. ; Quod consubstanlialis et coselernus Deoet Patri sit Films, col. 657 sq. ; Scholia de incarnatione Unigeniti, col. 1369 sq. ; Adversus Xestorii blasphemias contradiclionum libri V, P. G., t. lxxvi, col. 9 sq. ; Explanalio duodecim capitum sire anathematismorum, col. 293 sq. ; Apologelicus pro duodecim capitibus adversus orientales episcopos, col. 315 sq. ; Liber contra Theodoretum pro duodecim capitulis, col. 386 sq. ; A/iologeticus ad imperalorem Theodosium, col. 453 sq. ; Liber de recta in Dominum nostrum Jesum Christum fide ad Theodosium imperatorem, col. 1133 sq. ; Libri duo de recta fuie ad reginas seu impératrices, col. 1202 sq. ; Dialogus quod unus sit Christus, col. 1253 sq. S. Nil (f vers 430j a laissé beaucoup de lettres dogmatiques où il traite de la plupart des vérités chrétiennes et combat les hérésies de son temps.

De saint Isidore de Péluse (-j- 434), nous avons un grand nombre de lettres dogmatiques dirigées contre les hérétiques de cette époque. P. G., t. lxxviii. Théodoret, évêque de Cyr († 458), qu’il est difficile d’excuser de toute erreur sur la nature de l’union hypostatique, môme après la définition du concile de Chalcédoine, nous a laissé plusieurs ouvrages dogmatiques : Eranistes seu Polymorphus, P. G., t. i.xxxiii, col. 27 sq. ; De providentia orationes decem, col. 555sq. ; Tractalus de sancta et vivi/ica Trinitate, t. r.xxv, col. 1147 sq. ; Tractatus de incarnatione Domini, col. 1419 sq. ; et un grand nombre de lettres dogmatiques. Léonce de Byzance († 513), Scholia, P. G., t. i.xxxvi, col. 1 193 sq. ; Libri 1res adversus nestorianos et eulychianos, col. 1268 sq. ; Libri sentent contra nestorianos seu adversus eos qui duas af/irmabanl Christi personas fvullamque in ipso conjunctionem confitentur, col. 1400 sq. ; Liber contra monophijsitas seu quæsliones adversus eos qui unam dicunt naturam cotnposilam Domini noslri Jesu Christi, col. 1769 sq. ; Capitula triginta contra Severum, cul. 1901 si). ; Solutio argumentorum Severi, col. I915sq. ; Liber contra fraudes apollinaristarum, col. 1917 sq. ; S. Sophrone de Jérusalem (y 638), Epistola synodica ad Sergium

Constanlinopolilanum, P. G., t. i.xxxvii, col. 3148 sq. ; Orationes in Christi servaloris nalalilia et in sanctissimse Dei genilricis annunliationem, col. 3201 sq., 3217 ; S. Maxime abbé († 666), Opuscula theologica et polemica ad presbijlerum Maximum, dirigés surtout contre les erreurs des monophysites et des monothélites, P. G., t. xci, col. 9 sq. ; Dispulatio cum Pyrrho, col. 288 sq. ; et plusieurs lettres dogmatiques, particulièrement Epis t., xii-xviii, col. 460 sq.

A la fin du vii c et au viii 1’siècle, saint Athanase le Sinaïte (y 700), dans son Vise dux adversus acephalos, P. G., t. i.xxxix, col. 36 sq., et surtout saint Jean Damascène (-J- 750), dans son De fide orthodoxa, P. G., t. xciv, col. 789 sq., insistent, plus que leurs devanciers, sur les arguments rationnels empruntés à la philosophie, d’une manière qui ressemble beaucoup à la méthode scolastique du moyen âge. Les autres ouvrages dogmatiques principaux de saint Jean Damascène sont : De hæresibus, col. 677 sq. ; Très orationes pro sacris imaginibus, col. 1231 sq. ; Contra jacobitas, col. 1436sq. ; Dialogus contra manichseos, col. 1505 sq. ; Disceptalio christiani et saraceni, col. 1585 sq. Au IXe siècle, S. Théodore Studite (y 826), Antirrhetici très adversus iconomachos, P. G., t. xcix, col. 328 sq. ; Refulalio el subversio impiorumpoenmlum Joanuis, Jgnatii, Sergii et Ste)ihani recenlium Christomachorum, col. 436 sq. ; (Juæstiones alignai propositx iconomachis, col. 477 sq., et plusieurs lettres dogmatiques sur le culte des images, notamment Episl., l. II, epist. i, iv, viii, xxi, xxin, xxvi, i.xxiii, P. G., t. xcix, col. 1116 sq.

m. TROISIÈME PÉRIODE, depuis saint Anselme à la (in du XIe siècle jusqu’au commencement du xvie, période caractérisée dans son ensemble par l’application méthodique des données de la philosophie à l’étude synthétique des dogmes révélés. Elle comprend deux époques : l’une de développement et de progrès, l’autre d’affaiblissement et de décadence.

1° Prennère époque, depuis saint Anselme jusque vers la fin du xiiie siècle, époque marquée surtout au xui e par un merveilleux développement de la théologie scolastique. — 1. A cause de l’influence prépondérante exercée par saint Anselme sur tout le mouvement scolastique du moyen âge, nous devons rappeler ici la caractéristique de son œuvre, en indiquant nettement le rôle qu’il attribua à la raison dans les matières de foi. Saint Anselme avait été amené, par les erreurs rationalistes de Roscelin et d’Abélard, à se servir des arguments de raison, non seulement pour la démonstration philosophique des attributs divins, mais encore pour l’étude des vérités enseignées par la révélation, non point, assurément, pour prouver leur existence déjà crue par la foi, mais pour les justifier aux yeux de la raison et en acquérir une plus complète intelligence. Que telle fut la véritable pensée de saint Anselme, c’est ce qu’attestent évidemment plusieurs de ses écrits, Monolog., prsef., P. L., t. cxviii, col. 143 ; Proslog., pnef. et c. I, col. 225, 227 ; De fide Trinitatis et de incarnatione Verbi, c. M, col. 263 ; Car Deus homo, l. I, c. i, col. 361. Si le saint docteur parait parfois attribuer à de tels arguments de raison une valeur nécessairement convaincante en dehors de l’autorité de l’Écriture, loc. cit., col. 143, 272, il explique lui-même, dans le Cur Deus homo, en quel sens il entend cette raison nécessaire. Ce n’est point une raison produisant une nécessité antécédente qui lie la volonté divine, mais un argument montrant la très haute convenance de tel acte divin déjà connu par la foi : Nonne salis necessaria ratio videtur cur Deus ea qu ; v dicimus facere debuerit ; quia genns liumanum, lam salue ! pretiosum opus ejus, omnino perlerai : nec decebat ut quod Deus de homine proposuerat, penilus auuihilaretur ; nec idem ejus propoeitum ad effectum duci poterat, nisi genus humanum ab ipso creatore suo