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DOGMATIQUE


restituendos, praater supematurale Dei auxilium nihil

esse opporlunius arbitramur quant solidarn Patrum et scholasticorum doctrinam qui firmissima fidei fundamenta, divinam illius originem, certani veritatem argumenta qtiibus suadetur, bénéficia in humanum genus collata, perfeclamque cum ralione concordiam tanla evidenlia et vi commonstrant quanta fieclendis menlibus vel maxime invitis et repugnantibus abunde sufficiat. Encyclique AL’terni Patris. Dans le même sens, Pie X indique, comme premier remède contre l’invasion et les funestes ravages du modernisme, l’étude et l’enseignement de la philosophie scolastique, qu’il dit formellement être celle de saint Thomas : Primo igitur ad studia quod altinet, volumus probeque mandamus ut philosophia scholaslica studiorum sacrorum fundamentum ponatur. Quod rei caput est, philosopliiam scliolaslicam quam sequendam prœscribimus, eam prsecipue ititelligimus quæ a sancto T/ioma Aquinate est tradita : de qua //uidquid a decessore nostro sancilum est, id omne ingère volumus et qua sit opus instauramus et cotifirmamus, stricteque ab universis servari jubemus. Encyclique Pascendi.

Nécessité de cette méthode en dogmatique.


1. Cette nécessité résulte de ce que la dogmatique serait autrement incapable d’accomplir deux fonctions qui lui appartiennent essentiellement : réaliser, dans la mesure actuellement possible, la connaissance scientifique des vérités révélées, et défendre efficacement contre les objections rationnelles chacun des enseignements divins. Ces deux fonctions ne peuvent être accomplies sans un fréquent emploi de la raison philosophique, empruntant surtout aux analogies créées les lumières nécessaires pour établir de solides déductions théologiques ou pour montrer la non-valeur démonstrative des objections adverses. C’est ce qu’enseigne le coçcile du Vatican, quand il déiinit que la raison éclairée par la foi peut, avec une recherche attentive et pieusement discrète, obtenir des mystères divins une très fructueuse intelligence, par l’analogie des choses créées et par la comparaison des mystères entre eux et avec leur liii, sess. III. c. iv. C’est particulièrement aussi l’enseignement de Léon XIII, dans l’encyclique AUterni Patris du 4 août 1879, mentionnant la philosophie chrétienne comme étant vraiment ce qui constitue la théologie comme science, par l’ordre et la cohésion qu’elle établit dans ses preuves et dans ses conclusions, par la puissance qu’elle lui donne de répondre aux objections adverses empruntées principalement à la philosophie antichrétienne, et par la fructueuse intelligence des mystères qu’elle retire surtout de la connaissance des analogies créées et de la comparaison des mystères entre eux et avec leur fin. C’est d’ailleurs ce que recommandait déjà saint Thomas, quand il enseignait dans ses Quod li bel a que les preuves d’autorité suffisent pour établir le fait de la révélation de telle vérité divinement enseignée, mais que le recours à la raison est nécessaire pour donner l’intelligence de cette vérité : Queedam vero disputatio est magistral is in scliolis non ad removendum errorem, sed ad instruendum auditores ut inducantur ad intelleclum veritatis quam intendit ; et lune oportet rationibus inniti ivvestigantibus veritatis radicem et facientibus scire quomodo sit verum quod dicitur ; alioquiit si nullis auctorilatibus magister quæstionem determinel, certificabitur guident auditor quod ita est ; sed nihil scientise vel intellectus acquiret, sed vacuus abscedet. Quodlibet., IX, q. ix, a. 18.

Or, suivant la délinition précédemment indiquée, cet usage de la raison philosophique au service de la foi et sous la direction de l’Église, c’est précisément ce qui constitue essentiellement la méthode scolastique. Seule d’ailleurs, comme l’enseignent Léon XIII dans

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

l’encyclique Au terni Pal ri s et Pie X dans l’encyclique Pascendi, la scolastique possède la solidité et la cohésion nécessaires pour accomplir le grand œuvre désiré. Il est donc impérieusement nécessaire de la joindre à la théologie positive dont nous avons précédemment montré la nécessité non moins rigoureuse.

2. La méthode scolastique est particulièrement requise à notre époque pour lutter efficacement contre les multiples et dangereuses attaques de la critique contemporaine. Car si la méthode positive peut donner à la critique une réponse péremptoire sur telle donnée scientifique, sur tel texte ou tel document, elle est par elle-même incapable de combattre victorieusement les faux principes philosophiques, qui le plus souvent accompagnent et dirigent les procédés de la critique actuelle. C’est la conclusion que tout lecteur attentif devra particulièrement retirer de l’encyclique Pascendi de Pie X. Puisque, selon l’enseignement pontifical, la critique dont s’inspirent le plus souvent les ennemis de notre foi en matière historique ou exégétique, s’appuie généralement sur des idées philosophiques préconçues et très nettement arrêtées, il est souverainement nécessaire que l’on combatte efficacement ces fausses conceptions philosophiques si l’on veut sérieusement pourvoir à la défense religieuse. Or la philosophie scolastique peut seule opposer une résistance logique et effective à ces faux principes philosophiques sur lesquels s’appuie la critique moderniste : principe de l’agnosticisme, principe de la transfiguration des choses par la foi et principe de défiguration. Seule la philosophie scolastique peut combattre victorieusement toutes les objections adverses et établir solidement les vérités attaquées jusque dans leurs fondements rationnels. Enfin la méthode scolastique peut seule aider à satisfaire pleinement les intelligences travaillées par le rationalisme ou préoccupées de répondre à ses questions ou à ses objections. C’est en ce sens surtout que Léon XIII, dans le texte déjà cité de l’encyclique .Kterni Patris, signale la philosophie scolastique comme étant, après le secours divin, le moyen le plus opportun de combattre le rationalisme contemporain.

Conditions à observer.

Pour que les avantages que l’on attend de la scolastique puissent être pleinement réalisés, on doit soigneusement éviter certains excès ou abus, desquels beaucoup de scolastiques ne se sont pas toujours assez préservés.

1. La déduction scolastique ne doit jamais se substituer à la démonstration positive, scripturaire ou patristique dans les matières qui exigent cette démonstration, ni servir d’occasion ou de prétexte pour diminuer le rôle qui appartient légitimement à la méthode positive. En faisant cette remarque, nous ne voudrions point qu’elle fût considérée comme s’appliquant à l’ensemble de la scolastique du moyen âge. Si l’on y a fait presque toujours une place assez restreinte à la méthode positive, ce ne fut point par manque d’estime pour elle, mais plutôt à cause de la pauvreté des ressources documentaires, et à cause des préoccupations qui dominèrent toute cette époque et dirigèrent l’attention presque exclusivement vers la question fondamentale de l’accord entre les données de la philosophie et les dogmes chrétiens. Qu’il nous soit encore permis d’observer que, si les scolastiques ont été le plus souvent très brefs dans leurs démonstrations exégétiques, on doit reconnaître que leur interprétation a été habituellement juste. Au lieu d’insister sur les inévitables lacunes de leur documentation critique, il serait plus sage de nous adonner au travail vraiment fécond de vérification régressive de ce qu’ils ont eux-mêmes accompli, en nous servant de leurs conclusions théologiques en ce qu’elles ont de légitime et en y ajoutant tout ce que la critique actuelle peut fournir.

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