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DOGMATIQUE


les développements ou compléments successifs de l’enseignement sacré puissent être plus facilement saisis. F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, p. 1 sq. ; E. Tobac, Le problème de la justification dans saint Paul, Louvain, 1900, préface, p. ix sq.

Sans ce travail de synthèse on court souvent le risque de ne point saisir l’exacte teneur du dogme scripturaire. Ainsi le terme Fils de Dieu, bien qu’il n’ait peut-être pas nécessairement, dans chacun des textes évangéliques, le sens très déterminé de Fils consubstantiel de Dieu le l'ère, le possède très certainement dans l’ensemble des textes, ainsi qu’il résulte de la condamnation formelle portée par le décret Lamentabili contre cette proposition 30e : In omnibus textibus evangelicis nomen Filius Dei œquivalet lantum nomini Messias, minime vero signifiait Christum esse verum et naturalem Dei Filium. De même, l’expression évangélique du dogme de la rédemption dans Matth., xxvi, 28 ; xx, 28, et dans les endroits parallèles des autres évangélistes, doit être prise conjointement avec les passages où saint Paul formule explicitement cet enseignement. Rom., ni, 2ï sq. ; v, Il sq. ; II Cor., v, 21 ; Eph., v, 2 ; Colos., n. 13 sq. ; Heb., v, 1 sq. ; vii, 27 ; ix, I i sq.

d) Si l’on ne peut exiger du théologien biblique qu’il poursuive habituellement dans ses investigations un but apologétique ou dogmatique, on ne peut non plus le lui interdire. Car tout ce qu’on est en droit d’exiger au point de vue scientifique, c’est que la méthode propre à la science exégétique et à la science historique soit rigoureusement observée, en tenant particulièrement compte du caractère des livres sacrés. D’ailleurs, selon l’encyclique Providentissimus Deus, la préoccupation dogmatique doit exister chez l’exégèle catholique, au moins pour les textes dont le sens est défini par les écrivains sacrés ou par l’autorité de l'Église, et dont il doit, selon ses forces, justifier scientifiquement l’interprétation authentique : Quapropter præcipuum sanctunicjue sit catholico interpreli, ut Ma Scripturse testimonia, quorum sensus authentice dcclaralus est, aut per sacros auctores, Spirilu Sanclo af/lanle, uti mullis in locis Novi Testament ! , aut per Ecclesiam, eodem sancto adsistente Spiritu, sive solemni judicio, sive ordinario et universali magisterio, eadem ipse ratione interprète/ ur : atque ex adjumentis disciplinée sua convincat, eam solam interprelationeni, ad sanse licrmeneuticse leges, posse recle probari.

e) Puisque selon l’encyclique Providentissimus Deus, bien que l’on doive tenir en grande estime l’interprétation des Pères, considérés même comme docteurs particuliers, il est permis, ubi jusla causa adfuerit, de recourir à une explication autre que la leur, rien n’empêche le théologien biblique de préférer des auteurs plus récents, toutes les fois que la question est actuellement posée d’une manière bien différente, comme il arrive souvent dans ces éludes encore nouvelles. F. Tobac, op. cit., préface, p. x.

II. MÉTBODE SCOLASTIQDE.

1° /'.'// quoi consiste cette méthode ? — Il importe souverainement de distinguer ce qui constitue essentiellement la méthode scolastique et ce qui est seulement son habituel accompagnement. — 1. Ce qui constitue essentiellement la méthode scolastique, indépendamment des circonstances accidentelles d'écoles et de systèmes, c’est l’emploi habituel de la raison subordonnée à l’autorité de la révélation chrétienne, telle qu’elle est enseignée par le magistère de l'Église ; non pour prouver les dogmes toujours inaccessibles à toute preuve rationnelle, même après l’adhésion de la foi, mais pour écarter les objections de raison contre les vérités révélées, pour montrer les harmonies intimes des dogmes avec les vérités rationnelles ou avec les

autres vérités révélées, et surtout pour déduire des vérités révélées des conclusions aussi étendues que possible sur la nature des enseignements divins. C’est en ce sens que Léon XIII déclare dans son encyclique A’Aerni Palris que ce qui est propre et particulier aux théologiens scolastiques, c’est d’unir par un lien très étroit la science humaine et la science divine. C’est d’ailleurs un fait évident pour quiconque étudie attentivement l’histoire de la scolastique.

2. Ce qui constitue simplement l’habituel accompagnement de la méthode scolastique, c’est la forme didactique, simple, brève, le plus souvent syllogistique, où domine la constante préoccupation de la clarté et de la précision, où tout est soigneusement dirigé vers l’unique fin immédiate de l’instruction ou de l'éducation de l’intelligence. C’est la forme adoptée par saint Thomas selon l’indication qu’il donne lui-même dans le prologue de sa Somme théologique : propositum nostræ intentionis in hoc opère est, ea quæ ad christianam religionem pertinent, eo modo tradere secundum quod congruii ad erudilionem incipienlium. D’où sa sollicitude que son exposition soit courte et lucide, breviter ac dilucide. Cette méthode n’est d’ailleurs qu’une application de ce qu’enseigne le saint docteur, expliquant comment le maître doit aider le travail de son disciple, en se servant de ce qui est déjà connu pour conduire à la connaissance de ce qui est encore ignoré et en montrant au disciple comment il doit se guider lui-même dans sa marche progressive des principes aux conclusions. Suri}, theol., D, q, CXVII, a. 1. Ce procédé qui a pour l’intelligence une haute valeur éducative, produit d’excellents résultats si on en restreint l’usage à l’enseignement technique qui est toute sa raison d'être et son unique but. T. Richard, Elude critique sur le but et la nature de la scolastique, dans la Revue thomiste, 1904, p. 179 sq. Universaliser ce procédé en l’employant pour d’autres lins, s’en servir par exemple dans la chaire ou dans des compositions littéraires ou liturgiques, est une application défectueuse de la scolastique ; si, à l'époque de la décadence, de tels abus ont été réellement commis, la scolastique elle-même ne doit point en être rendue responsable.

3. A la méthode scolastique est en fait intimement associée la doctrine communément appelée scolastique, parce qu’elle a été habituellement admise par les meilleurs auteurs scolastiques. Cette doctrine spécialement louée en saint Thomas par le saint-siège, notamment par Pie IX, Léon XIII et Pie X, doit être pour tous les catholiques l’objet d’une profonde estime et d’une préférence toute particulière. C’est ce qui résulte de la condamnation portée par Pie IX contre cette proposition 15e du Si/llabus : Met/iodus et priucipia quibus antiqui doctores scolastici theologiam excoluerunt, temporum nostrorum necessitatibus scientiarumque ptogressui minime congruunt. C’est aussi l’enseignement fréquemment répété par Léon XIII et par l’ie X, insistant sur la restauration de la doctrine de saint Thomas en tout ce qui n’est point infirmé par des documents postérieurs ou n’est aucunement répréhensible, sans toutefois désapprouver les doctes travailleurs qui emploient leur talent, leur érudition, ainsi que toutes les ressources des inventions nouvelles pour développer l’acquis philosophique déjà possédé.

Ces recommandations pontificales sont d’autant plus impérieuses que, selon les documents précités, la défense de la foi catholique contre les erreurs rationalistes ou modernistes y est gravement intéressée : Deinde plurimi ex Us hominibus qui abalienalo a fi.de animo instituta catholica oderunt, solam sibi esse magistram ac ducem rationem profitentur. A' 1 hos autem sanandos et in gratiam cum fide catholica