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DOCETISME — DOCTEUR


maintenant l’orthodoxie de la foi sur la réalité de l’incarnation et de la rédemption, qui comportent, poulie Fils de Dieu, la vérité d’une naissance et d’une vie humaines, d’une passion et d’une mort sanglantes.

I. Sources.

S. Irénée, Cont. hmr., P. G., t. vu ; Philosophoumena, (’dit. Cruice, Paris, 1860, 1. VI-VI1I, X, 4, 12-16, 19 sq. ; Tertullien, De prsescriptionibus, 30 ; Adv. Marcionem ; Adv. valentinianos ; De carne Ckristi ; pseudo-Tertullien, De prxscript., 46-53, P. L., t. ii, col. 41, 243, 538, 774 sq. ; pseudo-Origène, De recta in Dcum fide, iv, P. G., t. XI ; S. Augustin, De hæresibus ; Contra Faustiun, P. L-, t. xlii ; S. Épiphane, Hier., xxi-xxxiii, P. G., t. xli, col. 286-555 ; Théodoret, Hxret. fab., V, xi-xiv, P. G-, t. lxxxiii, col. 488 sq.

II. Travaux.

Massuet, Dissert, in S. Irenxum, P. G., t. vu ; Le Nourry, Dissert, in Clementem, P. G., t. ix ; Huet, Origeniana, P. G., t. xvii ; Tillemont, Mémoires pour servir o l’hist. eccl., Paris, 1701, t. ii, p. 40, 50, passim ; Ceillier, Histoire des auteurs sacrés et ecclésiastiques, passim ; tous les auteurs qui ont traité de la gnose et du gnosticisme, et dont la bibliographie plus détaillée sera donnée à chacun de ces articles ; articles spéciaux dans Dictionary of Christian biographij, Londres, 1877 ; Kirchenlexikon, Fribourg-en-Brisgau, 1880 ; Realencyclopudie fur protest. Théologie und Kirehe, Leipzig, 1897.

G. Bareille.


DOCKING (Thomas de) (vers 1250), franciscain, lecteur de théologie à l’université d’Oxford. Oudin, Comm. de script, eccl., Leipzig, 1722, t. iii, p. 526, en fait un chancelier d’Oxford. Il semble qu’il ait confondu le franciscain avec Thomas de Bukyngham, qui eut cette charge en 1346. De même les Quæstiones in quattuor libros Sententiarum, publiées à Paris en 1505, et souvent attribuées à Thomas de Docking, ne sont pas de lui, mais de Jean Buckingham ou Bokingham, évêque de Lincoln de 1363 à 1397. Les seuls ouvrages qu’on puisse attribuer avec certitude à Thomas de Docking sont des Commentaires sur l’Écriture, conservés encore manuscrits dans divers collèges d’Oxford, au British Museum, et à Lincoln.

Pour plus de détails, voir l’article de R. L. Poole, dans le Dictionary of national biography, Londres, 1888, t. xv, p. 139.

J. de la Servière.


1. DOCTEUR (du latin docere, enseigner) signifie littéralement celui qui enseigne, ou mieux celui qui a qualité spéciale pour enseigner publiquement, et, de façon plus précise, celui qui a été promu au grade suprême d’une faculté. —
I. Définition.
II. Histoire.
III. Privilèges.
IV. Création.
V. Surnoms des docteurs les plus célèbres.

l. Définition.

Le terme « docteur », pris dans son acception la plus large, signifie une personne hautement qualifiée pour enseigner en public : peu importe d’ailleurs que cette compétence spéciale qui distingue le docteur soit ou non consacrée par un titre universitaire. C’est ainsi que nous voyons, chez les Juifs, cette dénomination appliquée à celui qui était l’interprète officiel des divines Écritures et qu’on appelait pour cela « docteur de la Loi », « docteur » ou « maître en Israël ». Matth., xxii, 35 ; Joa., iii, 10. A son tour, l’Église chrétienne honora de ce nom plusieurs de ses saints et de ses théologiens qui enseignèrent et défendirent la doctrine avec une science et une autorité extraordinaires : ce sont les « docteurs de l’Église ». Voir ce mot. Enfin certains maîtres de la scolastique se virent décerner ce titre auquel vint s’ajouter un qualificatif exprimant le caractère individuel de leur talent, de leur science, ou la méthode spéciale de leur enseignement. Voir plus loin les surnoms des plus célèbres.

Mais, dans son acception rigoureuse, le terme « docteur » désigne une personne qui occupe le rang suprême parmi les gradués d’une faculté. Ceux-ci, en effet, sont au nombre de trois : le bachelier, le licencié et le docteur. Voir Grades.

Le « docteur » est ainsi appelé parce qu’il reçoit de l’université dont il relève un témoignage public de science qui le proclame apte à « enseigner » : cette proclamation a lieu afin que le docteur puisse être consulté par tous, que son jugement soit une règle de doctrine, et que son enseignement soit accepté des auditeurs comme un enseignement revêtu d’une approbation suprême, ut ab omnibus consuli qucant, eorumque judicio fidatur, et scientise ab cis diclalæ ab audiloribus accipiantur, quasi a docentibus cum approbalione summa. Schmalzgrueber, l. V, t. v, n. 3.

Au titre de « docteur » revient celui de « maître », et ordinairement ces deux expressions sont prises l’une pour l’autre : cependant le nom de « maître », qui est d’ailleurs tombé depuis longtemps en désuétude comme grade académique sinon dans les facultés de théologie et de philosophie, apparaît plus ancien que le nom de « docteur », et autrefois il s’appliquait indistinctement à toute la corporation des professeurs.

Le titre de « docteur » pouvant être conféré dans les diverses facultés, il s’ensuit qu’il existe autant d’espèces de doctorats qu’il y a de facultés dans une université : soit le doctorat en Utéologie, le doctorat en l’un ou l’autre droit, c’est-à-dire en droit canonique ou en droit civil, le doctorat en philosophie, le doctorat en médecine, le doctorat es lettres et le doctorat es sciences.

On distingue encore un autre doctorat, dit doctorat d’université. C’est ainsi qu’en France « un décret du 21 juillet 1897 a autorisé les universités à instituer des titres d’ordre exclusivement scientifique qui ne confèrent aucun des droits attachés aux grades par les lois et règlements. Les diplômes sont délivrés au nom de l’université ; ils diffèrent des diplômes de l’F.tal en ce que les titres légaux exigés pour les obtenir peuvent être remplacés par d’autres titres de la valeur desquels l’université reste juge. L’université de Paris a institué le doctorat d’université dans ses facultés des lettres et des sciences par une délibération du 29 mars 1898. »

A ce doctorat peut être assimilé le doctorat honoris causa, que certaines grandes universités décernent parfois à des savants de premier ordre, dont la haute compétence, en la matière même où ils sont promus à cette dignité, est un fait notoire depuis longtemps établi. Telle a été la nombreuse promotion de docteurs honoris causa que l’université de Louvain promulgua, à l’occasion des fêtes de son jubilé (1909), dans ses facultés de théologie, de droit, de médecine, de philosophie et lettres, dans son institut supérieur de philosophie (École Saint-Thomas d’Aquin), et dans sa faculté des sciences.

II. Histoire. —

L’histoire du doctorat est intimement mêlée à l’histoire de l’université elle-même. Or, on sait que l’université, née d’un besoin de réglementation générale en raison de la multiplication des chaires et du nombre des élèves qui se groupaient autour, se constitua lentement et se développa graduellement à mesure que les circonstances l’exigèrent. Il en fut de même pour les divers grades académiques. Si on prend pour exemple l’université de Paris, on voit un commencement d’organisation paraître au xiie siècle, puis se compléter au xiiie grâce à la législation du roi Philippe-Auguste et à l’intervenlion du pape Grégoire IX, dont les bulles contiennent un modèle de règlement universitaire. Pour ce qui regarde la question des grades universitaires ayant rapport au doctorat, nous voyons, d’après ces bulles, que la licence était déjà en usage depuis longtemps. Or la licence, c’est-à-dire la faculté d’enseigner, fut comme la forme primitive du doctorat. Pour avoir le droit d’enseigner, deux conditions étaient requises : la science et la mission. La science était constatée par l’examen ; et la mission émanait ordinairement de l’examinateur lui