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CLÉMENT D’ALEXANDRIE

à/.a-avôï)To :, §ù.rxci. 7 ; avToy.paTopixdv. Strom., V, c. I, P. G., t. ix, col. 16.

L’ensemble des conceptions précédentes, et plus particulièrement le dernier passage cité, rapproché des Adumbraliones in I Joa., c. ii, 1, P. G., t. ix, col. 735, 736, et de divers autres textes, cf. Zahn, Forscliungen, t. iii, p. 144, ont donné lieu aux critiques de Photius et des autres écrivains qui adoptent ses interprétations. D’après Photius, Bibliotheca, cod. 109, P. G., t. ciii, col. 383, Clément aurait, dans les Hypotyposes, admis un double Aôyo ;  ; le Aoyo ; inférieur, appelé le Fils, par synonymie avec le Verbe paternel, Ycb ; Xôyo ; ôiuov-jiiw ; tù Ttaxpiy.fîi Aôya), ne serait pas le Verbe fait chair, mais une certaine énergie divine, quelque chose comme une émanation dUkVerbe lui-même, voO ; créé, répandu dans les cœurs des hommes, vo’j ; yev<5u, Evoç Ta ; tô>v av8p<ôwov xapota ; Bia-rteçoinixê. On avait pensé que le passage allégué par Photius était interpolé. Zahn, op. cit., le regarde comme authentique, et tout en reconnaissant la difficulté d’interprétation, s’efforce de donner partiellement raison à Photius. Il insiste sur la façon dont Clément conçoit la participation du Aôyo ;, raison universelle, présentée comme l’effet d’une vertu illuminatrice ou créatrice et souvent confondue avec cette vertu même. Zahn parait avoir abusé des passages ci-dessus résumés, où Clément rassemble sous un même terme, comprend dans une même conception l’effet et la cause, la raison créée et la raison créatrice, tout en distinguant soigneusement la participation y.aià 6-jvaquv, et la participation xax’oudiav.

4° L’incarnation et l’œuvre salvifique du Fils de Dieu.

— 1. But et réalité de l’incarnation. — Le Christ s’est incarne pour nous délivrer de nos péchés. Prot., c. ix, P. G., t. viii, col. 258, 259. Il a pris une chair sensible, il a été conçu dans le sein de la Vierge Marie, et en conséquence de cette génération, àxoXrj-jôw ; 8s xa8b ysyovs, il est mort et ressuscité. Strom., VI, c. xv, col. 319, 352. Cf. Prot., c. i, col. GO, 61 ; c. xi, col. 228, 229 ; Pœd., 1. I, c. vi, col. 300 ; 1. III, c. i, col. 556 ; Strom-, V, c. iii, P. G., t. ix, col. 33. L’accusation de docétisme, intentée à Clément par Photius, Bibliotheca, cod. 109, a été le point de départ de nombreuses controverses.

a) Baisons qui militent en faveur de Clément : il admet en Jésus-Christ tous les éléments constitutifs de l’humanité passible, et par suite, àxoXoOûw ;, suivant le texte précédemment cité, la puissance de souffrir et mourir. Cf. Strom., III, c. xvii, P. G., t. viii, col. 1205. Il donne certainement au Christ une âme véritable : c’est Ce que Bigg, op. cit., p. 71, soutient contre Redepenning, op. cit., p. 401. Il combat fréquemment les docètes.

b) Baisons adverses : Clément pense que chez le Sauve ur la vie du corps se maintient par une force supérieure, indépendante de tout aliment, Strom., VI, c. ix, P. G., t. ix, col. 292 ; cf. Slroni., 111, c. vii, P. G., t. viii, col. 1161, 1164, où il rapporte sans la désapprouver une affirmation de Valentin ; Adumbrationes in 1 Jna., i, 1, P. G., t. IX, col. 735, où il rapporte de même une tradition docète. On allègue encore l’affranchissement des passions humaines, Slrom., VI, c. ix, / G., t. ix, col. 292 ; Pœd., 1. I, c. il, col. 252 ; mais il s’ayit sans doute uniquement de l’absence de mouvements désordonnés. Bigg, loc. cil-, conclut que, sans tomber dans le docétisme proprement dit, Clément l’a dangereusement cè, toyé.

2. La conception del’œuvre salvifique accomplie par le Verbe incarné. — L’œuvre salvifique est généralement considérée comme le fruit de l’union au Christ qui, (’tant mort pour nous, nous ayant rachetés et régénérés, conlû ton œuvre en ynms purifiant et nous améliorant par un ensemble tic moyens providentiels, en noua saucti /iunt par sa doctrine et » a grâce. Cette union se présous un triple aspect, que Bynthétise bien le pasrés dans le Christ, nous recevons de lui son lait, le Aéyo ;  ; car il est dans l’ordre que celui qui

LICT. DE T1IÉOL. CATIIOL.

engendre nourrisse sa progéniture. Comme la régénération, ainsi la nourriture vient à l’homme d’une façon spirituelle. C’est donc de toutes façons que nous sommes intimement unis au Christ, union qui tend à l’affinité de nature : son sang est notre rançon ; à l’union effective : son Aoyo ; est notre aliment ; à l’incorruption ; il nous y conduit lui-même, eî yàp àvEysvvi, (l/]H£v eî ; Xpiurov ô àvayîvvr^o’a ; r, (I. 5 - ExtpÈyEi xû oStco yaXaxTi, tù Xôyw. Ky.v yàp ysvvrurâv e’oixev E’j6 - j ; rcapÉyEiv tû y£vv(jû(j.Év(.> Tpoç-qv. Kaôàirsp 6c r àvayévvï)<ri ; àvaXôyco ; o-jtw xal r t tpo ?r) yfyovs tm àvôpo’jTra) 7tvEutj.aTiy.ir, . Hâvcr, TOtvuv Tjisiç Ta TuàvTa Xpiarûi TtpooMXEHÔjiEÔx, xa’i Et ; o-jyyÉvEtav 5cà tô at(j.a aOxo-j ai X-jTpo-JjjEÔa - xal el ; u-jp-TtâÔstav, 81à T7|V àvaTpoçv ty|v ex to0 Aôyo’j" xal elç àcfOapcriav Sià tt, v àycoyT|V tt|V aÙTOv. Pœd., 1. I, c. VI, P. G., t. VIII, col. 308.

En résumé, rachat et régénération par le sang, entretien de la vie par la doctrine, direction vers l’incorruption par la pédagogie, ou conduite providentielle qui guérit, redresse, corrige.

Peut-être pourrait-on simplifier encore la pensée de Clément, ramener toute l’œuvre du salut à une double forme : à la rédemption par le sang, d’une part, à la communication de vie et de doctrine ; en d’autres termes, à une interprétation réaliste, celle qui est regardée comme conforme au sens primitif et traditionnel, ou bien à une interprétation idéaliste, celle de la rédemption dite mystique ou physique. Cf. J. Rivière, Le dogme de la rédemption, Paris, 1905, p. 1 17 sq. Toutefois des schémas aussi simples exposent à violenter les lextes ; mieux vaut, pour les résumer fidèlement, s’en tenir au cadre indiqué par Clément lui-même :

a) Bédemplion par le sang, Xvtoov ; d’où naissance nouvelle, àvaysvvrjtrt ;, et incorruption, àcpQapa-ia. — C’est le sang du Christ qui interpelle pour nous, l’œd., 1. I, c. vi, P. G., t. viii, col. 305. L’effet de ce sang est double, ou pour parler le langage de Clément, il y a un double sang du Christ, l’un, charnel, par où nous avons été délivrés de la corruption ; l’autre, spirituel, par où nous avons été oints. Et boire le sang de Jésus, c’est participer à l’incorruption du Seigneur, Sittôv cï tô ai(ia to0 Kypiou’tô jxsv yâp eutiv a-JTO’j o-apxexôv, ù> Tri ; cpGopâ ;).E), uTp(i>p.s6a - tô 8s TcvEujjLaTiy.bv, toutég-tc/ <[> x£Xp ! up.E6aKoù to-jt’è’uti TtcEÎv tô a*p.a T’jO’IïjffoO, tr, ç x-jptaxf, ; [iSTaXaëeïv àcpûapo-c’a ;. Pœd., 1. II, c. il, P. G., t. viii, col. 409.

Suit la description des effets sanctificateurs, résultant de l’union au corps et au sang divin. L’onction ainsi désignée est l’union au Christ et la communication de la grâce sanctifiante. Renz, Opfercharakter der Eucharistie, Paderborn, 1892, p. 86. Elle est étroitement liée à la rédemption par la mort du Sauveur, dont elle est l’effet immédiat ; il arrive à Clément de les comprendre dans une même description, comme un seul et même fait concret : le Sauveur se joint à nous, s’applique sur nous comme la tunique sur la chair ; pour sauver ma chair, il l’entoure du vêlement (l’incorruption, de son onction sainte…, c’est pourquoi l’Évangile nous le montre. .. promettant de donner son âme, rançon de la multitude ; car, de son propre aveu, celui-fà seul est le bon pasteur, Ëo-o[xai Èyyj ; gejtûv, ; ô yinov to0 -/poiro ; a-JTû)v. Sôinat (Jo’jXeTai [xovj ttjv càpxa, TiEp16aXa>v tôv yiTwva xvfi àcpOapo-ia ; xal tôv yçûixâ. i.cv xsypcxEv Six to’jto EÏcrâyETai Év tô> EJayysXi'<>… Soûvai tïjv ^-jyr^i Tr, v ia - JTo0 XÙTpov àvtl TtoXXiôv ÛTrt(T/vo, j[j.£vo ;. toGtov yàp [itfvov ôtJ.oXoyeï àyaOôv Etvai Tioipiva. Pxd., 1. I, C. IX, P. G., t. viii, col. 352.

Ailleurs, les nouveaux baptisés sont décrits comme des membres du corps mystique, et ce corps tout entier, comme un enfant nouveau-né, demeure conjoint au Christ, qui l’a enfante’dans la douleur de la passion. Pœd., I. I. c. vi, P. G., t. viii, col. 300. Dans le Pédagogue encore, 1. III, c. xii, P. G., t. viii, col. 664, citant