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CLÉMENT D’ALEXANDRIE

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l’orthodoxie, de la vertu et parfois de la sainteté de Clément. Zalin signale, avec références à l’appui, que « des auteurs appartenant à des courants de doctrines opposées, tels que Cyrille et Théodoret, s’accordent à le louer » . Forschungen zur Geschickia des neutest. Kanons, t. iii, Supplementum Clementinum, Erlangen, lS81, p. 141. Sans parler des louanges d’Eusèbe, que l’on pourrait, à la suite de Benoit XIV, considérer comme suspectes, voir notamment les témoignages de saint Alexandre de Jérusalem, de saint Fpiphane, de saint Cyrille d’Alexandrie, de saint Jérôme, de saint Jean Damascène, etc., P. G., t. viii, col. 33-19 ; Preuschen, dans Harnack, Ueberliefentng, t. i, p. 296 ; Stëhlin, Die Gviechisclien christlichen Schriftsleller der ersten drei Jahrhunderte, Clemens Alexandrinus, Leipzig, 1905, p. ix-xvi, moins complet.

Photius le premier éleva une voix discordante. Il dit avoir relevé, dans les Hypotyposes principalement, cinq erreurs : l’éternité de la matière ; le Fils considéré comme une créature (sur ce point, le témoignage de Photius est confirmé par Rufin ; cf. S. Jérôme, Apologia advenus libros Rv/pii, 1. II, 17, P. L., t. xiii, col. 439) ; une théorie de l’incarnation entachée de docétisme, et s’appuyant sur le), ôyoç Jtpoçopixoç à l’exclusion du Xdyoç évSiâÔEcoç ; la métempsycose et la pluralité des mondes. Bibliotheca, cod. 109, P. G., t. ciii, col. 384.

Sur l’appréciation de ces griefs, les critiques postérieurs sont loin de s’entendre. A partir du xvil 6 siècle, ils sont en désaccord. Voir Benoit XIV, loc. cit. La discussion concerne, d’une part, le sens très obscur du décret du pape Gélase, Thiel, Epislolæ pont. rom. genuinse, p. 461, d’autre part, la valeur des accusations portées par Photius. Gélase condamne opuscula alterius Clementis Alexandrini apocrypha. Les bollandisles, t. iv julii, p. P2, n. 27, pensent qu’il s’agit d’un autre Clément. Benoît XIV juge néanmoins que ce décret autorise de graves soupçons : Cum non levem de Clementis operibus ingérât suspicioneni censura decreli Gelasiani, et il rejette, comme moins vraisemblable, l’interprétation donnée par quelques auteurs, au mot apocrypha : ouvrages interdits à la lecture publique, ne devant être lus qu’avec réserve.

Sur la valeur des accusations portées par Photius, la controverse était déjà vive au XVIIIe siècle. Voir dans Denoit XIV, loc. cit., les opinions respectives des divers historiens ou théologiens.

Voir Benoit XIV, bref Postquam intelleximus, du 1° juillet 1748, adressé au roi de Portugal, el inséré en tête de son édition <lu martyrologe romain, Rome, 1749 ; Alhan Huiler, Vie des Pères et des martyrs (au’i décembre) ; Zahn, Supplément mu Clementinum, p. 140 sq. ; Ch. Bigg, The Christian platonists of Alexandria, Oxford, 1886, p. 269 "<. W. Capitaine, Die Mural des Clemens von Alexandrien, Paderborn, 1’. « W, p, 26, 58 sq. ; Hort, Clément of Alexandria, Mtscellunics, Londres, 1902, t. vii, Introduction, c. IV, p. LX-LXI.

La valeur et la signification des termes qui attestent sa sainteté peuvent être contestées. Cf. Benoit XIV, loc. cit., p. xiv. Ouoi qu’il en soit, divers martyrologes, à la suite d’Usuard, admettaient en sa faveur cette tradition, et indiquaient sa fête au 4 décembre ; l’Église de Paris la célébrait à cette date. Sur l’avis de l’.aronius, Clément ne fut point admis au martyrologe romain, revisé par Clément VIII, et lienoil XIV maintint cette décision, sans trancher absolument la question de doctrine et de vertu, non ut Clementis Aie. math-mi laudibus quidquam detrahamus… quidquid sii de ejus doctrina ac probitate, p. XII, mais pour des raisons d’opportunité, qui sont les suivantes, p. XII-XV : sa vie trop peu connue, aucune trace de culte public rendu dans L’Église, doctrine pour le moins douteuse et suspectée par divers historiens ou théologiens.

ré, — Bardenhewer, Geechichte der « ItUirchlichen Literatur, Fiibourg-en-Bii.-tjau, 191)J, t. ii, p. 1 13, les Alexandrins ; p. 13-15, Pantène ; p. 15-40, biographie de Clément, sa culture, sources qu’il a utilisées ; G. Krùger, Gescliichte der altchristlichen Litteratur in den ersten Jahrhunderten, 2’édit., Fribourg-en-Brisgau et Leipzig, 1895, p. 100-107 ; Clemens of Alexandria, dans The Church quarterly review, Londres, 1904. t. lviii, p. 348-371 ; L. Duclicsne, Histoire ancienne de l’Église, Paris, 1906, t. I, p. 332-340.

Discussions chronologiques — Harnack, Die Chronologie der altchristlichen Litteratur. t. II, p. 2-7, réunit et compare les données sur lesquelles s’appuie la chronologie des faits principaux de la vie de Clément : témoignages de Jules Africain, Ilippolyte, Alexandre de Jérusalem, Eusèbe, Épiphane, ceux de Clément lui-même dans le Pédagogue et les Stromates ; p. 9-16, discussion très serrée sur la chronologie de ses œuvres.

Pour les détails. — Winter, Die Ethik <les Clemens von Alexandrien, Leipzig, 1882, Introduction, p. 1-10 ; Zahn, Forschungen zur Geschichte des neutest. Kanons uud der altkirchl. Literatur, Erlangen, 1884, t. iii, Supplementum Clementinum, p. 156-176 ; Bigg, The Christian platonists of Alexandria, Oxford, 1886, p. 45-52, sa vie, son caractère, son aïoour des lettres et de la philosophie, sa position moitié rationaliste, moitié mystique ; E. de Faye, Clément d’Alexandrie, Étude sur les rapports du christianisme et de la philosophie grecque au n’siècle, Paris, 1898, Introduction, p. 1-35, l’Église chrétienne à la fin du IIe siècle, biographie do Clément ; p. 117-101, les sinipliciores, ce que Clément entend par philosophie ; Capitaine, Die Moral des Clemens von Alexandrien, Paderborn, 1903, Introduction, p. 1-05, civilisation alexandrine, les Juifs, l’allégorisme, l’influence de la philosophie, biographie de Clément, son érudition, sa réputation d’orthodoxie et de sainteté ; Hort et Mayor, Clément of Alexandria. Miscellanies, Londres, 1902, t. vii, Introduction, p. xxii-xlix, influence de la philosophie grecque sur la théologie et la morale de Clément ; p. l-lx, Clément et les mystères ; p. lxi-lxiv, la réputation de Clément ; Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1905, p. 46-00, le judaïsme alexandrin et la Diaspora. Voir Alexandrie (École chrétienne d’), t. i, col. 805-824.

II. Manuscrits et éditions.

I. manuscrits. — L’histoire des manuscrits et autres sources fragmentaires a été établie par Harnack, von Gebhardt, Zahn et surtout par Stâhlin, dans Beilnige zur Kenntniss der Handschriften des Klemens Alexandrinus, Nuremberg, 1895 ; et dans Unlersuchungen i’iber die Scholien : it Klemens A lexandrinus, Nuremberg, 1897. Cf. E. de Faye, op. cit., les manuscrits, p. 303-305 ; le texte, p. 308-310. Il est mainlenant acquis que tous les manuscrits connus dépendent du célèbre codex d’Aréthas, évêque de Césarée en Cappadoce, manuscrit ordinairement désigné par la lettre P. Bibliothèque nationale, n. 451. Cf. Barnard, Clément of Alexandria, Quis dives salvetur, Cambridge, 1897, Introduction, p. ix-xxviii, où on trouvera une élude complète et neuve de la tradition du texte de Clément.

II. ÉDITIONS.

P. Victorius, Florence, 1555 ; F. Sylhurg, Heidelberg, 1592 ; D. Heinsius, Leyde, 1614, contenant une traduction latine d’Hervet antérieurement parue à Florence, 1551 ; réimpressions de ledit. Heinsius à Paris, 1629, 1641, et à Cologne, 1688. La meilleure des anciennes éditions est celle de l’évêque anglican, .1. Potter, Oxford, 1715, enrichie de noies précieuses ; réimpressions par Fr. Oberthûr, SS Patrum opéra pôlemica, opéra Palrum græcorum, Wurzbourg, 1778-1779, t. iv-vi ; Klolz, Bibl. sacra Palrum Ecclesiee græc.se, Leipzig, 1831-1834 ; Migne, Paris, 1857, 7’. G., t. viii, ix. L’édition Dindorꝟ. 1869, Oxford, 1res défectueuse, a été sévèrement critiquée. Stâhlin vient de donner le t" volume, comprenant le Protreptique et le Pédagogue, de l’édition comprise dans la collection : Die Griechischen christlichen Schriflslellcr ilcr ersten drei Jahrhunderte, Leipzig, 1905. Ce volume comprend une introduction relative aux manuscrits, à la tradition littéraire indirecte, aux éditions et traductions ; le texte, et les scolies du scribe Baanes et de l’évêque Aréthas.

III. Activité littéraire, — Outre le Protreptique, le Pédagogue et les VII Stromates (voir plus loin leur analyse et les problèmes que soulève leur trilogie), on a de Clément quelques autres ouvrages ou compilations :