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CONFIRMATION D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS


grâce du Saint-Esprit, dont la divinité, présente dans le saint chrême, rend celui-ci capable de communiquer le Saint-Esprit, evepyETixôv IIvsu|j.a- : o ; âyt’ou ; elle sanctifie et vivifie l'âme pendant que le corps est oint visiblement de ce chrême sensible, Cat., xxi, 3, ibid., col. 1092 ; elle procure l’adoption divine, car le confirmé ressemble au Christ qui, après son baptême et la descente sensible du Saint-Esprit, a entendu ces mots : <c Celui-ci est mon fils bien-aimé. » Cat., iii, 14 ; xi, 9, ibid., col. 445, 701.

A Hippone, saint Augustin voit dans l’onction le Saint-Esprit : Unclio spiritalis ipse Spiritus Sanctus est, cujus sacramentum est in unctione visibili. In 1 Joa., tr. III, 5, P. L., t. xxxv, col. 2002. Inutile de continuelles citations.

3 1 Les sept dons. — Qu’apportait avec lui le Saint-Esprit ? Cette question ne devait pas tarder à se poser, et, une fois posée, elle devait recevoir un commencement de solution par l'étude et l’application du texte d’Isaïe, ix, 1-3 : « L’esprit du Seigneur se reposera sur lui, l’esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force, de science, de piété et de crainte de Dieu. » Les Pères voient cette prophétie réalisée au baptême de Notre-Seigneur. Cf. S. Irénée, Cont. User., III, ix, xvii, P. G., t. vii, col. 871, 929-930 ; S. Cyrille d’Alexandrie, In 7s., II, i, P. G., t. lx, col. 309-316. Quelques-uns l’appliquent à la sanctification du chrétien, en général. Irénée, Cyrille, loc. cit. ; Origène, In Jer., x, 13, P. G., t. xiii, col. 549 ; In Matlh., xiii, ibid., col. 1093 ; S. Jérôme, In Is., IV, xi, P. L., t. xxiv, col. 147-149. Il était naturel qu’on finit par l’appliquer à la sanctification du chrétien, en particulier par la confirmation. Or, ce sont précisément ces sept dons de sagesse, d’intelligence, de conseil, de force, de science, de piété et de crainte de Dieu, que saint Ambroise voit dans le signaculum spirilale, c’est-à-dire dans la confirmation, De myst., vii, 42, P. L., t. xvi, col. 403 ; ce sonJt ces sept dons que saint Jérôme énumère comme les attributs du Saint-Esprit, loc. cit. Saint Augustin les appelle Ma notissima dona spiritualia, Serm., cccxlvii, ii, 2, P. L., t. xxxix, col. 1524, et les compare, comme nous l’avons déjà dit, aux béatitudes. Cf. Serm., cclxx, 5 ; Eugyppius, Thésaurus, cxv, P. L., t. lxii, col. 179. Nous avons également dit que le mot septiformis, appliqué par saint Hilaire au don du Saint-Esprit, et rénumération des sept dons du Saint-Esprit avaient fini par trouver place dans les Sacramentaires gélasien et grégorien, dans la prière qui accompagne l’imposition des mains. C’est la preuve de l’importance attachée à de tels dons et aussi de l’idée de plus en plus complète que se firent les Pères des effets du sacrement de confirmation.

La force.

Parmi les dons spéciaux, attribués

comme effet à la confirmation, les Pères ont insisté plus particulièrement sur la force et le courage de confesser la foi, de combattre les ennemis du salut. Rappelons surtout le texte de l’anonyme du ve siècle, car aucun autre ne vaut celui-là, où le confirmé est comparé au soldat. Le statut militaire exige qu’un général, pour recevoir un homme au nombre de ses soldats, le marque d’un signe spécial, l’arme ensuite pour le combat. Or, tel est le rôle de la confirmation pour le baptisé : elle le marque, elle l’arme. Spiritus Sanctus, qui super if/nus baplismi salulifero descendit illapsu, in fonte ptenitudinem tribuit ad innocentiam, in confirmalione augmentum prscslat ad gratiam… post baptismum confirmaniur ad pugnam… roboramur… Confirmatio armât et instruit ad agoncs mundi hujus et prxlia… Vicluris necessaria sunt confirmationis auxilia. Max. biblioth. vet. Pair., Lyon, 1677, t. VI, p. 619. Hall, ne anglican de Vermont, a tort d’affirmer, Confirmation, Londres, 1902, p. 8U-82, à la suite du D r Mason, The relations of confirmation to baplism, p. 191194, 115-419, que cette homélie, utilisée dans la fausse

décrétale, que le pseudo-Isidore met sur le compte du pape Melchiade, est « l'étendard « (nous dirions le grand cheval de bataille) de l’enseignement catholique, relativement au sacrement de confirmation. Mais c’est oublier que si la décrétale, attribuée à Melchiade, est fausse, cette homélie est d’un auteur du Ve siècle, et que, du reste, l’idée particulière de force, qui y est mise en si haut relief comme l’effet du sacrement de confirmation, se trouve déjà indiquée par Tertullien, parmi les écrivains latins, caro signatur ut anima muniatur, De res. car., viii, P. L., t. il, col. 806, et par saint Cyrille de Jérusalem, parmi les Pères grecs. Ce dernier, en effet, voit dans la confirmation une arme de combat, et compare le confirmé à un guerrier. « De même, dit-il, qu’après son baptême et la descente du Saint-Esprit, Jésus-Christ est allé combattre son adversaire, de même, après avoir reçu le baptême et l’onguent mystique (c’est-à-dire la confirmation), revêtus de la panoplie du Saint-Esprit, vous tenez ferme contre toute puissance opposée, èvSeSup.évot rr, v navoTtXt’av to0 âyc’ou nve-j|jiaTo ;, î'(jTaaO£ TtpbçTT]v avTixîijj.avïjv Sùvapuv. Cat., xxi, 4, P. G., t. xxxiii, col. 1092. C’est oublier également les expressions si caractéristiques de la prière pour le chrême du Sacramentaire de Scrapion, où l’on demande à Dieu une èvlpysiav âeiav -/.ai oùpivtov, sans doute pour que les baptisés participent au don du Saint-Esprit, mais aussi pour que, rendus forts par cette crçpaye' ;, ils restent fermes et inébranlables, ôia^ôivoiacv éâpafoi x*i à(i.erax ! vT)Toi. G. Wobbermin, Altchristliche liturgische Stùcke, dans Texte und Unters., Leipzig, 1898, t. xvii, fasc. 3 b, p. 12-13 ; Brightman, Journal of theological studies, Londres, 1900, t. i, p. 265. Les Constitutions apostoliques n’appellent pas sans raison le chrême le psoatoxrtç xr, ç ôfxoXoyfa ;, III, xvi, P. G., t. I, col. 797 ; et saint Augustin voit dans la force la grâce propre de la confirmation. Cont. Faust., XIX, xiv, P. L., t. xlii, col. 356. Cela justifie amplement l’expression théologique ad robur, appliquée à ce sacrement.

Le caractère.

Dans un document gnostique du

me siècle, les Acla S. Thomas, 26, 27, il est dit que le baptême et la confirmation impriment un sceau spécial. Le baptisé en reçoit d’abord un, la açpayiç ; le confirmé en reçoit un autre, qui se superpose au premier, rèTucrçpi' ycerpua Trjç (j^payiSoç. Cf. M. Bonnet, Acta apostolorum apocrypha, Leipzig, 1903, t. iii, p. 141-142, 165 ; Le Hir, Études bibliques, Paris, 1869, t. il, p. 118 ; Lipsius, Die apocryphen Apostelgeschichten und Aposlellegenden, Brunswig, 1883, 1. 1, p. 331-334. Cette initiation comprend le baptême d’eau et une onction d’huile faite sur la tête et imprimant un sceau spécial. Voir t. i, col. 358, 359, 360. Quoi qu’il en soit de ses rapports avec l’enseignement chrétien, rien qu'à constater la répétition si fréquente des mots sigillum, signaculum, chez les Latins, o-spayi ;, chez les Grecs, il est facile d’en conclure l’idée que se faisaient les Pères de ce sceau. Ils comparent, mais sans l’identifier, le sigillum ou la cçpayc ; de la confirmation avec le sigillum ou la o-çpayi ; du baptême. Ils y voient une marque caractéristique qui distingue le confirmé du non confirmé, tout comme le sceau baptismal distingue le fidèle de l’infidèle ; une marque dans le genre de celle qui servait à distinguer le soldat romain. Tertullien est le premier à y faire allusion, quand il parle de Mithra, l'émule des mystères chrétiens, qui signât in frontibus milites suas. De prsescript., XL, P. L., t. ii, col. 51. Mais c’est l'évêque d’IIippone qui y insiste. Il ne la compare pas seulement à la nota ou au stigma du légionnaire romain, mais encore à l’effigie qu’on imprimait sur les monnaies et au signe qui servait à reconnaître les brebis dans un troupeau. Elle servait à indiquer que celui qui la porte possède une ressemblance particulière avec Dieu, frappé qu’il est à son effigie par la confirmation, que de plus il est la propriété de Dieu, à un titre tout spécial, et