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CONFESSION CHEZ LES ANGLICANS
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via de l’adulte… » Op. cit., p. 267-263. Cf. p. 3Il sq.

Parmi les canons établis en 1603 par la Convocation de Cantorbéry et adoptés plus tard par celle d’York, le canon 113, qui recommande aux ministres de la religion de discerner les crimes commis dans leurs paroisses, ajoute qu’il ne s’agit pas des crimes secrets connus par la confession : « Si quelqu’un confie à un ministre ses fautes secrètes et cachées pour soulager sa conscience, et pour recevoir de lui la consolation spirituelle et la tranquillité de l’esprit, nous n’obligeons en aucune manière ledit ministre par notre présente constitution, mais nous le prévenons et avertissons instamment de ne jamais révéler ni faire connaître à qui que ce soit aucun crime ni aucune offense ainsi conliés à sa discrétion et à son silence (sauf le cas de crimes tels que sa propre vie pourrait être mise en question par les lois du royaume, s’il les cachait), sous peine d’irrégularité. » Mackenzie E. C. [Walcott, The ecclesiastical Constitutions andCanonsof the Church of England, Oxford et Londres, 1874, p. 15$1-$252. Les partisans de la confession habituelle invoquent le canon 113 pour établir que la pratique de la confession existait au commencement du xviie siècle.

Pour encourager la pratique de la confession, un grand nombre d’ouvrages et de tracts ont été publiés, qui s’inspirent des livres catholiques. Le D r Pusey avait lui-même commencé l’adaptation en anglais du Manuel des confesseurs de l’abbé Gaume. Son travail n’ayant pu élre terminé, le Révérend Chambero, membre de la Société de la Sainte-Croix, entreprit une autre adaptation du même ouvrage. La Société le fit imprimer après sa mort : The priest in absolution. Toutefois, il ne fut pas mis dans le commerce et il n’était distribué qu’aux clergymen, qui pratiquaient le ministère de la confession. Il devait leur servir de vade-mecum, « auquel ils pussent se référer aisément dans l’accomplissement de leurs devoirs de confesseurs. » Au mois de juin 1877, ce manuel fut dénoncé à la Chambre des lords. Des citations du livre faites par lui, le dénonciateur concluait qu-e la confession habituelle était préconisée par des ministres anglicans, spécialement pour les enfants, et que le confesseur posait des questions indécentes sur les péchés d’impureté. La Chambre s’en montra fort scandalisée, et plusieurs orateurs réprouvèrent cette pratique. La dénonciation eut une longue et forte répercussion dans toute l’Angleterre et fit scandale. Des pétitions sommaient l’épiscopat de sévir. La presse protestait contre l’usage de la confession. La Convocation, réunie au mois de juillet suivant, fut saisie de la question. Le primat Tait lit adhérer la Chambre basse à la déclaration votée en 1873 par la Chambre épiscopale sur la confession. Il fit encore voter par tous les évêques un blâme à la Société de la Sainte-Croix et condamner toute doctrine ou pratique de la confession rendant nécessaire ou utile un semblable livre. Il accusa de conspiration contre l’Église ceux qui favorisaient la confession habituelle. Plusieurs ritualistes subirent pour ce fait des mesures vexatoires prises par les évêques. Quelques-uns louvoyèrent ; les plus hardis firent entendre des réclamations. Pusey insistait sur l’utilité constatée de la confession habituelle, et il envoyait à l’archevêque des statistiques sur les lions elfets obtenus par là dans les écoles. D’autres, voués à ce ministère, faisaient, de leur côté, valoir les avantages du confessionnal, surtout pour remédier à l’impureté. Pour remplacer le livre dénoncé, Pusey re|>rit son adaptation du Manuel de Gaume et la lit lire, a la fin de décembre 1877, avec une longue préface historique et apologétique. Il répétait que la confession est un puissant moyen de grâce. En 1878, la confi’> Mdes évêques de la communion anglicane, ’.- nue m palais de Lambeth, vota une résolution qui, une forme un peu confuse, paraissait s’inspirer de

la déclaration de 1873. Pusey essaya vainement d’obtenir du primat une déclaration que la pratique des ritualistes, en matière de confession, avait été censurée par les évêques. On ne lui répondit pas. La confession continua à se pratiquer et à se développer parmi les anglicans. Ceux qui sont venus après Pusey continuent à redire que l’Eglise anglicane n’impose pas la confession et laisse pleine liberté aux fidèles, mais ils s’expriment parfois comme s’ils considéraient la confession comme nécessaire pour obtenir le pardon des péchés morlels. D’après le Rév. W. H. H. Jervois, The Christian’s Manual, 2e édit., Londres, 1898, p. 93, lorsque, en s’examinant avant la communion, on se trouve libre de péché mortel et qu’on n’a pas d’autre raison de se confesser à un prêtre, on peut se contenter de se confesser à Dieu. « Mais si vous trouvez que vous êtes coupable de péché mortel, vous n’hésiterez pas à rechercher le bienfait de l’absolution. » « Ne communiez jamais, dit un aulre auteur, après une faute vraiment volontaire ou grave, sans d’abord la confesser et demander à votre confesseur s’il vaut mieux pour vous communier ou non… L’Eglise d’Angleterre n’a pas de rubrique disant qu’il faut que vous alliez à confesse après toute faute grave, mais il y a une loi, plus forte que les rubriques, inscrile dans les cœurs de tous ceux qui aiment profondément Jésus. » Hinls to pénitents, by a priest, Londres, 1903, p. 150-151.

On est libre de se confesser, mais quand on se confesse, est-on obligé de tout dire ? L’archevêque Temple répond que non. Voir sa déclaration : Absolution chez les anglicans, t. i, col. 227-228. Selon Pusey, « il n’est pas nécessa ; re à la validité de la confession que l’on énumère toutes ses fautes, mais seulement que l’on n’en cache aucune volontairement parce qu’on a hont ? d’en convenir. » J. 0. Johnston et W. C. E. Newbolt, Spiritual Letters of E. B. Pusey, Londres, 1898, p. 266. Cela revient à dire que la confession doit être complète, puisque l’on n’a guère d’autre raison de cacher une faute que la honte. C’est bien ainsi que l’entendent divers auteurs : « Vous devez dire au prêtre toutes les fautes que vous vous rappelez avoir commises ; Dieu l’exige absolument. Si par orgueil ou par honte [orgueil ou honte, c’est ici un peu la même chose] vous aviez le malheur de cacher volontairement une faute, vous commettriez une faute très grave… Mieux vaut ne pas vous confesser du tout que de faire ainsi une confession mauvaise et sacrilège. » Confession, édit. revue, Londres, 1881. « Si vous omettez volontairement un péché, toute votre confession n’est qu’un cri qui réclame votre châtiment ; vous n’êtes pas absous ; vous êtes plus enfoncé qu’auparavant dans vos péchés. » Ilinls to pénitents, p. 128.

Dans quelle mesure la confession est-elle pratiquée dans l’Eglise anglicane ? Il est impossible de le dire avec précision. On rencontre fréquemment des églises où il y a des confessionnaux et où le prêtre a ses heures de confessionnal. Ailleurs, on confesse sans avoir de confessionnal. Les tracts populaires recommandent pour la confession des formules analogues à celles qui sont en usage chez nous ; ils publient des examens de conscience parfois très détaillés. Il importe beaucoup de noter que les églises où l’on pratique habituellement la confession ne sont pas nécessairement celles où le rituel et la doctrine se rapprochent davantage du rituel romain ou de la doctrine catholique. Sans être très « ritualiste » , on peut parfaitement se rendre compte de l’utilité de la confession pour la vie spirituelle. Il y

t des églises « de type avancé » , où l’on parle peu de

pénitence, et des églises « de type modéré » , où l’on entend régulièrement les confessions.

Notons encore qu’il y a dans le frayer book un service intitulé « Comminalion ou dénonciation de la colère et des jugements de Dieu contre les pécheurs » ,