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CONFESSION DU P r AU XIIIe SIÈCLE


rite : Et quse spes est" ? Ante omnia confessio : ne quisquam se justum pulet, et ante oculos Dei qui videt quod est, erigal cervicem honio qui non erat et est. Il ne s’agit donc que de l’aveu des fautes en général et devant le regard de Dieu. Cassiodore, Complexiones in Epist. apost. Epist. S. Joa. ad Parthos, n. 2, P. L., t. lxx, col. 1371, parle aussi de l’homme, qui peccata sua Domino noscitur confileri, qualenus demittens nobis délie ta Dominus reddatnos sua pietatepurgatos. Le vénérable Bédé, Exposit. in I Epist. S. Joa., P. L., t. xcii, col. 88, répète la pensée et les paroles de saint Augustin. Œcumenius, Comment, in Epist. S. Joa., P. G., t. exix, col. 628, remarque que l’apôtre invite à la confession des péchés, en disant le bien qu’elle produit, à savoir la justilîcation, d’après Is., xxiii, 26, et qu’il répète son exhortation pour mieux faire comprendre l’utilité de cet aveu. Théophylacte, Exposit. in Epist. 1 S. Joa., P. G., t. cxxvi, col. 17, adopte la même explication. L’apôtre répèle que nous sommes pécheurs pour nous porter à la confession de nos péchés, confession qui est bonne et qui justifie. Is., xliii, 2. Dieu est juste ; si nous nous avouons pécheurs, il nous pardonnera ; sinon, nous doublons notre mal. Cramer, Catena in Epist. cath., Oxford, 1844, t. viii, p. 118, cite des Pères grecs qui entendent ce passage de la confession faite à Dieu qui pardonne les péchés avoués. Duns Scot, In IV Sent., dist. XVII, n. 16, Opéra, Paris, 1894, t. xviii, p. 519, déclare que saint Jean ne parle pas plus de l’obligation de se confesser à un prêtre qu’à un autre ; l’apôtre conseille seulement de s’humilier en avouant aux autres d’une façon générale qu’on est pécheur. Nicolas de Gorham, Exposit. in septem Epist. canon., dans les Opéra de saint Thomas, Paris, 1878, t. xxxi, p. 423-424, reconnaît ici trois actes d’humilité : la connaissance de ses péchés présents, l’aveu qui en est fait aux autres, et le souvenir devant Dieu des péchés passés. Denys le chartreux, Comment. in Epist. 1 S. Joa., dans Opéra, Montreuil, 1901, t. xiv, p. 9-10, voit dans ce passage l’indication du remède des péchés quotidiens et même de tous les péchés et il en conclut qu’il est nécessaire d’avouer ses fautes, mais sans parler expressément de la confession sacramentelle.

Ce n’est qu’à partir du xvii » siècle que les théologiens et les commentateurs catholiques ont entendu ce texte de la confession sacramentelle faite aux prêtres. Bellarmin, De pœnitenlia, 1. III, c. iv, Controv., Milan, 1721, t. III, col. 1044 (comme probable) ; Fromont, In Epist. I S. Joa., dans Migne, Scripturas sac. cursus, t. xxv, col. 881-882 ; Wouters, In Epist. cath.dilucidatiu, ibid., col. 1024 ; Estius, Absolulissima in onines B. Pauli apost. et septem cath. apost. Epist., Paris, 1666, p. 1211-1212 ; Salmeron, In Epist. can., Cologne, 1613, t. xvi, p. 184-185 ; Serarius, Comment, in omnes Epist. canon., Mayence, 1612, p. 68 ; Corneille de la Pierre. Comment, in Script, sac, Paris, 1858, t. xx, p. 528-529 ; Calmet, Commentaire littéral, Paris, 1726, t. viii, p. 859 ; Drach, Épi très catholiques, Paris, 1879, p. 177 ; Van Steenkisle, Epistolw catholicæ breviter explicatse, 2e édit., Bruges, 1887, p. 131 ; Maunoury, Commentaire sur les Épilres catholiques, Paris, 1888, p. 344.

Cependant plusieurs exégètes, même parmi les catholiques, pensent aujourd’hui, que si saint Jean parle d’une confession concrète et spéciale des péchés, il ne dit rien sur la manière dont elle est faite, et que, par conséquent, son texte peut difficilement convenir à la con >n sacramentelle. Cf. Westcott, The Epislles of Si. John, Londres, 1883, p. 2li ; Fillion, La sainte Bible, Paru 1904, t. viii, p. 728. Saint Jean, en effet, recommande aux chrétiens de confesser ouvertement et loyalement devant Dieu etdevanl les hommes leurs péchés. H ne suffit pas, pour que les fautes soient effacées, de

se reconnaître pécheur et de faire un aveu général de culpabilité. Sans doute, prétendre qu’on est sans péché, c’est s’illusionner sur son compte et se tromper, car tout homme est pécheur, j}’. 8. Pour obtenir pardon de Dieu, qui est juste et fidèle à ses promesses, il faut confesser ses péchés actuels, en particulier et en détail, intérieurement devant lui et extérieurement devant les hommes. Saint Jean parle donc de toute espèce d’aveu du péché, même de l’aveu purement intérieur. Cf. Calmes, Épitres catholiques, Apocalypse, Paris, 1905, p. 70-71. Qu’on ne dise pas que l’efficacité du pardon, promis à la confession du péché, suppose et exige une confession sacramentelle, car Dieu a promis la rémission des péchés à tout pécheur qui se reconnaît coupable, quel que soit le genre de son aveu, secret ou public, intérieur ou extérieur. Ps. xxxi, 1, 2 ; Luc, xviii, 13. Quoi qu’il en soit, l’apôtre parle du pardon accordé aux chrétiens qui avouent leurs fautes. Est-il par suite légitime d’invoquer comme le fait M. Loisy, Le quatrième Évangile, Paris, 1903, p 915-916, le témoignage de la I re Epitre johannine, pour prétendre que, dans l’Église chrétienne, le pouvoir de remettre les péchés ne s’exerce que dans la dispensation du baptême ? Cela suppose qu’après le baptême il n’y a plus pour le pécheur d’autre moyen d’obtenir le pardon que l’aveu fait à Dieu et la contrition intérieure. Cf. K. Weiss, Beichtgebot und Beichtmoral der rômiseli-kalhol. Kirche, Saint-Gall et Leipzig, 1901, p. 19. Si le texte de saint Jean n’est pas explicite en faveur de la confession sacramentelle, il ne lui est pas non plus contraire. Il comporte toute espèce d’aveu des fautes, même l’aveu sacramentel, s’il était déjà en usage.

En résumé donc, aucun passage des écrits apostoliques n’affirme avec certitude l’existence et la pratique de la confession auriculaire au temps des apôtres. Les trois textes cités par les théologiens ne visent pas nécessairement cette confession ; ils parlent seulement d’une confession spéciale et détaillée des péchés faite devant les hommes, sans que rien en indique le mode, Act., xix, 18, ou conseillée comme moyen d’obtenir le pardon, Jac, v, 16 ; I Joa., i, 9, quelle que soit d’ailleurs la manière de la pratiquer, en secret et au fond du cœur, extérieurement et au prochain, mais, semble-t-il, extrasacramentalement. Estius, In IV Sent., 1. V, dist. XVII, S 5, Paris, 1663, t. iv, p. 223, déclarait déjà que les interprétations de ces trois textes, en faveur de la confession sacramentelle, n’étaient que probables, que d’autres explications étaient probables, elles aussi, et que par conséquent les premières présentées comme preuves de l’existence de la confession sacramentelle, dans une discussion sérieuse, n’auraient guère de force pour convaincre l’adversaire.

J. Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 1884, p. 444452 ; A. Vacant, Confession, dans le Dictionnaire de la Bible, t. ii, col. 907-919 ; P. Pelle, Le tribunal de la pénitence devant la théologie et l’histoire, Paris, 1903, p. 303-308 ;.1. Gartmeier, Die Beichtpfticht, Ratisbonne, 1905, p. 25-34.

E. MANGENOT.

II. CONFESSION DU I" AU XIIIe SIÈCLE. — L’histoire de la confession, du I" au xiiie siècle, peut se diviser en deux périodes : I" période : Des origines jusqu’au temps où les moines interviennent dans la discipline pénitentielle. II 8 période : Depuis le temps où les moines interviennent dans la discipline pénilentielle jusqu’au xme siècle (concile de Latran, 1215).

1° PÉRIODE : des origines jisqu’au temps of les

MOINES INTERVIENNENT DANS LA DISCIPLINE PKMTEN tiei.i.e. — 1° Antiquité de la confessio71. — Les adversaires les plus acharnés de la confession auriculaire ne l’ont pas difficulté d’admettre que, dans l’hypothèse de l’existence d’un sacrement de la pénitence administré par les apôtres et leurs successeurs, la déclaration des péchés commis serait une condition indispensable