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CONFESSION DANS LA BIBLE


1. Aveu de la faute en signe de repentir.

Pour pardonner le péché, Dieu exige du coupable le repentir. Voir Contrition. Or le repentir suppose chez le pécheur repentant la reconnaissance de sa culpabilité, et cette reconnaissance est un aveu intérieur de la faute. Mais souvent cet aveu se manifeste extérieurement, en actes ou en paroles, et devient une confession explicite de l’offense faite à Dieu ou au prochain. Dieu lui-même, par un interrogatoire sévère et miséricordieux tout ensemble, provoque cet aveu sur les lèvres d’Adam et d’Eve prévaricateurs, et les coupables, tout en cherchant à s’excuser, avouent leur désobéissance. Gen., III, 9-13. Il interpelle Caïn, qui nie son fratricide, et il maudit celui qui ne se croit pas digne de pardon. Gen., IV, 913. Cet aveu, arraché souvent par les menaces divines et accompagné d’un repentir plus ou moins sincère, se retrouve dans la bouche des païens ou des Israélites coupables. Pharaon reconnaît ses torts a l’égard de Jahvé, Dieu de Moïse et d’Araon. Exod., ix, 27 ; x, 16. Balaam avoue sa résistance aux inspirations du Dieu d’Israël. Num., xxii, 34. Les Israélites, coupables au désert, déclarent à Moïse qu’ils ont péché contre le Seigneur. Num., xxi, 7 ; Deut., i, 41. Achan se dénonce comme ayant transgressé les ordres divins. Jos., vii, 20. Les contemporains de Jephté reconnaissent publiquement leur idolâtrie, et en demandent pardon. Jud., x, 10, 15. Ceux de Samuel avouent le même crime et en font pénitence. I Reg., vii, 6 ; xii, 10. Après avoir d’abord pallié sa désobéissance, Saùl fait un aveu complet de sa faute, afin de n’en plus avoir la responsabilité.

I Reg., xv, 20, 24, 25. Dieu provoque au repentir le roi David, adultère et homicide, en lui envoyant le prophète Nathan, et le coupable s’écrie : Peccavi Domino.

II Reg., xii, 1-13 ; Ps. l, 6 ; xxxi, 5. Quand une pensée d’orgueil a poussé ce même roi à faire le recensement de son peuple, sous la menace divine, il reconnaît sa faute. II Reg., xxiv, 10, 17 ; I Par., xxi, 8, 17. Les Israélites pieux avouaient les fautes de leurs pères et déclaraient que Dieu les a justement punies ou s’efforçaient par leurs prières de détourner loin d’eux la juste vengeance du Seigneur, qui châtie les ancêtres dans la personne de leurs descendants. Ainsi faisait Salomon.

III Reg., viii, 46-50 ; II Par., vi, 36-40. Les habitants de Béthulie se reconnaissaient eux-mêmes coupables comme leurs pères et imploraient le pardon de toutes les fautes de leur peuple. Judith, vii, 18-21. Esther déclarait hautement les crimes des ancêtres. Esth., xiv, 6. Le psalmiste se reconnaissait responsable des péchés de ses pères. Ps. cv, 6. Job, qui avait si fortement le sentiment de sa culpabilité, exprimait explicitement son peccavi. Job, vii, 20. Dans les reproches qu’il lui adressa, Dieu déclara que le juste lui-même devait s’avouer coupable et reconnaître qu’il était justement puni. Job, xxxiii, 27. Les prophètes indiquaient aux Israélites la confession des péchés comme une condition du pardon, , 1er., iii, 25 ; viii, 14. Dieu lui-même l’exigeait. Jer., xvi, 10. Jérémie avouait les fautes de Judæten demandait pardon. Jer., xiv, 7, 20. Epouvantés par les châtiments prédits dans le livre de Raruch, les Juifs se reconnaissaient coupables. Raruch, i, 13, 17 ; II, 5, 12 ; m, 2. Azarias prie dans la fournaise et reconnaît les crimes d’Israël. Dan., m. 29. Daniel, IX, 5, 15, agit de môme, et ajoute l’aveu de ses fautes personnelles, IX, 20. Esdrns, I Esd., ix, 6, 7, et Néhémie, II Esd., I, 6, en font autant. Après avoir entendu la lecture de la Loi, les Juifs, revenus de la captivité, se reconnaissent coupables. II Esd., ix, 2. Au jugement du sage, celui qui cache ses crimes s’en trouvera mal ; mais celui qui les avoue et s’en éloigne, en obtiendra miséricorde. Prov., xxviii. 13. L’auteur de l’Ecclésiastique, lv, 31, faisait Cette recommandation : « Ne rougis point de confesser tes péchés, » et cette autre : « Ne dis point : J’ai péché, et que rn’est-il arrivé ? car le Très-Haut est lent à

punir, » v, 4. Cette confession, faite à Dieu, sous la loi de nature et sous la loi mosaïque, pouvait n’être qu’une reconnaissance intérieure de sa culpabilité. S. Thomas, Sum. theol., III* Suppl., q. vi, a. 2, ad l um, 2um.

2. Confession publique de tous les pêches d’Israël.

— Chaque année, au jour de l’Expiation, le grand-prêtre immolait un taureau en expiation de ses propres péchés et de ceux de sa famille. Lev., xvi, 6, 11. Il confessait publiquement toutes les iniquités des Israélites. Les mains étendues sur le bouc émissaire, il le chargeait de toutes les fautes du peuple et le faisait conduire dans le désert. Lev., xvi, 21, 22. Cette confession solennelle, faite à Dieu au nom de tout Israël, était nécessairement formulée en termes généraux. Le Talmud de Jérusalem, traité Yoma, iii, 7, trad. Schwab, Paris, 1882, t. v, p. 194, 195, reproduit la formule de confession que le grand-prêtre prononçait pour lui et sa maison : « O Éternel, j’ai été pervers, j’ai péché, j’ai commis des fautes devant toi, moi et ma maison. O, par Dieu, pardonne les crimes, les péchés et les fautes dont je me suis rendu coupable devant toi, moi et ma maison, comme il est écrit dans la loi de Moïse, ton serviteur ! Car, en ce jour, votre expiation aura lieu, etc. » Lev., xvi, 30. Il parle, iv, 2, p. 205, d’un second taureau, auquel le grand-prêtre imposait les mains, en récitant la confession suivante : « O Éternel, j’ai été criminel, j’ai péché, j’ai commis des fautes, moi et ma maison, les fils d’Aaron et ton peuple saint. O, par Dieu, pardonnemoi toutes ces iniquités, etc. » Enfin, vi, 2, p. 232, la formule de la confession, faite pendant l’imposition des mains sur le bouc émissaire, était celle-ci : (> O Éternel, ton peuple et la maison d’Israël a commis des crimes et des fautes, il a péché devant toi ; ô Éternel, pardonnelui, etc. »

3. Confession de fautes spéciales et déterminées. — La loi de Moïse prescrivait d’offrir à Dieu, en beaucoup de circonstances, un sacrifice pour le péché ou pour le délit. L’offrande du sacrifice prescrit était, à elle seule, un aveu public, au moins implicite de la faute commise. S. Thomas, Sum. theol., 111* Suppl., q. vi, a. 2, ad 2° m. Mais l’aveu explicite semble être exigé, si on considère les termes du texte hébreu en plusieurs textes législatifs. Le sacrifice pour le péché était imposé au grandprêtre, au peuple, aux princes et aux particuliers pour des fautes d’ignorance ou des violations involontaires de la Loi. Lev., iv, v ; Num., xv, 22-29. Ce sacrifice faisait, d’ailleurs, partie du culte public aux jours de fêtes et aux néoménies. Lev., xxiii, 19 ; Num., xxviii, 15, 22, 29, 30 ; xxix, 5, 19, 25, 31, 38 ; II Par., xxix, 21, 23 ; Raruch, i, 10 ; I Esd., vi, 17 ; viii, 23. Le sacrifice pour le délit n’était offert que par les particuliers pour expier leurs fautes personnelles contre le prochain, après restitution ou compensation, Lev., vi, 1-7 ; Num., v, 6, 7, ou des impuretés légales. Lev., xii, 6-8 ; xiv, 11-32 ; xv, 14, 15, 29, 30 ; xix, 21, 22. Cette confession, partie intégrante du rite expiatoire de la faute, était faite à Dieu plutôt qu’aux hommes. Cependant, pour les fautes contre le prochain, la réparation du dommage entraînait un aveu public, à tout le moins implicite.

Le Talmud de Jérusalem, traité Yoma, viii, 6-8, t. v, p. 254, 255, reconnaît que le sacrifice expiatoire et la célébration de la fête de l’Expiation obtenaient le pardon des fautes, parce qu’ils entraînaient forcément le repentir. Pour les péchés commis contre Dieu, les Israélites pécheurs n’avaient de compte à rendre qu’au Père céleste qui absout et qui purifie. Mais, comme la cérémonie de la confession publique par le grand-prêtre à la fête de l’Expiation n’avait plus lieu, depuis que le Temple de Jérusalem était détruit, les rabbins l’avaient remplacée par une confession que chaque Israélite devait faire cinq fois en ce jour de fête. Los uns n’exigeaient qu’une formule générale telle que celle-ci : « Mon maître, j’ai péché, j’ai commis le mal, je me suis trouvé sous une