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tion de la religion affermira son empire et d’avoir agi en conséquence ; puis il écrit, Hardouin, t. i, col. 1473 : « Pareillement, nous tous, en vertu de notre pouvoir sacerdotal, nous consacrons nos efforts à cette tâche céleste, et nous assistons, dans la personne de nos envoyés, au concile que vous avez prescrit (quant esse jussistis). » En rappelant cet ordre des empereurs, le pontife n’ajoute pas, comme on s’y serait attendu, qu’il l’approuve ou le ralifie en faisant sienne la convocation. Ceci est d’autant plus remarquable que nous constatons la même abstention dans une autre lettre, adressée par le pape au concile. Nous y lisons, Hardouin, t. i, col. 1467 : « L’assemblée des prêtres rend manifeste la présence du Saint-Esprit. Car elle est fondée cette promesse de l’infaillible vérité, cette maxime de l’Évangile : Là où deux ou trois seront réunis en mon nom, je me trouverai au milieu d’eux. S’il en est ainsi, si même à un si petit nombre le Saint-Esprit ne fait jamais défaut, à combien plus forte raison doit-on admettre sa présence au milieu d’une si grande multitude de saints ? »

Dans toutes ses sessions, la XVe exceptée, le concile de Chalcédoine fait des déclarations pareilles à celles du concile d’Ephèse ; il se présente comme réuni par la grâce de Dieu, et la volonté des princes : Karà yâptv ©sq’J xxi Èx 9 ; iT7t : <7 ; j.aTo ; twv S’JTeôsaràTaJv (3aTiXÉcov, ou simplement par l’autorité impériale : SuveXSojo-ï) ; 8è xai tîjç âvt’a ; xoù o ! xov[A£vtxr| ; cruvoSou tîj ; xarà 6sfov ôîCiTî’Tjj.a èt t ?j KaX/v)50v£o)v 7to).£t TuvaOponÔîi’T/jç. Jamais il ne se réclame d’une convocation ou d’une autorisation papale.

Les actes du VIe concile œcuménique révèlent les trois faits signalés ci-dessus, à propos du IIIe : le concile lui-même, au début de chacune de ses sessions, après la mention de l’empereur et de son entourage, dit : 2uvE).80ûav)ç t ?, ; àvfaç xai olxouu.evixîj ; a’jvriôrju tvj ; v.oL-rx (3a<71Xixbv 0sa7rt(T(j.a ffuvaOpoKTŒïirï) ; èv ta’jTrj zq OsoçuXaxTb ) xat p2<71)iÔi 7TÔ>.st, et cette formule revient dix-huit fois ; ensuite le pape Léon II, dans sa lettre à Constantin Pogonat, par laquelle il approuve les décisions du concile, constate, sans explication ni réserve d’aucune sorte, que celui-ci a été réuni, Hardouin, t. iii, col. 1471, (j.£Tà 0£OO /ipiv T(’o [5a171).ixw 7rpo<TTày(J.aTi, et encore, Hardouin, t. iii, col. 1473, innt-n-jau vffi CiueTepa ; ya).r, vdtr. To ;  ; enfin, ni le concile ni le pape lui-même ne font allusion à une participation de ce dernier.

J’omets les textes également clairs que nous fournissent les autres conciles. Leur ensemble va évidemment à établir que, selon l’appréciation commune, la convocation était, dans tous les cas, le fait de l’empereur agissant en son nom personnel et de son propre mouvement.

Mais il faut bien indiquer aussi les quelques textes qui paraissent opposés aux précédents et que M. Eunk n’a pu négliger. Je les énumère d’après lui.

Du 1 er concile de Nicée le Liber pontificalis, édit. Duchesne, t. i, p. 7ô, dit : Hujus [Sylrestri) tempori/ms {m huit est concilium cum ejus consensu in Nicœa, et le VIconcile, dans son Xrfyoc irpoa, 9b>vT)Ttxbç, Hardouin, t. m. col. I U7, affirme que « Constantin et Sylvestre assemblèrent (tv. ; / : ’, / i le concile de Nicée » . Concernant le concile de Chalcédoine, saint Léon, sous le pontificat de qui il s’est tenu, a écrit, Epiai., exiv, Hardouin, t. ii, col. 687 ; /’. L., t. i.iv. col. 1029 : Générale concilium et ex præcepto christianorum principum et ex consensu apostolicæ sedis placu.it cong regare. Un peu plus tard, les évéques de Mésie rappelaient à l’empereur Léon I er qu’à Chalcédoine le corps épiscopal s’était réuni per jussionem I. ruina romani pontifias, qui vere cn^iit episcoporum, etvenerabilis sacerdotis et patriarckæ Anatolii. Hardouin, t. ii, col. 710. Si, a l’exemple de plusieurs autres, le VII" concile, dans toutes sessessions, à l’exception de la dernière, se déclare simplement et

absolumentconvoqué par autorité impériale, nouslisons, en revanche, à son sujet, dans une lettre d’Hadrien I, r à Charlemagne, Hardouin, t. IV, col. 818 : Et sic synodum islam secundum nostram ordinalioncm fccerimt. Relativement au VIIIe concile œcuménique, Hadrien II écrivait à l’empereur Basile, Hardouin, t. v, col. 768, 1030 : Nous voidons que, par les efforts de votre piété, un nombreux concile soit assemblé à Constantinople ; et Anastase le Bibliothécaire, s’adressant à Hadrien II, disait, Hardouin, t. v, col. 74 : Jussisti fieri Constantinopoli synodum.

Cette seconde série de témoignages semble bien impliquer, de la part du pape, un concours effectif à l’acte de convocation ; les deux derniers surtout sont si catégoriques que M. Funk lui-même ne les écarte que timidement et « sans vouloir particulièrement insister » : à son avis, le caractère spécial du VIIIe concile et l’époque tardive à laquelle il appartient expliqueraient ces façons nouvelles de parler et en diminueraient la signification. Cependant les témoignages antérieurs ne sont pas non plus sans valeur comme indices de l’opinion publique et de la persuasion des papes. Quand même, avec M. Funk, Kircliengesch. Abhandl., t. i, p. 56, nous devrions admettre que le Liber pontificalis est une source moins sûre pour l’époque du concile de Nicée, quand même les Pères du VIe concile se seraient trompés touchant le fait particulier qu’ils affirment, nous savons du moins ce que le rédacteur du Liber pontificalis et de nombreux évéques du viie siècle pensaient sur la question de fond. Dans la lettre des évéques de Mésie nous saisissons l’opinion reçue parmi eux dès le ve siècle. Du reste, il n’est pas admissible qu’on rejette les affirmations si importantes de saint Léon et d’Hadrien I er ou qu’on les détourne complètement de leur sens naturel sous prétexte qu’elles seraient erronées. Funk, ibid., p. 65, 69. Les règles mêmes de la critique historique, si souvent et si justement invoquées par M. Funk, ne permettent pas, sauf le cas de nécessité absolue, d’accuser de fausseté ou de réduire à rien deux textes si officiels et en soi si expressifs ; or, dès qu’on les entend d’une ratification subséquente par les papes des actes des empereurs, cette ratification eùt-elle été rendue nécessaire par la suite des événements et motivée par la crainte d’un plus grand mal, ils ne contiennent absolument rien de contraire aux faits certains d’ailleurs, et ils attestent dans leurs auteurs la conscience d’un droit à exercer concernant la convocation des conciles. Toutefois, parce que, dans l’ensemble des monuments conciliaires, les témoignages analogues sont beaucoup moins fréquents et moins solennels que les témoignages de la première catégorie, parce que le plus souvent ni les conciles ni les papes n’ont affirmé ou revendiqué la part de coopération qui revient de droit à l’Église, parce que surtout les empereurs nous apparaissent constament persuadés qu’ils convoquent de leur initiative propre et indépendante, nous no sommes nullement autorisés à dire que ceux-ci ont agi de fait comme instruments ou délégués du pouvoir spirituel, que leur convocation a été simplement « ministérielle » .

M. Funk relève judicieusement les principales circonstances historiques qui expliquent et la conception des princes et l’abstention ou tolérance extérieure observée généralement par l’autorité ecclésiastique. Tout d’abord, les premiers conciles ne comprenaient en somme que dos évéques de diocèses renfermés dans les limites de l’empire romain : du moins les autres évéques n’y furent jamais qu’en très petit nombre. Une fois tombés, au viie siècle, sous la domination des Arabes, même les patriarcats d’Orient ne furent plus représentés aux assemblées conciliaires que par quelques prélats. On

conçoit que, dans ces conditions, les empereurs se soient habitués à ne voir dans la convocation des conciles œcuméniques qu’une affaire de leur ressort pro-