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COMMUNION EUCHARISTIQUE (FRÉQUENTE)


gner aux fidèles qui vivent dans le monde quam salularis sit Omni christianorum generi quntidiana dominici corpot’is ac sanguinis perceptio juxta quod ecclesiam Christi per Italiam, Galliam, Africain, Greeciam ac totum Orientent solerter agere nosli. Epist., Il, P. L., t. xciv, col. 6155 sq. Cette fréquence de la communion, Bède ne la restreint point dans l’état du mariage, pourvu que l’on y observe quelque pratique de la continence : ipsi etiam conjugati, si guis sibi mensuram continentise ostendat et virtutem castilatis insinuet, idem et licenter possint et libenter facere velint.

Le concile de Chalon (813) déclare que celui qui veut communier doit garder la continence quelques jours auparavant. Can. 46, Mansi, t. xiv, col. 103. Halitgaire, évêque de Cambrai († 831), dans son pénitentiel, impose encore aux époux la continence pendant les trois nuits et les trois jours qui précèdent la communion. Mo r Schmitz, op. cit., 1. 1, p. 727. Les capitulaires d’Ansegise, qui sont de 829, 1. II, n. 38, recommandent de s’abstenir des œuvres de la ebair quelques jours avant la communion. P. L., t. xcvii, col. 547-548.

Jonas d’Orléans († 844) propose comme règle dans la fréquence de la communion l’enseignement de saint Isidore de Séville que nous avons rapporté précédemment. De ecclesiasticis of/iciis, 1. I, c. XVIII. Il ajoute une citation qu’il attribue au même Isidore et qui est en réalité le célèbre texte de Gennade souvent cité sous le nom de saint Augustin. De ecclesiasticis dogmatibus, c. lui. Il conclut que les fidèles doivent éviter un double danger, celui de se priver de la vie en restant éloigné de ce sacrement et celui de manger leur propre condamnation en s’en approchant indignement.

W’alafrid Strabon († 8’t9), après avoir rapporté les diverses opinions émises aux siècles précédents et à son époque sur la fréquentation de la communion, établit cette conclusion. Puisque, suivant le pape Sylvestre, ebaque jour doit être pour les clercs un jour férié ou consacré à l’exercice de leurs saintes fonctions, il convient qu’ils reçoivent chaque jour le corps et le sang du Seigneur : Quia vero venerabilis papa Sylvester tricesimus quartus a bealo Petro ferias clerum Itabere docttit, ut sicut apud paganos ferix tantum dies aliguibus festis insignili dicebantur (sic enim per Moyscn dicitur : Use sunt ferise Domini, Lev., xxiii) ; ita cliristianis et maxime clericis omnes dies in ferias deputentur, videtur ratione plenissimum ut per singulos dies sacris occupemur of/iciis. Et quantum mentis vel corporis graviores maculx non obsistunt, panem et sanguinem dominicum sine quibus vivere non possumus, jugiter ambiamus et desiderio illitts tuitionis potiut quam prxsumptione nostrx puritatis, sumamus, imitantes primilivx Ecclesise sludium salulare. De rébus ecclesiasticis, c. xx, P. L., t. xciv, col. 942. A mesure que se déroule cette conclusion de Strabon, il devient évident que, tout en parlant spécialement des clercs, il veut aussi comprendre les simples fidèles, dès lors qu’ils réalisent les conditions indiquées. C’est ce qu’indiquent surtout l’exemple des premiers chrétiens et I expression formelle : ita christianis et maxime clericis. Observons cependant les dispositions désirées par Strabon : l’absence île faute plus grave, un désir ardent et constant accompagné d’humilité. Le moine bénédictin ne se contente point de recommander ainsi la communion quotidienne. En face de la divergence qui existait encore de son temps relativement à la pratique de céléhi i la m plusieurs fois le même jour, il laisse liberté entière de suivre l’usage que l’on préfère, col. 948, latitude qu’il étend aussi à la pluralité des communions dan9 la même journée, col. 950.

Rahan Maur, archevêque de Mayence († 858), reproduit textuellement le texte de saint Isidore de Séville, sauf la restriction relative aux personnes mariées, De clericorum instttulione, 1. I, c. xxxi, /’. L., t. cvii,

col. 321, tandis que Raoul, évêque de Bourges († 860), reproduit intégralement le texte et la restriction. Capitula, c. xxviii, P. L., t. exix, col. 717 sq.

Le pénitentiel Casinense, que M. Paul Fournier date de la fin du ixe siècle ou du x c siècle et qui représente la discipline de l’Italie, déclare que tous les chrétiens doivent communier chaque dimanche, comme font les Grecs, et que ceux qui passent trois dimanches sans communier soient excommuniés. M’J r Schmitz, op. cit., 1. 1, p. 413- il 7. Il impose trois jours de continence avant la communion. Ibid., p. 431. Le Vallicellanum II, qui est aussi d’origine italienne et date du Xe siècle ou du commencement du xie, exige sept jours de continence avant la communion et sept jours après. Ibid., p. 387. Le Laurenlianum demande trois, cinq ou sept jours d’abstention. Ibid., p. 791. Cf. t. ii, p. 344, 428, 575, 667.

Au XIe siècle, la communion quotidienne est instamment recommandée par saint Pierre Damien et par saint Grégoire VII, même dans la vie séculière. Saint Pierre Darnien († 1072), recommandant à son neveu la pratique de la chasteté au milieu du monde, le presse de se fortifier par la réception quotidienne du corps et du sang du Seigneur : Satage te f rater jam quolidie dominici corporis et sanguinis perceptione munire. Opusculum, XLVII, De castitate et mediis cam tuendi, c. H, P. L., t. cxlv, col. 712. Le même saint docteur exhorte la comtesse Blanche, après qu’elle eut embrassé la vie religieuse, à recevoir bien fréquemment le corps et le sang du Seigneur, pour s’attacher entièrement à son amour : Hujus corpus et sanguinem etiam ore carnis crebrius suscipe. Institutio monialis ad Blancam ex comitissa sanctimonialent, c. iii, col. 735. L’an 1074, saint Grégoire, écrivant à la comtesse Mathilde, lui recommande comme arme principale contre le prince des ténèbres la réception fréquente du corps du Seigneur, ut corpus dominicum fréquenter acciperes. Des trois autorités qu’il cite à l’appui de son assertion, l’une loue formellement la communion quotidienne, le pseudo-Ambroise, De sacramentis, 1. V, c. iv, n. 25 ; la seconde recommande la célébration quotidienne du sacrifice eucharistique dont un des principaux avantages est la participation des fidèles au corps et au sang du Seigneur, S. Grégoire le Grand, Dial., 1. IV, c. lviii, P. L., t. lxxvii, col. 425 ; la troisième, empruntée à saint Jean Chrysostome, fait ressortir par deux comparaisons le besoin constant de cette céleste nourriture pour notre âme environnée de tant de difficultés. En s’appuyant sur ces trois autorités, directement ou indirectement favorables à la communion quotidienne, saint Grégoire veut donc recommander la communion quotidienne, tout en employant seulement l’expression de communion fréquente. Registrum, 1. I, epist. XLVII, P. L., t. cxlviii, col. 327 sq.

Vers la même époque, Durand, abbé de Troarn, au diocèse de Bayeux († 1088), loue la pratique de la communion quotidienne, en s’appuyant sur un texte qu’il croit d’Augustin et qui n’est autre que celui du pseudo-Ambroise, De sacramentis, 1. V, c. iv, n. 25, P. L., t. xvi, col. 452. Il blâme énergiquement ceux qui post novem attnos semel communicant. Il excepte de la pratique de la communion ceux qui se sont rendus coupables de fautes plus graves non expiées par la pénitence publique. Pour ceux qui ne sont pas ainsi séparés de la communion, il conseille la communion fréquente qui doit être le remède quotidien aux défaillances quotidiennes, pourvu qu’on y apporte les dispositions nécessaires. Ces dispositions doivent être une humble confiance dans la miséricorde de Dieu et le soin de s’abstenir des fautes moindres. <>/ a minimis, o)ùtulanle Deo, peccatis abstinere de cetero festinel. Liber de corpore et sanguitte Christi, part. V, c. xv, P. L., t. cxlix, col 1399. Dans la pensée de Durand, ces mininia peccala ne peuvent être que des fautes vénielles. Cet auteur