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symboli articulas, credo sanctam Ecclesiant catholicam, sanctorum communionem. Ilelvetica confessio prior, c. xvii, dans Syntagma, p. 50 sq. Il y a dans l’Église communauté ou communion, parce qu’il y a participation aux mêmes biens. Ibid., p. 55. La confession gallicane, présentée à Charles IX au colloque de Poissy en

1561, adopte au fond la même doctrine ; mais l’idée de communion prend une forme nouvelle, tout à fait insolite, et représente l’effort des fidèles pour se fortifier mutuellement dans la crainte de Dieu. Gallica confessio, c. xxvii, dans Syntagma, p. 107. La Tétrapolitaine rattache cette même idée au régne de Jésus-Christ par la foi. In Iris cum vere regnet Servalor, proprie ejus Ecclesia et sanctorum xoivwvia, id est societas, ut in symbolo apostolorum vocabulum Ecclesix expositum est, nominantur. Confessio religioytis christianse, c. xv, ibid., p. 238. Cf. Confession de foy chrestienne, par Théodore de Bèze, Genève, 1564, p. 171.

Mais Calvin n’admet nullement une pareille interprétation. Il reconnaît que cet article touche de près à la constitution de « l’Église externe » , mais aussi qu’il porte beaucoup plus loin et qu’il signifie la solidarité des membres dans la commune participation aux biens surnaturels. « Et pourtant est adioustée, La communion des saincts : lequel membre, combien qu’il ait esté omis des anciens, n’est pas à mespriser, d’autant qu’il exprime très bien la qualité de l’Église, comme s’il estoit dit que les saincts sont assemblez à telle condition à la société de Christ, qu’ils doivent mutuellement communiquer entre eux tous les dons qui leur sont conférez de Dieu. » Institution chrétienne, Genève, 1562, 1. IV, c. I, § 3, p. 635. Cf. Le catéchisme de monsieur Calvin, dimanche xv, dans le Recueil des principaux catéchismes de l’Eglise réformée, Genève, 1673, p. B 3. Le catéchisme de Heidelberg et l’ancien catéchisme de Lausanne reproduisent le même enseignement. Petit catéchisme, ou Briève instruction de la religion chrétienne, Lausanne, p. 11. Cf. Drelincourt, Catéchisme ou instruction familière sur les principaux points de la religion chrétienne, Genève, 1583, p. 45.

3. Eglise anglicane.

La doctrine de la communion des saints a subi chez les anglicans les vicissitudes les plus diverses, en raison des inlluences, tantôt luthériennes, tantôt calvinistes, tantôt catholiques ou semicatholiques, qui ont tour à tour prévalu dans l’épiscopat. La confession de foi proposée au synode de Londres, en

1562, évite de se prononcer sur cet article. Angltcana confessio fidei, a. 8, dans Corpus et syntagma confessionum fidei, Genève, 1654, p. 127. Les 30 articles de 1563 supprimentrésolument l’union mystique des vivants avec les défunts, en condamnant la doctrine romaine sur le purgatoire, les indulgences, l’invocation des saints. Cf. Thomas Rogers, A Treatise upon sundry malters contained in the tltirly nine articles of Religion, which are professed in the Church of England, Londres, 1639, p. 118-131. Mais l’art. 26 de la coniéssion de Westminster, Of the communion of saints, contient en substance la doctrine romaine sur les rapports qui unissent ici-bas entre eux et à Jésus-Christ les membres de l*Égli « p. Le Christ est le chef, le Saint-Esprit le lien, et tous les fidèles, unis dans la charité’, participant aux dons et aux grâces de leurs frères. AU Saints that are united to Jésus Christ their Uead, by llis Spirit and by failli, hâve fellowship ivith Ilim in His grâces, suffertngs, dralh, résurrection and glory ; and,

! united <> one another in love, they hâve com . each other’t gifts and grâces..1. C. Wau drey, The tora, ii, ig, , / the doctrine of the communion

of saints, Londres, 1901-, p. 23 sq. A tous ceux qui

portent le nom de chrétiens sont conférés les privilèges

! < société sainte ; mais (les âmes du purgatoire et

lus, il n’est pas question. La confession de foi de W iminster n’omet pas <<- mentionner que le dogme

D1CT. DE TIIKOL. CATIIOI..

de la communion des saints ne porte aucune atteinte au droit de propriété.

Dans le discours pastoral prononcé par l’archevêque de Cantorbéry en 1898, les défunts ne sont pas absolument exclus de cette communion mystique ; mais il ne parait pas que le clergé se soit rallié à cette doctrine, que la liturgie ne confirme pas davantage. Cf. Liber precum publicarum Ecclesiæ anglicanæ, édit. G. Bright et P. Goldsmilh, Londres, 1890, p. 209.

II. Problème historique.

L’expression sanctorum communionem s’est introduite assez tard dans le symbole apostolique et l’on est loin d’être fixé sur l’origine, le sens et le motif de cette addition.

Origine.

1. Le texte de Nicétas de Remesiana.

— Le premier document où soient mentionnés les mots sanctorum communionem est une explication du symbole attribuée parCaspari, Kirc/tenhistorische Anecdota, Christiania, 1883, p. 341-360, à l’évêque Nicétas d’Aquilée (481-485), mais dont l’auteur est vraisemblablement Nicétas, évêque de Remesiana, en Dacie, dans les premières années du ve siècle. Zahn, Neue Beitrâge zur Geschichte des apost. Symbolums, dans Neue kirchl. Zeilschrift, 1896, t. vii, p. 106 sq.. ; Kirsch, Die Lettre von der Gemeinschaft der Ileiligen, Mayence, 1900, p. 217-220 ; dom Morin, Nouvelles recherches sur l’auteur du Te Deum, dans la Bévue bénédictine, 1891, t. xi, p. 61 sq. ; Id., Sanctorum communionem, dans la Revue d histoire et de littérature religieuses, 1904, t. ix, p. 209 sq. Voir t. I, col. 1664.

Voici les fragments essentiels de cet important document : Post professionem beatee Trinitatis, jam proftteris te credere sanctat Ecclesix catholiese. Ecclesia quid aliud, quant sanctorum omnium congrégation Ab exordio enim sœculi sive patriarche…, sive prophetse, sii>e aposloli, sive martyres, sive cœteri justi…, una Ecclesia sunt, quia, un a fide et conversatione sancti /icati, uno spirilu signait, unum corpus e/fecti sunt ; cujus corporis caput Christus esse perhibetur, ut scriptum est. Adltuc amplius dico. Etiam angeli, etiam virtutes et potestates supernte in hac una confœderantur Ecclesia… Ergo in hac una Ecclesia crede te communionem consecuturum esse sanctorum. Scilo imam hanc esse Ecclesiam catholicam in omui orbe terrse constitutam ; cujus communionem debes /irmiter retinere. Explanatio symboli, n. 10, P. L., t. lii, col. 871 ; Caspari, Kirchenhist. Anecdota, t. i, p. 355 ; Burn, Niceta of Remesiana, Cambridge, 1905, Libelli instructions, 1. V, De symbolo.

Il n’est pas absolument démontré que la formule sanctorum communionem ait fait partie du symbole de Nicétas. On peut la prendre à la rigueur pour une simple explication du dogme de l’Église. Cependant l’expression elle-même, qui se retrouve dans les symboles postérieurs, et la façon dogmatique dont elle est présentée : Ergo… crede, rendent beaucoup plus vraisemblable la première opinion, communément reçue.

D’après ce texte, Harnack attribuée l’insertion de cet article dans le symbole des apôtres, une origine orientale. C’est sous l’influence des Catéchises de saint Cyrille d.’Jérusalem que l’évêque de Remesiana aurait introduit la formule sanctorum communionem, dans le symbole de son Église. Elle aurait passé de là dans les Gaules, puis en Espagne et chez les Bretons, comme une protestation de la foi chrétienne contre l’hérésie de Vigilance. Harnack, Aposlolisches Symholum, dans Reàlencyclopàdie far protestantische Théologie, 3° édit., Leipzig, 1896, t. i, p. 754.

Pures hypothèses que F. Kôstlin a justement combattues dans la même publication. Art. Gemeinschaft ilcr Heiligen, t. vi, p. 504. Il serait étrange, en effet, qu’un article eût été introduit dans le symbole gallican, par un évêque de Dacie. et sous l’influence des Catéchèses de saint Cyrille, sans qu’il fût possible de saisir

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