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Gall compromit lu situation, <i la colonie Irlandaise, poursuivant u < our arrêter au bout du lac de

Constance, tonl prèa de l’antique colonie romaine de nii.i. aujourd nul Bri gent. Il demeura deux ani en ci i i mil.nt. mais, aprëi la mort de Théodebert [(Mil), il lut de passer en Italie. Agilulf, le roi arien di -Lombards, et son épouse, la grande Théodelinde, lui firent un.u-. u.-il empressé et lui abandonnèrent dans la valli e de la l n bie, pour s’] construire un monastère, nu lieu appelé Bobbio, C’est là qu’il mourut, le 23 novembre 615. Ses reliques sont conservées à Bobbio, dans l’égli je, jadis abbatiale qusqu’en 1803) ci aujourd’hui paroissiale, de San-Colonibano.

Ame impressionnable et ardente, esprit aisément dominé par une idée, volonté forte et tenace, cet Irlandais parut a ses contemporains, et il nous paraît encore un i prophète » , à la larcin des voyants d’Israël. Il incarna aussi, dans son individualité puissante, tous les traits de sa race, en particulier l’esprit d’aventure et le pr lytisme, la fidélité au siège’apostolique, comme la lierté, l’énergie quelque peu sauvage et le patriotisme ardent qui va jusqu’au dédain de l’étranger. Il reste l’un des types les plus curieux, les plus représentatifs de cette époque mérovingienne.

La vie de saint Colomban a été écrite par Jonas, de Suze, qui entra à Bobbi., en 618 et lut quelque temps abbé d’Elnone. Kncore que cette biographie renferme des inexactitudes de cbn nologie et d’histoire, qu’elle passe sous un silence prudent certains traits, certaines discussii ns qui.ni semblé à l’auteur d’une trop mince édification, et quelle révèle une croyance trop facile au merveilleux, elle est considérée avec raison comme l’un des meilleurs monuments hagiographiques du vue siècle. Eue u été éditée par Fleming, Collectanea sacra, p. 214-243 ; par Mabillon, dans les Avta sancturum ordiniB sancti Benedicti, Venise, t. ii, p. 2-20 sq. ; par Migne, P. /.., t. ucxxvii, col. 1011-1046 ; et en 1902, après une minutieuse collation de tuus les manuscrits, par Bruno Kruscb, dans Monumenta Germanise historien, Scriptoi es rerum merovingicarttm, t. iv, p. 108 sq. Le même critique a édité : Jonx cif.T sanctorum Columbani, Wedasti et Joannis, dans Scriptores rerum gernianicarum in usum scholuruni, Hanovre et Leipzig, 1905. — Voir aussi Luigi délia Torre, Vira di S. Colombano, Milan, 1728 ; Modène, 1771 ; Gianelli, Yita di S. Colombano, Turin, 1814, 1894 ; Besser, Der heilige Columban, Leipzig, 1857 ; Greith, Die lieiligen Gtaubensboten, Kolumban and Halle » , Saint-Gall, 1865 ; Zimmermann, Die lieiligen Columban nnd dallas, Saint-Gall, 1800 ; Cl. Wyatt Bispham, Columban, saint monk and missionary (530-615), NewYork, 1003 ; E. Martin, Saint Colomban (collection Les Saints), Paris, IS05 ; Montalembert, Les moines d’Occident, 1. VII, t. Il ; Gorini, Défense de l’Église, c. X, t. u. Cf. II. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliograplne, 2’edit., t. I, Col. 990-992.

II. RÈGLE.

Caractère.

Comme tout fondateur

de monastère, saint Colomban donna une règle à ses disciples de Luxeuil et de Dobbio. Cette règle, il ne l’inventa point de toutes pièces : il était irop attaché pour cela aux institutions de sa patrie. Il se souvint surtout de la règle de Ilangor, dont une vieille séquence célèbre l’excellence dans des termes délirants d’enthousiasme. De qui, Comgall et son maître Finnian, de Clonard, tenaient-ils leurs maximes’.' de Lérins, peut-ctre, et même des Pères des déserts d’Orient, du moins par Rufin et Cassien dont les œuvres avaient passé la mer. Du reste, dans tous ces codes ascétiques, Colomban, familiarisé qu’il était avec l’Ecriture, retrouvait les leçons mêmes de l’Evangile, et l’on peut dire que, pour formuler sa règle, il eut moins à s’inspirer des constitutions des Basile ou des Pacôme, des Finnian et des Comgall, que des enseignements mêmes du Sauveur.

Cette règle de Luxeuil est, avant tout, un « miroir » de perfection religieuse. Son principe fondamental, c’est que cette vie n’est point la véritable vie et qu’il nous faut mettre soigneusement à profit les heures d’ici-bas, pour préparer notre avenir éternel. Le moine donc. c’est-à-dire ce chrétien qui, par un souci prudent dis

Intérêt ! de ion Ime, aspire à la perfection totale, doit

i un détachement complet. Pour l<- simple Bi l’éloignement do péché et de u est seul de

rigueur ; l’abnégation absolue est le bat spécial de U vie religieuse. Ce principe fondamental se trouve

di tout b codi - monastiques ; ce qui fut le propre de saint Colomban, c’est qu’il l’appliqua avec une r.ddeur, une énergie parfois déconcertantes. Son di-ciple avait toute liberté de rester dans le siècle ; il a voulu in moine : il doit être logique avec lui-même et logique jusqu’au I. ont, et si parfois sa volonté détaille, on saura la contraindre à reprendre l’Apre et rude sentier.

La règle de Luxeuil se compose donc de deux par’de caractères bien différents, mais intimement unit-Bemble, du moins dans la pensée du législateur. La première appelée souvent lu-gula monachorum, fom strictement parler, le code de perfection monastique et se répartit en dix chapitres assez courts. I. De ofced lia. II. De rilentio. III. De ciboet potu. IV. D< tate. V. De vanitate calcanda. VI. De castitale. VII. De curstt psalmorum. VIII. De discret ione. IX. De inorltficatione. X. lie perfeclione monachi. Sauf certaines exagérations, en ce qui concerne l’obéissance et la rnorlification, cette partie, si elle ne se signalait par une rigueur extrême, n’offrirait rien de bien original. I. conde partie, communément nommée Régala coenobialis, se distingue davantage des autres constitutions religieuses ; elle renferme quinze chapitres de sanctions pénales, prévoyant toutes les fautes même légères qu’un moine peut commettre contre la règle et leur appliquant une correction sévère, coups de verges, jours de jeune au pain et à l’eau, carêmes supplémentaires, emprisonnement ou expulsion.

Ce code des vertus du cloître appelle des articles organiques sur l’emploi de la journée et sur le gouvernement de la communauté’; sauf pourtant ce qui concerne l’office divin, ces articles n’ont pas été réd

Autant qu’il nous est permis de l’inférer, moins toutefois par la règle que par l’Antiphottaire de Dangor (Bibliothèque ambrosienne, Milan. C.ôinfr.). les moines de Luxeuil et de liobbio se réunissaient à l’église, aux heures que fixait la coutume romaine, c’est-à-dire au milieu de la nuit, à l’aurore, à la première, à la troisième, à la sixième, à la neuvième, à la douzième heures et, le soir enfin, avant le repos. L’office nocturn prolongeait longtemps, varié par des antiennes, des bymnes et des lectures ; le minimum était, au solstice d’été, de trente-six psaumes, aux nocturnes du samedi et du dimanche, et le maximum, de soixante-quinze psaumes, au solstice d’hiver. Les psalmodies de la journée étaient plus courtes : c’était, en effet, le moment du travail. Chaque matin, semble-t-il, sûrement chaque dimanche, il y avait une messe, mais une messe unique, laquelle était célébrée par l’un des religieux honoré du sacerdoce et, le dimanche aussi, il y avait sermon auquel tous, sauf certains empêchements prévus, étaient tenus d’assister.

L’administration du monastère restait à l’état rudimentaire. La règle parle bien de l’abbé, lequel exerce sur tous un pouvoir absolu et sans contrôle — c’était moins un père de Umille qu’un chef de clan — et des prévôts, nommés par lui, auxquels on doit se soumettre, sans songer, sous peine de quarante jours de jeûne, à appeler de leur décision au tribunal de l’abbé ou à l’assemblée des frères. Elle fait une allusion, mais combien vague, au chapitre ou conseil des moines, à un économe principal et à des intendants subalternes. File suppose une répartition des charges de la communauté entre des officiers distincts, cellerier, dépensier, cuisinier, chef de travail, portier, etc. Elle introduit une hiérarchie, non seulement de respect, mais de subordination entre les anciens et les jeunes profès ; mais tout cela reste imprécis. Elle se tait sur le travail intellectuel.