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CŒUR SACRÉ DE JÉSUS (DÉVOTION AU)

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et œuvres, t. ii, p. 356 ; 2° cdit., p. 415. Elle rappelle le même fait au P. Croiset, sans autres détails précis sur le fait lui-même. Nous savons par les contemporaines ce que fut cette journée de joie intime, la consécration et les prières au Sacré-Cœur, les prières pour les âmes du purgatoire, les effusions de la Bienheureuse. Vie et œuvres, t. I, p. 206 sq. ; 2e édit., p. 237 sq. Ce fut pour elle « une joie des plus parfaites » . Loc. cit., p. 207. Mais la journée finit dans l’orage. La dévotion était nouvelle, et saint François de Sales avait mis ses filles en garde contre les nouveautés en dévotion. Aussi « les plus vertueuses de la communauté parurent d’abord les plus opposées » . « ; Le Sacré-Cœur les y fera bien rendre, » dit la Bienheureuse. Loc. cit., p. 209. Elles se rendirent, et l’année suivante, la sœur des Escures, la première aujourd’hui parmi les opposantes, prendra elle-même l’initiative. Le 20 juin 1686, octave du Saint-Sacrement, elle vint demander à sa sainte amie la petite image du Sacré-Ca>ur qu’elle avait au noviciat, c’était l’image envoyée par la Mère Greyfié. Celle-ci la donna, ne sachant ce qu’il allait advenir, priant et faisant prier. « Le lendemain, jour destiné à honorer ce divin Cœur, la sœur des Escures ne manqua pas de porter une chaise où elle mit un tapis fort propre, sur quoi elle posa cette petite miniature, qui était dans un cadre doré, qu’elle orna de Heurs. Elle la mit ainsi devant la grille avec un billet de sa main, pour inviter toutes les épouses du Seigneur à venir rendre leurs hommages à son Cœur adorable. » Contemporaines, dans Vie et œuvres, t. i, p. 241 ; 2e édit., p. 269. Cette fois, la communauté entière fut enlevée ; et l’on ne discuta plus que du meilleur moven de témoigner sa dévotion. On rêvait un beau tableau, et « il n’y eut pas jusqu’à nos sœurs du petit habit (lès pensionnaires) qui ne voulurent y contribuer de l’argent que messieurs leurs parents leur donnaient pour leurs menus plaisirs » . Loc. cit., p. 21-2. Bientôt, c’est une chapelle qu’il fallut, et la chapelle fut faite.

Semur s’était lancé avant Paray. On y prit la dévotion, dit la Bienheureuse, en entendant lire la Retraite du B. P. de la Colombière. Lettre xxxix ; 2e édit., lettre XL. La Mère Greyfié, si prudente, si réservée jusque-là, avait fait faire une image, et dédié un oratoire. C’est elle qui avait envoyé à la Bienheureuse pour les étrennes de 1686, 1a miniature qui allait bientôt recevoir les hommages de la communauté, en y joignant une douzaine d’images, pour les ferventes de la dévotion. Voir dans les contemporaines, Vie et œuvres, t. I, p. 223, 225 ; 2° édit., p. 252, 251, les lettres de la Mère Greyfié à ce sujet. Moulins était gagné avec la Mère de Soudeilles ; gagnés aussi Charolles et Condrieu. A Dijon ce fut mieux encore. Pendant que la Mère de Saumaise et la Bienheureuse s’occupaient de faire graver une image du Sacré-Cœur, qu’on pût répandre à volonté, sœuf Jeanne-Madeleine Joly faisait un petit livret de dévolions au Sacré-Cœur et le soumettait à la Bienheureuse avant de l’imprimer en 1686. Au dehors, la dévotion se répandait. Plusieurs Pères jésuites se mettaient en rapport avec l’ardente apôtre, et prêchaient la dévotion nouvelle. De 1686 à -1688, celle-ci multiplie ses lettres et ses démarches ; elle enregistre les succès de la dévotion comme autant de victoires du Sacré-Cœur ; elle répand l’image, la Retraite du P. de la Colombière, le Livret de la soMir Joly et l’office du I’. Gette sous leurs différentes formes. Paray a déjà sa chapelle du Sacré-Cœur, 1688. Les frères de la Bienheureuse secondent les efforts de leur sainte sieur. Le maire fait bâtir aussi une chapelle et met un tableau comme à Paray ; le ciin y fonde à perpétuité une messe tous les vendredis de l’année. Avec quelle joie la Bienheureuse voit et raconte ces succès ! Mais il y avait aussi les oppositions et les (’(lires. On vient d’approuver la messe et l’office dans le diocèse de Langres. On s’est adressé à

Rome. Mais la réponse de Rome est dilatoire, et il faut que Marguerite-Marie soutienne et ranime ses amies désappointées. Elle porte toute la chère dévotion dans son cœur, elle en vit.

8° Développement interne, 1675-1688. Les pratiques el les promesses. — Pendant ces années 1675-1688, on ne voit guère de développement interne. La Bienheureuse fait valoir son trésor, dans sa propre vie d’abord, et ensuite pour les autres ; le trésor ne paraît pas s’accroître notablement. Deux choses seulement sont à noter, les pratiques et les promesses, et cela surtout à partir de 1685 et 1686. Avec ses novices, la Bienheureuse a mainte industrie, maint exercice de sa chère dévotion : elle en emprunte de ci de là ou elle en adapte, elle en invente aussi et parfois de fort belles. Voir dans le t. Il de Vie et œuvres, ses avis et instructions, ses défis et écrits divers, le livret authographe de ses prières et exercices en l’honneur du Sacré-Cœur. A tous elle recommande la communion des premiers vendredis, la consécration et l’amende honorable, l’image, les petits billets, les offices, etc. Mais elle veut avant tout allumer dans les âmes l’amour du Sacré-Cœur, et les amener à ne vivre que de lui et pour lui. Que de belles pages il y aurait à recueillir dans ses lettres enflammées !

C’est aussi à partir de 1685 que les promesses faites au nom du Sacré-Cœur pour les dévots deviennent plus précises sinon plus magnifiques. Il y en a pour tous : pour les zélateurs de la dévotion et pour ses adeptes, pour ceux qui feront l’image, pour ceux qui la portent sur eux, pour les maisons où elle sera exposée et honorée, etc. Mère Melin, qui a entrepris de bâtir la chapelle du Sacré-Cœur dans l’enclos de Paray, aura pour récompense de mourir dans l’exercice actuel de l’amour ; la communauté de Semur, qui la première a rendu hommage public au Sacré-Cœur, est devenue par là la bien-aimée de ce Cœur, etc. Ces promesses regardent généralement le bien spirituel, et la Bienheureuse fait remarquer expressément que Jésus ne lui a pas promis que ses bien-aimés n’auraient pas à souffrir. Souvent elles sont faites de la part de Notre-Seigneur ; mais même quand la chose n’est pas dite expressément, on voit qu’elle est toujours sous-entendue. Voici, à titre de spécimen, ce qu’elle a écrit à la Mère de Saumaise, le 24 août 1685 : « Il lui a… fait connaître derechef le grand plaisir qu’il prend d’être honoré de ses créatures, et il lui sembla qu’alors il lui promit que tous ceux qui seraient dévoués à ce Sacré-Cœur ne périraient jamais ; et que, comme il est la source de toutes bénédictions, il les répandrait avec abondance dans tous les lieux où serait posée l’image de cet aimable Cœur pour y être aimé et honoré ; et par ce moyen il réunirait les familles divisées ; qu’il protégerait celles qui seraient en quelque nécessité ; qu’il répandrait la suave onction de son ardente charité dans toutes les communautés où serait honorée cette divine image ; qu’il en détournerait les coups de la juste colère de Dieu en les remettant en sa grâce lorsqu’elles en seraient déchues. » Leltre xxxii, Vie et œuvres, t. il, p. 6’t ; 2e édit., lettre xxxiii, p. 101. Choses analogues dans une lettre à la Mère Greyfié. Lettre xxxiii, p. 68 ; 2 « (’dit., lettre XXXIV, p. 105. Elle est plus explicite encore dans ses lettres au P. Croiset. Voir celle du 10 août 1689, Lettres inédites, lettre il, p. 87-91 ; celle du 15 septembre, loc. cit., lettre iii, p. 128-130. Mais nulle part l’ensemble de ces promesses n’est si bien présenté que dans une lettre citée par le P. Croiset : a Que ne puis-je raconter tout ce que je sais de cette aimable dévotion, et découvrir à toute la terre les trésors de grâces que Jésus-Christ renferme dans ce Cœur adorable, et qu’il a dessein de répandre avec profusion sur ceux qui la pratiqueront… Les trésors de bénédictions et de grâces que ee Sacré-Cœur renferme sont infinis. Je ne sache pas qu’il y ail nul exercice do