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CLÉMENT D’ALEXANDRIE

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c’est l’action du gnostique ; l’action commune, pla^npih ;, qui suffit au salut des simples fidèles, sans être parfaite selon le Xbyoç, ni absolument droite au regard d’une conscience attentive, p.rfiir.w xaià Xôyov È7tiTeXovi « ivr|, (xï)8s [ty]v y.ar’ÈTitiTTauiv xaTopâounIvi, ; l’action païenne, qui est toujours fautive, irav-rb ; 8è sjjwraXiv to-j âOvty.o-j, à[j.apTv-, Tixr]. Strom., VI, c. xiv, i 3. G., t. ix, col. 336. Il n’admet point d’action proprement indifférente. Après avoir payé un rapide tribut d’ironique admiration à la doctrine stoïcienne, qui refuse au corps toute inlluence sur l’âme, à la maladie et à la santé toute relation avec le vice et la vertu, mais traite tous ces objets d’indifférents, 6a’j|xc(s£iv 8î a£iov xoù tôSv StojcxùJv, os’tive ; <pao"i, (ayjSÈv Tïjv 4, ’J XI V y’tô t’^ trûpiaTo ; ciaxtôeo-Oai, jj.r, x£ îrpb ; xaxt’av jub Tri ; vôoov jjU|TS npô ; àp£Tr|V Û7cb ttjî -jyiEtaç, àXX’ajj.çô-£pa taOïa XÉyouffiv àîtx-jopa eîvai, Strom., IV, c. v, P. G., t. viii, col. 1232 ; il oppose à cette doctrine les glorieux exemples de Job et des gnostiques chrétiens, de saint Paul et des martyrs ; la souffrance et la pauvreté peuvent bien être des obstacles, et à cet égard, pour s’en préserver ou les accepter, une certaine discrétion, une prudence éclairée est nécessaire, ibid., col. 1233 ; le gnostique fait bon usage de toute situation pénible, SiSâoKwv eu (j.âXa ~oî ? 71£pt<jTaTiy.ot ; àn : a<71v oiôv T3 tr/ai xaXtii ; jeprj<r8at tôv yvcoarcy.ôv. Ibid., col. 1232. Cette doctrine de l’usage des créatures, biens ou maux apparents, est caractéristique des divers portraits du gnostique. Sommaire du Strom., IV, col. 150, du Strom., VII, col. 153. La science elle-même est un de ces moyens dont il faut savoir user. Strom., VI. c. x, xi, col. 301-317. Il faut remarquer encore, à propos de l’usage des créatures, que le gnostique est soutenu par sa croyance à l’existence d’un ordre providentiel, auquel il conforme sa volonté, navra xaXcô ; yi’vEo-ôat TCTtEtaixÉvoç. Strom., VI, c. ix, P. G., t. ix, col. 293. Cf. sommaire du Strom., IV, col. 150.

2. Règles de la moralité : transcendante, ou loi éternelle ; participée, immanente au cœur de l’homme, ou loi naturelle. — a) A la seconde personne, au Aôyo ;, sont très fréquemment appropriés la sagesse, la providence divine, le gouvernement du monde. Voir surtout Strom., VII, c. ii, P. G., t. ix, col. 408-416 ; et plus haut, col. 158. Il s’agit évidemment, dans ces nombreux passages, d’un principe intellectuel transcendant, acte éternel de Dieu. Lo c j*>

In D’ailleurs, beaucoup de textes parlent du Xdyo ; comme d’un principe subjectif de connaissance, e norme objective de toute vie morale et religieuse. il. ii, ies sont intimem.nl associées dans la pensée de Clément, désignées par un seul et même terme, yvcôTi ;, ou (70^ ; a. Voir par exemple l’identification de Yvâfftç et ooylct, dans Strom., VI, c. vil, /’. G., t. ix, col. 281. Cf. Winter, op. cit., p. 39, note 1. Le Xôyoç, ainsi présenté comme principe de connaissance et comme norme, est-il divin ou humain ? Clément semble s’inr à nous laisser perplexes sur ce point ; cette indétermination de sa pensée sera examinée un peu plus loin. Toujours est-il que certains passages mentionnent expressément, dans l’intelligence et la conscience humaine, une piŒÇi ;, participation du Xoyo ;. Voir plus liant, col. 160, 161. Cette participation du Xoyoç, c’est la loi naturelle, aisément reconnaissable. Parfois, il estplus expressément question de la religion naturelle, connaissance’universelle et spontanée d’un Dieu, maître iin de l’univers. Voir col. 154.

Cette participation du Xoyo : est un principe subjectil ; souvent aussi, Clément entend par)’, ; ’, :. l’ordre objectif rationnel, ôp6b ;).6yo :. Voir plus loin, les deuxmorales, théolngique et rationnelle. Tous les critiques ont remarqué’combien notre Alexandrine il pi nétré île cette idée de l’ordre naturel, ç-jciî, eLt* ;  ; --, qui constitue pour lui tout à la loi-- l’indication de la nature et la volonté de Dieu, et, comme telle, s’impose au gnostique,

dirige toutes ses actions. Voir surtout Strom., IV, c. XXIII, P. G., t. viii, col. 1356-1362 ; et plus haut, Doctrines anthropologiques, l’assimilation, col. 173.

3. La vertu est une disposition harmonique de l’âme, Siiôeffcç, conforme à la raison, Pœd., 1. I, c. xiii, P. G., t. viii, col. 372 ; nous y avons des dispositions naturelles, mais elles se développent en nous par l’exercice. Strom., V, c. ix, P. G., t. ix, col. 297 ; cf. c. xi, col. 317. — Sur la multiplicité et la connexion des vertus, voir Strom., I, c. xx, P. G., t. viii, col. 813, 816 ; II, c. ix, col. 980 ; VIII, c. ix, P. G., t. ix, col. 600. Cf. sommaire du Strom., II, col. 148, l’édifice des vertus, connexion, fermeté du fondement, stabilité de l’ensemble. — Ce que Clément dit de l’origine des vertus est généralement assez vague. Après avoir rappelé, Strom., VI, c. XIII, P. G., t. IX, col. 124, la nécessité de la grâce, attraction du Père céleste, ou secours spécial par un acte préternaturel, après avoir cité Platon, parlant de la vertu comme d’un don et d’une participation divine, ŒoSotov tt|v apsTïjv, 8eta rjxî’v fj.oipa 7rapayivr>fjivri ï] àpETï], il conclut immédiatement en faveur de la sagesse, don divin, vertu du Père, excitant notre libre arbitre, introductrice de la foi. Ibid., col. 125. Et tout ceci tend à faire admettre une foi aux oracles inspirés, assez nettement rattachée à l’ordre de la révélation, ibid., col. 126, et à l’opération de V Esprit-Saint, que nous croyons venir dans l’âme de celui qui a cru, t> TtETrio-TE-jy-oTt TTpoaEiriTrvE’ffOai fb à’yiov itvE’j[j.a, tandis que les platoniciens y mettent le voue, émanation et participation divine, (teia ; fWpaç aTiôppoiav. Ibid., col. 129.

2° Les deux morales : théologique et rationnelle. — Tout entier ; ï son rôle de pédagogue et à sa préoccupa^ tion de satisfaire les esprits les plus divers, Clément donne à sa morale des principes variés, efficaces et rationnels, tantôt philosophiques, tantôt théologiques. Il ne cherche pas à établir leurs rapports, à les systématiser ; il semble se complaire à les juxtaposer sans cesse, à passer brusquement de la raison à la foi, de la philosophie à l’Écriture. — De là, une certaine apparence de dualisme bien que les principes théologiques soient continuellement explicites et prédominants. Cf. Winter, op. cit., p. 86 sq.

1. Principes théologiques.

Clément’revient très fréquemment sur la similitude divine, privilège du chrétien. Prot., c. xi, P. G., t. viii, col. 235 ; c. XII, col. 245 ; Strom., II, c. xix, col. 1040, 1041. Cf. plus haut, Destinée humaine, col. 173. — La ressemblance au Christ, par exemple, Prot., c. xii, col. 241 ; Pœd., 1. I, c. il, col. 252. L’homme bienfaisant est l’image de Dieu, Strom., II, c. xix, P. G., t. viii, col. 1048. — D’autre part, le Décalogue est donné comme la règle et le fondement efficace de la morale chrétienne, par exemple, Prot., c. x, col. 225 ; Strom., II, c. xxii, /’. G., t. viii, col. 1081, etc. Cf. Winter, op. cit., p. 27. L’amour, qui est la plénitude de la loi, Strom., IV, c. iii, P. G., t. viii, col. 1224 ; absolument désintéressé’, tirant toule sa valeur du souverain bien auquel il nous unit, cet amour engendré par la foi, est le solide fondement de toule la morale chrétienne. Cf. Winter, op. cit., p. 87.

— Le Logos lui-même nous est présenté, dans tout le Pédagogue, comme le plus élevé et le plus efficace principe de la moralité chrétienne. Dans Strom., VI, c. vii, P. G., t. IX, col. 281, après avoir montré la nécessité d’un maître pour parvenir â la sagesse, il attribue au Christ, seul véritable maître, l’origine de toute doctrine salutaire, et celle qui justifie et celle qui conduit à la justification.

2. Dualisme : principes philosophiques à côlé des

ipes théologiques. — Ces motifs théologiques ne demeurent pas seuls, dans leur chrétienne pureté ; ils se laissent envahir par d’autres principes, infiltrations de la philosophie grecque. Cf. Winter, op. cit., p. 89. Pareille simultanéité semble inadmissible à ceux des