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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)

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polite grec do Kiev, ne put faire reconnaître l’union avec Rome des évêques situés en Itussio, tandis qu’il éprouvait te sérieuses difficultés dans ses diocèses de Litliuanie ou de Pologne. En 1448, son siège fut déclaré vacant, bien que le titulaire vécût encore, et le métropolite russe Jonas de Moscou nommé à sa place. Après avoir donné son assentiment, le roi de Pologne repoussa cet arrangement, songeant sans doute qu’un chef d’Église, sujet polonais, serait plus sûr qu’un sujet russe en résidence à Moscou. On recourut donc à une nouvelle organisation des diocèses. L’Église de Russie se trouva scindée en deux grandes provinces : d’une part, la métropole de Kiev, ayant juridiction sur neuf diocèses compris dans la Litliuanie et la Russie polonaise ; d’autre part, la métropole de Moscou avec tous les évêchés situés dans l’empire des tsars, 4458. L’une et l’autre de ces deux métropoles dépendaient également de Constantinople, sauf à de rares intervalles, 1458-1518, où les métropolites de Kiev, sinon leurs sull’ragants, reconnaissaient la suprématie du pape. Il en fut ainsi jusqu’au synode de Rrest, 1595, où l’union avec Rome de l’Eglise russe de Kiev fut solennellement proclamée et reçue par la majorité des évêques, sinon de la population rutliéne. En 1620, la hiérarchie orthodoxe était rétablie à Kiev par les soins du patriarche grec de Jérusalem, Théophane. Depuis cette date, les diocèses restés catholiques ont constitué ce que l’on appelle l’Église ruthène, qui ne subsiste plus que dans l’empire austro-hongrois, les autres diocèses, incorporés à la Russie, ont dû bon gré mal gré accepter l’orthodoxie avec l’hégémonie russe. Quant à l’Église russe du Nord, celle de Moscou (1458), depuis sa séparation d’avec Kiev, elle continua à relever religieusement de Constantinople jusqu’au jour, 23 janvier 1589, où le patriarche byzantin Jérémie II reconnaissait publiquement son autonomie et daignait sacrer lui-même Job, le premier patriarche de Moscou. A partir de ce moment, cette Église n’intéresse plus notre histoire.

La situation des Serbes et des Croates est à peu près inextricable. On sait par Constantin Porphyrogénète, De adminislrando imperio, c. xxx-xxxii, que des missions byzantines furent envoyées par l’empereur Basile I er aux Slaves de Dalmatie pour achever leur conversion, mais jusqu’à quel point la dépendance religieuse des Serbes vis-à-vis de Constantinople se fit-elle sentir, c’est ce que l’on ne saurait indiquer. Ballottés entre les Bulgares, les Francs et les Byzantins, les Serbes ne savaient trop à qui entendre, ils furent enfin conquis avec les Bulgares, en 1018, par Basile II et ils restèrent sous la domination des Grecs jusqu’à l’avènement des Némanaya (1159). Ceci au point de vue politique. Au point de vue religieux, ils dépendirent jusque-là soit de l’Église romaine, soit de l’Église bulgare d’Ochrida, soit du patriarche byzantin par l’intermédiaire du métropolite de Durazzo. De 1159 jusqu’en 1204, date de l’avènement d’Etienne II, la Serbie entretint des relations cordiales et suivies avec la cour romaine, sans rompre peut-être le lien juridictionnel qui la rattachait encore à Byzance. A ce moment, il se produisit une légère détente et si, en 1217, Sabas le Jeune couronnait roi son frère au nom du pontife romain, en 1219 l’Église nationale serbe était formellement reconnue par les Byzantins ; elle comptait alors six évêchés. G. Marco vicii, Gli Slavi ed i papi, Agram, 1897, t. ii, p. 354. Vers 1346, le grand Etienne Douchan dégageait l’Église serbe de toute sujétion vis-à-vis de Byzance et créait le patriarcat serbe d’Ipek. Le patriarche grec, Callisle, eut beau, en 1352, lancer l’anathème contre le roi et toute la nation serbe, le patriarcat d’Ipek n’en subsista pas moins jusqu’à Arsène II 1 i : 5 7-1463), où, pour des motifs encore ignorés, il passa sous la juridiction de l’archevêché bulgare d’Ochrida jusqu’en 1557.

XVII. COLP b’ŒIL SUR L’HISTOIRE INTl’mFXP.E DU PATRIARCAT BYZANTIN, l.v -xve SIÈCLES. — H est fort malaisé de résumer en quelques pages l’histoire intérieure d’une Église aussi étendue, durant un laps de temps aussi considérable, à travers des vicissitudes telles qu’en traversa l’Église byzantine du IXe au xve siècle ; aussi n’ai-je l’intention que d’indiquer les traits principaux de sa doctrine, de ses institutions monastiques et cléricales, de ses pratiques et de son culte. Une fois que l’on a omis les querelles suscitées par telle ou telle nomination patriarcale, telle ou telle déposition, une fois qu2 l’on a indiqué en quelques mots les différences doctrinales qui se constatent entre Rome et Byzance et les tournois théologiques qu’elles ont pu susciter, on aperçoit distinctement deux grandes controverses intérieures, celle des arsénistes et celle des palamistes ou des hésychastes. Sur la première, voir Arsénistes, t. i, col. 1991-1994 ; sur la seconde, voir Hésychastes. Néanmoins, il faut dire quelques mots de l’hésychasme.

Hësycltasme.

Un hésychaste est un contemplatif :

saint Nil du Sinaï au ive siècle, saint Jean le Silentiaire à la laure de Saint-Sabas, au vi c, saint Jean Climaque surtout, au vil « , sont des hésychastes. On distingue deux sortes d’hésychastes : ceux qui ne quittent jamais leurs cellules, même pour se rendre à l’église, et qui ne parlent à personne, sauf à leur frère servant ; ceux enfin, qui restent cinq jours par semaine dans la retraite la plus complète, priant, mangeant, travaillant dans leurs cellules et n’en sortant que le samedi et le dimanche pour participer aux offices et s’asseoir à une table commune. On retrouve des hésychastes dans tous les monastères byzantins, en dehors des laures qui étaient plus spécialement affectées à ce genre de vie. Saint Basile fixe des lois pour eux ; dans une Novelle, Justinien détermine le nombre fort restreint que peut en posséder chaque monastère et le concile in Trullo (692) porte des canons pour les réglementer. Cette institution des celliotes ou hésychastes a certainement existé dès l’origine au mont Athos ; les documents officiels les plus anciens en font foi. L’higoumène conserve son autorité sur eux, puisque c’est lui qui les a choisis parmi les moines les plus avancés en vertu, il les exempte de la vie commune et de ses différentes obligations. Inférieur de beaucoup par le nombre au groupe des cénobites, celui des hésychastes du mont Athos ne lui cédait en rien pour l’influence et la valeur. Comme le jeûne et l’abstinence étaient rigoureux pour les hésychastes et qu’une bonne partie de leur temps allait à la prière mentale, on considérait ceux qui en faisaient partie comme des maîtres dans la voie de la spiritualité et du mysticisme, et l’on conçoit que des erreurs doctrinales et mystiques, telles que celles qu’on constate chez eux, aient eu un retentissement immense dans le monde religieux et ecclésiastique de l’époque. L’homme qui paraît avoir importé ces erreurs chez eux est Grégoire, moine du Sinaï, qui les avait apprises lui-même, dans l’île de Crète, de l’hésychaste Arsène. Ce dernier lui enseigna la pratique de la prière mentale et lui montra comment lame arrive ainsi à la possession de la lumière divine ; à son tour, Grégoire l’apprit aux autres moines de l’Athos et, malgré des difficultés suscitées par la jalousie, sa doctrine prévalut en peu de temps à la sainte montagne. Prise en soi, cette doctrine n’a rien de bien extraordinaire. Son principe fondamental est la distinction entre la vie pratique et la vie contemplative. La première purifie l’âme en la dégageant des passions, la seconde l’unit à Dieu par la contemplation, idéal et terme de la perfection. Elles se résument donc en quatre ou cinq stages, par lesquels doit passer tout homme qui veut atteindre vraiment la perfection : purification de l’âme et lutte contre les passions, infusion de la lumière divine, connaissance surnaturelle du monde créé, enfin union intime de l’âme avec D : eu. Si