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CYRILLE DE JÉRUSALEM (SAINT


humains, le Fils de Dieu pourrait tout à la fois souffrir et tromper le démon, qui n’oserait pas s’approcher de lui, s’il le connaissait. Mais tous ces motifs, plus ou moins secondaires, en présupposent un autre, incontestablement plus important aux yeux de notre docteur : le propter nos et propter nos tram salulem des symboles de Nicée et de Conslantinople ; motif premier et principal que Cyrille énonce tout d’abord dans son sommaire de la foi : « Croyez que ce Fils unique de Dieu est descendu des cieux sur la terre pour nos péchés, » iv, 9, col. 465 ; ou, comme il l’explique plus loin, xii, 5-8, col. 729 sq., pour remédier aux maux de l’humanité, provenant de la chute originelle et de l’universelle corruption des descendants d’Adam. Maux tels qu’il était impossible à l’homme d’y trouver un remède, àoio^OioTov r, (ifv tô xaxôv. Jésus, étant Dieu, pouvait guérir et racheter le genre humain ; nouvel Adam, il pouvait réparer les ruines causées par l’ancien ; en s’offrant lui-même pour rançon, Éa-JTov àvTt'/.-jTpov itapaSo’jç, il pouvait réconcilier les hommes avec Dieu, xin, 2, col. 773. Et telle a été son œuvre ; il a été vraiment crucifié pour nos péchés, et ce n’est qu’après avoir payé ainsi notre rançon qu’il est remonté aux cieux, iv, 10, 13, col. 468, 472.

Toute cette doctrine, où se trouve si clairement comprise l’idée d’une rédemption ou satisfaction par substitution volontaire d’une victime innocente et divine aux hommes coupables, est comme couronnée par un teste particulièrement remarquable. « Le péché nous avait faits ennemis de Dieu, et Dieu avait décrété la peine de mort contre les pécheurs. Il fallait donc de deux choses l’une : ou que Dieu, fidèle à sa parole, fit périr tous les hommes, ou qu’usant de clémence, il cassât la sentence portée. Mais admirez la sagesse divine, qui a su tout à la fois respecter la sentence et donner libre cours à la bonté. Le Christ a pris sur lui nos péchés et les a portés sur la croix, pour qu'étant morts au péché par sa mort, nous vécussions dans la justice. Elle n'était pas vulgaire la victime qui mourait pour nous ; ce n'était ni une brebis sans raison, ni un simple homme, ni même un ange ; c'était Dieu 'fait homme. Grande était l’iniquité des pécheurs, mais plus grande encore la justice de celui qui mourut pour nous, etc., » xiii, 33, col. 812. Affirmation manifeste de l’infinie satisfaction de Jésus, par voie de substitution volontaire ; comme le reconnaît, entre autres protestants, Plitt, p. 120 : Quse quum ila sint, dubitari nequit, quin doctrina de satisfaclume Christi vicaria inde a sseculo quarto in Ecclesia riguerit. Voir, sur cette doctrine de saint Cyrille, Schwane, t. ii, p. 402 ; J. Rivière, Le dogme de la rédemption, Paris, 1905, p. 166.

Anges.

Saint Cyrille n’a pas de catéchèse spéciale

sur les anges, mais il les mentionne souvent d’une manière incidente. Esprits créés par Dieu en nombre incalculable, soumis au Fils comme. ses créatures, soumis également au Saint-Esprit que Dieu leur a donné pour chef, pour maître et pour sanctificateur, x, 10 ; xv, 24 ; xvi, 23, col. 673, 904, 951. Notre docteur ne parle pas de hiérarchies, comme l’Aréopagite, mais bien de chœurs angéliques, /opouç àyfs)>ixo-j ;. Proc., 15, col. 557. Ils sont énumérés ainsi dans la préface de la messe cyrillienne : anges, archanges, vertus, dominations, principautés, puissances, trônes, chérubins et séraphins, xxiii, 6, col. 1113. Ailleurs, rémunération n’est pas aussi complète et diffère même dans les détails, comme dans l’endroit où l’orateur nous montre ces esprits plus ou moins élevés dans le ciel, suivant qu’ils appartiennent à un ordre plus ou moins parfait, xvi, 23, col. 949. Les bons anges voient Dieu ; mais non pas tel qu’il est, où xaOtô ; koxw 6 0edç ; le contexte montre que cette expression exclut seulement la vision compte hensive, réservée au Fils et au Saint-Esprit. La

vision angélique comporte elle-même des degrés, proporlionnée qu’elle est à la capacité du sujet, plus parfaite dans les archanges que dans les anges du premier chœur, et ainsi de suite : za-à -ro |tétpov tï, ; ol/.ei’a ; Tiçeu) ; ÊxaffTOC, l. 6 ; vu. 11, col. 545, 617. Par rapport aux hommes, et plus particulièrement aux fidèles marqués du sceau du Christ, ces bienheureux esprits sont des protecteurs et des arnis : ils désirent notre salut et s’en réjouisssnt, ils nous défendent contre les démons et cherchent à nous faire du bien, ayyeXov àya00710tiv, i, 13 ; iv, 1, col. 369, 373, 456. Au jour du grand jugement, ils seront les ministres du Sauveur glorieux et formeront sa cour, pour assister au couronnement des justes et au châtiment des pèche xv, 24, col. 904.

Tous les anges furent créés bons ; les mauvais sont devenus tels par leur propre volonté, à la suite de Satan, archange qui tomba par orgueil et entraîna dans sa chute un grand nombre d’autres esprits, il, 1. col. 358. Irrémédiablement endurci et condamné à jamais, iv, 1, col. 453, Satan, appelé aussi le diable, est le grand ennemi des hommes ; c’est lui qui lit tomber et chasser du paradis terrestre nos premiers parents, et depuis lors il reste, aidé des invisibles puissances du mal, le mauvais conseiller, l’instigateur de tous les péchés, le fourbe qui se transforme en ange de lumière pour séduire ceux qui mènent une vie angélique, l’esprit immonde qui peut aller jusqu'à la possession physique des corps et des âmes, mais qui ne peut vaincre ceux qui résistent à ses suggestions perverses, ii, 3, 4 ; xvi, 15, col. 385, 940. Les chrétiens surtout ont contre lui des armes invincibles dans les exorcismes de l'Église et ses sacrements, iv, 13 ; xiii, 36 ; xix, 2 ; xx, 3 ; xxii, 7, col. 472, 816, 1068, 1079, 1101.

Deux passages du docteur palestinien restent difficiles et ambigus. Le premier est relatif à la spiritualité des anges. On lit, à propos des diverses acceptions du mot irvE-j[xa, cette assertion : « En général, on donne le nom d’esprit à tout ce qui n’a pas de corps épais. Les démons n’ayant pas de ces sortes de corps, TO'.aûTa <7a>ixaxa, s’appellent esprits, >. XVI, 15, col. 940. Ailleurs Cyrille semble supposer que le prophète Daniel vit sensiblement l’ange Gabriel dans sa forme propre ; il dit encore que les vierges brilleront au ciel comme les anges, et que les saints ressuscites recevront des corps célestes pour pouvoir converser dignement avec les anges, ix, 1 ; xv, 23 ; xviii, 19, col. 640. 901, 1040. Beaucoup d’auteurs concluent de tout ceci, qu’il partagea le sentiment, alors très répandu, d’après lequel les anges seraient doués de corps subtils. Dom Touttée, col. 939, note 1 ; Schwane, t. ii, p. 355, Interprétation probable, mais non certaine ; car dans les passages qui s’appliquent aux bons anges, les trois derniers, nulle part il n’est dit ni même rigoureusement supposé que, dans leur forme naturelle, les ai aient des corps proprement dits ; dans le premier passage, qui est le principal, saint Cyrille ne parle que des démons, considérés, semble-t-il, plutôt dans leurs rapports avec les hommes qu’en eux-mêmes, d’une façon absolue.

L’autre passage se rapporte aux péchés des an_ Parlant de la miséricorde divine, le saint docteur ajoute incidemment : « Nous avons dit quelque chose de ce qui a été écrit sur la bonté de Dieu à l'égard des hommes. Mais nous ignorons tout ce qu’il a pardonné aux anges, car il leur pardonne aussi. ovyxtùpsX àp xàxeivoiç ; seul Jésus est sans péché, lui qui nous purifie du péché, » ii, 10, col. 393. Paroles très diversement interprétées. Suivant les uns, Cyrille ne parle ici que des bons anges, puisqu’il prétend donner des exemples de pénitence, il suppose donc qu’ils peuvent encore commettre des fautes légères dont ils obtiennent