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CYRILLE DE JÉRUSALEM SAINT


l’unité des trois personnes, et pins particulièrement dans la phrase où saint Cyrille montre le Fils participant à la divinité même du Père, avec le Saint-Esprit, Mais comme la troisième personne n’est pus Fils, sa divinité doit nous apparaître sous un autre titre que celui de la génération. Elle vient de sa nature même, mystérieuse, il est vrai, mais révélée par ses propriétés et ses opérations : l’Esprit est l’universel sanctificateur et déificateur, tô Ttavrtov &Y’a9U %àv xa’- Beototdvj quelque chose de proprement divin, et d’inénarrable, 8eï<5v « /.ai àvsÇtxvfaffrov, IV, 1(5 ; XVI, 3, col. 476, 920. Comme le Fils, il est donc en dehors de toute la sphère des créatures, viii, 5 ; XVI, 23, col. 629, 952. A lui, comme au Fils, est réservée la connaissance adéquate du Père, vii, 11 ; xi, 12, col. 617, 951. Sa divinité apparaît encore par ses rapports avec les deux autres personnes. « Le Père donne au Fils, et le Fils communique à l’Fsprit-Saint, » xvi, 24, col. 952 ; formule qui contient implicitement le dogme de la procession ab utroque. Aussi le Saint-Esprit est-il inséparahlement uni au Père et au Fils en tout, dans leurs opérations ad extra, 6 iza/zrfi Si’Yîo’j, <tjv âyiM IIvc’j(j.aTi, Ta Tiâvia j^apiÇeTat, ibid., comme dans leur vie ad intra, ndevroTe Ilarp’i /.ai Vîà> <juu.7rapdv, XVII, 5, col. 973. La suprême glorification s’adresse à lui, comme aux deux autres, indivisihlement et indistinctement, XI, 24 ; XVI, 4 ; xvii, 38, col. 723, 922, 1011. Doctrine d’autant plus notable, que saint Cyrille prononça ses Catéchèses avant l’apparition de l’hérésie macédonienne et des lettres de saint Athanase à Sérapion.

4. Consubstantialilé.

L’6[j.oo’jctio ; ne se trouve pas, on l’a déjà vii, dans les Catéchèses. « Soit calcul de prudence, soit défiance instinctive du mot, soit d’autres raisons encore ignorées, il s’en est visiblement interdit l’emploi. » Bardenhewer, loc. cit. De ces raisons quelques-unes peuvent en toute vraisemblance se présumer. Dans ses instructions adressées à des catéchumènes, Cyrille n’emploie que des termes vulgaires, et s’abstient des termes pbilosophico-théologiques. De plus, voyant en face de lui des adversaires qui précisément abusaient de termes empruntés à la philosophie ou contestaient la légitimité de certains autres, il semble avoir eu pour principe de s’en tenir, dans la mesure du possible, aux expressions scripturaires, ou du moins usitées dans l’Église de Jérusalem, dont il explique le symbole ; or l’ôarjoûuto ; n’était pas dans ce symbole, et beaucoup le niaient alors ou le tenaient en défiance. Voilà sans doute pourquoi la doctrine du catéchiste palestinien revient aux formules antiques : un seul Père, un seul Fils, un seul Saint-Esprit ; autre est le Père, autre le Fils, autre le Saint-Esprit ; les trois n’en possédant pas inoins une seule et même divinité. Mais si le terme manque, l’idée qu’il consacrait est certainement contenue dans la doctrine cyrillienne ; c’est ce qui ressort de l’exposé qui précède. On peut donc conclure avec un protestant de marque : « Le mot ôtxoojdio ; manque seul, en fait, Cyrille est orthodoxe. » Harnack, Lehrbuch der Dogmetigeschichte, 3e édit., t. il, p. 241, note 1.

5. Objections.

a) Saint Cyrille partage les opérations divines ad extra, et les attribue aux trois personnes séparément : le Père se sert du Fils pour créer, et celui-ci fabrique le monde sur l’ordre de Dieu ; à son tour l’Esprit sanctifie tout ce que Dieu a fait par le Christ, xi, 21, 22 ; xvi, 3, col. 719, 720, 920. Conception qui semble inconciliable avec la stricte unité de nature. — Réponse. — Rien, dans le contexte de ces passages, qui rappelle la thèse arienne du Verbe créé par le Père pour lui servir d’instrument dans la production du monde, ni la thèse semiarienne de l’Esprit créé par le Fils comme instrument de sanctification ; par ailleurs, la doctrine générale de Cyrille est formellement contraire. Aux endroits objectés, le saint doc teur parle suivant la loi commune des appropriât fondée sur l’Écriture, Rom., xi, 36, et familière aux Pères les plus orthodoxi - omme avant le con cile de Nicée : Ex Pâtre (volente per I ilium (nperanteni ) in Spiritu Sancto [consunimanle). Pour s’assurer que telle est bien sa pensée, il suflit de recourir aux nombreux passages des Catéchèses où l’unité et l’inséparabilité d’action est formellement attribuée aux personnes divines. Le texte johannique : Ego et Pater unwm sumus, est ainsi commenté : « Ils sont parce qu’il n’y a entre eux ni discordance, ni séparation, les volontés du Père et celles du 1 ils étant les mêmes. Ils sont un, parce que les œuvres de l’un sont les œuvres de l’autre ; unique est l’action productive de toutes choses, jj.ta - ; ap r, kixvtuv BrjUi’oupY’a, M- 17, col. 712. Aussi le Fils n’est pas, par rapport au Père, un simple ministre chargé d’exécuter un mandat, mais un coopérateur, 6 Kûpcoç 6 TtTiIIarv. (ruvepY « Çô(i£voç, x, 6, col. 668 ; Homil. in paralyt., n. 5, col. 1137. Et ce qui est vrai du Père et du Fils, l’est également du Saint-Esprit, xvi, 24 ; xvii, 5, col. 953, 976. Voir dom Touttée, diss. III, n. 7, col. 173.

b) Saint Cyrille appelle Dieu le Père, le chef du Fils, xi, 14, col. 708 ; réciproquement, il nous montre le Fils soumis au Père, lui obéissant de toute éternité, x, 9 ; xv, 30, col. 672, 912 ; bien plus, il lui attribue également de toute éternité, et par conséquent en le considérant comme Verbe, le titre de Christ et la qualité de souverain prêtre, x, 4, 14 ; xi, 1, col. 664, 680, 692 ; doctrine arienne, ou à tout le moins subordinatienne. — Réponse. — Dans le premier passage, le mot chef, neçoXr), est l’équivalent de àp/r, , principe : y.Eça’/r, toû ï"io-j ô Ilar-ip, p.îa r, àp/r, ; il signifie, comme le contexte le prouve, le simple rapport d’origine qui existe entre le Père éternel et son Fils, vrai Dieu comme lui. Et parce que le Fils n’a rien qu’il ne tienne du Père, en lui toute volonté vient du Père et tend au même terme, ou plutôt c’est la volonté même du Père communiquée au Fils, et par lui tendant à son terme. C’est en ce sens absolu que le Fils fait de toute éternité ce qui plait au Père, et que les volontés de l’un et de l’autre sont une seule et même chose, êv x.a to aOto, xv. 25, col. 905. Conceptions communes aux plus grands défenseurs de l’orthodoxie nicéenn^, et qui n’ont rien à voir avec la notion d’obéissance et de soumission qui s’applique aux créatures.

La théorie de saint Cyrille sur le sacerdoce éternel du Christ, théorie qu’il semble tenir d’Eusèbe de Césarée, Demonstralio evangelica, 1. IV, c. xv ; 1. V, c. ni. P. G., t. xxii, col. 293, 315, est plus obscure, parce qu’il l’énonce d’une façon concise, en renvoyant ses auditeurs à un autre sermon (non conservé) qu’il avait fait le dimanche précédent, x, 1 i. L’affirmation se réduit à ceci : le Christ a été oint comme souverain prêtre par Dieu lui-même et éternellement, non par les mains des hommes, ni dans le temps. Mais le rapprochement de plusieurs textestament à distinguer une double consécration : la première éternelle, où il est constitue prêtre, x, 4, 14 ; la seconde temporelle, qu’il reçoit comme homme et sauveur du genre humain. XXI, 2. col. 1089. Dans les deux cas, ce que notre docteur oppose à l’huile sainte qui sacre les prêtres humains, c’est la divinité même. Qu’entendre par cette consécration éternelle que Jésus tient du Père ? La réponse est donnée dans le premier passage, x, 4, le plus important de tous, mais d’une interprétation difficile que complique encore une divergence de texte : Xow-’o : naXeîtai, ou /epaV/ àv9p’j>7t(vai{ xs/paa-iisvo :. à/./’ûwb to0 FlaTpo ; àVûf(o ; si ; tt, v imïp [avûstonov, OU àvGpoWiov] àp/iïpwcrûvY |v yp ; <70= ::. La première partie va de soi : « Il s’appelle Christ ; oint non par des. mains humaines, mais par le Père, dès l’éternité. » Ce qui suit reste ambigu. Dom Touttée s’arrétant à la leçon : ùrâp xvQpomov, traduit