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tenc, Deantiquis Ecclesiæ ritibus, 1. I, c. vi, a. C, en onl conclu que, dans les premiers siècles, les diacres avaient le droil comme les prêtres, in casu nécessitons, de remettre les péchés. Toutefois, ne peut-on pas dire qu’il ne » ; iL ; iL ici que d’une réconciliation extérieure, officielle avec l’Église, et que, îles là, l’imposition des mains par le diacre n’est point un acte sacramentel, mais seulement un de ces rites appelés depuis des sacramentaux ? Cf. Schwane, Dogmengeschichte, 2e édit., Fribourg-en-Drisgau, 1892, 1. 1, p. 513 ; C. Goetz, Die Busslehre Cyprians. Eine Studie zur Geschic/ite des Busssacraments, Kœnigsberg, 1895. Voir Confession, col. 846..Quant à l’eucharistie, l’évéque de Cartilage témoigne jusqu’à la dernière évidence du dogme de la présence réelle. De lapsis, 16, P. L., t. iv, col. 479 ; De oralione dominica, xviii, col. 531 ; Epis t., x, 1, col. 251 ; lvi, 9, col. 357 ; lxiii, 4, col. 377 ; lxxvi, 6, t. iii, col. 1142. Le pain et le vin sont tous les deux au même titre les éléments essentiels de l’eucliaristie, et Cyprien s’élève fortement contre les encratites qui, au mépris de l’Écriture et de la tradition, ne se servaient que d’eau pour la célébration du mystère eucharistique. Epis t., lxiii, 2 sq., P. L., t. iv, col. 374 sq. Le mélange de l’eau et du vin figure d’ailleurs l’union des fidèles, symbolisés par l’eau, avec Jésus-Christ, dont le vin nous donne le sang. Epist., lxiii, 3, col. 383 sq. Dans la messe, Cyprien se plaît surtout à relever le caractère de sacrifice : la messe, préfigurée par le sacrifice de Melchisédech, Epist., lxiii, 4, col. 375 sq., est en réalité le renouvellement du sacrifice de la croix ; le prêtre à l’autel tient la place de Jésus-Christ et y reproduit exactement ce qu’a fait pour nous le Sauveur. On offre le sacrifice de la messe pour les vivants, Epist., lx, 4, P. L., t. iv, col. 362 ; on l’offre aussi pour les morts. Epist., lxvi, 2, col. 399.

L’idée de l’Église et de l’unité dans l’Église est le pivot de la théologie de saint Cyprien et la raison dernière de son attitude durant son épiscopat. L’Église, aux yeux de Cyprien, est l’héritière de l’antique théocratie juive, le nouveau royaume de Dieu, l’institution surnaturelle à qui est confiée la tâche et la puissance de ramener à Dieu l’humanité déchue. Elle est seule dépositaire des pouvoirs de Jésus-Christ et seule dispensatrice de ses grâces. Epist., lxxiii, 7, 10, 11, P. L., t. iii, col. 1114-1117 ; lxxi, 1, t. iv, col. 409. Qui ne lui appartient pas, ne saurait prétendre aux promesses d’en haut. L’Eglise ne se compose pas seulement du clergé, mais encore des fidèles. Epist., lxix, 8, P. L., t. iv, col. 606. Société universelle et visible, elle comprend à la fois sur la terre des saints et des pécheurs, Epist., lu, 25, t. iii, col. 791 ; la théorie luthérienne d’une Église invisible n’a pas où se recommander de Cyprien. Mais le caractère essentiel de l’Église, celui que l’évéque de Carthage fait ressortir avec une particulière insistance, c’est l’unité. L’Eglise est une, de par la volonté expresse de Jésus-Christ, et, hors de son sein, il n’y a pas de salut. De unitate Ecclesiæ, c. iv-vi, t. IV, col. 500504, et passim ; Epist., lxxiii, 21, t. iii, col. 1123 ; lxxiv, 7, col. 1132. Aussi saint Cyprien n’hésite-t-il pas à mettre sur la même ligne le schisme et l’hérésie, qu’il llétrit comme étant l’un et l’autre d’essence antichrétienne, Epist., xlix, 2, P. L., t. iii, col. 727 sq. ; LXIX, 5, t. iv, col. 403, et d’origine satanique. De unitate Ecclesiæ, c. ni, col. 497 sq. Point de schisme qui ne porte en soi des germes d’hérésie ; pas d’hérésie qui ne soit condamnée fatalement par son principe même, par l’intronisation du sens individuel et privé, à rompre avec l’Église. Epist., xlix, 2, t. iii, col. 761 ; lii, 24, col. 790.

C’est la pensée maîtresse de saint Cyprien dans son opuscule De unitate Ecclesiæ, que l’unité de l’Eglise repose au fond sur la charité ; mais elle est scellée par l’obéissance à l’évéque légitime et par l’union des érêques entre eux. L’unité des Églises particulières

tient avant tout à leur constitution monarchique. A la tête de chaque Église préside l’évéque, qui en est le père et le principe générateur ; on s’exclut de l’Église a ne pas vivre dans la communion de l’évéque. Epist., LXIX, 8. P. L., t. iv, col. 106. Les évêques sont les successeurs des Apôtres, et ils tirent leur autorité, non pas des libres suffrages de leurs ouailles, mais de leur vocation divine, appelés qu’ils ont lié par Jésus-Christ, avec et après les apôtres, à le représi uter ici-bas. Epist., lv, 5, t. iii, col. 802 sq. ; i.xv. 3, t. iv, col. 396 sq. ; lxix, 4, 8, col. 403, 106. Comme les apôtres, les évêques, tous égaux en pouvoir et en dignité, De unitate Ecclesiæ, c. ; v, t. iv, col. 499 sq., indépendants chacun dans son ressort, Epist., lxxii, 3, t. iii, col. 1050 ; lxxiii, 25, 1, col. 1126, ne forment ensemble qu’un seul corps. « L’épiscopat est un et chacun de ses membres est solidaire des autres. » De unilule Ecclesiæ, c. v, t. iv, col. 501. L’unité catholique s’affirme et se maintient par l’entente des évêques. Epist., LXIX, 8, t. m. col. 406 ; lv, 24, col. 790. Autour et au-dessous de l’évéque, s’échelonnent les prêtres, les diacres, les sous-diacre-, les acolytes, les lecteurs, les exorcistes ; la hiérarchie ecclésiastique comprenait, en Afrique, sept degrés. Monceaux, op. cit., t. ii, p. 13 sq., 335.

Dans ce sénat d’évêques, la prééminence de l’évéque de Rome ne laisse pas d’être hors de conteste. La liste des passages où saint Cyprien relève la primauté romaine, sans toutefois en déterminer la nature, est longue et décisive, notamment Epist., xlv, 3, P. L., t. iii, col. 710 ; lv, 14, col. 818 sq. Cf. P. von Honsbrôch, Zeitscltvift fur kalholische Théologie, 1890, t. xiv, p. 193-230. Ainsi, Pierre ayant figuré dans sa personne l’unité de l’Église, De unitate Ecclesiæ, c. lv. t. iv, col. 500, l’évéque de Rome, qui tient la place de Pierre, Epist., lii, 8. t. ni. col. 772 sq., est par làmême le centre visible de la chrétienté. La communion de l’évéque de Rome est donc la communion de l’Eglise catholique. Epist.. XL VIII, 3, col. 711 ; il ne saurait avoir jamais déraison pour s’en séparer. Epist., lxxiii. 11, col. 1116. Mais la primauté du saint-siège n’est-elle qu’un symbole de l’unité de l’Église ? Le langage de Cyprien manque ici de précision ; chez lui, d’ailleurs, la pratique ne s’accorde pas toujours avec la théorie, et sa théorie ne répond pas toujours pleinement à la foi traditionnelle de son siècle. Dans la pratique. Cyprien reconnaît au saint-siège, du inoins en certains cas d’une exceptionnelle gravité, outre la primauté d’honneur, la primauté de juridiction ; loin de dénier d’une façon absolue aux Églises particulières le droit d’en appeler à Rome, et à l’évéque de Rome le droil d’intervenir dans les affaires des Eglises particulier-. tantôt il le suppose, Epist., lv, 14, col. 818 sq. ; i.xviii. 5, col. 1028, tantôt il y recourt lui-même. Epist., i.xvii, 1-4, col. 990-996. Néanmoins, l’évéque de Carthage ne parait pas avoir eu l’idée nette des conditions nécessaires du maintien de l’unité catholique, ni de l’autorité souveraine du pontife romain dans les questions de foi ou de discipline. Et les protestations véhémentes, qu’il a élevées contre les pouvoirs et les menaces du pape Etienne, semblent n’être après tout que les conséquences extrêmes, mais logiques, de sa théorie personnelle sur l’égalité parfaite des évêques et leur indépendance réciproque. Sententix episcoporum, proœm., P. L., t. iii, col. 1051 : Epist., lxxii. 3. col. 1050 ; LXXIII, 26, col. 1126 sq. A prendre dans sa rigueur la théorie de saint Cyprien. l’Église universelle serait la simple collection des Eglises particulières, groupées indispensablement autour de l’évéque de Rome ; elle serait en réalité un corps acéphale. Car l’évéque de Home, qui est le centre de l’unité, n’en est pas le gardien ; il est le représentant officiel de l’Église catholique, sans en être le chef, puisqu’on droit il n’est pas armé de l’autorité que réclame sa situation. L’incohé_