religion, le caractère du peuple croyant ont nécessité l’institution de ces sacrements auxquels le Sauveur n’avait pu songer, puisqu’ils sont les éléments de vie de l’Église qui est née en dehors de ses prévisions à la place du royaume dont il avait annoncé l’avènement prochain. Les sacrements sont si peu d’institution divine, que « c’est seulement à partir du xiie siècle que la tradition occidentale est fixée sur leur nombre. L’Église primitive n’en connaissait que deux principaux, le baptême auquel était associée la confirmation, et l’eucharistie ; le nombre des sacrements secondaires était indéterminé. Les sacrements sont nés d’une pensée et d’une intention de Jésus, interprétées par les apôtres et leurs successeurs, à la lumière et sous la pression des circonstances et des faits » , p. 194. « Le système sacramentel se trouve embrasser et consacrer l’organisation hiérarchique de l’Église et les principaux moments de la vie chrétienne, » p. 202. C’est là sans doute la pensée et l’intention de Jésus.
Quant au nombre, aux rites des sacrements, ils se sont fixés peu à peu, mais non pas définitivement, car « le temps où l’Église fixe le nombre des sacrements n’est qu’un point particulier de ce développement et n’en marque ni le commencement ni le terme… Le terme est encore à venir, le développement sacramentel, tout en suivant les mêmes lignes générales, ne pouvant prendre fin qu’avec l’Église elle-même » , p. 203. Voilà pour l’institution et le nombre.
La nature des sacrements, d’après les modernistes, n’est pas moins éloignée de la nature des mêmes rites, telle que la définit l’Église. M. Loisy en fait de purs symboles : « Le christianisme n’a pas échappé à la nécessité du symbole qui est la forme normale du culte aussi bien que la connaissance religieuse. Il signifie donc et proclame son droit, le droit de Dieu révélé en Jésus-Christ, en même temps qu’il agit sur l’homme, par des signes sensibles, rites et formules appropriés aux fins particulières qu’il se propose, » p. 204.
Ils ne sont pas dépourvus d’efficacité, mais combien différente de celle que nous comprenons et croyons. Il faut, pour saisir la pensée moderniste, se rappeler la théorie des idées-forces et s’en tenir là : « Il en est des sacrements comme du langage ordinaire, où la vertu des idées passe dans les mots, agit par les mots, se communique réellement, physiquement par les mots, et ne produit pas seulement son effet dans l’esprit à l’occasion des mots. On peut donc parler de la vertu des mots, car ils contribuent à l’existence et à la fortune des idées, » p. 215. On reconnaît bien là la pensée rapportée et condamnée par l’encyclique Pascendi.
Le moderniste ne porte pas atteinte seulement à cette partie du culte qui est constituée par les sacrements. Il s’en prend aussi aux autres parties : « Ni le culte du Christ, nous dit encore M. Loisy, ni le culte des saints ne pouvaient appartenir à l’Évangile de Jésus et ils ne lui appartiennent pas ; ils sont nés spontanément et ils ont grandi l’un après l’autre, puis ensemble, dans le christianisme se constituant ou déjà constitué, » p. 223 sq. Cf. Autour d’un petit livre, lettre VIIe, Paris, 1903, p. 220 sq.
A. Chollet.
- CULTE DE LA CROIX##
2. CULTE DE LA CROIX. Voir Croix, col. 2339 sq.
- CULTE DE LA SAINTE VIERGE##
3. CULTE DE LA SAINTE VIERGE. Voir Marie.
- CULTE DES SAINTS##
4. CULTE DES SAINTS. Voir Saints.
- CULTE DES RELIQUES##
5. CULTE DES RELIQUES. Voir Reliques.
- CULTE DES IMAGES##
6. CULTE DES IMAGES. Voir Images.
CUNILIATI Fukjenzio († 9 octobre 1759), dominicain, appartenait à la congrégation du B. Jacques Sa loinon. Il vécut à Venise, au couvent du Très-Saint-Rosaire. Comme Concina et Patuzzi, qui appartenaient à la même congrégation, il prit part aux disputes sur le prohabilisme. Une polémique s’étant engagée de 1743 à 1753, dans le nord de l’Italie, sur l’attrition, il donna, à Venise, en 1751, une traduction italienne de la dissertation de Bossuet : De doclrina concitii Tt identini circa dilectioneni in sacramento pœnitentiæ requisitam, dans Œuvres, t. vii, p. 465-548. Son ouvrage principal est : Vniversx theologise moralis accurala complexio instituendis candidatis acconiodata, 2 in-4°, Venise, 1752 ; 1760 ; 1772 ; Naples, 1784 ; Venise, 1786. 1796.
De Rubeis, De congreg. beati Jacobi Salomonii, in-4°, Venise, 1751, p. 480 ; Dollinger-Reusch, Geschichte der Moralstreitigkeiten, in-8*, Xoidlingen, 1889, t. i, p. 301 ; Hurter, Xomenclator, t. ii, col. 1539.
R. Coilon.
- CURCI Charles-Marie##
CURCI Charles-Marie, prédicateur et écrivain polémiste,
naquit à Xaples le 4 septembre 1810, entra au
noviciat de la Compagnie de Jésus le 13 septembre 1826 ;
enseigna l’hébreu et l’Écriture sainte, puis s’adonna à
la prédication avec un grand succès. D’un tempérament
fougueux et versatile, il passa dans ses opinions d’un
extrême à l’autre, et consacra une partie de sa vie à
combattre les thèses qu’il avait le mieux défendues.
En 1843, il s’éprit des théories de Gioherti et publia
même à Bénévent une édition du l’rimalo morale s
civile degV Italiani, que le célèbre abbé venait de faire
paraître à Bruxelles. Mais ensuite Gioberti, dans ses
Prolegomeni al primato, etc. ayant fait une charge à
fond contre les jésuites, Curci lui opposa Fatti ed argomenti
inrispostaalle moite parole di Yincenzo Gioberti
intorno ai gesuiti, in-8°, Naples, 1845. Cette réplique
eut un grand retentissement ; 30000 exemplaires s’en
répandirent. Gioberti alors publia son pamphlet II gesuila
modemo, 1816, et une apologie de ce livre. 1848
Curci donna une réfutation de ces trois ouvrages dans
Una divinazione sojira le Ire ultime opère di V. Gioberti « I prolegomeni. (Il gesuita modemo « L’apologia » , 2 in-8°, Paris, 1849. Il était alors convaincu
de la nécessité du pouvoir temporel du pape et
il publia pour le défendre : La demagogia italiana
ed il Papa Re, in-8°, Paris, 1849. Dans ce même but,
il fonda, en 1850, à Naples, avec le concours des
PP. Liberatore, Bresciani et Taparelli, la Civil ta cattolica,
et donna de nombreux articles à cette revue devenue
bientôt célèbre. Plusieurs furent tirés à part et
formèrent des brochures et des livres. Il continuait en
même temps à prêcher des sermons et des conférences
dont plusieurs séries ont également été publiées.
Citons : Il paganesimo anlicoe modemo, in-12. Rome.
1862 ; Il cristitmesimo anticoe modemo, in-12. Rome.
1862 ; La naturae la grazia, in-8°, Rome, 1865. qui
fut traduit en français, Paris, 1867 ; 7/ connubio cristiano,
in-8°, Udine. 1869 : Lezioni £opra i duc libri dei
Macabei, in-8°, Rome, 1872 ; Lezioni esegetichee morali
sopra i quattro Evangeli, 5 in-8°, Florence, 187 11876. Ce dernier ouvrage marque une date dans la vie
de Curci : jusque-là ii avait énergiquement condamné
l’invasion des États pontificaux ; dans la préface de ses
Lezioni, en 1874, sous le titre Ragione deW opéra, il
préconisait l’accommodement avec la nouvelle situation
qu’il déclarait providentielle. Cette témérité lit -caudale ;
pour se justifier, Cursi adressa au pape un mémoire.
publié deux ans plus tard dans la Rivista Europea,
et où il défendait ses opinions. Pie IX fit témoigner son
mécontentement au religieux qui. d’abord, lit des excuses,
mais, quand son mémoire devint public, refusa
de le désavouer. Le 22 octobre 1877, il fut retranché de
la Compagnie de Jésus. Il publia alors : Il modemo
dissidio Ira la Cliiesae Vltalia considerato per occasione
di un faite particolare, Florence, 1877. qui fut