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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE]


nie 1. Syracuse prit sa place. Mais au xe siècle, Mélitène fut de nouveau occupée par les Byzantins, tandis que les Arabes Fatimites se rendaient maîtres de Syracuse et de sa province. Il y eut donc (’change entre ces deux villes, et ce fut d’autant plus facile que Mélitène occupait déjà le 13 « rang au VIIe siècle. Dans la liste des archevêchés autocéphales du temps de Constantin VII figurent seulement 50 noms ; il manque, par une inadvertance de copiste, Sebastoupolis dans l’Abasgie, qui est dûment constatée à la même époque. La liste des évêchés suiïragants ne présente pas non plus de grandes divergences d’avec celle de Léon VI. Césarée de Cappadoce compte seulement 8 suiïragants au lieu de 15, Mélitène d’Arménie 4 au lieu de 13 qu’en avait Syracuse, Fatras 5 au lieu de 4, Trajanoupolis 6 au lieu de 7, Rhodes 13 au lieu de 10, Philippes 7 au lieu de 6, Kamachos 5 au lieu de 8, Euchaïtes au lieu de 4. Nous avons ainsi un total de 502 évêchés suffragants, au lieu de 522 que contenait la liste précédente.

La troisième Notitia, qui daterait, d’après M. Gelzer, de 980 environ, comprend 56 métropoles. Mélitène remplace toujours Syracuse au n. 13 et Smyrne a pris la place de Séleucie au n. 30. On se rappelle sans doute que Léon l’Isaurien avait incorporé au patriarcat byzantin Séleucie d’Isaurie avec tous ses évêchés suffragants, vers l’an 732, sous prétexte que leur supérieur ordinaire, le patriarche d’Antioche, résidait hors de l’empire, c’est-à-dire dans les possessions des califes. Or, en 968, Antioche avait été réoccupée par les Byzantins. Dès lors, le motif mis en avant par Léon III n’avait plus de raison d’être, et Séleucie d’Isaurie devait être replacée sous la juridiction du patriarche de Syrie. C’est ce qui arriva effectivement et ce que nous permet de constater cette Nolilia, car à partir de ce moment, la province d’Isaurie n’a plus cessé de relever d’Antioche. Les 51 métropoles ordinaires ne sont donc plus que 50 dans cette Notitia, mais on leur en a adjoint 6 autres : Amastris, Asmosatos, Chones, Otrante, Keltzène et Taron ; ce qui porte le nombre à 56. Quant aux archevêchés autocéphales, il y en a toujours 51, mais par suite de l’introduction de certains archevêchés dans la liste des métropoles, on rencontre quelques noms nouveaux. Le nombre et le nom des évêchés suffragants ne diffèrent pas assez de ceux des listes précédentes pour que nous nous y arrêtions. Ce qui doit le plus frapper notre attention, c’est que cette Notitia, immédiatement après les cinq grands patriarcats, énumère les deux archevêchés de Bulgarie et de Chypre comme soumis à l’autorité de Constantinople. Cela tient à la même raison qui faisait abandonner Séleucie à Antioche. En 972, Jean Tzimiscès entrait à Dristra, le siège de l’Église bulgare, et annexait à l’empire grec toute la Bulgarie danubienne ; par le fait même, toute cette contrée relevait au point de vue ecclésiastique de Byzance, mais les Bulgares n’acceptèrent pas cette déchéance et le centre de leur Église fut transféré de Dristra en diverses villes de l’Ouest, jusqu’à ce qu’il fût fixé à Ochrida. Voir Bulgarie, t. ii, col. 1183. Le même phénomène dut se produire pour l’Église de Chypre, qui fit retour en 965 à l’empire byzantin, mais cette annexion religieuse ne fut qu’éphémère.

La quatrième Notitia, celle d’Alexis Comnène (10811118), G. Parthey, op. cit., p. 95 sq., ne mentionne pas moins de 80 métropoles, au lieu de 51 ou 56 qu’en contenaient les trois précédentes. Nous avons en premier lieu les 51 métropoles ordinaires, avec Mélitène d’Arménie au n. 13 et Séleucie au n. 30, puis 29 noms à peu près nouveaux : Amastris, Chones, Otrante, Keltzène, Colonia, ïhèbes, Serrés, Pompeïoupolis, la Russie ou Kiev, Alania, Ainos, Tibérioupolis, Euchania, Kérasonte, Nacolia, Germia, Madytos, Apamée, Basiléon, Dristra ou la Bulgarie, Nazianze, Corfou, Abydos, Mé thymna, Christianoupolis, Rousion de Thrace, Lacédémone, Paronaxos, Allalia. Il est à remarquer pourtant que les quatre premiers noms de cette seconde liste figuraient déjà dans la Notitia de Jean Tzimiscès, un siècle auparavant. Cette Notitia d’Alexis Cornnène contient, en outre, une liste de 39 archevêchés autocéphales, la plupart connus auparavant et qui font suite à la liste des métropoles. Il n est pas question d’évêchés suffragants, soit que le manuscrit édité ne soit pas complet, soit que l’empereur n’ait pas jugé à propos de retoucher cette liste.

La cinquième Notitia, celle de Manuel Comnène, nous est parvenue dans deux recensions, celle qu’a reproduite Parthey, op. cit., p. 101 sq., et celle qu’a éditée en partie M. Gelzer, op. cit., p. 585, d’après un manuscrit presque contemporain. C’est la reproduction intégrale de la Notitia précédente, grossie de quatre métropoles nouvelles : Mésembrie, Milet, Silivrie et Apros. Il est à remarquer cependant que Mélénic a pris la place de Dristra au n. 71, cette ville étant sans doute retombée au pouvoir des Bulgares, du moins au moment où fut transcrit un des manuscrits qui contiennent cette Notitia. De plus, parmi les 33 métropoles nouvelles qui ne figuraient pas dans la Dialyposis de Léon le Sage, 31 n’ont pas de suffragant. Nous trouvons aussi dans cette liste la plus ancienne attestation de la haute hiérarchie ecclésiastique en Russie, dont la métropole, Kiev, occupe seulement le 60e rang et compte alors Il suffragants.

La sixième Notitia, celle d’Isaac l’Ange (1186-1196), contient 93 métropoles, à savoir : les 51 de Léon le Sage, les 29 d’Alexis Comnène, les 4 de Manuel Comnène et 9 noms nouveaux : Gardique, Philadelphie, Proconèse, Hypépa, Pyrgion, Arcadioupolis, Argos, Brousse et Achyraos. Dans la liste des archevêchés paraissent aussi pour la première fois quelques villes, comme Didymotichos, Lopad et Mélaginai.

Si maintenant nous descendons un peu dans les détails, nous nous rendons bien compte des accroissements successifs qu’a pris le patriarcat byzantin, par suite de ses relations avec les Églises voisines. Tout d’abord, la politique violente des empereurs iconoclastes vis-à-vis des papes, dans le cours du VIIIe siècle, avait porté ses fruits. En dehors des provinces ecclésiastiques de la Sicile et de la Calabre dont j’ai déjà parlé, en dehors des provinces qu’occupaient les Bulgares et dont je dirai un mot tout à l’heure, tout ce qu’on est convenu d’appeler l’Illyricum oriental se trouvait annexé au trône patriarcal de Constantinople. Or, ce n’était pas un mince territoire que l’on désignait sous le nom d’Illyricum. Vers 840, le clerc arménien Basile, Georgii Cyprii descriptio orbis romani, édit. Gelzer, p. 27, notait déjà six provinces, comprises dans ce ressort ecclésiastique : les provinces de Thessalonique, Crète. Corintbe. Nicopolis, Athènes et Patras. Un peu plus tard, entre les années 901 et 907, la Notitia de Léon VI, H. Gelzer, Ungedruckte… Texte der Notilix episcopatuum, p. 550 sq., en énumérait neuf : 1a Thessalie avec Thessalonique, le Péloponèse avec Corintbe, la Hellade avec Athènes, le Péloponèse avec Patras, la Hellade avec Larissa, Nicopolis avec Naupacte, la Macédoine avec Philippes, Dyrrachium, la Hellade avec Nouvelle Patras. Ces 9 métropoles comptaient ensemble 55 évêchés suffragants et, si l’on y ajoute 7 archevêc’iés autocéphales, on voit que c’est 71 diocèses que Constantinople avait ainsi soustraits à l’obédience de Rome. Et nous n’avons pas parlé de la Crète avec ses nombreux suffragants, parce que cette île fut longtemps occupée par les Arabes, tout en relevant néanmoins de Byzance. Je n’insiste pas sur les deux notices de 910 et de 980 par rapport à l’Illyricum, parce qu’elles ne mentionnent pas de changement important, non plus que sur les autres qui vont jusqu’en 1201, parce que l’on n’y trouve que des frac-