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CONSTANTINOPLÉ (ÉGLISE DE)


Sauveur de Messine ; le siège ne devait être latinisé qu’après ce dernier. A Cotrone, le dernier évéque grec est Nicolas de Durazzo qui fut, en 1261, envoyé par Alexandre IV comme légat à la cour des Paléologues. A Rossano, nous trouvons une succession ininterrompue d’arclievèques grecs jusqu’au xive siècle ; le dernier titulaire a siégé de 1348 à 1364, Bova resta un siège épiscopal grec jusqu’au xvie siècle ; Oppido l’était encore en 1301 et Sainte-Cyrinque à la fin du XVe siècle, car nous connaissons son dernier évéque grec, qui siégea de 1472 à 1497. P. Batiffol, op. cit., p. xxii-xxxvii. Le xiv c siècle voit l’élément grec se fondre de plus en plus dans la nationalité italienne et pourtant, malgré cette absorption chaque jour croissante, la population conservait encore le souvenir de son origine orientale, le culte de sa langue et de sa liturgie propres. Je n’en veux comme preuves que les exemples apportés par M. Gay dans son article : Notes sur la conservation du rite grec dans la Calabre et dans la terre d’Utrante au xive siècle, dans Byzantinische Zeitsc/trift, 1895, t. IV, p. 59-66. Avec les comptes des collecteurs d’impôts pour le royaume de Naples, des années 1326 à 1328 pour la Calabre, de l’année 1373 pour la terre d’Otrante, cet érudit a essayé de fixer la situation du rite grec dans ces deux provinces. La liste des communautés grecques est nécessairement incomplète, néanmoins elle monte à un chiffre assez élevé. Dans la Calabre, on nomme alors, pour le diocèse de Reggio, 103 prêtres ou clercs, 5 protopopes ou archiprêtres, 13 monastères d’hommes et 3 de femmes ; pour le diocèse de Tropea, 26 clercs ; pour le diocèse d’Oppido, un higoumène grec ; pour le diocèse de Sainte-Cyriaque, 2 chanoines grecs, 4 protopopes, Il monastères ; pour le diocèse de Catanzaro, 29 clercs, 3 protopopes, 2 monastères ; pour le diocèse de Nicastro, 2 protopopes, 4 monastères d’hommes et 1 de femmes ; pour le diocèse de Squillace, 16 clercs,

4 protopopes, 5 monastères ; pour le diocèse de Mileto,

5 protopopes et plusieurs supérieurs de monastères ; pour d’autres diocèses de Calabre enfin, quelques noms de protopopes, de clercs ou de monastères. On voit, par ces chiffres, qui sont fort incomplets, que l’élément grec, au début du xive siècle, tenait fort bien tête à l’élément latin et conservait encore une prodigieuse vitalité. Dans la terre d’Otrante, nous avons en 1373, pour le diocèse d’Otrante, 7 protopopes et 1 higoumène ; pour le diocèse de Nardo, un nombre indéterminé de clercs grecs, 10 protopopes et 12 higoumènes ou archimandrites ; d’autres noms enfin pour les quelques autres diocèses. Deux siècles plus tard, la liturgie grecque est très vivante dans plusieurs villes de la Calabre et de la terre d’Otrante, notamment à Reggio, Brindisi, Nardo, Otrante, et dans d’autres localités moins importantes. En 1577, le pape Grégoire XIII fonde à Rome le collège grec pous> former des prêtres du rite oriental et, en 1579, est promulguée la réforme des monastères basiliens d’Italie. Une visite du diocèse de Reggio, faite en 1595, y atteste l’existence de 59 prêtres grecs, fort ignorants du reste ; trente ans après, il n’en restait plus un dans ce diocèse. En 1583, l’archevêque d’Otrante réunit un synode diocésain et l’on y voit figurer 200 prêtres grecs.

En dehors de ces Byzantins, descendants de ceux qui peuplaient la Sicile et la Calabre depuis le viie et le VIIIe siècles, l’Italie méridionale vit se produire au XVe siècle une première immigration d’Orientaux, d’origine albanaise et de liturgie byzantine, qui venaient renforcer l’ancien élément grec. C’est entre 1467 et 1470 qu’a lieu ce premier exode des Albanais dans une portion de la Calabre, attirés par la fille de Georges Scanderbeg, qui avait épousé le prince italien de Bisignano ; ils y fondent un grand nombre de villages. Au XVIe siècle, des familles albanaises de Coron en Morée viennent rejoindre les premiers émigrants. C’est le moment des

luttes avec les Latins, à l’obédience desquels les Albanais s’efforcent d’échapper, soit en Sicile, soit dans la Calabre. La situation n’est réglée qu’en 1735, lorsque le pape Clément XII se décide à instituer en Calabre un évéque in partibus de rite grec. Pour qu’aucune atteinte ne soit portée à la juridiction des évêques latins, le nouvel évéque sera simplement leur vicaire, chargé d’ordonner les prêtres du rite grec et d’administrer les paroisses albanaises. En même temps, le pape institue un séminaire ou collège grec-albanais, où se formera le clergé oriental et qui est d’abord installé dans l’ancienne abbaye bénédictine de Saint-Benoit d’Ullano. En 1794, le gouvernement napolitain transfère le collège et la résidence de l’évêque grec au monastère basilien de Saint-Adrien, où ils sont encore aujourd’hui. Près de la moitié des villages albanais, fondés en Calabre depuis la fin du xve siècle, ont passé au rite latin, et si la liturgie byzantine s’est encore conservée chez eux, on peut dire que c’est sur la volonté expresse du saint-siège. L’évêque grec réside toujours à Saint-Adrien, il a sous sa dépendance 25 paroisses environ, assez éloignées les unes des autres. Quant au séminaire grec-albanais de Saint-Adrien, il a été complètement réorganisé et compte maintenant près de 150 élèves avec une douzaine de professeurs. Malheureusement les idées libérales ont pénétré dans son personnel et le portrait de Garibaldi est entouré d’un plus grand respect que les images des saints. Un collège semblable existe à Palerme, depuis 1715, pour les Albanais de Sicile, qui se trouvent dans des conditions beaucoup plus favorables, au point de vue de la fortune, que leurs frères de Calabre. Ce collège, comme celui de Saint-Adrien, est dirigé par un évéque titulaire du rite grec, qui s’occupe des Albanais catholiques, dispersés dans les diocèses de Palerme, de Montréal et d’Agrigente ; il peut compter en tout une trentaine d’élèves, qui suivent les cours du séminaire archiépiscopal. En outre, le collège Saint-Athanase à Rome possède 15 Albanais du rite grec parmi ses élèves et il y a là un évéque, le troisième de rite grec pour les ordinations, mais ce sont les Pères bénédictins, et non pas lui, qui ont la charge de ce collège. Plusieurs estiment la population italo-grecque de la Sicile et de la Calabre à 50000 personnes ; d’autres pensent qu’il y en a seulement 26 000 en Calabre et 17 000 en Sicile.

Rodota, Dell’origine, progressoe stato présente del rito greco in Italia, 3 vol., Rome, 1758-1763 ; F. Lenormant. La GrandeGrèce, paysages et histoire, 3 in-12, Paris, 1881-1884 ; G. Minasi, Le chiese di Calabria dal quinto al duodecimo secolo, Naples, 1896 ; P. Fabre, Liber censuum, 1880, fasc. 1 ; P. Batiffol, L’abbaye de Bossano, Paris, 1891 ; F. Chalandon, L’état politique de l’Italie méridionale à l’arrivée des Normands, dans les Mélanges d’archéologie et d’histoire de l’école franc, de Rome, 1901, t. XXI, p. 411 ; L. Duchesne, Les évéchés de Calabre, dans les Mélanges Paul Fabre, Paris, 1902, p. 1-16 ; J. Gay, les articles déjà cités de la Byzantinische Zeitschrift, 1895, t. IV, p. 59, de la Revue d’histoire et de littérature religieuses, t. il, p. 481 ; t. v, p. 233 ; Saint-Adrien de Calabre, dans les Mélanges de littérature et d’histoire religieuses, publiés pour M" de Cabrières, Paris, 1899, t. I, p. 291 ; L’Italie méridionale et l’empire byzantin, Paris, 1904 ; G. Lancia di Brolo, Storia délia Chiesa in Sicilia. Palerme. 1884, t. II. Ce dernier auteur, avec M. Gay, indique la littérature complémentaire.

XII. Juridiction du patriarcat byzantin. 901-1204.

— On connaît six pièces officielles, qui décrivent l’étendue de la juridiction du patriarcat byzantin durant ces trois cents ans : 1° une Nolilia, qu’arrêtèrent en commun l’empereur Léon le Sage et le patriarche Nicolas le Mystikos, entre les années 901 et 907, H. Gelzer, Ungedruckte und ungenûgend verô/fentlichte Texte der Notitix episcopaluum, Munich, 1900, p. 549-567 ; 2° une Notifia, qui date du règne de Constantin VII, de l’an 940 environ, II. Gelzer, Gcorgii Cyprii descriptio orbis romani, Leipzig, 1890, p. 57-83 ; 3° une Nolilia,