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CREDIBILITE


paux, dont il use pour persuader l’accord de la raison et de la foi, seront donc des motifs extrinsèques : la sublimité de la doctrine chrétienne, Apol., I, n. 11-14, P. G., t. vi, col. 341 sq. ; Apol., ii, n. 12, col. 464, et surtout la démonstration par les prophéties, qu’il préfère à celle des miracles exposée aux objections tirées de la puissance de la magie : « Pour que l’on ne nous objecte pas que c’est grâce à l’art de la magie que le Christ a fait les miracles qui l’ont fait estimer Fils de Dieu, nous entreprenons une démonstration où les paroles céderont aux faits, où les choses futures prédites d’avance nous obligeront à croire par leur réalisation conforme à leur prédiction. » Ai-ol., I, n. 30, V. G., t. vi. col. 373. Cf. n. 31, col. 376. « Comment croirions-nous à un homme crucifié qui se déclare le Fils premier-né d’un Dieu inengendré, qui nous dit qu’il jugera le genre humain, si nous n’étions en présence de témoignages qui le concernent, prédits avant sa venue, réalisés par elle ? » Ibid., n. 53, col. 405. « Si tu veux bien souffrir que je te prouve par des raisons que nous n’avons pas été trompés… je vais te démontrer que ce n’est pas à de vaines fables que nous avons cru. » Dial. cum Tryphone, n. 9, col. 413. Cf. pour cette démonstration spécialement n. 63, col. 620-621 sq.

liien que le concept même de la foi surnaturelle ne soit pas très nettement distingué’de celui de la connaissance naturelle chez saint Justin, on trouve dans ces textes et d’autres semblables une idée juste de l’aptitude des assertions de la foi à être présentées comme naturellement croyables. Il faut ajouter que ce travail rationnel, pour aboutir, doit, selon ce Père, être exécuté avec la bonne volonté qui aspire à la vérité, Dial. cum Tryphone, n. 39, 55, col. 562, 596, aidé’par la prière et que la conviction chrétienne qui en résulte est le fruit de l’illumination divine. Ibid., n. 7, col. 492. Tout cela implique la notion complète de la crédibilité, avec les antécédents et conséquents psychologiques moraux et surnaturels que systématisera la théologie de l’avenir.

Mélilon de Sardes (170). — « Les œuvres du Christ après son baptême, el surtout ses miracles, montraient et prouvaient au monde la divinité qui se cachait dans sa chair. Car, étant à la fois Dieu et homme parfait, il nous manifestait ses deux natures : sa divinité, par les miracles qu’il accomplit pendant trois ans après baptême ; sou humanité par ses trente années avant son baptême, pendant lesquelles, sous l’humilité

de sa chair, il cachait les signes de la divinité, étant ndantle vrai et éternel Dieu. /’. G., t. v, col. 1221, fragment du De incarnalione, I. III, conservé par ànastasi li Sinaïti Cl P G. t i.xwix, col. 229. Ce qui caractérise ce passage c’est que les miracles y sont envisagés comme des effet* divins qui dénotent la divinité’de leur cause, non commi des signes à l’appui de I’divinité d un témoignage. Cf. plus loin saint Cyrille il Alexandrie et saint Thomas d’Aquin.

Atli ! 77 i Nonnonpour témoins de ce qu nsona.-I croyons les prophètes qui, Inspin - du Saint-Esprit, nous onl instruits sur Dieu et les ehosi Et vous-mêmes, qui surpasses ! les autres par la prudence et la piété envers la vraie divinité, Brmerei qu’il est irrationnel que nous cesdi croire à l’Espi il de Dit u qui a mû comme des Instruments la bouche <leprophi tes, pour adopter des opinionhumaines. Legalio, d 7. /’. G., i. vi, col. 904 La crédibilité, qui résulte de la dit inité du témoignage, ttemi ni m iiciu. dans ce teste,

ophile d Antioche. 188). — Il dégage bien la notion g< nérale de la foi au U tnoignage, et, devenait )) Augustin, voir col. I cou la

raie mu., i telle d’arrivei i la | le labou re, le matelot.m navire, le malade

DICT. Dl 71Il ni.. CATIIOL.

au médecin, ne voudras-tu pas croire à Dieu dont tu as reçu tant de bienfaits ? » Ad Autolycum, 1. I, n. 8, P. G., t. vi, col. 1037. La pureté du cœur est nécessaire pour reconnaître Dieu. Ibid., n. 2, col. 1028. Mais la foi a aussi sa démonstration : « Moi aussi je fus incrédule, mais après une étude plus attentive, je crois (à la résurrection). En même temps je tombai sur les saintes Écritures des saints prophètes qui par l’Esprit-Saint ont prédit, et les choses présentes telles qu’elles arrivent, et les choses futures telles qu’elles arriveront. L’événement des premières est pour moi une démonstration ; je ne suis plus incrédule : je crois, obéissant à Dieu. » Ibid., n. 14, col. 1046. Cette dernière phrase est l’expression rigoureuse et complète de la notion de crédibilité extrinsèque.

Saint Irénée († 202). — Il dit, parlant des gnostiques : « Ils sont si loin de ressusciter un mort, comme en ont ressuscité le Seigneur, et, par leur prière, les apôtres… qu’ils ne croient pas que ce soit possible à l’égard de l’homme entier. » C.ont. hær., 1. II, c. xxxii, n. 2, P. G., t. vii, col. 825. « S’ils opèrent quelque chose c’est par la magie… faisant voir des apparitions qui cessent aussitôt, et qui ne durent même pas un instant ; ce n’est pas à Jésus, mais à Simon le Mage qu’ils ressemblent. De ce que le Seigneur a ressuscité d’entre les morts le troisième jour, s’est montré aux disciples et, sous leurs yeux, a été reçu au ciel, eux qui ne meurent, ni ne ressuscitent, ni ne se manifestent à personne, montrent ainsi qu’ils n’ont pas des Ames semblables à celle de Jésus. Que s’ils prétendent que ce ne sont là que des fantômes, nous les acculerons aux prophéties, et nous leur montrerons par elles que toutes choses le touchant, ont été prédites, el accomplies, et qu’il est l’unique Fils de Dieu. » lboL 1. II, c. xxxii, P. G., t. vii, col. 828. La finale développe explicitement l’argument en faveur de la filiation divine du Christ par l’accomplissement des prophéties, d’où ressort le but et l’intention de la discussion sur le miracle qui précède. Personnellement saint Irénée le croit possible et probant.

Les Recognitiones, attribuées à saint Clément, œuvre apocryphe qui relève probablement du commencement du IIIe siècle, débutent par le récit fictif d’une crise d’âme qui tient au genre des Confessions de suint Augustin et de VOpusculum de sua conversione d’Hertnann. Voici, d’après la traduction de Rufin, comment se présente au héros de ce drame psychologique la prédication évangélique : l’i aniem termo ejus fide dignus, « .- divinitatis pli-nus esse crederetur, virtutes multas et signa et prodigia mira cf/icere jussione sola dicebatur, ila ut, lanquam a Deo potestatem habens, surdos faceret audire…, etc., I. I, n. (>. P. G., 1. 1, col. 1214. La première instruction que lui fait

Saint Pierre contient cette exhortation : El ideo ante

omnia fidenx prophetæ, onmi cuniexaminationeoportel probari ; queni cum cognoveris vere esse prophehini. de relique cumin ex credas oportet… ques quamvis fide suscipi videantur, ante habita ta probatione creduntur, etc. Et bis diclis, tam mihi aperte et inm dilucide….’./…vu//, ni ego mihi anie oculos habere et nantit contreclan nés, quas de prophelica veritate protuleral. Iimi.. n. 16, 17, col. 1215 Ces lestes sufflsent pour montrer

la conception rigoureuse qu’un anonyme, probablement

ébionite, se faisait de la crédibilité et de sa preuve, au commencement du in aièi

Clément d U< land 215, On Irouve t n pn,

termes l’idée dt la crédibilité rationnelle dans les Stronmtet Le vulgaii des démonstrations

coi I ls vérité, il ne se contente p-is de la

vertu salviflque nue de la foi…. Que les choses que nous disons soient probables et dignes de fol, roiit, s’ils écou

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