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CRÉDIBILITÉ

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acquisita ab homme suæ ad Deum relalioni » <>, , , scietiiia. La crédibilité, se présentant de prime abord coiiime une relation des assertions révélées à cette vertu illuminatrice, participera de son caractère objectif et intellectuel.

2 La crédibilité est une propriété commune de toutes les assertions révélées. « L’objet de foi, dit saint Thoinas d’Aquin, peut être considéré en deux manières : d’abord, dans ce qui le constitue spécialement ; ensuite, on général, sous la raison commune de crédibilité. » Sum. Iheol., II a IIe, q. i, a. 4, ad 2um. Sous le premier aspect, les assertions révélées relèvent de la dogmatique spéciale ; sous le second, elles fondent une propriété générale analogue à la propriété transcendantale de vérité que fonde l’être en général ; cette propriété est le vrai de crédibilité, qui s’attache à tous les dogmes, sans égard pour leur contenu intrinsèque, parce qu’il ne les considère que dans leur rapport avec l’antécédent commun à toutes les vérités révélées, le témoignage divin.

3° La crédibilité n’énonce qu’une vérité extrinsèque. Elle dit que telle assertion, en tant qu’attestée et témoignée, est vraie ; elle ne découvre pas sa vérité intérieure. Par là, la crédibilité diffère de la vérité scientifique, au sens large et traditionnel de ce mot. Celle-ci résulte de l’évidence interne des choses connues, premiers principes dont les termes s’incluent, démonstrations rigoureuses ou faits manifestes. L’irréductibilité entre ces deux sortes de vérités est absolue. Quelles que soient la véridicité d’un témoin et la certitude du fait de son témoignage, lt)rs même que cette véridicité serait métaphysiquement nécessaire et ce fait manifeste, la vérité conséquente au témoignage ne change pas de nature. Eile est nécessairement vraie comme attestée ; mais je n’en ai pas la science, la vision intellectuelle ; elle n’est pas vraie, absolument parlant, pour moi. Cajetan, In Sum. tlteol., II a II æ, q. I, a. 4.

4° La crédibilité a une signification pratique. Elle n’est pas pure vérité spéculative. Elle énonce qu’une assertion est bonne pour la foi divine. D’ailleurs, cette bonté pratique n’est donnée que si l’assertion en question est évidemment apte à être crue. Et celle-ci ne sera véritablement apte à être crue que si le fait du témoignage véridique divin ne fait pas de doute au point de vue spéculatif. Il s’agit, en effet, d’autoriser l’acte de foi divine qui est une adhésion absolue de l’intelligence à l’assertion révélée, et l’on comprend qu’une adhésion intellectuelle absolue exige du jugement de crédibilité qui l’autorise pratiquement des garanties non seulement morales mais intellectuelles, qui excluent toute hésitation de l’esprit. La crédibilité, bien qu’appartenant à l’ordre du vrai pratique, doit donc, pour être adéquate à ce qu’elle autorise, pour offrir une bonté vraie, qui légitime l’acte absolu de la foi, présupposer la certitude intellectuelle de son bien fondé, que cette certitude soit le résultat d’une illumination divine, comme c’est le cas pour ce que nous appellerons la crédibilité surnaturelle, ou qu’elle provienne d’un examen rationnel portant sur les motifs dits de crédibilité, comme c’est le cas pour la crédibilité naturelle.

Ces quatre propriétés d’ailleurs conviennent toutes aussi bien à la crédibilité surnaturelle, qui ressortit au témoignage intime de la vérité première, qu’à la crédibilité naturelle qui ressortit à la preuve rationnelle de ce témoignage. Voir plus loin.

Billot, De vlrtutibus infusis, th. xvii. $ 2, p. 296 ; S. Thomas et Cajetan, toc. cit. ; Guillaume d’Auvergne, Tr. deflde, ꝟ. 15, des Opéra omnia, 1501 ; Vacant, Études théologiques sur la const. Del Filins, n. 561 ; Perrone, Prxlect. tlteol., t. ii, col. 1362 ; Tolet, In Sum. theol., IIIf, q. i, a. 4. concl. :::Albert le Grand, In IV Sent., 1. III. dist. WIII, litt. : dist. XIII, ad 2*" ; liipalda. De fitle divins, disp. VI. sect. v. n. 43 sq. ; Ferré, Tr. de fide, q. iv, sect. i, n. 2.

III. I.A CRÉDIBILITÉ DANS LA GENÈSE DE LACTE DE lui : s. PLACE ET SES DEGRÉS. — I. SA ri. m !.. — L’acte de foi, tout surnaturel soit-il. ne laisse pas d’être un acte humain. Il doit, de ce chef, rentrer dans le dynamisme général des actes organiquement liés, dans la dépendance de notre fin ultime et obligatoire, qui constitue notre vie psychologique et inorale. La raison de lin suprême, en eflet, fait abstraction des notions de naturel et de surnaturel qui la divisent analogiquement. Illiest notre bien sans épithète, et la réalisation de ce bien s’impose à nous comme le devoir absolu et premier. L’adhésion à la prédication évangélique dont l’objet représente un bien particulier dont la connexion nécessaire avec la fin ultime reste à établir doit, à ce titre, être considérée comme appartenant à l’ordre des moyens. Le premier acte inaugurant cette adhésion, à savoir la perception de l’assertion révélée, auditus fidei, suppose donc déjà existants et en exercice les quatre mouvements psychologiques qui intègrent l’ordre suprême de l’intention humaine, à savoir : la connaissance de notre bien en général, son amour également général, la dictée de la syndérèse nous intimant de ne rechercher notre bien propre que dans une fin en rapport avec notre nature rationnelle considérée non seulement dans ses exigences de nature, mais aussi dans ses capacités obédientielles, l’adhésion de la volonté à cette dictée par une intention efficace. Voir Acte humain, 1. 1, col. 343. C’est une vie morale déjà en activité que la proposition de la doctrine révélée vient surprendre pour lui ouvrir de nouvelles perspectives. La proposition de la vérité révélée contient deux assertions principales : 1° Vous devez croire telle vérité qui a rapport à votre fin ultime, à votre salut ; 2° vous devez la croire, parce que Dieu la révèle. Ces deux assertions font appel aux deux principes de la syndérèse, à savoir : le principe de l’obligation qui incombe à tout homme de tendre à sa fin ultime ; le principe de l’obéissance que la nature intellectuelle créée doit à Dieu, obéissance qui se rattache elle-même à l’obligation de tendre à la fin dernière dont elle représente l’une des issues. Il n’y a rien dans renonciation et la reconnaissance de ces principes qui dépasse la portée de la syndérèse complétée par la science morale. Si l’entrée en scène de la prédication évangélique nous suggère d’y avoir recours, la raison seule suffit à les justifier. Ils renforceront donc la dictée de la syndérèse nous intimant de ne rechercher notre bien propre que dans une fin rationnelle, et ce dictamen, explicité par ces deux jugements, se traduira aussitôt, dans la volonté, rectifiée par l’appétit du bien rationnel, par une intention efficace de croire à la parole d’un Dieu qui révèle une vérité salutaire. L’ordre d’intention morale présupposé par la foi est dès lors intégral.

Il faut noter que la dictée de la syndérèse ainsi complétée, et l’intention conséquente, tout en étant en soi d’ordre naturel et rationnel, peuvent dans certains cas, spécialement celui où un homme est prédestiné efficacement à croire, être déjà sous l’inlluence de la grâce qui aboutira à la foi. Dans le cas cité, en effet, les jugements en question expédiant ad salutem et, pourautant, sont visés par le T canon du IIe concile d’Orange, Denzinger, Encliiridiou, n. 150, où il est dit que nous ne pouvons avoir la pensée, cogitare, d’un bien qui a rapport au salut éternel, ut expedit ad salutem, sans une illumination et une inspiration du Saint-Esprit. Il semble bien, d’ailleurs, que la pensée du devoir de croire pour réaliser sa fin ultime et pour obéir à Dieu est celle d’un bien qui a rapport au salut éternel. Cf. concile du Vatican, const. De fide, c. ni, au commencement et passim. Chez ceux qui doivent aller jusqu’à la foi, ces jugements et la volonté de croire qui les suit, encore que cette volonté soit conditionnelle quant à l’adhésion à une vérité déterminée et malgré leur