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CREATION


munication du souverain bien est nécessairement un bien pour tous ceux qui y participent : dés lors Dieu qui aime et veut les essences selon ce qu’elles ont d’aimable a dû nécessairement aimer et vouloir ce bien de la créature : c’était donc une des fins naturelles de son acte.

Lessius, op. cit., 1. XIV, c. i, n. 3, 8, p. 200 sq., rend beureusement la même pensée. L’homme souhaite des lils pour se survivre en eux, parce qu’il s’aime, et pour que ses fils participent aux mêmes avantages qui lui font chérir la vie, parce qu’il les aime. Ainsi de Dieu : toute création est une génération, et comme cette fécondité fait la gloire du Père, rcoctTjp tû>v ôXcov, elle l’ait aussi le bien de tous ses lils.

L’exemple est même des plus aptes à faire bien voir que fin primaire et fin secondaire ne sont pas deux fins juxtaposées, mais unies et comme fondues ensemble : une même réalité, l’existence de la créature, du fils, fonde la gloire de Dieu, du père, en tant qu’elle est la manifestation extérieure de ses qualités, finis primarius ; elle est le bien de la créature, en tant que c’est un bien de participer à ces perfections excellentes, finis secundarius. On demande de ces deux aspects lequel a été voulu le premier : il faut dire le premier parce qu’il est en soi plus aimable, mais il était impossible de vouloir l’un sans l’autre, et cette nécessité qui découle de la perfection de sa nature le créateur ne l’a pas subie, il l’a ainniecoinme elle méritait de l’être.

En conséquence, plus grande devait être la gloire qu’il voulait se prouver, plus excellent devait èlre le bien fait à la créature. S’il entend se contenter de la gloire objective et du seul monde matériel, c’est déjà un don ; s’il veut sa gloire formelle, le voici obligé de faire participer la créature à cette prérogative plus (’levée (le son être, la vie de l’intelligence ; s’il veut la gloire supérieure d’un hommage libre, il devra faire à la créature le présent plus précieux de la liberté ; s’il veut enfin qu’elle lui rende quelque chose de l’amour qu’il se porte à lui-même, il faudra qu’il se fasse connaître comme il se connall lui-même : c’est la vision intuitive et l’élévation à l’ordre surnaturel. Dieu, dans cette hypothèse, recevra de sa créature une gloire Bpé-Ciflquemenl divine, mais la créature, par là même, participera à un bonheur spécifiquement divin. Ainsi l’honneur du père d’avoir des lils qui lui ressemblent le plus possible, et c’est le bonheur des lils de ressembler < leur père autant qu’il se peut.

pai là, au lieu d’un mouvement divergent de l’Absolu mtingent, nous ne constatons en Dieu qu’un seul mouvement toujours vers soi, mais à double effet. ne considérer cette solution que pour s, -, valeur philosophique "n i i - doute qu’elle résout mieux que les autres les difficultés du problème. Elle parait

de plus s’appuyi i Bur sonci ption plus profonde de

l’Être néi Les autres, avec buis Bcrupules

i ter de lui le repi oche d’égoïsme, n en jugi al en » ruqu’à la mesure de noire humanité.

i. i /."/ pure bonté. C’est là une con

quence des principe ! précédent*, s.imt Bonaventure lue dans les mêmes termes que ! < concile du

Vatican l i tout fait pour lui-même, Prov., wi. i.

pai conséquei I p ur sa gloire, non pas, dia-je, pour l’augmenter, mais pour la manifester et pour la communiquer ; et dans cette manifestation et participation il.i eu en vue l’avantage considérable de la créature, m tu a in utilitas, .i Bavoir -.i glorification ou béati /< / 1 Sent., I II. dist. I. p. il, a..’. q, i. I i n p i. ; C’est la doeti ine commun* di’; ’bien qu’il était lui-même et qui

ni.-, la bout, seule, non la nécessité’l’a

iiiniquei. qunniam optimi <, , >i.

II’'’/"’ntii inii n n

<. i. l. pai i II, c. iv, i

t. clxxvi, col. 208 ; disciple de Hugues, Sum., tr. II, c. i, ibid., col. 79 ; et en dépendance du même maître, Pierre Lombard. Sent., 1. II, dist. I, n. 3, 4, P. L., t. cxcii, col. 653 sq. Seule la créature tire avantage de la création, in hoc ergo projicit serviens, no » ille cui servitur. Ibid., n. 6, col. 653. Le R. P. Monsabré résumait la même doctrine en termes excellents : « Où trouver l’égoïsme dans un acte dont la bonté est le principe et la fin ? Si Dieu ne nous crée pas, tout nous manque ; en nous créant il n’ajoute rien à son infinie béatitude… C’est à la créature que revient en définitive tout le bien communiqué par le créateur. Ce bien reconnu, estimé, admiré, goûté par les êtres intelligents, devient la gloire de Dieu, mais il n’est gloire que parce qu’il est bien, et la gloire n’est si grande que parce que le bien est le don parfait d’un amour parfaitement désintéressé. » Conférences de Notre-Dame, in-8°, Paris, 1874, 12 « conf., p. 290 sq.

La plus grosse objection que l’on puisse faire à cette doctrine se tire de l’existence du mal. Il a été déjà exposé que le mal était une conséquence du caractère fini de la créature, etc. Qu’il suffise ici de quelques mots sur la difficulté plus considérable du mal moral et de la sanction qu’il entraîne..Si excellent que soit le don de l’existence, quel père, dit-on, le ferait à son fils, s’il prévoyait que par le mauvais usage de ce bienfait, il devait mériter des tourments éternels ? Où voir la bonté de Dieu dans la création de ceux que sa prescience éternelle lui montre comme destinés à l’enfer ?

Saint Jérôme ne donne pas, semble-t-il, la dernière réponse, en disant que Dieu punit non les fautes prévues, mais les fautes commises, prsesentia judicat, non futur a ; que c’est donc œuvre merveilleuse de sa bonté d’offrir, même à ceux qui doivent en mésuser, la possibilité de se convertir et de faire le bien. Adv. /ielag., 1. III, n. 0, P. L., t. xxiii, col. 575. Cette prescience ne devrait-elle pas bien plutôt l’empêcher de faire cette offre dangereuse ?

Le problème est poussé plus sérieusement dans saint Augustin. Le saint docteur justifie Dieu, parce qu’il sait tirer du mal des damnés le bien des justes, scivil magis ad suam omnipotentissimam bonitatem perlinereeliam de malis bona facere, quant mala esse non sinere. Dr corrept. etgrat., c. x. n. "27. P. L., t. xi.iv, col. 932 ; De civilate Dei, 1. XXII, n. 2, t. xii, col. 751. Il reste que Dieu pouvait convertir toutes ces volontés rebelles. Pourquoi ne l’a-t-il pas lait ? C’est --on secret, répond-il : Pênes i/isutn est. Debemus enim non plus sapere quant oportet sapere. />' Gen. ml lut., I. XI, e.. n. 13, t. xi. col. 134 ; cf. c. vii, n. In sq., col. 133. Au^i bien est il des natures qui ne se maintiennent dans le devoir que par la vue du châtiment.

Supprimer la sanction, c’était aussi suppri r ces

créatures libres : on n’augmentait donc le nombre des en dures de genre plus parfait, qu’en restreignant celui des genres de créatures lionnes, aucta numerositate excellentioris generis, ipsorum generum bonorutu numerus minueretur. Ibid., n. 13 sq.

Ainsi heu gérait justifié pai ce fait qu’il tire le bien du mal. L’excuse est incomplète

ii scolastiqui exalteront > leur tour la boni, de Dieu dans ce présent redoutable de la liberté : un ici

in mvalait un tel risque. car il est plus glorieux

pour la créature de ne pas consentir, que de ne oir eii-, - tentée, » Pierre Lombard, Sent., I. ii, dist Wlll, n. I. /’. I.., . cxcii, col. 700 ; Bandin, ibid., col. 1051, Mais le risque est excusable pour qui i| le derniet < lultat ; il semble bien cruel, quand l’échec final et t pn u

i i donner encore une réponse asseï bonne de due que li i eh. mi n. mi Indifféremment de parents vertueux, Dieu ne p lit sans faire

du miracle une loi habituelle empêchci la génération