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CREATION


Bide, ibid., I. MU. c. ri, p. 630. Cf. II. Cazac, Polémique d’Aristote contre la théorie platonicienne des idées, in-.s-, Tarbes, 1889, p. 16, note.

Ainsi les choses sont ce qu’elles sont, non seulement parce qu’elles sont composées de tels ou tels éléments, mais parce qu’elles répondent à un type, l’idée, et à un but. Platon, Philèbe, 53, 54, édit. Didot, t. i, p. 430sq. ; Phédon, 100 sq., ibid., p. 78. Qu’est-ce au juste que ces idées ? Les êtres exislent-ils par participation, uiOs ;  ;  :, de ces réalités supérieures, ou sont-ils seulemont créés à leur imitation, [uir^cu ; ? Dans le premier cas. Platon nous mettrait sur le chemin de l’idéalisme alexandrin ; dans le second, nous aurions réellement, avec un dieu transcendant, la théorie de l’exemplarisme. L’hypothèse la plus probable est peut-être la suivante : Maton a partagé successivement les deux manières de voir. Le limée, s’il en était ainsi, et Republ., 1. X, si favorables à la j. !.rr, niç, marqueraient moins une synthèse de ses vues antérieures, qu’une seconde époque de sa pensée. Janet, op. cit., p. 745 sq. Mais ce dieu transcendant du Tintée porte-t-il en lui le monde des idées ou le conlemple-t-il bors de lui ? Les néoplatoniciens en général et les Pères de l’Église mettent les idées en Dieu ; Aristote, Jean de Philopon, les scolastiques estiment que Platon les supposait hors de Dieu ; les modernes sont fort divisés sur ce point d’exégèse. Il semble acquis cependant que l’interprétation qui présente les idées comme les idées de Dieu n’est pas antérieure à l’ère chrétienne. Cf. Zeller, Philosophie der Griechen, t. ii, p. 664, n. 5 ; t. v, p. 120. Au surplus ce qui importe ici, c’est moins la reconstitution objective de la pensée platonicienne, que l’histoire de son influence. Voir les textes, Ritter et Preller, Historia ]iliilosopliise grseese, 8e édit., in-8°, Gotha, 1898, n. 318, p. 238 sq. Cf. Petau, De Deo, 1. IV, c. ix, in-fol., Venise, 1725, p. 186 sq.

Aristote, son disciple, combat les idées en tant que subsistantes hors de la cause première. Metaph., 1. I, c. vi, ix ; 1. II, c. v, vi ; 1. VI, c. vii, viii, xiv, etc., édit. Didot, t. il, p. 477 sq., 498 sq., 54’t sq. Cf. Commentaires de S. Thomas, In Arist. metaph., 1. I. lect. ix. x ; 1. III, lect. IX, x ; 1. III, lect. ix, xiv ; 1. VII, lect. VI, vu, xiv, Paris, t. xxiv, p. 384 sq., 439 sq., 633 sq. ; t. xxv, p. 27 sq. On affirme ces idées séparées, dit le Stagyrite, sans raison, et la raison conduirait à en admettre d’inadmissibles. Metaph., 1. I, c. ix, n. 2 sq., ibid., p. 482 ; texte repris, Metaph., 1. VI, c. XVI, n. 7, ibid., p. 556. Ce sont des notions générales auxquelles on accole les mots « en soi » , par exemple, s l’homme en soi, » Metaph., 1. VF, c. xvi, n. 7, ibid., p. 556 ; impossible que ces types séparés servent d’exemplaires. Metaph., 1. VI, c. viii, n. 8, ibid., p. 546. Mais en la corrigeant le disciple garde et développe la théorie du maître. Dubois, De easemplarismo divino, in-4°, Rome, 1899. t. i, part. III, 1. I, c. i, p. 300 sq.

Les mêmes causes qui avaient amené le développement de la théorie des intermédiaires, cf. Hackspill, Études sur le milieu religieux et intellectuel du Nouveau Testament, dans la Revue bi&iigrue, 1901, p.201sq., et l’éveil de la spéculation philosophique sous l’influence gréco-alexandrine, devaient provoquer dans la théologie juin lalogues.

On sait la place que tiennent dans les livres sapientiaux les descriptions de la Sagesse.de ses prérogatives,

de son rôle. Mais le n le 6 sagesse » y est pris en

ies sens multiples ; sagesse humaine et vertu de religion, Prov., I, 1-9, loi de la nature. Is., XI.. 12-14 ;

Job, xxxviii, xxxix ; Ps. civ, ’il, ailleurs ensemble des attributs divins qui m " manifestent dans la création cl

que l’homme doit, pour être s.pe. reproduire en sa vie. Lccli., xxiv ; Job, wvin. Jéhovah m’a possédée au Bommeneemeiil de ses voies. Loi squ’il disposa les deux, j’étais la, … lorsqu’il posa les fondements de la terre…,

j’étais à l’œuvre auprès de lui me réjouissant chaque jour [ou : j’étais ses délices) et jouant en sa présence… et trouvant mes délices parmi les enfants dis hommes. » Prov., viii, 22 sq.Cf. Hackspill, dans la Bévue biblique, 1901, p. 202 sq., 377 sq. ; 1902, p. 58 sq.

Dans ces allégories poétiques si complexes, on peut trouver les éléments d’une théorie de la cause exemplaire, et les Pères l’y reconnaîtront spécialement à l’occasion de la traduction des Septante, éV.t’.té li iy/îy. Prov., viii, 22, il m’a créée ou constituée principe de ses voies ; il est diflicile de juger qu’elle y soit explicitement formulée.

La littérature extracanonique montre des tendances analogues. Telles les spéculations sur l’homme intelligible etl’hommesensible, tantôt d’origine juive, liousset, Die Religion des Judentums im neutestamentlichen Zeilalter, in-8°, Rerlin, 1903, p. 347, tantôt en dépendance plus marquée de l’hellénisme. Aucher. Philonis Judœi parali pome na. Venise, 1826, p. 6. On reconnaît à certains êtres, personnes, institutions ou choses, une certaine préexistence dont il est diflicile de déterminer la nature. Le texte : « Regarde et fais suivant le modèle qui t’a été montré sur la montagne, » Exod., xxv. 10, a pu avoir quelque influence sur ces théories. Tixeront, Théologie anténicéenne, c. i, p. 38 ; cf. Dalman, Die Worte Jesu, in-8°, Leipzig, 1898, t. i, p. 245.

C’est par Philon surtout que se développe la théorie de l’exemplarisme. Drummond, Philo Judeeus, t. II, p. 187-189, 275-279 ; Lebreion, Les théories du Logos au début de l’ère chrétienne, dans les Études, 1906, t. evi, p. 764 sq. Il cite ses devanciers juifs et dans le De opificio mundi s’appuie surtout sur le Timée. « Dieu concevant… qu’une belle copie ne peut exister sans un beau modèle, ayant résolu de produire ce monde visible, tbv ôpaiôv, commence par former le [monde| intelligible, tov vorfrdv, afin de former, par le moyen de cet exemplaire incorporel… le monde corporel, Koerro-j-ipo-j VEco-epov âuecxâvtcr|i.a, renfermant autant de genres sensibles qu’il en était dans le premier d’intelligibles. » De opif. mundi, c. iv, édit. Wendland, t. I, p. 4, n. 16. Ainsi de l’architecte humain qui construit tout d’abord son œuvre dans sa tête. Ibid., c vii, p. 7, n. 29. Ce monde des idées n’a d’autre place que le Logos divin, c. v, p. 5, n. 20, o-Jok ïtîsov rî ett ; r, 6 to0 àpyiTÉxTovo ; Ào-fio^o :, c - v, i P- 6, n. 24, et ce dogme, ajoute-t-il, est de Moïse, non de moi, car s’il dit que la partie, l’homme, est créée à l’image de Dieu. Gen.. i, 26, combien plutôt l’univers. Ibid., n. 25. Cf. Platon, Timée, 30, édit. Didot, t. ii, p. 205 ; Philon, De confus, lïnguar., c. xxviii, t. il, p. 247, n. 145 sq. ; Petau, De Deo, 1. IV, c. ix, S 12, t. i, p. 190.

Si grande qu’ait été la vogue des idées platoniciennes et philoniennes, il semble impossible d’en voir un écho dans Rom., i, 20. Ces choses invisibles que révèle le monde sensible, cène sont pas les idées divines, mais les attributs transcendants de Dieu. Cornely, Comment, in S. Pauli epistol., in-8°, Paris, 1896, t. I, p. 81. 85.

Les textes de la lettre aux Hébreux offrent une analogie plus frappante. Cet autre monde, le vrai, dont le nôtre n’est que l’anlitype, ressemble au monde des intelligibles, Heb., vin. 5 ; ix, 23, 24, mais la suite du raisonnement montre bien que l’auteur entend par là le « sanctuaire céleste » . C’est le sens qu’il donne à Kxod.. xxv, 50. Les deux idées sont voisines, nullement identiques. Ces siècles créés ex invisibilibus pourraient aussi s’entendre du monde des idées invisibles, si le texte des Septante n’avait rendu Gen., i. 2. mauis et væua de la Vulgate, par copain ; xa’t à/.a7a<7xsJa70 ;, de Hummelauer, //* Genesim, 1895, p. 91. et si la suite du discours, Heb., xi. 3 sq., ne nous montrait l’auteur passant en revue la Genèse pour > signaler tout ce que, par (lie. la loi nous enseigne. Il s’agit donc non du monde des idées, mais de la matière chaotique, tien., i, 2. A