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CREATION


bonté, nullement comme à des termes nécessaires. » S. Thomas, Cont. gent., 1. I, c. lxxxii, n. 3. On a donc raison de dire que créer ou ne pas créer sont pour lui -deux actes égaux : il ne gagne ni à l’un ni à l’autre. Suarez, Disp. met., disp. XXX, sect. xvi, n. 20 sq., Paris, t. xxvi, p. 189 sq.

d) Par voie indirecte et réfutation des objections la même thèse se confirme. Les difficultés métaphysiques qui amènent à nier la liberté de la création sont en fait très graves. Il est bien rai qu’il y a un lien nécessaire entre Dieu et le monde : par le seul fait que l’Être infini existe, l’être fini est possible par participation ; dès lors, dit-on, il est pensable et dans l’Etre infini il est pensé nécessairement et comme distinct de lui : cette pensée nécessaire, voilà le monde. On remarquera cependant qu’à moins d’assimiler injustement la pensée divine à celle de l’homme, on ne saurait la concevoir comme une modalité distincte de son essence : -elle est Dieu même. Il est vrai que cette affirmation, qui paraît de toute nécessité, semble d’abord compliquer la question plutôt que l’éclairer : comment Dieu peut-il connaître dans le même acte infini et simple, le fini et l’infini, le moi et le non-moi ? On peut cependant soupçonner quelque chose de la solution. Le fini, en effet, est en quelque sorte plein de Dieu comme terme possible de son imilabilité, comme terme actuel de sa puissance. L’Etre incréé est sous tous les rapports le prototype et la raison suffisante de l’être participé : il peut donc connaître en soi tout ce qu’il met en lui. Le créé s’oppose à l’incréé par la limite, soit ; mais la limite n’étant rien de positif ne peut être l’objet d’un concept positif distinct ; il suffit de nier plus ou moins du parfait pour connaître l’être plus ou moins limité ; la lumière peut connaître les ténèbres sans sortir d’elle-même en niant de son contraire tout ou pailie de la perfection qui est en elle. Par ailleurs cette connaissance n’est pas un acte de la puissance productrice, pas plus que nous ne réalisons nos idées ou nos projets d’action en les pensant : necesse est Deum alia stire, non au te m relie. S. Thomas, Cont. gent., I. I, c. t.xxxi, 5 ; Sum. theo’… [ » , q, xix, a. 3, "I 6. Ile ce qu’un artiste sait tout ce qu’il peut faire, il ne s’ensuit pas qu’il produise tout ce qu’il sait. Cont. gent., 1. ii, c. xxvi, n.5.

En insistant sur la difficulté précédente, on ferait

remarquer que ces êtres possibles ne sont pas seule ts de pensée, mais termes nécessaires de

l’amour, parce qu’ils sont une participation de l’infini :

imour nécessaire, c’est la création. Son pis. il

rai que Dieu s’aime en eux nécessairement, mais

r inel n ainsi d’objets que

nous reconnaissons beaux, bons, utiles eu soi. et que » * « "— laissons à d’autres n’en ayanl que faire : il aime

ii’ment, sans vouloir n

meut leur existence, que leur nature n’exige pas el qui ne fin impoi li’ni ien Nouvelle objection : les menta de Dieu - réglant -m et les ju l’acte du ei, a teur qui procède de ci - jugement ! est nécessaire aussi : la création n’est donc pas libre au moins quant aux

i II v ; i iei encore

lement I i m-, puisque heu est

lit, aura toute la n ctitude qui inspire.

ment pour cela qu’il sera libre, car la

nlinie représi nie a Dieu qu’il est.i lui-même

al objel il’, nr et que tout II perfection. Ainsi en est il chaque le choix entre dei menl

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une a Mr. difficulté : pourquoi Dieu crée-t*il, i créei Mf.T. DI Tiitoi.. CATHOL,

ou ne pas créer sont pour lui deux biens également indifférents : où est la raison de la préférence, si rien en soi n’est préférable ? Cette énigme n’est pas propre à la liberté divine ; elle se rencontre dans tout acte libre et il faut qu’elle s’y trouve : si c’est le motif objectivement le plus fort qui entraîne l’assentiment, nous sommes déterminés ; plus de libre arbitre. Il est de l’essence de l’acte libre d’avoir toujours une raison suffisante — sans quoi il cesserait d’être raisonnable — jamais de raison nécessitante — sans quoi il cesserait d’être libre. Mais alors la préférence elle-même est sans raison ! Nullement, mais le motif dernier de la préférence se tire du bon plaisir du sujet, non de l’attrait naturel de l’objet. La liberté, dit très bien M’! ' d’Hulst, « est une balance qui meut elle-même ses plateaux. » Conférences de Notre-Dame, in-12, Paris, 1891, p. 110 sq. Là où le motif n’est pas déterminant, elle y met du sien : le motif de l’acte devient bien le plus fort mais subjectivement, parce que la volonté consent à l’aimer et à l’aimer plus, ne fût-ce que pour s’affirmer à elle-même qu’elle met son amour où elle veut. Ainsi, toutes proportions gardées, en est-il de Dieu : il arrête ses regards sur un acte convenable, sans être nécessaire ; il l’aime pour ce qu’il a d’aimable, et il le préfère parce qu’il lui plaît d’exercer à son propos ce pouvoir souverain de ne devoir qu’à soi-même la raison dernière de ses déterminations. Quant aux qualités qu’il a pu aimer et vouloir dans l’acte créateur, quant aux graves difficultés qu’on peut encore soulever en arguant de l’immutabilité divine, voir col. 2135 sq. ; quant aux restrictions qu’il convient d’apporter à cette thèse de la liberté divine, il va sans dire que Dieu ne peut vouloir ni le mal, ni ce qui est contradictoire, et que telle ou telle volition peut être commandée par une autre, nécessitas ex suppositione : qui veut la lin veul les moyens, et plus la fin est restreinte et limitée, plus le choix est réduit dans le nombre des moyens. S. Thomas, Cont. gent., 1. I, c. i.xxxur, lxxxvi ; Kleutgen, l’hilosopfiie scolasliquc, t. ii, p. 457-519.

2. Liberté de spécification.

La liberté de Dieu sous ce rapport est encore absolue, que l’on considère : a) l’espèce ou degré de perfection de son œuvre, h) ou les espèces physiques de telles ou telles classes d’elle-, dont il veut composer son œuvre, c) ou les déterminations accidentelles de temps, de lieu, d’espace, de quantité, qu’il veut lui donner.

a) De la perfection requise dans le monde. — n. Dieu n’est pas tenu de créer le monde le pins / « //fait possible. — Les partisans de la doctrine contraire (voir Optimisme) sont amenés ; i cette solution par le lie-, .m d’expliquer la rationabilité du choix divin. Les uns disent avec Abélard, que si les réalités présentes n’avaient pas eu de quoi être préférées, i d’autre-. Dieu ne ledit pas préférées ; que Dieu ne pouvant fain le moins bien est nécessité au mieux, el que ce monde, le

seul qui existe de fail. était dune le illeur. Tel est

lussi > peu près le raisonnement de Gûnlher. Kleuigen, , ’., t. n. p. 195, ( lette théorii pèche, on le voit, par une fausse explication de l acte libre i., (, r, i, ,

lire sa raison du sujet et non de l’objet ; le seul monde

qui s, ut n’esi donc pas le seul possible (voir col. 2144), et qu’il ne soit pas le meilleur îles possibles, c est i hose évidente : i car qu’il y ail du mal. nul (le eux qui participent à la Me ne b’niera s. Basile, In Bexæm., bouiil. m. i. /’. '>'., i. xxix, col. 37. D’autres tonl frappés surtout de la nécessité d’expliquer non pas t mi le fait d" choix divin entre plusieurs hypoll que /., mes du motil de le Impossibiliti de

voir un motif qui n’étanl pas parfait ne serai) pas

digne’blie u Hais il suffit de considérer q

cepl d une créature ou d’un monde le plu pai lail possible idictoire dans les lermi Di qu’i trouvi’lui i l’ordn Uni et quantitatif, entie la di i

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