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CRÉATION


Deprincip., 1. I. c. ii, n. 2, P. G., t. xi, col. 131 ; lu Joa., ton), i. n. 22. 39, /’. G., t. xiv, col. 5C, Mi ; Eusèbe, Præp. evang., !. VII. c. xii. /’. G., t. xxi, col. 511. L’évangéliste, conclut Kusèbe, ne luisait donc que reprendre la doctrine antique, to rcpoçr)Ti%6’J xai Trâtp’.ov câ^^a., quand il écrivait : Au commencement était le Verbe. Joa., i, l. Eusèbe, ibid., col. 544. Saint Atlianase justifie le mot sxttoE, Cont. aria » ., il, n. 7<S, P. G., t. xxvi, col. 312. Cf. Hackspill, lue. cit., 1901, p. 210, noie 2. -C’est du Verbe qu’il s’agit encore Ps. xxxii, 6 : Verbo Domini cieli firniati sunt. S. Irénée, Cont. hær., 1. I, c. xxii. n. l, ÀGr., t. vil, col., 669 ; S. Ambroise, Defide, 1. IV, c. iv, n. 45, P.L., t. xvi, col. 026, etc. — <I. Enfin comme ils trouvaient cette doctrine même dans des textes de l’Ecriture où elle n’était guère, les Pères la lisaient cbez les pbilosopbes où elle n’était pas davantage. S. Augustin, Confess., 1. VII, c. IX, n. 13, P. L., t. xxxii, col. 740 ; In Joa., tr. E c. i, n. 12 sq. ; tr. II, c. i, n. 1 ; P.L., t. xxxv, col. 1385, 1390 ; Deciv.Dei, 1. X, c. m. n. 1, P. L., t. xi.i, col. 281. Eusèbe appelle en témoignage Platon, Philon, Plotin, Numénius, Prœp. evang., 1. XI, c. xiv sq., P. G., t. xxi, col. 884 sq., et nous garde un extrait d’Amélius sur saint Jean. Ibid., c. xix ; cꝟ. 1. IV, c. ii, IV, v, x ; 1. V, c. vii-xxx, P. G., t. xxi. col. 900.

2. Nature du démiurge.

Saint Jean affirme la divinité du Logos au moment même où il le met en scène, Joa., 1, 1, et cette divinité au sens strict, par égalité parfaite avec le Père, suffit à le distinguer du démiurge platonicien ou pbilonien. Toutefois renvoyant ailleurs la démonstration rigoureuse de la divinité du Verbe, nous n’entendons ici que signaler rapidement, comment, d’accord avec les pbilosopbes pour attribuer au Logos la constitution du monde, les Pères se séparent d’eux sur des points considérables :

a) Sur la nature de son action. — Ce n’est pas une organisation de la matière, mais une création exii ihilo. Qu’ils semblent se rapproeber davantage des vues platoniciennes comme saint Justin, saint Tbéopbile d’Antioebe, saint Irénée, saint Hippolyte, en montrant dans le Verbe la cause exemplaire et la cause efficiente de l’univers, ou mêler ces conceptions de notions stoïciennes, en le décrivant comme le principe d’union, d’ordre, d’harmonie, le lien des êtres créés et la force qui les gouverne, comme Clément d’Alexandrie, Origène, saint Atlianase, tous sont d’accord sur ce point.

b) Le Verbe est une personne distincte du Père et distincte du monde. La mission personnelle du Fils a tranebé cette question de la personnalité si douteuse cbez Platon et cbez Pbilon.

c) Le Verbe n’est pas immanent, comme le logos stoïcien, mais extérieur au monde : cette conception d’un dieu immergé dans la matière est constamment repoussée par les Pères. C’est donc en un sens tout dillérent du stoïcisme que saint Justin admet un "/.o-o : 0Trepu, aT : x6 ;, une participation du Verbe dans les créatures. Apol., n. n. 7, 8, P. G., t. vi, col. 456, 457 ; Apol., i. n. 32, ibid., col. 380 ; n. 46, col. 397. Même idée cbez Clément d’Alexandrie, Strom., I, XI, P. G., t. viii, col. 748, 749 ; V, xiii, /’. G., t. ix, col. 129. « Les stoïciens veulent que Dieu pénètre toutes eboses, l : i ; /.i : i ôià 7ràa/) ; Tr, ; o-jacaç, mais nous nous ne l’appelons que l’auteur de toutes eboses, ttoitjtyiv |aôvov, et auteur par le Verbe, xa’i Aoyo) sioiyjttiV. > Ibul.. t. xiv, col. 129. Ainsi dans Origène est attribué au Logos personnel et transcendant le rôle du logos stoïcien. De priuc, 1. II. c. 1. n. 2, P. G., t. xi, col. 183. Cf. S. Atlianase, Orat. cont. gentes, n. 40, P. G., t. XXV, col. SI ; n. 82. col. 84, Le logos créateur n’est pas, affirme-t-il, le).oyo ; « cspu.trnxô ;.

d) Le Verbe n’est pas davantage un intermédiaire créé, un être distinct de Dieuel par qui, comme par un

instrument indispensable, la cause première entrerait en rapport avec le fini. Peut-être serait-ce la concepti, n de Pbilon ; ce fut celle des gnosliques, du néoplatonisme, de l’arianisrne et de l’averroïsme. Les premiers apologistes chrétiens, en distinguant le Logos de toute créature, se séparent en principe de cette manière de voir. Toutefois quelques expressions font difficulté. Les premiers représentants des écoles de Rome et de Cartilage, en insistant sur ce fait que le Père est inconnaissable, innommable, qu’il ne peut se manifester directement aux créatures, donnent lieu de penser que le Fils est précisément cette divinité secondaire, engendrée en vue de la création et apte de ce clief à entrer en contact avec le monde. S. Justin, Dial., n. 60, 127. P. G., t. VI, col. 612, 772 ; S. Théophile, Ad Autol., 1. II, n. 22, ibid., col. 1088. Un être intelligent, il est vrai, n’agit pas sans son idée, son Verbe, et sous ce rapport le Logos est médiateur obligé ; s’il est conçu comme la puissance active du Père, c’est encore par Lui que le Père doit nécessairement se manifester, mais ces manières de concevoir ne sont pas rigoureusement correctes, car le Père est intelligent et puissant par lui-même et non par son Fils. On pourrait cependant se contenter de cette explication, si l’égalité parfaite du Père et du Fils était, cbez ces mêmes écrivains, hors de conteste. Ce n’est pas le cas. La doctrine est claire après Nicée : le Logos est consubstantiel au Père et donc identifié rigoureusement avec lui quant à la nature ; tout médiateur est inutile ; créant par sa volonté seule, Dieu n’a besoin que de vouloir pour créer. C’est l’argumentation de saint Athanase et de saint Cyrille. Cf. Petau, De Deo, 1. V, c. viii, t. i, p. 225. Au fait, toute théorie qui exige un intermédiaire se heurte à d’insurmontables difficultés. Un tel médiateur est impossible et inutile. Impossible, car il devrait à la fois être infini, pour que Dieu puisse le produire sans déchoir et le faire participer à l’infinité naturelle de la puissance créatrice sans amoindrissement, et par ailleurs fini, pour pouvoir lui-même se mettre en contact avec le fini. Infini pour être divin, fini pour être principe de la limite : deux qualités contradictoires. Inutile, il le serait, car si Dieu peut sans intermédiaire produire ce démiurge comme distinct de soi et moindre que soi r il peut donc créer quelque nature finie par lui-même et le médiateur n’a plus de raison d’être ; inutile encore, car pourquoi la perfection de l’être infini deviendrait-elle pour lui une raison d’impuissance ; pourquoi ne pourrait-il pas opérer immédiatement ce qu’un autre agent ne ferait en somme que par une vertu revue de lui ?

e) Enfin le Logôs est consubstantiel au Pire. C’est la dernière et radicale différence entre la philosophie et le dogme. Bien que l’on puisse, même chez les écrivains des premiers temps, recueillir des témoignages en faveur de ce dogme, il est vrai cependant de dire que la littérature anténicéenne porte des traces de subordinatianisme. Petau, De Trinitate, 1. I. c. ni sq. ; 1. II, c. il sq., t. ii, p. 20 sq., 67 sq. Certaines formules de l’Evangile, l’habitude de présenter le démiurge comme ministre et exécuteur des desseins du Père. op. cit., 1. II, c. vii, 7. 8, t. ii, p. 88, la difficulté très réelle de comprendre les rapports de paternité el de filiation, de distinguer par des concepts et des termes précis la dépendance d’origine et la dépendance de nature — la première exigeant seulement antériorité logique du principe premier sur l’être qui procède de lui nécessairement, éternellement, la seconde exigeant de plus une antériorité de temps de la cause sur son effet — enfin le danger naturel des tentatives trop hâtées de concordisme entre la philosophie et le dogme, expliquent facilement ces hésitations ou ces illogismes de la spéculation des premiers âges. Cette grave question ne peut être ici traitée. Voir Coxsi hstantiel ;