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CREATION


ter que tout être affecté de mouvement nécessaire est nécessairement dépendant lui et son mouvement d’un autre être extérieur à lui, parce que dans une nature donnée on peut bien trouver la raison d’une identité qui persiste, mais non pas dans l’identité la raison du changement. A tout prendre, pour expliquer l’origine des choses, on préférera sans doute la sotulion difficile d’un Absolu qui remue le monde, à cette contradiction d’un Absolu qui se remue. Cl. Mb » d’Hulst, Conférences de Notre-Dame, in-12, Paris, 1891, 3e conf., p. 11.7 sq., et notes, p. 375 sq.

[rgument de la multiplicité. — On constate dans le monde plusieurs individus de même espèce, même €spéce dequalités dans un grand nombre d’individus. Or, là où se rencontre une même perfection en plusieurs individus distincts, il est nécessaire d’expliquer cette multiplicité par une communauté d’origine, et par une source distincte de tous les individus. En effet, le même principe restant un en lui-même ne peut être cause de la multiplicité numérique : le même sujet, un, ne peut exiger par sa nature propre d’être en même temps un autre individu, cum utrumque, secundum quod ipsum est, ab altero dislinguatur ; par conséquent, « comme en toutes choses qui se trouvent, quant à ce qu’elles sont, distinctes les unes des autres, on constate que l’être est une perfection commune, il faut que de toute nécessité l’être leur vienne non d’elles-mêmes, mais de quelque principe unique. Et telle est, semble-t-il, l’argumentation de Platon, qui voulait avant toute multitude une unité quelconque, non seulement dans les nombres, mais dans les substances, o S. Thomas, De potentia, q. III, a. 5 ; Sum. theol., I a, q. xi.iv, a. 1 ; Coût. gent., 1. II, c. xv, n. 1. Nous connaissons cette argumentation pour l’avoir rencontrée, en dépendance certaine de Platon et des alexandrins, chez saint Augustin, le pseudo-Denys, saint Jean Damascène, etc. En d’autres termes, puisqu’il y a des individus numériquement distinct* malgré leur ressemblance spécifique, il faut, pour expliquer qu’ils ne sont pas un même être, admettre qu’ils dérivent tous d’un autre, principe commun de leur origine. Saint Anselme déwloppe

ainsi cette argi ntation : « s’ils sont multiples, ils

sont donc à reporter à quelque principe unique par qui Ils M>nt ; ou bien ers mêmes êtres multiples sont chacun par eux-mêmes, ou chacun les uns par les autri La première hypothèse est celle de la création ; la troiième est purement absurde, quoniam < cogitatio est ni aliqua res *it per illud eux dat Commenta deux, ou en série infinie, arriver i se donner réciproquement ce qu’indu iduelletnent <m n’a pas 1 1 1 1 1 1 en germi La econde amène à conclure l’exisd’une nature qui existe par elle-même ; mais une telle nature est unique. Monolog., c. iii, /’. LA. i i viii, col. li". Le nombre suppose en effet la limite, la limite l’imperfection, et l’imperfection exclut la souveraine actualité de l’étn nécessaire : c’est par conséquent l’unité qui préexiste au nombre.

tique. Pour énerver & ni. il suflit de

nier la distinction substantielle des êtres : multipl

phénomènes, dira’on, unité de la Bubstance. Rien

de pins facile, H est vrai, si l’on tient c pie des pa .mde faire admettre a la

n et à la consi ionce que les choses ne difl que dans leur apparaître, que notre moi n’eat qu’une

non di phénoi es, que notre conviction d’être

un principe individuel d’opération, une tubëtance i . n est que pure illusion’Ici

re il faut choisir entre une solution difficile et la’on il un fait d’expi ou le multiple i listi

le lui l unité comme h raison

ou le multiple n existe pas et il but admettre contre l’expérience l’identité ubstantielle de !

es, contre l.i conscience l’identité numérique

personnes. Cette argumentation a d’autant plus de force contre le panthéisme et le monisme, qu’eux aussi ne recourent à l’unité que pour expliquer le multiple : il y a donc à la base de ces systèmes la conviction que l’être qui est vraiment être, est un. Fort bien ; mais ce principe admis à la fois par le créatianisme et par le monisme, que reste-t-il de plus logique : ou bien avec le premier laisser à part l’unité dans sa pureté, et placer en dehors d’elle le multiple comme son reflet mystérieux ; ou bien avec le second transporter le multiple dans l’unité, où tous les contraires seront un par identité. Mystère d’un côté, il est vrai, mais contradiction de l’autre.

c) Argument des degrés. — On constate dans le monde du plus et du moins : une qualité qui existe au degré éminent dans tel individu se manifeste dans tel autre au degré infime. L’expérience nous apprend par là qu’il n’est pas essentiel à cette perfection d’avoir tel degré déterminé, sinon il n’en existerait qu’une seule mesure et un seul type, si enim unicuique eorum ex se ipso illud convenir et, non esset ratio cur perfeclius in uno quam in altero inveniretur. S. Thomas, De potentia, q. iii, a. 5. Toute limite déterminée — et toute limite qui existe est déterminée — n’ayant pas son explication dans la nature même de cette perfection, doit l’avoir ailleurs, ou plutôt la limite n’étant pas une réalité distincte de l’être limité, c’est l’être limité lui-même, qui n’ayant pas en soi son explication complète, pustule hors de soi quelque raison qui l’explique. Cette raison suffisante est un être évidemment, car le néant n’est la raison de rien ; c’est de plus un être sans limite, car, s’il était limité, il exigerait lui-même une autre raison et ne serait donc pas la raison suffisante que nous cherchions. Le limité donc, tout limité, a sa raison d’être dans un être illimité. Que cette conclusion ne nous surprenne pas ; elle n’est que l’explication extrême, mais toujours logique, de cette vérité de lion sens et d’expérience que le plus peut bien être la raison du moins, mais non vice versa ; illud igitur eril causa omnium in aliquo génère, cui maxime convenii illius generis prsedicatio. s. Thomas, Cont. gent., 1. II, c. xv, n. 2 ; Sum. theol., I a, q. xi.iv, a. 1. Guidé par ces principes, Platon avail enseigné sa théorie « des idées » : à l’origine de chaque espèce, une idée possédant toutes -es pro] tés au degré excellent et de qui

degrés inférieurs participaient. On sait comment Aristote critiqua cette manière de voirel cette multiplication de formes subsistantes. Il fallait pour être logique pousser l’argument jusqu’au bout. Saint Thomas, lu hii de div. nom., c. v, lect. i ; Suni. theol., I » , q, vi. a. i ; De veritate, q. xxi, a. i, corrige Platon par Iristote dans tous ces types spécifiques l’être est enune perfection con ne et pourtant inégale en

chacun ; il faut donc admettre à l’origine une nature à qui l’être convient souverainement, la plus élevée dans ies et de qui tous reçoivent, non par fractionnement de sa substance, car elle cesserait d’être une. mais par l’effet de sa vertu, la mesure d’être que nous trouvons en chacun d’eux. Cet être en dehors de qui il n’a plus d’être existant par soi-même, c’est l’i ire premier ; l’action pat laquelle il pose en dehors de Lui quelque participation à sa perfection, c’est la

créai relie est la preuve que l’on no te souvent

argument des degrt S. Thomas, In IV Sent., |. I, dist. II. q. i. a. I ; Sum. theol., I q. iv, a. 3 ; I gent., I. I. c. i i, n. 3 ; xi tt, n. 16. Le point de dé| art

i mie vue platonicienne, mais il a subi en cours

de route des i liflcatiom considérables : a) l’idée gé n< raie d’être substituée < Il illiplicité des idi es indi

i n par imitation, |*lu, r)vi<

te ut aiii Se au lieu de l’union substantielle, pituite,

la produi Lion ea nihilo.

lique. Il est juste de remarquer que saint Tho-