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CRÉATION

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d’emprunts multiples avec les naasséniens et les ophites, Toutes ces hérésies s’accordent en général à regardi r la matière connue le principe même du mal ou conimr le terme dernier des dégénérescences de ! Inliui : en conséquence elles soustraient en général le monde à l’action immédiate du Dieu suprême pour in faire l’œuvre d’un démiurge inférieur. Ms 1 Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, 3e édit., in-8°, Paris, 1907, t. i, c. xi, p. 153 sq.

Le premier des apologistes, Aristide, réfute tour à tour les conceptions idolâtriques de Chaldée, de Grèce, d’Egypte. En voyant le mouvement nécessaire de toutes choses, il a conclu à un moteur divin, àitpoo8êrç, en qui tout subsiste, &.’aÙToû rà Travra ffvvé<rrr, xev, qui a tout créé pour l’homme, c. i ; les éléments ne sont pas dieux, mais corruptibles et muables, produits du néant, êx : ’/J (./.r, ô’vtoç 7rapa-/6évta, par l’ordre du Dieu véritable, c. iv ; quant aux chrétiens, « ils reconnaissent le Dieu producteur et démiurge de toutes choses, -xTÎffr/y/ xa’t 8/)(uoupYÔv T(ôv àitivTtov, dans son Fils monogène et dans l’Esprit-Saint, » c. xv. Cf. Robinson, Texts and Studies, in-12, Cambridge, 1893, t. I, n. 1, p. 100, 101, 110 ; Hahn, Bibliotkek der Symbole, 3e édit., in-8°, Brestau, 1897, p. 3 ; Vie de Barlaam et de Joasaph, c. xxvi-xxviii, P. G., t. xevi, col. 1108-1124.

Quel’Épîtreà Diognète soit ou non, comme le veulent Kihn et Doulcet, de la main d’Aristide, on notera sur le sujet présent de frappantes analogies. Cf. Robinson, op. cil., p. 95-97. Dieu y est aussi celui qui a fait le ciel et la terre, o-jSevoç 5° ttoosgéoito, c. iii, 4 ; les choses ont été produites, e’ç /pr, <7cv àvfopiô-wv, c. iv, 2. Ce ne sont pas les hommes mais Dieu même, à/.).’a-jrb ; aivfitoi à 71avTO’/.pt » Tfop xod 7csvtoxtÎot/)ç xa àriparo ; ©îbç, qui a enseigné la doctrine chrétienne, ayant envoyé le démiurge, autbv rbv ts^vitï]V y.ai 8ï)U.tovpybv twv oXcov, c. vii, 2 ; viii, 10. Punk, op. cit., p. 137, 139.

La pensée de saint Théophile d’Antioche est remarquable de netteté. Dans un traité où s’accuse fréquemment la dépendance du Timée et du De opificio mundi de Philon, cf. Freppel, Saint Irénée, in-8°, 3e édit.. Paris, 1886, xine leçon, Platon, dit-il, reconnaît Dieu, àyéwr^ov zi’i TtxTÉpa -/.où 7roiY ! Tr, v rôv SXcov, mais si la matière est aussi à.yé-vtixoi, Dieu ne peut être celui qui a tout fait, 7roiï)Tï)ç tùv SXwv. Inengendrée, la matière serait égale à Dieu. Or c’est le caractère propre de Dieu de produire du néant, ©soî li r, SJvatj.t ; âv toutu pavepoOrai, ’.'va l’c oux ô’vtwv ttoi/j oca fio-jXerai. C’est là ce qui fait son excellence, xb i ojy. ovtcov ttoieÎv y.ai otoc pOvXsTat, -xxôw ; (SoyXeTat..4d Aulol., 1. II, C. IV, P. G., t. vi, col. 1052, 1053 ; cf. c. xiii, col. 1072. C’est, dit-il, l’enseignement inspiré des prophètes : tout de rien, rien de coéternel à Dieu, n-j yàp rt -<ï> Œ<o o-jvi, y.[j.a<7Ev…, rien de préexistant au monde que le Verbe, c. x, col. 1064, 1065 ; cꝟ. 1. I, c. iii, iv, col. 1028, 1029.

Athénagore est loin de cette précision. Le Verbe, dit-il, est engendré pour devenir la forme et l’acte, loix v.x : èvêpyeta, de la matière. Légal., c. x, P. G., t. vi, col. 909. S’il distingue Dieu de la matière, c’est par les termes platoniciens, xb àysvr|-ov xa ~a y£vi, TÔv, tq 5v xai -h o-’jy. ov, et dans le rapport de l’argile au potier, o> ; yàp 6 y.spap.s-j ; -/.ai 6 v.rj.6 :, ibid., c. xv, col. 920, et si la matière n’est pas plus ancienne que Dieu, cependant la matière appelle l’ouvrier, comme l’ouvrier appelle la matière, Ssïfiè jcoItTj ûXvjTexvtTOvxae ÛXï| ; tû Ts/virr, , c. xix, col. 929. Le pouvoir d’ordonner la matière informe, ap.opçov o-jtxv, entraîne d’ailleurs celui de ressusciter les morts. De resur., c. nt, col. 980. Sans doute, notre auteur écrit sa Legalio, pour faire ressortir les analogies de doctrine, plutôt que pour accentuer les divergences. Cf. dom Maran, ibid., col. 37. La restriction ivivnap’aùroî ; vevo[ti<Tpegvi, v au.opepov oviav, De resur., c. III, col. 980, sa dissertation sur l’unicité de Dieu. Légat., c. viii, col. 905,

doivent être prises aussi en considération, mais en somme on chercherait en vain chez, lui un texte décisif sur la création ex nilnlo.

Tel est aussi, à ne prendre que les textes sûrement authentiques, le cas de saint Justin, dont les deux Apologies avaient paru peu avant la Legatio doctrine serait hors de tout soupçon, si la Cohortatio était son ouvre indiscutée. On y distingue T.<, : r-r : et 8r)(uo-jpy6 ;, n. 22, P. G., t. vi, col. 281 ; une matière incréée serait, dit-on, égale à Dieu et indépendante, n. 23, col. 281 ; n. 25, col. 286. Cf. Dial. < uni Tryph., n. 5, col. 489. Quant à ses ouvrages d’attribution certaine, on peut trouver une bonne présomption dans l’emploi prédominant qu’il fait des expressions 7tarr, p tûv o/.cov, /.-’: <->-. r :  ;, YEWYjtcop rûv sntâvTCAV ; voir la liste, Corneman, Zeitschrifl fur Kirchengeschichte 1879, t. ii, p. 8, 10, complétée par Kattenbusch. i p. cit., t. ii, p. 520, et note 65, 66 ; de même dans l’opposition qu’il accentue entre l’a-ÉwrTo : unique et les yEvvrjTi ; mais en tirer avec quelques auteurs une preuve absolue de sa croyance à la création ex nihilo, c’est oublier que le langage de ce Père est tout platonicien et que ce même langage se rencontre dans Platon avec des conceptions plutôt dualistes. Cf. A. Vanhoonacker, De rerum creatione ex nilnlo, p. 159-175.

Il conviendrait de distinguer ses écrits apologétiques et ses traités polémiques. Dans les premiers, ou bien il argumente ad hominem ; ainsi dans le fragment d’attribution douteuse, De resurreclione, c. vi, col. 1581. ou bien il insiste sur l’affinité des dogmes chrétiens avec la philosophie profane : On nous croira platoniciens, Apol., i, n. 20, col. 357 ; c’est que Platon a pris à Moïse sa matière amorphe, CXijv £|iop ?ov. Ibid., n. 59, col. 415 ; cf. n. 10. col. 340. C’est pourtant conclure trop vite que l’accuser d’être inconsciemment dualiste, de l’être « plus que Platon lui-même » . De Faye. Influence du Timée de Platon sur la philosophie de Justin martyr, dans la Bibliothèque des Hautes Études, 2e série, t. vu. p. 182, 184 Cf. Vacherot, op. cit., t. i, p. 231. C’est oublier son but : faire ressortir les analogies, pour prouver qu’on poursuit, non les doctrines chrétiennes, -i oao-.a XÉyovTsc, mais le seul nom du Christ, |/.ôvot [u<TO’j(iEÔa 81’ovo ! J.a toO Xp’.TToC, i. n. 21, col. 364 ; c’est négliger ses réserves : l’identité n’est qu’apparente. IIXcztcovo ; o6%oi.z> Xéyeiv îoyua, I, n. 20, col. 357. ou partielle, svia es xa (j.si'6va> ; y.a [8s’.07sp ; ] ÀÉyousv. Ibid, Écrivant à un prince qui professait le monisme, il n’était pas tenu de réfuter le dualisme, et pouvait parler du démiurge et du père de toutes choses sans être platonicien strict, tout comme il parlait du’/i-y. ; <i-iç, ).*jl-, : y.6 ; sans être stoïcien. L. Feder, Justine des Mârtyrers Lehre von J, C., in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1906, p. 135 sq. Il réfute en effet le stoïcisme, en montrant la contradiction qui existe entre sa morale élevée et le déterminisme qui découle nécessairement du panthéisme. Apol., il, n. 7. 8, col. 456 sq. Mieux vaut dire que « l’intelligence de cet écrit | le Timée] n’est pas en rapport avec la séduction qu’il exerce sur les esprits » .l)e Faye. op. cit., p. 181. note. Le concordisme de saint Justin, comme il arrivera tant de fois, est plus verbal que réel ; il a pris à tort la matière amorphe de Platon, Timée, 30, 51 ; cf. Ritter, Histor. phit. græc, 8e édit.. in-8°, Gotha. 1898. n. : « 1 sq., pour la matière chaotique de l’Écriture, lien., i. 2 ; Sap., xi, 18.

De ses ouvrages polémiques, en dehors du Diah _ avec Tryphon, rien ne nous est parvenu. C’est beaucoup de savoir pourtant que le premier de tous, dans son Syntagnia, il réfutait les thèses gnostiques. Comment le faire sans s’expliquer sur l’origine première de la matière’.' C’est aussi un fort argument en faveur de son orthodoxie, que, d’une part, en énumérant ses