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1900
COUPS GLORIEUX


nait pas le même corps, on ne dirait pas résurrection, mais assomption d’un nouveau corps. » Sum. theol., III » Suppl., q. i.xxxi. a. 1. Aussi « avancer que l’homme ne ressuscitera pas numériquement le même, c’est une proposition hérétique et dérogeant à la vérité de l’Écriture qui enseigne le dogme de la résurrection » , a. 2.

b. L’identité ne suffit pas, il faut encore Vintégrilé ; aussi « tous les membres et tous les organes qui constituent maintenant le corps de l’homme seront rétablis dans la résurrection » , et la raison c’est que « l’homme qui doit revivre pour recevoir sa perfection dernière ne peut revivre que parfait » , q. lxxxii, a. 1. En plus des membres et des organes nécessaires à l’intégratité des fonctions principales humaines, il y a des portions corporelles d’importance moindre : il y a les cheveux et les ongles. Ressusciteront-ils avec le corps’.' « Parmi les parties du corps animé, les unes ont pour but d’accomplir les opérations de l’âme, comme le cœur, le foie, les mains, et les pieds ; les autres, semblables aux feuilles qui abritent les fruits, ont pour mission de conserver les organes plus précieux ; et voilà l’office que remplissent les ongles et les cheveux. Si donc les cheveux et les ongles n’appartiennent pas à la perfection première du corps humain, ils appartiennent à sa perfection seconde ; et puisque l’homme doit ressusciter clans toute la perfection de sa nature, il s’ensuit qu’il ressuscitera avec les ongles et les cheveux » , q. lxxxii, a. 2.

En somme, les hommes ressusciteront avec tous les éléments qui appartiennent « à la vérité de la nature humaine » , a. 3, mais non cependant avec tous ceux qui ont appartenu à sa matière. Car « comme toutes les parties matérielles qui ont existé dans l’homme du commencement à la fin de sa vie terrestre dépasseraient les dimensions spécifiques de son corps ; elles ne ressusciteront pas dans la totalité de la matière, mais seulement dans la totalité de l’espèce » , a. 4.

c) Quant à la qualité des corps ressuscites, l’École se demandait s’ils ressusciteraient tous dans le même âge, c’est-à-dire dans l’âge viril, s’ils ressusciteraient tous dans la même taille, dans le sexe viril, et dans la vie animale. A la première question saint Thomas répondait que l’homme ressuscitera exempt de tout défaut corporel, dans toute la perfection de sa nature : que cette nature étant défectueuse dans deux circonstances, dans la jeunesse où elle n’a pas encore atteint sa perfection, et dans la vieillesse où elle l’a perdue, elle sera par la résurrection ramenée pour les enfants et les vieillards à son état de plus haute perfection, c’est-à-dire l’âge viril où finit l’accroissement et où commence le déclin du corps, q. lxxxiii, a. 1.

La réponse à la seconde question est la suivante : Puisque la nature de l’espèce assigne aux individus des dimensions déterminées, les hommes ressusciteront avec la taille qu’ils auraient eue au terme de leur accroissement ; et s’il se trouve quelque chose en dehors de cette limite, soit par excès, soit par défaut, la toute-puissance divine ajoutera ce qui manque ou retranchera ce qui excède, a. 2.

Cela n’empêchera pas la différence des tailles. Et de même qu’ils ressusciteront avec différentes tailles, pareillement les hommes renaîtront dans des sexes divers, puisque cette diversité concourt à la perfection de l’espèce humaine, a. 3.

Quant aux actes de la vie animale, ils ne s’exerceront plus, bien que les organes nécessaires à l’intégrité’de la nature humaine subsistent. Ces actes, en effet, avaient pour mission de produire, de développer, de conserver l’être physiologique. Celui-ci étant assuré d’incorruptibilité désormais, la résurrection a pour fin de faire rayonner, par rejaillissement et comme par une sorte d’effluve, le règne de l’âme raisonnable sur

l’être matériel. A ce règne, les fonctions animales ne sont plus nécessaires et deviennent dès lors sans objet, a. 4.

2. Les caractères propres aux corps glorieux sont, d’après saint Thomas, les mêmes qu’avait déjà indiqués l’apôtre saint Paul : V impassibilité, la subtilité, l’agilité, la clarté.

a) Que faut-il entendre par l’impassibilité ? « Le mot passion se prend de deux manières. L’abord en général : dans ce sens, toute action de recevoir s’appelle passion, soit que la chose reçue convienne au sujet et le perfectionne, soit qu’elle lui répugne et le dégrade. Ce n’est point cette sorte de passion que doit bannir l’impassibilité future, car les corps des saints ne perdront rien de ce qui peut concourir à leur perfection. Ensuite le mot passion s’entend proprement : dans ce sens saint Jean Damascène dit, De jide orlhodoxa, 1. II, c. xxii : « La passion est un mouvement contraire à la nature : ainsi le mouvement immodéré du cœur est une passion, mais le mouvement modéré en constitue l’action. Si donc on entend le mot passion proprement, les corps des saints ressuscites n’y seront plus sujets et c’est dans ce sens qu’on les dit impassibles, » q. lxxxiv, a. 1.

Nous savons ce qu’il faut entendre par leur impassibilité. Mais la preuve de cette impassibilité ? « Toute passion contraire à la nature (et c’est de celle-là qu’il s’agit ici) trouve sa cause dans la victoire de l’agent sur le patient ; car, sans cette prédominance, l’un ne pourrait entraîner l’autre dans le cercle de ses limites. Or, l’agent ne peut obtenir la victoire sur le patient, qu’en affaiblissant en lui le domaine de la forme sur la mat ion- ; car la matière, sollicitée par deux formes contraires, ne cède à l’empire de l’une qu’après la destruction ou du moins l’affaiblissement de l’empire de l’autre. « Dans la résurrection, le corps de l’homme avec toutes ses facultés, sera soumis complètement à l’âme raisonnable, de même que l’âme sera soumise parfaitement à Dieu : rien ne pourra donc altérer ni détruire le domaine de l’aine sur le corps ; donc les corps glorieux seront impassibles. » Ibid.

Celte impassibilité sera évidemment pareille chez. tous les bienheureux, a. 2 ; elle permettra l’exercio tous les sens, a. 4, mais avec l’amendement suivant : « Les organes des sens reçoivent l’action des choses extérieures de deux manières : d’abord par la modification naturelle, lorsque l’organe reçoit la qualité même des choses, comme lorsque la main devient chaude par le contact d’un objet chaud, ou qu’elle prend une odeur par le toucher d’un corps odorant ; ensuite par la modification spirituelle, lorsque l’organe reçoit la qualité non plus dans sa substance, mais dans son être spirituel, c’est-à-dire dans son image ou dans son idée, comme la pupille reçoit la blancheur sans devenir blanche elle-même. La première manière de recevoir l’action ne produit pas la sensation proprement dite, parce que les sens ont pour loi de percevoir les choses sans matière, je veux dire sans l’être matériel qu’elles ont hors de l’âme ; el puis cette intussusception change l’étal du sujet, parce qu’elle communique la qualité matériellement. Les corps glorieux n’auront donc pas la première sorte de perception ; mais ils auront la seconde, parce qu’elle produit la sensation véritable et ne change pas l’étal du sujet, » a. 3.

b) La subtilité implique « la puissance de peu’(ration » . En effet, « on appelle subtil tout ce qui est pénétrant ou bien ce qui a la puissance de pénétrer dans le s secrètes profondeurs des choses. >) Cette puissance appartient tout particulièrement aux « corps rares » dans la proportion même de leur ténuité, de leur immatérialité et. par analogie, , mx esprits qui sont immatériels par essence et à cause île cela sont quelquefois appelés « subtils » . Réciproquement les corps subtils sont