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CORPS GLORIEUX


des membres n’entraînera pus fatalement la nécessité de leur usage et le corps glorieux ne se livrera plus aux fonctions que sa nouvelle vie rend inutiles et sans objet. Tbid., tiO. El il donne celle conclusion qui est une force pour les martyrs : Toute chair ressuscitera identiquement, intégralement. Resurget igiturcaro el guident ornais et guident ipso et guident intégra. Ibid., 63. < Jésus-Christ médiateur entre Dieu cl l’homme a fiancé dans sa personne la chair et l’esprit. Là où elle semble périr, elle ne fait réellement que s’éclipser pour un temps : après avoir passé par Venu, par le feu, par l’estomac des bêtes, par les entrailles de la terre, elle reparaîtra un jour devant Dieu, pour s’entendre convier à la gloire. Telle est la charte du salut apportée à l’humanité par Jésus-Christ et, ajoute Tertullien, commentée en ces derniers temps par l’effusion de la prophétie nouvelle due au Paraclet. » Adhémar d’Alès, Lu théologie de Tertullien, Paris, 1905, p. 152. Cf. Mu r Freppel, Tertullien, leçon xxxvi, Paris, 1887, t. il, p. 387 sq. ; Schwane, op. cit., t. i, p. 472 sq.

Notons en passant l’affirmation de Videntité du corps glorieux avec le corps mortel. C’est là un point qui, s’il n’est pas un dogme formel de l’Église, y est cependant une doctrine à peu près universellement admise et professée. Si saint Jérôme semble hésiter, Adv. Jovinian. , I. I, 36, P. L., t. xxiii, col. 259, ailleurs, dans sa lettre xxvii c, il est fermement de l’avis de Tertullien, avis partagé par saint Augustin, De civitale Dei, 1. XXII, c. xix, P. L., t. xli, col. 780. Cf. S. Thomas, Sum. theol., III æ Suppl., q. Lxxx, a. 1, 2 ; Pierre Lombard, Sent., 1. IV, dist. XLIV, n. 1-2. En sens opposé. voir Origène, De princip., 1. III, c. VI, 7, P. G., t. xi, col. 340 ; S. Grégoire de Nazianze, Orat., xx, P. G., t. xxxv, col. 1074 ; S. Basile, In Ps. exiv, P. G.. t. xxix, col. 484. Cf. Schwane, ibid., p. 479.

4° Origène s’était mis en opposition avec la théologie orthodoxe sur deux points qui suscitèrent nombre de réclamations et de réfutations. Cf. S. Epiphane, Hær., lxiv, n. 11, P. G., t. xli, col. 1087 ; S. Jérôme, Epist., cxxiv, ad Aviluni, P. L., t. xxii, col. 1059 ; S. Augustin, Hxr., xliii, P. L., t. xur, col. 33 ; S. Théophile, Epist. pasc, ii, c. xi, P. G., t. xxii, col. 8U0. C’étaient le dogme de la trinité et celui de la résurrection générale. Au sujet de celle-ci, il a une théorie particulière relative à l’état des corps glorieux et qui est un corollaire logique de son enseignement sur la matière.

Pour Origène, il y a en nous un corps mortel, grossier, fruit de péché et imposé à notre âme pour une vie passagère de pénitence. Ce corps périt à la mort et se corrompt dans le tombeau. Mais, à côté de lui, en nous, existe une parcelle imperceptible de matière qui est comme un germe latent et une force matérielle. Au signal de Dieu, ce germe inséparable de l’âme qui, à l’instar des anges, ne vit jamais sans un corps plus ou moins parfait, plus ou moins éthéré, mais indissolublement uni à elle, ce germe, dis-je, se développera et deviendra le corps glorieux destiné à partager pendant l’éternité la félicité de l’âme. Ce corps éthéré, Xéyoç anepy.oi.xiit.oc, appartient à la substance unique et universelle de la matière, subslralum de toutes les formations corporelles, principe de tous les phénomènes matériels. Il appartient donc à la même nature générale que le corps mortel, il procède de la même source : ce qui permet d’affirmer l’identité du corps ressuscité et du corps mortel. L’âme et le corps subissent des purifications successives qui les affinent, les perfectionnent sans cesse jusqu’à ce qu’ils retournent à leur principe divin et redeviennent ce qu’ils étaient au sortir des mains du créateur. De principiis, 1. II, c. : 1. III, c. vi, P. G., t. xi, col. 233, 333 ; Cont. Celsum, 1. II, c. i. xxvii ; 1. V, c. xviii, xxii. xxili ; 1. VU, c. xxxii. P. G., t. xi, col. 915. 1206, 1215. L416 ; s. Epiphane, fher., lxiv, P. G., t. xi.ii, col. 1086. Cf. Schwane. t. i.

p. 505 sq. ; ]". Prai. Origène, Pari-, 1907, p. 91-94 ; Ma’Freppel, Origène, leçon xxi, Pari-, IK88, t. ii, p. 27.

5 » Saint Cyrille de Jérusalem, Cat., xviii, n. 18, 19, P. G-, t. xxxiii, col. 1040, après avoir affirmé l’identité substantielle du corps actuel et du corps n suscité, professe notre transformation future : a Nous ressusciterons tous et recevrons des corps immortels, mais nous ne recevrons pas tous des corp si mblables. Le juste aura un corps céleste, pour pouvoir entrer dignement en commerce avec les anges : le pécheur aura un corps sans doute immortel, mais capable de subir les peines de sa faute et de brûler dans le feu éternel, sans jamais pouvoir être anéanti. » Saint Lasile a un enseignement pareil. Wontil., XXI, c. xii. P. G., t. xwi. col. 561 ; Homil. de famé, c. ix, col. 328 ; Epist., vin. n. 11, t. xxxii, col. 261.

Saint Grégoire de Nysse parle longuement de la résurrection des corps. De anim. et resurrectione, P. > :., t. xl vi, col. 141 ; De liom. opi/ic., c. xxvii, P. G., t. xliv, col. 225 ; Orat. de morluis, P. G., t. xi.vi, col. 533. Avec et malgré l’identité essentielle du corps ressuscité, il annonce une transformation d’où naîtra une différence d’aspect entre les bons et les mauvais. De mortel, le corps deviendra immortel ; les suites du péché, comme les infirmités, les blessures, disparaîtront : « ce que nous avons de commun avec les animaux, c’est l’union des sexes, la conception, la naissance, la malpropreté, l’allaitement, la nourriture, les nécessités physiques, la croissance progressive jusqu’à la maturité, l’âge mûr avec sa force, la vieillesse, la maladie et la mort, mais si nous n’avons plus rien de tout cela comment pourrions-nous en redouter les conséquences fatales ? » De anima et resurr., P. G., t. xlvi, col. 148 sq. Cf. Orat. de morluis, ibid., col. 533 ; Schwane, op. cit., Paris, 1903, t. ni. p. 272.

6° L’eschatologie scolastique est empruntée presque tout entière à saint Grégoire le Grand et plus particulièrement à saint Augustin.

L’évêque d’Hippone traite en effet de l’état des corps glorieux, soit dans le traité De civitale Dei. soit dans VEnchiridion, soit dans quelques sermons. Tous ressussiteront avec la même chair qu’ils ont eue en cette vie. Enchiridion, c. lxxxix, /’. L., t. xl, col. 273. Celte chair sera incorruptible pour ton-, même pour les réprouvés : pour les élus seuls elle sera glorieuse, Serm., cclvi, n. 2, P. L., t. xxxviii, col. 1192 ; elle sera céleste et angélique, Serm., cclxiv. n. 6. ibid., col. 1217 ; elle jouira d’une merveilleuse beauté, Serm., CCxuii, n. 6-8, ibid., col. 1116 ; d’une parfaite agilité, Enchiridion, c. xci, P. L., t. xl, col. 271 : Résurgent igitur sanctorunt corpora sine ullo vilio, sine ulla deformitalc, sicut sine ulla corruptione, onere, difficullale ; in quibus tanta facilitas, quanta félicitas erit. Propicr quod et spipitalia dicta sunt cuni procul dubio corpora sinl futur a non spirilus ; un peu plus loin il ajoute : Scd ideo ail aposlolus : seminaiur corpus animale, resurget corpus spiritale : guoniani tanta erit lune concordia carnis et spirilus vivificanle spiritu sine sustentaculi alicujus indigentia subditam carnent, ut nihil nobis repugnet ea nobis. sed sicut foi is neminem, iia nec intus nos ipsos paliamur ininticos. Enchiridion, c. XCI. Et dans un autre texte il fait merveilleusement ressortir comment les qualités iu corps glorieux sent dues à l’information d’une âme béatifiée et comment elles dépassent toutes les conditions des corps les plus privilégiés de cette vie, même de ceux que nous aurions pu posséder sans la chute et les déchéances de la faute originelle : Sicut spirilus carni serviens non incongrue carnalis, ila caro Sjiirilui serviens recle appel latur spiritalis, non quia in spiritum convertetur, sicut no)inulli putant ex co quod scriptum est, 1 Cor., xv : Sentinatur corpus animale resurget spiritale : scd ipiia spiritui summo et mirabili obtemperandi facilitate