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CORPS GLORIEUX

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divine, ceux qui prétendent que luut être retourne à ses éléments constitutifs et.que là contre, Dieu lui-même ne peut rien ? En vérité, je ne saurais le dire. Ce que je vois bien, c’est qu’ils n’auraient pas cru possible leur propre naissance, ni celle de tout l’univers, avec la nature et l’origine qu’ils lui connaissent. » Apol., I, c. xviii-xix, P. G., t. vi, col. 356-357.

3. Théophile multiplie les analogies tirées de la succession des saisons, des jours et des nuits ; de la résurrection des graines et des fruits qui, jetés en terre s’y dissolvent et en ressortent en épis et en arbres ; du sort de ces graines qui, mangées par un passereau ou un oiseau quelconque, sont ensuite déposées sur une colline pierreuse ou sur un tombeau et deviennent des arbres, après avoir été avalées et avoir traversé une si grande « chaleur » . Il invoque la résurrection mensuelle de la lune ; le retour des forces et des chairs perdues par la maladie et restituées dans la convalescence. « La sagesse divine accomplit toutes ces choses afin de nous prouver par là que Dieu est capable de faire la résurrection des hommes. » Ad Aulolyc, 1. I, c. xiii, P. G., t. VI, col. 1041 sq.

4. Athénagore a tout un traité spécial sur « la résurrection des morts » , dont il ne se contente pas de prouver la réalité, mais dont il décrit le mode. Il combat dans une première partie négative les objections des adversaires qui déclaraient la résurrection de corps incorruptibles impossible ou inconvenante. Impossible, elle ne peut l’être à Dieu : « Qu’il. ait assez de puissance pour ressusciter les corps, leur création en est une preuve… La puissance, en effet, qui a su organiser la matière qu’on suppose informe, de manière à disposer en figures diverses et nombreuses cette masse amorphe et confuse, ou bien réunir en un seul corps les atomes dispersés ou bien encore épanouir en un corps l’embryon qui est chose une et simple, donner forme et vie à ce qui n’en avait pas, cette même puissance est capable de rassembler ce qui est dissous, de relever ce qui est abattu, de rendre la vie à ce qui est mort et de transformer ce qui est corruptible en un état d’incorruptibilité. » De resurrectione morluorum, iv, P. G., t. vi, col. 980.

La résurrection incorruptible de l’homme ne présente non plus aucune injustice ni inconvenance. « La résurrection de l’homme, en effet, ne saurait nuire aux créatures spirituelles ; elle n’est pour elles, ni un obstacle à l’existence, ni un dommage, ni une injure. Elle ne nuit pas davantage aux créatures sans raison ou aux êtres inanimés ; ils n’existeront pas après la résurrection, et il n’y a pas d’injustice à l’égard de ce qui n’existe pas. Supposons même qu’ils existent toujours ; ils ne recevront aucune injustice de la rénovation du corps humain. Si, en effet, alors qu’ils sont maintenant soumis à la nature humaine, encore faible, et à tous ses besoins jusqu’à être sous le joug d’une complète servitude, ils ne souffrent aucune injustice, à plus Forte raison, lorsque les hommes, devenus incorruptibles, n’auront plus besoin de leur secours, seront-ils affranchis de leur esclavage et n’auront-ils à se plaindre d’aucune injustice… Il ne sera pas davantage permis de dire qu’on trouve aucune injustice du côté de V homme qui ressuscite. Il se compose, en ellet, d’un corps i i d’une âme. Or, il ne reçoit aucun dommage ni dans son corps, ni dans son Ame. Aucun homme de bon sens ne dira que l’âme souffre quelque injustice ; sinon, il faudrait aussi condamner la vie présente. Si donc elle ne souffre aucune injustice, alors qu’elle habile maintenant dans un Corps passible et corruptible, à plus forte raison n’en soullrira-t-elle pas lorsqu’elle sera unie à un corps impassible et incorruptible. Le corps non plus ne reçoit aucune injustice, si. en effet, il n’en reçoit pas alors que maintenant il est uni, lui principe de corruption, à un principe incorruptible, évidemment

il n’en recevra pas davantage lorsque, devenu lui-même ncorruptible, il sera réuni à un principe incorruptible. On ne saluait dire non plus que C’est une indigne de Dieu de réunir et de ressusciter les ments dissous du corps. Si le moins n’a pas été indigne de Dieu, je veux dire créer un corps passible et corruptible, a fortiori le plus ne le sera-t-il pas, je veux dire former un corps exempt de corruption et de souffrance. < Ibid., c. x. /’. G., t. vi, col. 992.

Dans la partie positive de son traité, parmi les preuves du dogme de la résurrection, Athénagore développe en particulier celle-ci qui est un argument pour notre sujet. Il établit l’immortalité, non pas seulement de Inné, mais de l’homme, et il en conclut la nécessité de la résurrection du corps à une vie éternelle et incorruptible : « Nous attendons avec confiance une vie éternelle et incorruptible. Ce n’est pas un rêve imaginé par les hommes ou un espoir illusoire ; c’est une certitude garantie par le plan même du créateur. Il a crié’l’homme avec un corps et une âme immortelle ; il lui a donné la raison et la loi naturelle pour garder les préceptes de vie sage et raisonnable qu’il a lui-même pi Or, nous savons bien que jamais Dieu n’aurait créé un tel être, avec toutes les qualités pour durer toujoui-, s’il ne le destinait pas à une vie sans fin. Ainsi donc s’il est vrai que le créateur de l’univers a fait l’homme pour mener une vie raisonnable, pour contempler sa gloire et sa sagesse qui brillent en toutes choses et pour vivre ensuite toujours dans cette contemplation, conformément au plan du créateur et à la nature qu’il a lui-même reçue, nous pouvons dire puisque la cause est la même, que la naissance de l’homme nous garantit son immortalité et son immortalité, sa résuri tion sans laquelle l’homme ne saurait durer toujours. » lbid., c. xiii, P. G., t. vi, col. 1000.

Et dans une autre démonstration sur un autre chapitre, il répète la même idée qui semble un des points cardinaux de sa doctrine sur l’au-delà. « S’il est vrai que, parmi les œuvres et les dons de Dieu, il n’y a pas de place pour rien d’inutile, il s’ensuit nécessairement que [’immortalité de l’âme e.rir/e la durée perpétuelle du corps dans sa nature propre ; » c : ï irâvTU ["’XW

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77v îSîav ipûciv. Ibid., c. xv, P. G., t. vi. col. 1005.

5. Xous retrouvons une doctrine peut-être plus explicite, si possible, au moins plus détaillée sur certains points particuliers, dans un traité De resurrectione, malheureusement incomplet, attribué à saint Justin. Athénagore répondait surtout aux païens ; notre auteur, par contre, semble avoir devant lui plutôt des doc< des gnostiques pour lesquels la chair est la seule < du péché et doit être maudite. Aussi concluaient ils que Jésus n’a eu qu’une apparence de chair, c. ii, P. G., t. vi, col. 1575, et qae la r isurrection d’une chair de péché est inadmissible, les uns la déclarant impossible, les autres la trouvant indigne de Dieu, d’autres enfin prétendant qu’elle n’est pas promise, c. v, /’. G., t. vi. col. 1579.

Nous ne rapporterons pus toutes les preuves de la résurrection que développe notre auteur et qui appartiennent à un autre article, mais nous rappellerons ce qu’il affirme de la condition future des corps. Il leur attribue une vie éternelle’, o Si quelqu’un démolit une maison après l’avoir bâtie ou la laisse démolie quand il pourrait la relever, nous l’appelons un mauvais artis c. viii, col. 1586, ne serait-ce pas ait user Dieu « d’avoir travaillé pour rien o, que de le supposer capable de ne pas relever la chair humaine après la mort et de ni lui accorder une existence sans fin ? Et puis, « qu’est-ce que l’homme, sinon un animal raisonnabli

d’un corps et d’une à ? Est-ce que Pâme toute seule

est l’homme ? l’as du tout, c’est l’âme de l’homme. El le corps, donc, dira-t-on que c’est l’homme ? Nullement.